Et si, quelques fois, on partait courir sans règles ? Et si on partait courir sans objectifs, sans montres, sans autre intention que d’aller à l’extérieur pour capter ce qu’il y aura autour de nous ?
On ne peut pas progresser outre mesure qu’en suivant le vol incertain d’un papillon. Il faut être ordonné, prévoir une certaine dose d’effort à une certaine intensité pour cibler un niveau à atteindre. Il faut assembler des séances brique par brique pour atteindre le somme de sa forme. Ou dirons-nous plutôt, pour atteindre son plein potentiel physique.
Car l’entraînement de haut niveau (même personnel) impose une certaine contrainte mentale. Vous savez, on dit souvent qu’en pleine forme, on est également vulnérable. On est fragile, on est une cible facile pour les microbes qui traînent dans l’air car la marge est mince entre ce fameux pic de forme et les précipices qu’il y a autour. On pousse mentalement son corps, on force quelques fois son esprit à rentrer dans cet entonnoir de la performance.
Dans ce cas-là, on n’est plus dans le plaisir immédiat de l’effort. Le plaisir sera de réussir, d’atteindre son but. Les compétitions et les objectifs s’enchaînent et puis on perd un peu le fil des sensations agréables de la course. Vous savez, quand vous partez sans but, sans artifices. Imaginez… L’allure sera impulsée par le retour de vos jambes et la quantité d’air que vous avalerez. Vous suivrez le terrain qui se déroulera sous vos pieds. Vous vous laisserez embarquer par une descente, vous ralentirez parce que vos sens auront perçu quelque chose. Le corps sait ce qui est bon, il est un bon guide.
Dans ces moments où vous peinez physiquement et mentalement, quand vous êtes entre deux objectifs, c’est le moment de laisser aller vos envies. Peut-être qu’il vous faudra du repos dans un premier temps, peut-être que le corps le réclamera. Et puis quand il sera temps d’aller courir, il reviendra vous sortir de votre torpeur. Vous irez, guidé par vos foulées, vers plus de plaisir immédiat, avec moins de douleurs. Vos sensations vont se réveiller, tout vous semblera naturel, fluide.
C’est ça aussi la course ! Puis le moment de vouloir tirer votre potentiel vers les sommets reviendra. Il sera temps de foncer à toute allure. Mais gardez toujours un peu d’espace pour vos sensations les plus simples. Votre corps vous parle, écoutez-le.
Texte : Mathieu BERTOS
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