C’est au mois de Mai à la MaxiRace que Sébastien m’a présentée son évènement et ce qu’il souhaitait faire autour de tout ça.
L’idée m’avait déjà séduite lorsque Cécile Bertin m’en avait parlée quelques semaines avant, mais en voyant les différentes photos amenées par Seb et sa présentation détaillée … Je ne pouvais que sauter de joie à l’idée de m’imaginer galoper sur ces sentiers qui surplombent le nord de la Thaïlande !
L’envie de vivre cette course comme une aventure plus que comme une compétition
C’est donc validé, je ferais partie de l’aventure Queen of the Jungle mi novembre ! Wouaaah génial ! Comme convenu avec Seb et i-Run.fr, nous organisons un jeu concours, qui permettra à une autre coureuse française de venir faire mon binôme sur cette course d’ultra féminine. Après plusieurs étapes de sélection, c’est finalement Émilie Dalibert qui a eu la chance de remporter ce jeu, après un ultime tirage au sort.
Je ne la connais pas du tout. Nous échangeons quelques mots par téléphone pour faire connaissance, puis quelques mails. Le courant passe bien, je n’ai aucun doute sur notre bonne entente pendant cette future semaine à Chiang Mai, mais ça sera quand même la grande découverte entre nous deux. En tout cas, nous sommes d’accord sur un point : l’envie de vivre cette course comme une aventure plus que comme une compétition. Peu importe les différences de niveau entre nous, l’objectif sera de prendre du plaisir et de profiter un maximum du décor exotique qui nous attend.
Les coureuses qui forment l’équipe doivent courir ensemble, du départ à l’arrivée
Queen of the Jungle, c’est une épreuve féminine d’ultra-trail, qui se court en duo. Les coureuses qui forment l’équipe doivent courir ensemble, du départ à l’arrivée. Elle a la particularité de se faire en 3 étapes, avec deux formules au choix : 140km et 9000mD+, qui décerne alors le trophée de « Queen of the Jungle », 100km et 6200mD+, pour décrocher celui de « Princess of the Jungle ». Le tracé a été créé par l’organisateur, qui s’est attaché à nous concocter un superbe parcours varié, exigeant, et très sauvage, au beau milieu de la jungle thailandaise, et à travers rizières et vallées.
Les coureurs traversent également les différents villages tribus, avec des « nuits étapes » dans des familles d’accueil de ces villages. Dépaysement et imprégnation culturelle garantis ! C’est d’ailleurs l’une des spécificités de l’épreuve qui nous avait plu avec Émilie. L’opportunité d’être complètement parachutées dans la culture du pays, et de pouvoir partager des moments de vie avec ses thaïlandais, nous réjouit ! Afin de profiter au mieux de tous ces à-côtés de la course (et aussi parce que ça entre mieux dans nos programmations respectives sportives), nous décidons d’opter pour la formule « Princesse » avec Émilie.
Mardi 15 novembre, arrivée sur Chiang Mai après 20h de voyage.
La course se déroule sur 3 jours, les 17, 18 et 19 novembre. Le voyage est long et fatigant, avec un décalage horaire de +6h là bas. Nous arrivons donc un peu avant le jour J avec Émilie, mais pas par le même avion … Elle part dimanche de Paris, je ne pars que lundi (l’agence de voyage ayant décider pour je ne sais quelles raisons, de modifier mon billet la semaine avant. Ça commence bien !). On se retrouve donc mardi après-midi sur Chiang Mai (Émile est arrivée la veille), après pas loin de 20h de voyage. Forcément, nuit blanche dans l’avion, grosse fatigue en arrivant sur place. Mais dans ces situations, on fait abstraction de la fatigue et les nerfs prennent le relais, avec l’envie de garder les yeux bien ouverts pour profiter à fond de l’aventure.
Choc thermique en sortant de l’avion : il fait 30/35 degrés en Thaïlande alors qu’on était descendus sous les 10 en France ! Choc culturel en sortant de l’aéroport : tout est bien différent qu’en France ici. Les gens circulent à 4 par en scooter, sans casque, les rues sont envahies de chiens, les enfants jouent dans la rue avec des couteaux dans les mains, tout se négocie … à commencer par le taxi que je prends pour me rendre à l’hôtel de l’organisation. Un tuktuk qui m’aura coûté 150 THB, soit moins de 4 euros. Je me marre toute seule lors de ce trajet qui me fait découvrir les premières images de la ville. Il est 15h, Émilie est partie se balader, je décide de tenter le footing en l’attendant. Atroce avec cette chaleur et la fatigue du voyage ! Je n’avance pas, j’ai les jambes lourdes, je suis en nage au bout de 5′, mais au moins, j’aurais pu découvrir les alentours. Manque de bol, j’ai explosé mon i-phone en le faisant tomber par terre (Gaston !). Heureusement, je suis au bon endroit pour le faire réparer et je le retrouve neuf le lendemain pour 1 600 THB (42 euros) avec un écran verre trempé … La Thaïlande quoi !
Belle première soirée passée avec les autres coureuses, l’équipe d’organisation et l’équipe d’Alabama Production qui tournera le dernier épisode d’E-Motion Trail pour l’occasion. À Chiang Mai, c’est la fête des lumières (festival des lanternes), et toute la ville est de sortie avec les bougies et les lanternes pour l’occasion. Magique ! Cette grande fête bouddhiste de «Loy Krathong» est une tradition très populaire dans le pays, où les Thaïlandais déposent des bougies sur l’eau ou libèrent dans le ciel des lanternes de papier. L’événement attire chaque année des dizaines de milliers de touristes, et nous ne sommes pas les seuls à admirer le spectacle ce soir là … Nous voilà dans le bain !
Mercredi 16 novembre, veille de course, préparation
Autant dire que je ne mettrais pas trop de temps à m’endormir mardi soir … ;))) Mais le réveil est douloureux, le jetlag fait son effet ! Je sens que la semaine va être remplie de « up and down » … ! Matinée et début d’après-midi détente/shooping pour Émilie et moi, on retrouve l’équipe d’orga et les coureuses en fin de journée pour le briefing d’avant course. Les choses sérieuses commencent vraiment, on rentre tranquillement dans un léger sentiment d’appréhension, provoqué par toutes les inconnues qui nous attendent … Technicité du parcours ? Balisage ? Sécurité ? La faune présente dans cette jungle thaïlandaise ? J’avoue qu’avec ma dernière expérience douloureuse en Patagonie (Ultra Fiord 2015), je reste assez méfiante. Mais Sébastien nous a bien rassurées, tout va bien se passer !
Trace GPS enregistrée, matériel obligatoire checké, téléphone portable rechargé, … rien ne doit être laissé au hasard pour ces 3 prochains jours ! C’est une question de sécurité plus que de simple règlement. On doit faire rentrer dans un petit sac, toutes nos affaires qui nous suivront pendant ces 3 jours : barres et gels pour s’alimenter en course, tenues de course pour 3 jours, tenue d’après-course (bon, ben du coup, on va en prendre qu’une !), vêtements de nuit, affaires de toilettes, et autres effets personnels qui pourront nous servir. Ça nous oblige à partir avec l’essentiel, ce n’est pas plus mal ! On s’encombre parfois de tellement de choses inutiles … C’est dans ces moments là qu’on s’en rend compte !
9 équipes seront au départ demain matin, ça fait donc 18 coureuses, une petite famille quoi ! C’est vraiment bien qu’on puisse garder cette ambiance familiale et cette convivialité des petits groupes. L’esprit est détendue et tout le monde semble vouloir vivre l’aventure de la même manière : se faire plaisir avant tout. Vivement demain ! Réveil programmé à 4h15, on a RDV à 5h pour le début de la grande aventure …
ÉTAPE 1 : 33KM, 1700MD+ / CHIANG MAI-BOTANIC RESORT
Jeudi 16 novembre, réveil 4h15, premier jour de course
Petite nuit, petites cernes, petite forme, mais les nerfs sont toujours là pour prendre le relais, et c’est avec envie et excitation que nous nous rendons au RDV avec ma super coéquipière, Émilie, à 5h du matin. Il fait encore nuit, mais le jour devrait se lever au moment du départ à 6h et la frontale ne devrait pas être nécessaire. Un minibus thaïlandais nous emmène sur le lieu du départ, un bar/salon de thé où un petit déjeuner nous est servi. Miam ! Gaufre maison, riz thaïlandais, soupe, banane, … De quoi partir avec le ventre bien rond, ahah ! Mais la route est longue, on a le temps de digérer en route. Une fois le ventre plein, Sébastien nous rassemble toutes pour la photo de groupe et les dernières recommandations. 6h15, le départ est donné, nous voilà lancées pour 3 jours de découverte et de dépaysement total.
Rythme tranquille pour démarrer, Sébastien fait l’ouvreur et nous demande de rester groupées pour le début de course. Les rues de Chiang Mai sont calmes, la ville se réveille doucement. C’est super agréable de courir dans cet atmosphère si paisible … Après quelques minutes dans la ville, nous prenons la direction des premières bosses pour se diriger droit vers les premiers sommets ! Et on découvre aussi les « contraintes » de courir en duo : s’attendre et s’adapter au rythme de sa coéquipière ! Tout le monde est concerné, c’est difficile de trouver un binôme avec exactement ses mêmes « caractéristiques physiologiques », mais ça fait partie de l’aventure aussi, et on savait à quoi s’attendre en s’engageant dans ce défi. Hein ma Mymy ? ;))
Une fois ces péripéties de début de course résolues (en tout cas, pour l’instant), nous voici dans le vif du sujet
À peine 10′ de course passées, une drôle de surprise nous oblige à stopper net notre progression … Une rangée de militaires bloque le passage, nous interdisant formellement de poursuivre dans cette direction. À priori, le nom de la course apparaît sur une liste qu’ils nous brandissent, et prouve que nous n’avons pas le droit d’entrer dans cette zone naturelle. Sébastien tente bien la négociation, mais finit par baisser les bras, dégoûté. Demi-tour, non sans difficultés, nous passerons par un autre chemin, après un nouveau petit tour d’échauffement de 5km dans le centre ville et une petite visite de l’université de Chiang Mai ! :))
Une fois ces péripéties de début de course résolues (en tout cas, pour l’instant), nous voici dans le vif du sujet : une longue ascension de 8km et 1100mD+. C’est donc en duo que nous la grimpons, à se motiver mutuellement. Émilie m’avertit : « je te préviens, je suis plutôt diesel, je mets du temps à me mettre en route ! » Pas de soucis Mymy, on a le temps, la nuit n’est pas prête de tomber et on profite de ce cadre exotique. On s’extasie d’ailleurs devant la moindre nouveauté et on s’arrête prendre des photos à chaque changement de décor. Le premier ravitaillement se trouve dans un magnifique village très rustique (KHUN CHANG KHIAN), aux alentours du 12,5km. Déjà 2h30 de course. On est comme des folles en arrivant dans ce décor de cinéma … Des enfants sortent d’une école pour venir nous voir, un joli moment qui ne sera que le premier d’une longue série .. ! On profite de bien se ravitailler ici, deux autres équipes nous précèdent et repartent juste devant nous. Fruits, barre de céréales, eau, coca … On ne manque de rien, c’est parfait !
L’ascension se poursuit après, encore un peu plus raide. 15 minutes après être reparties du village, nous apercevons les deux premières équipes redescendre vers nous. Je me dis qu’on a dû se tromper de chemin, mais non, les balises sont juste là. Sébastien a contacté les filles pour leur demander de revenir au point de ravitaillement et envisager un autre chemin, les autorités semblent encore vouloir nous faire blocage … C’est donc uniquement après avoir attendu TOUTES les équipes que nous repartons, toutes ensemble, 15/20′ plus tard, vers un sentier moins sauvage, plus large et plus sécurisé. Dépaysant malgré tout, on est quand même en Thaïlande hein, mais enfoncé dans la jungle et sans le passage en crête tant convoité.
Une simplicité qui fait plaisir à voir et à laquelle nous ne sommes pas forcément habitués
C’est donc dans cet esprit d’équipe et de solidarité que nous entamons cette seconde partie de parcours. Une fois le balisage retrouvé, les écarts entre les équipes recommencent à se creuser et les duos à se reformer. C’est avec le sourire et déjà pleins de belles images en tête, que nous arrivons avec Émilie, au second ravitaillement, BOTANIC RESORT. Le fin de notre première étape de course pour décrocher le trophée de Princesse : 33km et 1700mD+, 4h27. On ne peut pas dire qu’on se soit vraiment rentrer dedans sportivement parlant, mais on profité pleinement de cette première matinée de course, un vrai régal malgré les imprévus.
Un festin nous attend sur place, et des minibus nous rapatrient sur le village d’accueil, un véritable petit paradis … Calme, apaisant, on a l’impression d’être hors du temps ici. Certains travaillent dans les rizières, d’autres préparent la cuisine, mais tous avec le sourire et cette joie de vivre. Une simplicité qui fait plaisir à voir et à laquelle nous ne sommes pas forcément habitués : pas d’eau chaude, pas de papier toilette, une bassine pour se laver à l’eau froide, un simple matelas posé au sol pour dormir, une cuisine naturelle avec des produits qui sortent de la terre, un repas pris assis parterre aux chandelles…. bref, du bonheur à l’état pur ! Déconnectés de tout, on profite de cette fin de journée et soirée, en toute simplicité.
ÉTAPE 2 : 33KM, 1450mD+/MAE KHA PIANG – KIO BUA HA
Nous nous réveillons en synchro à 4h30 quand la sonnerie du téléphone nous l’impose
Mélanie et Leslie, deux coureuses d’une autre équipe, partagent notre « chambre » et nous nous réveillons en synchro à 4h30 quand la sonnerie du téléphone nous l’impose … Dur !! Personne ne bouge, la sonnerie du téléphone repart de plus belle. Ok, les filles, je crois qu’il faut se bouger. C’est tôt, on a mal dormi, il fait nuit dehors, mais notre maitresse de maison est déjà en train de nous préparer un petit déjeuner copieux. Allez zou, un short, un débardeur, on saute dans les baskets et après avoir avalé cet excellent premier repas de la journée (omelette, soupe thaïlandaise, papaye, riz), on retrouve l’équipe pour le briefing à 5H30.
Les quelques recommandations sont faites, les sacs récoltés par l’organisation. Les coureuses qui se lancent sur la « Queen » partent du village, mais celles qui décident de partir pour la version raccourcie, partent 10km plus loin à 7h.
Les jambes vont bien au démarrage, pas de soucis de mécanique. Émilie a un peu mal aux quadris mais globalement, elle semble avoir très bien encaissé les kilomètres de la veille. Cool, on va se régaler, la journée s’annonce encore belle avec un grand soleil et un ciel sans nuages. Le profil est descendant sur la première partie, avec peu de difficultés techniques. On en profite pour lancer un échauffement rythmé en se faisant plaisir. Environ 500DM- en 6km. Les paysages traversés nous laissent encore sans voix et nécessitent plusieurs pauses photos dont nous n’avons vraiment pas envie de nous priver !
Qui dit passage en tête, dit ramassage de toutes les toiles d’araignée
Les gars m’ont passée la Go Pro pour avoir quelques images « inside ». Je vais jouer à Zinzin Reporter, chouette !! ;)) Sauf que Gaston a appuyé sur un bouton qu’il ne fallait pas et a bloqué quelque chose … Elle ne fonctionne pas ! Rooooo. Bon, on verra ça au prochain ravito, tant pis. Le parcours alterne montées, descentes, avec quelques passages dans des villages toujours aussi typiques et exotiques, et des villageois thaïlandais, très surpris de nous voir traverser leurs habitations, en courant, suréquipées avec nos Camelbak et autres accessoires de trail … Le contraste est flagrant ! Nous sommes pour le moment la première équipe à être passée au premier ravitaillement. Et qui dit passage en tête, dit ramassage de toutes les toiles d’araignée ! Et croyez-moi, j’en ai pris un paquet dans la figure ! La toile, ça ne me dérange pas, quand tu vois la taille de l’araignée qui la tisse, t’as plutôt envie de te cacher …
Émile me semble plus en forme qu’hier, du coup, j’essaye de la motiver un peu en lui lançant un petit challenge : ne pas se faire doubler par les premières équipes de la Queen qui sont parties 45′ avant, mais qui ont fait 10km en plus. Défi accepté, maintenant, faut pas trainer (je vous rassure, cela ne nous a pas empêché de faire des pauses photos ! ;)) On retrouve les gars au ravitaillement suivant qui me répare la GoPro et je fais la fin de parcours en mode reportrice/ supportrice : « allez Mymy, allez !! » La fin du parcours est exposée en pleine soleil, les températures grimpent et il fait vraiment très chaud. Émilie accuse le coup dans l’ascension qui suit la sortie du ravitaillement, et me fait même peur à devoir s’arrêter à l’ombre à plusieurs reprises. 7,5km, plus de 600mD+ : la pente n’est pas trop raide et ça peut se courir facilement en temps normal, mais la chaleur fait ralentir l’allure.
On prend notre temps ici, en essayant de bien boire pour éviter la déshydratation. Je soutiens Émilie comme je peux, j’aimerais pouvoir l’aider davantage, mais quand t’es dans un coup de moins bien, faut attendre que ça passe. J’essaye de l’inciter à manger davantage (elle tourne à l’eau et ne mange pas assez pendant l’effort à mon goût, c’est peut être une petite hypo qu’elle est en train de nous faire). Le 3ème ravitaillement se trouve au sommet et on en profite pour prendre le temps de bien se requinquer avant de repartir. Il reste 6km en profil majoritairement descendant, c’est la dernière ligne droite Mymy !!
On repart le ventre plein, mais motivée pour cette fin de parcours
Mangue séchée, pastèque, ananas, … le top pour refaire le plein d’énergie et de plaisir ! On repart le ventre plein, mais motivée pour cette fin de parcours. Émilie va mieux, son coup de mou semble passé. Pour le moment le défi est toujours réalisable, personne ne nous a doublées. Je plains les filles qui passeront en début d’après midi sous cette fournaise … On entre désormais dans une portion plus fraîche car plus abritée et remplie de végétation. Et c’est quasiment sans arrêt que nous rejoignons l’arrivée au village-étape, KIO BUA HA. Contrat rempli, nous sommes les premières arrivées ! Seul Antoine, parti bien avant tout le monde en ouvreur, est déjà là. 32,6km, 1454mD+, 3h55. Encore une sacrée belle balade avec d’autres images et souvenirs en tête.
L’accueil sur le camp est toujours aussi magique avec un même sentiment de calme et d’apaisement que la veille. Douche à l’eau froide dans une cabane très précaire qui sert de salle de bain/toilettes, et délicieux repas pris avec Antoine et Émilie et servi par nos hôtes du jour, qui passeront leur journée à éplucher des légumes pour le repas de ce soir. L’équipe suivante arrivera plus d’1h30 après nous, on était larges finalement ! La chaleur et l’accumulation des kilomètres semblent avoir fait quelques dégâts. les organismes fatiguent et les corps réagissent : ampoules, douleurs aux quadris, aux mollets … Allez les filles, courage, il ne reste plus qu’une étape ! Il faut dire que le challenge « Queen » est costaud, avec un dénivelé conséquent, en plus des kilomètres.
Répartition des chambres, repas à la belle étoile et aux chandelles dans un cadre de rêve, et zou, tout le monde au dodo avant 21h. Cette fois, nous sommes 4 équipes à dormir dans la même chambre, ça fait un peu colonie de vacances, mais c’est vraiment un bon moment partagé. Je suis fan de cette ambiance dortoir (heureusement que j’ai pensé à emmener mes boules quies pour ne pas entendre les ronfleuses … hein … ;))).
ÉTAPE 3 ÉCOURTÉE …. 24KM, 2000mD+/ KIO BUA HA-BAN SAN PAKHIA
Les allures n’étant pas très poussées, ça permet de faire un bon travail d’endurance douce
Nouveau réveil à 4h30, il fait encore plus mal celui là je crois ! Personnellement, les jambes vont nickel et je me rends compte que je suis plutôt bien préparée pour encaisser le long maintenant. Les allures n’étant pas très poussées, ça permet de faire un bon travail d’endurance douce, qui pourra probablement être bénéfique par la suite. C’est juste la gestion de la fatigue dû au manque de sommeil qui est difficile. Entre le décalage horaire pas encore digéré, les réveils très tôt, le récent long voyage, et les nuits pourries accumulées, ça commence un peu à tirer. Je crois qu’on a bien fait d’opter pour la formule princesse avec Émilie ! Petit déj de luxe, encore une fois, préparé par nos familles d’accueil, pris dehors, debout, à l’entrée de la maison, à la fraîche. Des œufs, du riz, de la soupe, même mixture qui donne l’énergie nécessaire pour un démarrage au taquet ! ;))
Une fois les affaires rassemblées et le package bien ficelé, nous rejoignons l’équipe au complet pour le départ de cette 3ème étape. Les « Queen » partent un peu après 6h, les « Princess » grimpent dans un minibus pour prendre leur départ, 10km plus loin, à MAE TAENG.
Magnifique endroit. Un de plus qui nous rend complètement bouche bée ! Quelle chance de pouvoir admirer tout ça …
Le départ est donné à 7h, j’enclenche la GoPro pour immortaliser ce début de course qui s’effectue dans une jolie rivière. Ça glisse un peu, y’a du courant, bref, ça ne va pas bien vite ! Mais on s’éclate, cette portion de 2km environ est ludique.
Sortie de la rivière, on prend la direction d’un single sauvage, bien pentu. 400mD+ en 2km : on passe en mode marche, le brouillard s’invite, ça rafraîchit un peu l’atmosphère, c’est pas plus mal.
Très très beau point de vue en arrivant au sommet, nous sommes au dessus des nuages : wouaaaaaaaaaah !! Le premier ravitaillement se situe dans la village quelques mètres plus loin, pause.
Sortie du ravito, nous enchainons sur une longue descente de 2km. J’en profite pour dérouler un peu et demande à Émilie si ça ne la dérange pas que je prenne un peu de distance (à freiner en descente, je commence à avoir des douleurs aux genoux). « Oui vas-y, pas de soucis ! » Adorable Mymy, elle comprend tout. Je suis alors accompagnée de 3 chiens, qui finiront ce périple à nos côtés, tels des gardes du corps prêts à attaquer en cas de danger. Retour vers les pentes ascendantes peu de temps après, avec une longue et interminable grimpette de presque 1000mD+ en 6km.
C’est archi raide, les mollets brûlent, miam ! On s’enfonce dans une forêt bien dense, aucune visibilité. 3h de course arrivée au sommet, on aura mis presque 1h30 pour se la faire celle là ! :)) Sébastien, l’organisateur nous attend en haut, il préfère rester ici pour assurer la sécurité. C’est vrai que c’est engagé et glissant, il faut être prudent. Encore une fois, on en prend pleins les yeux ici ! Ça tombe bien, Seb est là, il peut nous prendre en photo toutes les deux tiens ! ;)))
Quand on réalise que nous n’avons pas vu de balisage depuis un long (trop !) moment …
Après avoir pris le temps nécessaire pour savourer ce point de vue magnifique, qui s’avère être le point culminant de ces 3 jours de course (1722mD+), nous reprenons notre chemin vers ce sentier glissant et en dévers. Heureusement, cette portion un peu engagée n’est pas très longue et nous retrouvons des poses de pieds plus sereines, 10/15 minutes plus bas. Une magnifique forêt nous accueille, ça me fait penser aux Ardennes ! De la pure régalade ! On dévale les pentes sans trop réfléchir, 1, 2, 3 kilomètres … quand on réalise que nous n’avons pas vu de balisage depuis un long (trop !) moment … Ok, ça nécessite une pause GPS pour vérifier tout ça, parce que pourtant, on est certaines d’avoir bien suivi le bon balisage. Maps Me, c’est une application qui permet de se localiser sans avoir besoin de réseau ni Wifi. C’est génial ! Comme on a préalablement entrer les parcours sur la carte, ça fonctionne, et effectivement, on s’aperçoit que nous ne sommes pas sur le bon sentier …
Demi tour, il faut retrouver la bifurcation ratée. 1,2,3 kilomètres, on remonte tout ce qu’on a descendu, c’est démoralisant ! Incompréhensible, la direction à prendre revient sur le chemin pris, alors qu’on a suivi les balisages. Tiens, apparemment, nous ne sommes pas les seules à avoir pris le mauvais sentier, voilà une autre équipe, Mélanie et Leslie, qui partaient pour faire la même erreur que nous. Du coup, on les prévient et elles repartent en sens inverse avec nous, à la recherche du prochain ravitaillement, qui était sensé se trouver très proche. Sur le GPS, la direction à prendre est celle qui est comporte un balisage barré en réalité sur le terrain. Est ce que Sébastien se serait trompé et aurait inversé les balisages ? Peu importe, il faut, de toute façon, se fier au GPS et tenter cette direction. On s’y engage. Aucun balisage ni signe de vie ici … Tant pis, on continue. Sur la trace, ça nous indique qu’on s’en rapproche. Soulagement, 3km plus loin, quand nous apercevons la zone de ravitaillement ! Mais ça veut dire qu’il y a un problème quelque part et que tout le monde derrière risque de se planter, et de se perdre.
Dès notre arrivée dans la zone, nous prévenons la personne présente. L’idéal serait d’y retourner pour rebaliser. Sauf qu’on a à peine le temps de terminer nos explications, qu’une personne de l’organisation vient nous avertir : la course s’arrête ici, les autorités ne vous laisseront pas passer … Rebelote, on se retrouve dans la situation du départ, bloquées pour des raisons politiques qu’on ne comprend même pas. Les militaires sont en effet de nouveau sur les lieux, au garde à vous ! Il ne restait que 10 petits kilomètres avant de franchir la ligne d’arrivée …. C’est vraiment dommage, mais ce n’est pas bien grave, il faut relativiser, cela n’enlèvera rien à la beauté de cette aventure et au plaisir que l’on aura pris pendant ces 3 jours de course.
Nous sommes donc invitées à attendre quelques heures que toutes les équipes rejoignent ce dernier point de ravitaillement, qui fera office d’arrivée. C’est avec tristesse et désolement que nous leur annonçons cette fin de course prématurée. Le plus déçu dans l’histoire et qui arrivera les larmes aux yeux, la tête baissée, c’est Sébastien, l’organisateur. Toutes ces heures à s’investir sur ce projet pour finalement ne pas pouvoir le voir se concrétiser … Nos regards se croisent avec Émilie, la gorge serrée, avec le même sentiment de compassion. Dénouement très émouvant que chacun(e) vit en silence dans son intérieur … avant de lancer un tonnerre d’applaudissements pour féliciter et remercier Sébastien de nous avoir fait vivre cette aventure de dingue ! Il peut être sacrément fier de tout ce travail accompli.
Nous profitons d’être toutes rassemblées, en tenue, pour quelques photos souvenirs et surtout, remettre le chèque à l’Association pour laquelle les « SiSu Girls » se sont dépassées pendant ces 3 jours. Et cela, en présence des enfants qui auront la chance de bénéficier de cet argent. Séquence émotion encore ici … Fin de journée, il est temps de rentrer à Chiang Mai, plus de 3h de route nous attend pour retrouver une douche chaude, un vrai lit, du Wifi … le confort habituel, que l’on a tendance à oublier tellement il est devenu naturel et trop essentiel pour nous, occidentaux.
La soirée se terminera par une jolie cérémonie où nous seront remis nos cadeaux finishers : des magnifiques bracelets en argent, réalisés par un artisan local, spécifiquement pour l’occasion ! Quel honneur.
Il est déjà temps de refaire les valises, demain, l’avion nous ramène en France, nous et toutes ces belles images et ces bons moments gravés en tête … Mais ça ne sera pas avant un authentique massage sportif thaïlandais !! Y’a la Saintélyon dans 10 jours, il faut d’ores et déjà lancer la récupération pour ne pas trop serrer les dents cette prochaine nuit du 3 décembre entre Saint-Étienne et Lyon. C’était sans savoir le périple qui m’attendait au retour … Plus de 48h de voyage, avec un avion qui s’est posé à Paris avec 18h de retard. Mais ça, ce n’est qu’un « détail » logistique qui ne fera qu’ajouter du piment à cette jolie expédition en Asie !
Merci Seb, merci Émilie, merci les filles et les thaïlandais. Pour sûr, cette semaine aura riche de rencontres et de dépaysement, du bonheur à l’état pur.
Sylvaine CUSSOT
Informations sur la course : QUEEN OF THE JUNGLE