Vous avez beau courir depuis cinq, dix ou vingt ans, chaque fois que vous reprenez une saison, avec ses préparations et ses objectifs, il y a toujours un petit doute, quelque chose qui nous semble nouveau et qui nous fait un peu trembler … Et pourtant avec toutes ces années à répéter le même schéma, on devrait être rôdé !
Mais finalement ça cogite, ça tremblote, ça gigote, et ça repart pour un tour. On cale la première compétition, celle que l’on aime bien faire pour reprendre. Il y a du monde, mais si le résultat n’y est pas, il y a bien des à-côté agréables qui pourront nous faire oublier une éventuelle déconvenue. Alors on coche et on se coache !
Les sorties, on en refait quelques-unes un peu dures (il faut bien). On avait oublié que ça piquait comme ça. Pourquoi ça brûle autant les jambes ?… Les séances spécifiques, on les avale pour notre bien… Plus tard le « bien », à chaque fois on déguste quand même. Puis on s’applique à maintenir les séances de gainage. Un vrai plaisir ! Quand on en a refait quelques-unes, parce que les premières …
Et ainsi de suite, on se refait mal, on retrouve des sensations, on progresse, on devient puissant, solide, on avait oublié ce sentiment d’habiter aussi bien son corps ! En fait, je crois que le coureur est amnésique. C’est pour ça qu’il repart courir tout le temps ! Il est toujours dans une phase de retour sur le passé : « c’était super la dernière fois, j’étais tellement facile, tellement rapide, je veux revivre ça ».
La compétition, c’est la même chose. Quand tu prends quinze dossards par an, tu devrais savoir… Mais tu cogites, tu te stresses, tu te tends, et une fois que le coup de feu t’as délivré, tout s’évacue !
L’homme est sans aucun doute fait pour courir. Une foulée en appelle une autre, puis une autre, et encore … Ça nous procure la sensation d’être vivant, c’est à dire de vivre quelque chose de nouveau à chaque fois. A chaque foulée, à chaque entraînement, chaque course, chaque matin que l’on se lève pour aller courir.
Alors c’est très bien comme ça. Reprenez un dossard ou remettez simplement les chaussures. Il y a du nouveau dehors !
Texte : Mathieu BERTOS
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