« En novembre, je devais beaucoup enchaîner, les vols d’avions mais aussi les courses. Je profite de 10h de bus pour rédiger mon compte-rendu de course sur le trail que je viens de faire sur l’île de Rodrigues. » Yoann Stuck revient donc ici sur sa dernière course à l’île Maurice.
« Afin de localiser rapidement l’ile, elle se situe dans l’océan indien au nord de l’ile Maurice. C’est un endroit débordant de simplicité. Ici, nous revenons aux origines, ce qui m’a fait le plus grand bien. Et là, faire une course était la cerise sur le gâteau. Le parcours et l’organisation respectent les règles. Tout est « roots » avec de belles valeurs.
Je ne connaissais pas du tout le parcours, sauf qu’il ressemblait beaucoup au parcours des Cabornis lorsque j’avais étudié le profil. En gros, des « up and down » sur 44km pour avoir au final 2200 de dénivelé positif. Côté terrain, j’étais dans le flou et ce fut une belle découverte. En tout cas, c’était un bon retour aux sources, à l’essence même du trail.
Okay, je fais des Eco-Trail, des Wings for Life, mais revenir sur des parcours comme celui-ci m’a fait le plus grand bien. Contrairement à certains, je ne dénigre pas ces terrains. On est bien loin d’une course nature, c’est d’ailleurs pour cela que j’ai kiffé revenir dans l’océan indien où j’avais bien appris. Ce fut un voyage furtif car je ne suis venu que pour 4 jours. 2 jours avant, 1 pour la course et 1 pour la baignade et faire mes valises. Même la douane m’a demandé si cela était normal. C’est vrai que je serai bien resté plus longtemps mais j’ai du partir seul, la famille était plus importante, il fallait écourter le séjour.
Après une petite reco le jour de mon arrivée en voiture, j’ai pu faire quelques pas sur les terres rodrigaises. Le sol était bien sec, d’ailleurs l’ile est en manque cruel de pluie et d’eau. Elle est comptée à la goutte. La course est généralement un porte bonheur car elle envoie souvent de bons signaux au dieu de la pluie. Malheureusement cette année ne fut pas le cas. J’espère que la tendance s’inversera très vite.
Le jour J était là, depuis 2 jours j’avais une sacrée crève qui m’avait donné une barre derrière les yeux, une respiration catastrophique et une fatigue bien présente. Avec une nuit sans dormir dans l’avion, tout était complexe pour prendre le départ de la course à 5h du matin. Au fond de moi, je ne voulais pas sortir de ma chambre et rester tranquillement là. Mais je ne pouvais pas le faire, pour les organisateurs, les locaux qui attendent cet événement chaque année et même pour moi, c’était interdit.
J’ai pris un départ prudent afin de la voir la forme du moment et car je savais aussi que la course allait être longue. Les premiers kilomètres étaient bien roulants avant de laisser place à des sections de up and down sans trop de difficultés. Mais ce n’était que le début. Il faisait bon, le vent marin rafraîchissait les efforts en bosses, on pouvait respirer. Vers le km 10, au premier ravito, j’étais 7 ou 8, pas très loin de la tête. Sans trop de pression, j’ai repris le rythme que je m’étais fixé. Je ne pouvais pas faire plus aujourd’hui.
Après une belle bosse et un terrain de plus en plus technique avec des passages à la corde et des sections roots (où l’on ne voyait pas les sentiers mais juste des points à travers champs sur des pierres ou arbres), j’ai commencé à perdre du temps et des places. Je n’avais pas l’habitude mais surtout, je subissais ce profil exigeant. Aux trois quarts de la course, j’étais 10éme à plus de 10 minutes de la tête. Je savais qu’il était impossible de revenir mais il était incorrect de baisser les bras. J’ai levé la tête, je me suis repris pour relancer et mettre un peu plus de jus dans les bosses. J’aurais pu péter, ce n’était pas grave, il fallait faire le job, au moins sur cette partie de course.
Les deux dernières bosses furent à mon avantage, j’ai pu mettre mon travail d’entraînement effectué en place. Je reprenais un peu de temps et surtout des places. Je voulais finir avec la manière et montrer aux gens de l’ile que j’avais une volonté de bien faire même en étant diminué. Certes, ce n’était qu’une crève, peu importe, l’important était de finir et bien.
La fin était toute en relance, je le savais et j’ai tout mis. J’étais 4eme, je savais qu’il fallait finir encore plus fort. J’ai vu le podium s’échapper lorsque je suis arrivé dans les derniers cent mètres avant l’arrivée. Au final, je prends la place du con à moins d’une minute… Les premières places étaient occupées par de grands et forts bonhommes. On a d’ailleurs pu échanger à la fin.
La journée de fin de course était top. Des bières Phoenix à foison et une cohésion parfaite entre chaque coureur ont donné l’accord à la qualité de cette épreuve. Après avoir traversé l’ile en diagonale, nous sommes arrivés au niveau du parc des tortues. C’était le moment idéal pour découvrir ces animaux en vrai. Leur vitesse me semblait identique à ma première partie de course.
Ce qui fut cool était de partager le podium avec Jeremy (qui comme moi fit une deuxième partie de course très rapide), de voir Eric (mon entraineur) gagner le 21km mais aussi Valérie gagner le 44km chez les femmes. Ce fut un beau petit plus.
J’en repars heureux, non pas pour mon résultat, car j’aurais pu faire mieux mais par la découverte des lieux, des gens et cette ferveur qui les réunit. J’aimerais juste conclure cet article pour féliciter les Joelettes qui sont arrivées à boucler le parcours du 21km comme les coureurs. Nous les avons accueillis pour leur arrivée, ce fut le finish parfait. C’était rempli d’émotion et j’ai pu verser ma larme tellement c’était touchant. Réunion Aventures Joelettes, vous m’avez fait vibrer. Bravo. »
Photos : @Johan Chan
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