J’ai pu me faire plaisir lors de ce dernier mois de novembre, j’ai pu enchaîner deux destinations magnifiques en trois semaines seulement. J’aime voyager, j’aime découvrir de nouveaux horizons, vivre à l’image des habitants, et surtout le partager.
C’est d’ailleurs l’une des raisons de la création de mon site web www.yoannstuck.com qui prend un côté voyages liés au running dans le but de montrer de bons spots et d’orienter, si vous passez par là. Ici, grâce à u-Run et i-Run, je peux relater mes faits de courses, bons ou mauvais.
Ma dernière course à Rodrigues fut compliquée (https://www.u-run.fr/67483-yoann-stuck-au-trail-de-rodrigues) à cause d’une crève au dernier moment. Deux jours après, je suis reparti de l’océan indien pour rejoindre Paris en transit et partir le lendemain pour Santiago. Soit 40 heures de vol en 5 jours ; pas mal, j’ai pu voir une sacré lignée de films et améliorer mes connaissances cinématographiques… Arrivé à Santiago, je suis très bien accueilli par Osvaldo qui sera mon ange gardien pendant tout mon voyage. J’ai pu connaitre et visiter Santiago grâce à lui (http://www.anotherlife.fr/santiago-chili/), connaître de bonnes places, goûter aux plats typiques, boire les bières locales et alcools du pays comme le pisco par exemple.
Faire tout cela est génial mais cette fatigue a un prix.
Je l’ai vu durant la course adidas Terrex Santiago. Le profil avait été bien étudiée pendant les heures de glandage et de vols, ces 50 km et plus de 4000m de dénivelé positif ne faisaient pas peur et pourtant … Maintenant, j’essaye de prendre une course avec une grande humilité car plus d’une fois, je me suis cassé les dents en y allant comme un cadet et sans expérience. Et pourtant, j’ai pris cher.
Le départ était à minuit au Stade Zamorano prés des premières montagnes de Santiago dont certaines culminent à plus de 4000m. J’attendais avec impatience de pouvoir être au sommet de la course et d’admirer la cordillère des Andes ainsi que la capitale éclairée. Mon portable était chargé afin de faire de magnifiques photos. Le départ partait direct en montée, progressif au début pour ensuite partir à pic. J’avais vu que l’on pouvait prendre des pourcentages à 50%, et ce fut vrai… La première partie fut assez roulante, je restais juste derrière les deux coureurs qui ouvraient la course.
J’étais dans un bon rythme et j’essayais d’en garder beaucoup sous mes pompes afin de faire une belle descente et une belle deuxième partie de course. Ce fut le cas, j’étais bien, je gérais, je prenais plaisir, je faisais attention à ma nutrition et à mon hydratation.
La course a commencé à prendre une autre tournure lorsque les singles se sont changés en crêtes, ça devenait du skyrunning, c’était cool, on prenait des cordes, il faisait un noir complet et franchement même en étant un coureur des rues, j’ai vraiment kiffé me retrouver dans une galère comme celle-ci. J’ai compris aussi pourquoi le casque était obligatoire. C’était nouveau, je ne pouvais plus courir, comme tout le monde, on montait avec les jambes et les mains. Il faisait froid, il y avait un sacré vent, on était descendu sous les zéros degré mais j’aimais cette partie de course.
Mais aux trois quarts de la montée, mes sensations ont commencé a changer.
Je partais en arrière lors des ascensions raides, sur les relances entre chaque crête je n’arrivais pas à courir droit, je subissais à fond la course. D’un coup je n’étais plus le même, c’était horrible, je n’avais plus de force, comme une hypo mélangée à une énorme fatigue. J’ai commencé a perdre du terrain sur le premier, je me suis calé avec deux coureurs pour ne pas trop perdre de rythme. Les montées étaient toujours à pic avec des passages de 30 a 40%. La fin de l’ascension fut de 2k pour 800m de dénivelé positif. Evidemment, je n’avais pas pris de bâtons, car pour le moment je ne suis pas pour, je préfère rester dans ce spirit là. Mais sincèrement, ça m’aurait été d’une précieuse aide…
La fin de l’ascension venait de se faire dans la douleur. J’avais froid car je n’avais plus mis les efforts suffisants qui m’auraient réchauffé. J’étais KO, j’avais sommeil, j’avais plus de jus, je voulais juste me poser. Je savais qu’il y avait un petit dôme sur le plateau et un ravito dedans. je l’ai enfin atteint en titubant. Je me suis posé dedans, j’ai pris un café pour me réchauffer les mains et le corps, j’ai mangé pas mal de choses pour me redonner du moral, le chocolat aide beaucoup pour cela. Apres 10’, j’ai voulu repartir mais le gars de l’orga m’a dit qu’il fallait que je reste encore. Il m’a envoyé dans la tente juste à coté pour que je me cale dans un sac de couchage. J’étais bien dans cette tente, au chaud à presque 3400m d’altitude…
J’ai fermé les yeux, et je me suis réveillé trois heures après !
J’étais aussi étonné que blasé. Pour moi, je m’étais assoupi 10 minutes max, mais non. Là, tout est passé par ma tête : l’abandon, la honte, le manque de respect vis à vis de l’orga, l’énervement, je me suis senti nul et inutile. Après, je me suis dit qu’avec 3h de repos, je ne pouvais que faire une belle deuxième partie de course. C’était ce que je voulais faire, je n’avais pas d’excuse pour arrêter, j’étais en bonne forme et frais vis à vis des autres coureurs. C’était obligatoire. J’ai relancé ma montre et suis reparti.
Je me suis fait bipper au dôme à la 41eme place. C’était dur au moral et pour mon ego, mais la volonté de me rattraper était bien plus grande. Le début était bien technique entre crêtes et flans de montagne sableuse, mais j’insistais pour aller vite. Je commençais à reprendre des personnes, c’était normal, ils n’avaient pas roupillé trois heures eux. La suite était plus abrupte mais plus roulante, j’essayais de relancer dès que je pouvais. Le dernier pétard fut dur avec ses 4km et 500 de dénivelé positif mais forcément, j’étais plus à même de faire une belle montée que les autres coureurs.
La fin était sur un profil que j’aimais en up and down au format descendant. Le point positif c’est que j’ai pu admirer enfin la cordillère et Santiago, mais de jour. J’en avais les larmes aux yeux tellement je venais de subir beaucoup d’émotions. C’est fou comme l’esprit peut vriller si rapidement, je suis épaté de découvrir tout cela grace à ce sport.
Au final, je finis dans le top 20 avec 3h pile de retard sur le premier. Cet arrêt de plus de 3h aura été fatal mais j’ai gagné une victoire sur moi même. Ca fait du bien parfois de se prendre une claque comme celle-ci. L’abus de vols et de fatigue ont eu raison de mon corps mais pas de mon esprit. A froid, je me rends compte que la saison a été longue et qu’il faut maintenant se reposer. Le mental en a besoin aussi.
Il ne me reste plus qu’une course que je vais prendre différemment pour finir cette année. Ce sera au feeling, sans pression, sans objectif, mis à part franchir la ligne dans en bonne forme afin de clôturer 2016. Il ne me restera qu’une semaine ensuite de running et faire le Town to Trail à Paris. Cet événement sera à l’image de ma saison, un max de plaisir pour un max de partage.
Ce sera le 10 décembre et les infos sont là > www.town-to-trail.com
Yoann STUCK
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