Le 10 km de Vénissieux 2016 était ma dernière compétition cette année. C’est une belle épreuve qui a réuni plus de 1200 coureurs aujourd’hui (20/11). Avec le 10 km de Villeurbanne en Mars, il fait partie des 2 plus gros 10 km de la région Rhône Alpes. (En termes de niveau de performance).
L’organisation propose également, depuis quelques années, un semi-marathon labélisé qui part 25’ après, mais qui habituellement, a du mal à trouver sa « clientèle ». Cette année, c’est très différent : en effet, les championnats de France de semi-marathon se tiendront dans la région, à Bourg en Bresse le 12/03/2017. Sur un parcours favorables aux chronos (j’y ai fait mon record cette année : voir CR semi de Bourg 2016). Nombreux sont donc les coureurs intéressés par une qualification pour 2017 et le plateau du semi de Vénissieux fait plaisir à voir cette année.
Le peloton du semi cette année a donc drainé une partie des costauds qui s’alignaient en général sur le 10 km. Il n’empêche que la « start liste» du 10 est quand même très sympathique ! Avec un tel parcours, une telle densité, une telle organisation, tous les ingrédients étaient réuni pour que « ça perfe » de tous les côtés, mais dame météo a vu ça d’un autre œil : Vent de Sud 35 à 60 km/h et 14°C. Délicat…
Pas le choix, plus qu’à faire le mieux possible. Au niveau de mon état de forme, je pense me situer entre 33’30 et 33’50 environ (dans des conditions favorables). Mais avec ce vent soutenu, je ne me fais pas trop d’illusion pour un – de 34’. Cela dit, je compte bien essayer quand même. L’échauffement est soigné. Sur la ligne, il y a vraiment du gros poisson. Il y a aussi beaucoup de gars d’un niveau proche du mien, qui regardent un peu autour pour voir qui est où.
Certains m’annoncent, à demi-mots, que je suis leur « meneur d’allure » pour les 34’ Notamment Antoine Poncet, un jeune coureur de l’Ain (Cadet, 16/17 ans), que je connais bien (il avait fini pas loin de moi sur notre relai au marathon des entreprises à Viriat le 11/06, m’avait disputé le sprint à la corrida de Bourg en Bresse le 01/07 et avait terminé 2ème à Biziat à 18’’ de moi sur 12 km de course nature) très prometteur (je me dis d’ailleurs que c’est peut-être la dernière course de ma vie, où je vais pouvoir le mettre derrière au classement), Gaétan Bernard (qui termine 2ème cette année de la Ronde des Grangeons et qui gagne aussi la « Troubadours » aux Templiers 2016 (devant Antoine d’ailleurs ! NB : ce n’est pas le nom de Gaétan qui est au palmarès, suite à une erreur sur le classement, toujours pas corrigée à ce jour), ainsi que Patrick Chaunier, un jeune Master 2, qui a réalisé 33’54 à Montluçon le mois dernier. Je vois aussi Guillaume Duriaud, Sylvain Marlot, Aurélien Triomphe, Séb Duflos… Bref, nous nous connaissons tous très bien !!
Pan, c’est parti. Pour commencer, 500 m de vent de face. Mais au chaud dans le paquet, je ne suis pas pénalisé. Ensuite, virage à gauche et longue ligne droite : vent latéral à tendance défavorable. Je me place le mieux possible pour me protéger. Les dossards claquent dans le vent. Les banderoles aussi. Certains faiblissent déjà. Ils se sont emballés après le coup de départ et se sont laissé « aspirer » par le flot de coureur. Ils vont subir et reculer tout le long. Au km 1 : 3’17. Antoine Poncet est dans mes rétros. Le peloton s’étire doucement. Au bout de 5’ de course, tout le monde est déjà à l’ouvrage : sur 10 km, on ne réussit pas un chrono en partant à mi régime.
Nous tournons encore à Gauche, cette fois, le vent pousse. Nous passons au km 2 en 6’35. Je suis déjà en plein effort. Antoine me glisse alors : « Séb, j’ai des cannes ». Oulala : son record va exploser alors ! (Il date de Mars et Antoine a bien progressé depuis). Juste devant : Guillaume Duriaud et Sylvain Marlot, 2 amis avec qui je bagarre souvent, s’évadent doucement. Ils sont 5/6’’ devant. Ils vont un peu trop vite pour moi à ce stade de la course.
Nous tournons à droite, faux plat montant vent de face, ça s’étire et des espaces commencent à se former. J’essaye de me positionner le mieux possible pour optimiser l’abri que me procurent ceux qui me précèdent. Les bourrasques sont violentes. Quand un gars « décroche » de ceux de devant, je fais le « jump » : un petit « coup de gaz » sur quelques secondes pour revenir au contact de ceux que j’ai décidé de suivre. J’y arrive pour le moment. Mais le myocarde n’est déjà pas très loin du rupteur. J’ai peur également de décrocher Antoine en procédant ainsi, mais je fais ma course. Km 3 : 9’59.
Dans le parc de Parilly, les feuilles d’arbres viennent claquer sur nos mollets, les dossards claquent aussi. Au km 4.5 nous tournons à gauche avec un vent favorable, mais modéré : les arbres nous le coupent… Je m’applique au maximum sur les trajectoires, le relâchement, je me concentre sur chaque détail. Je sais qu’il faudra bien ça pour faire – de 34’… Au km 5 : nous passons en 16’53, je suis dans le dur. Ça va être chaud pour maintenir l’allure… D’autant que les 2 derniers kilomètres sont bien ventés. Avec le vent, je n’entends pas trop si j’ai du monde derrière moi, j’ai l’impression qu’Antoine a cédé. Je ne vois pas le km 6. Nous amorçons un virage à 180°, je vois qu’Antoine est bien là, suivi de quelques autres coureurs. L’écart sur Sylvain Marlot et Guillaume Duriaud, qui sont toujours devant, a tendance à diminuer.
Au km 7, nous passons en 23’50. Je me dis à ce moment-là : « Oula, faut finir en 10’ (18 km/h) pour faire moins de 34’… A cet instant, je n’y crois plus trop, je suis dans le dur, comme tous autour de moi. Je m’accroche et reste concentré néanmoins. Je me dis : « saison best actuel : 34’08 ; va chercher ! » ; je me dis aussi « Perf IR4 : 34’15. Au moins ça ! ». Gaétan que je n’avais pas vu jusque-là, passe sur ma gauche énergiquement et relance mon groupe, qui assez rapidement s’étiole. Antoine me déborde également, il est aérien. Je lutte pour ne pas me faire sortir par l’arrière de ce groupe, enfin, plutôt, de ce spaghetti.. Je vois devant que Guillaume Duriaud coince un peu et nous revenons sur lui. Au km 8 : 27’13. Je reviens sur Guillaume, seul, les autres sont un peu devant. Antoine s’évade inexorablement, et comble doucement l’écart sur Gaétan, qui était parti devant. Du km 8.5 au km 9, dans une grande courbe sur la gauche, le vent est très intense. Je pense furtivement « c’est là que tu peux perdre ton hypothétique moins de 34’, si tu dévisses là, c’est dead ! ». (Après 9 km « au taquet », ce serait con !). Je recolle sur Sylvain Marlot dans les 3 dernières minutes de course. Et je commence à vider le réservoir. Il n’y a plus grand-chose. Mais ça avance encore. Je vois aussi que je reviens sur Gaétan qui était 40 m devant. Ça me stimule. Je mets la poignée dans le coin autant que je peux, en espérant aussi revenir sur Antoine, mais il finit costaud. Il est plus fort.
Je cravache, je cravache, je passe mes dernières munitions, je passe la ligne en même temps que Gaétan, au moment où le 33’59 passe au 34’00… Oh non ! Pas ça ! J’ai déjà eu droit cette année à un 1h13’03 au semi-marathon de Bourg, à mon 2h36’02 (Voir CR Paris 2016) à Paris ! Et là, je vais peut-être devoir me contenter d’un 34’00… : ((
De toute façon, c’est fait, on verra sur le classement officiel. Ça reste quoi qu’il arrive mon « saison best 2016 ». C’est déjà pas vilain vu la météo du jour. Antoine termine en 33’50. Je rejoins ensuite des amis après avoir combler la dette d’oxygène et après avoir enfilé une veste, puis nous allons encourager les coureurs du semi-marathon qui peinent dans le vent. Vu les temps de passages, il y aura beaucoup de déçus… Nous recoupons le parcours à plusieurs endroits pour encourager et stimuler les coureurs. Un peu plus tard, Sylvain Marlot (qui termine finalement en 34’01) nous rejoins et m’annonce : « ptin, t’es vraiment un métronome ! 33’59 ! » ; Ho YEAHHHHHHHHHH !! Youhou !! La petite seconde qui va bien ! Ça valait le coup de rester concentré pour cette dernière course et de ne pas abdiquer quand c’était compromis vu la météo et les temps de passage. C’est la petite seconde qui fait passer de bon résultat (pour moi) à complète satisfaction.
Au final : C’est ma 9ème saison avec un chrono en – de 34’ au 10 km. C’est mon 8ème saison best à Vénissieux, et ça me fait terminer cette saison avec 33’59 au 10 km, 1h13’03 au semi-marathon et 2h36’02 au marathon. Sans oublier, probablement, la première place au challenge de l’Ain 2016 des courses hors stade. Je suis comblé, mais fatigué.
Place à la récupération maintenant pour moi, pour recharger les batteries et repartir de l’avant en 2017. Avec dans le viseur : le championnat de France de semi-marathon à Bourg en Bresse, le championnat de France de marathon à Sénart et un marathon en Allemagne en fin Octobre : Francfort. Le tout accompagné de petites courses de rodage et de courses plaisir.
Sébastien LARUE.