Nous étions prêts. La prépa Templiers était faite et bien passée. Mais voilà, la veille de la course, il a fallu renoncer, parce que la vie est faite de priorités, et que la famille et sa santé en font partie … (#DaddyPower)
Le voyage au Portugal finalement maintenu, nous voilà donc sur les lieux du championnats du monde de Trail pour supporter notre belle équipe de France. Nord du Pays, à environ une heure de Porto, c’est en plein cœur du Parc Naturel de Peneda Gerès que se déroule l’évènement. Magnifique. Conditions particulièrement exceptionnelles en cette période de l’année, il fait plus de 25 degrés. On avait presque commencé à s’habituer à courir avec une veste et un collant, mais oui, on prend quand même plaisir à ressortir short et débardeur !
C’est en se penchant de plus près sur le programme du week-end que l’on s’arrête sur une ligne : la course OPEN de ces mondiaux. 55km et 3000mD+, un profil alléchant, et surtout, une belle occasion de découvrir ce terrain de jeu portugais dont on nous a tant parlé. Inscriptions toujours possibles, avec la prépa Templiers, on a les jambes. Banco, on se laisse séduire, sans aucunes hésitations ! Tant pis pour ces derniers jours d’entraînement qui ne ressemblent pas à grand chose, et toute cette fatigue accumulée … On fera ce qu’on peut avec la forme du jour et au pire, on profitera du cadre et des beaux paysages (ouais, y’a pire … ! ;))
Nous retirons nos dossards au moment de le cérémonie d’ouverture de ces mondiaux de trail. Ça promet du beau spectacle ces championnats !! L’équipe de France est motivée, on sent qu’elle va nous ramener des belles perfs demain … Le départ sera donné à 5h pour les athlètes sélectionnés, alors que pour la course open, le départ est prévu à 10h30. Pour une fois qu’on peut se permettre une grasse mat la veille des courses … ! Bonheur ! Réveil 7h, petit dej dans la foulée, et nous prenons la direction du lieu d’arrivée des courses (Arcos de Valdevez), où sont installées des navettes pour nous emmener sur le lieu de départ (Ambos-os-Rios). Super organisation !! Ça parle toutes les langues dans le car, et nous retrouvons d’ailleurs pas mal de français.
Ambiance détendue et conviviale, les participants se rangent tranquillement sous l’arche de départ à 10h15. Bon ok, on suit le mouvement, mais ça fait pas un peu tôt pour attendre derrière la ligne déjà ? Tant pis, on attendra comme tout le monde … Et finalement, ce dernier quart d’heure passe vite, on papote avec les autres coureurs français pressés d’en découdre aussi ! Le départ est donné à 10h30 pétante, et le peloton s’étire tranquillement en direction de la première difficulté du jour : une longue ascension de 15/16km et 1300m de dénivelé positif. D’abord sur bitume, nous entamons assez rapidement les premiers sentiers et les paysages se dessinent au fur et à mesure que nous prenons de la hauteur. Wouaaaaaah, canon !!
Les jambes répondent vraiment bien sur ce début de course, je suis plutôt rassurée. J’avoue qu’avec ces derniers évènements, je craignais d’être vraiment raplapla et subir un vilain contre-coup … Mais ça avance, donc j’en profite, je me fais plaisir. Je double pas mal de coureurs dans cette première montée, c’est plutôt plaisant et rassurant. Je n’ai pas regardé derrière, mais devant, je n’ai pas vu d’autres féminines, je suis en tête. Le sommet est atteint en 2h05. 15km400 mais déjà un gros morceau du dénivelé d’effectué. On a déjà traversé des terrains super variés (allant du roulant au technique), des petits villages typiques avec un accueil chaleureux par leurs habitants, les bénévoles ou spectateurs présents … Quel plaisir de courir ici !
C’est dans la descente qui suit que nous retrouvons les coureurs des championnats du monde, en course depuis 5h du matin. Les 40 derniers kilomètres sont communs. Un frisson me traverse quand j’aperçois quelqu’un dans une civière avec des pompiers … Mince ! C’est Sophie Gagnon, la pauvre. Je m’arrête pour prendre de ses nouvelles, lui faire un bisou et lui souhaiter bon courage. Déchirure à l’ischio, aie aie aie ! Un peu plus loin, c’est Simona Morbelli que je retrouve arrêtée sur le bord du sentier. Abandon sur blessure aussi … Décidément ! Du coup, on double quelques coureurs en peine, ça fait mal au cœur pour eux, mais c’est vrai qu’on se sent moins seul sur les sentiers, on s’encourage, se motive. Le second ravitaillement se trouve au 23ème kilomètre, que j’atteins 40′ plus loin et plus bas. Je me suis vraiment régalée sur cette portion au profil descendant, avec quelques passages exotiques au milieu de nulle part. Dépaysant !
Le prochain point de ravitaillement se situe au kilomètre 33. Je me contente de remplir mon bidon, mais avec cette chaleur, je vais vite être à sec et obligée de remplir aux sources naturelles que l’on croise ici ou là. Je ne suis pas la seule d’ailleurs. Dans ces cas là, on ne pose pas trop de questions en fait. Encore une portion bien agréable où la forme est toujours au rendez-vous, qui alterne montées/descentes sans grandes difficultés, si ce n’est que d’essayer de relancer régulièrement quand le terrain le permet (parfois rendu un peu glissant par des dalles humides). On entame une nouvelle longue ascension à partir du km31, et j’accuse à ce moment là un petit coup de moins bien. Depuis le départ, une seule personne occupe mes pensées, mon Papa ! Ça sera d’ailleurs mon moteur jusqu’à cette ligne d’arrivée … Je pense à lui, et ça me donne de la force pour avancer malgré ce petit épisode de fatigue.
Je refais le plein au ravito, je prends le temps de manger des pâtes de fruit et des bananes et ça repart ! 4h de course, je suis toujours en tête chez les féminines, 12ème au scratch. Les encouragements ici nous boostent bien, c’est top !! Je reviens sur un coureur français avec qui j’avais échangé au départ, un ami de Benoît Cori. Il semble être dans le dur et souffre de la chaleur. Il a eu des échos du parcours et me prévient : « attention, on part pour 6km de montée, et prudence dans la descente derrière, paraît qu’elle est technique et pas évidente à négocier. » Ok, merci ! Je l’encourage et prends le devant, en essayant de garder une petite allure de course. Lui marche avec ses bâtons. Je double ici Manikala Rai, la népalaise avec qui j’ai plusieurs fois eu l’occasion de courir. Elle est en course sur les mondiaux, mais n’est pas au mieux malheureusement. C’est vraiment très trop beau ici, mais que ça grimpe dur !!
Juste magiques ces paysages que l’on a la chance de pouvoir admirer d’en haut ! J’hésite à sortir mon tel pour faire une photo et puis finalement, comme il est bien calé dans la poche derrière, et que j’ai peur de mettre de l’eau et du sucre dessus (ma poudre Isostar s’est renversée dans mon porte bidon, j’en ai partout !), je me contente de faire des photos avec mes yeux. On a bien fait de prendre ce départ … juste pour voir ça et profiter de ce moment.
km38 au sommet, 5h06 de course. Le plus difficile est fait, maintenant, ça déroule en profil descendant jusqu’à l’arrivée (bon, avec quelques petites remontées bien cassantes quand même hein ! :))). Le dernier ravitaillement se trouve 4km plus loin, au kilomètre 42. Belle ambiance ici, j’y croise le mari de Manikala qui me donne des nouvelles de Manu, en tête aussi a priori. Super ! Il reste donc 13km, il faut gérer et quand même prendre le temps de refaire le plein ici.
Un peu plus de 5h30 de course. Si tout va bien, je devrais donc passer en moins de 7h. Bonne nouvelle, je n’aurais pas à sortir ma frontale aujourd’hui ! J’essaye de rester concentrée pour cette fin de course qui comporte quelques portions techniques et glissantes. J’ai retrouvé la forme et je termine sur une note dynamique et rassurante, qui me conforte sur le fait que nous étions bien préparés pour ces Templiers … J’aurais gagné 2 places au général sur la fin de course, terminant ainsi première féminine et à la 10ème place au scratch (sur 212 finishers). Je franchis la ligne d’arrivée en 6h46, très contente d’apprendre la victoire de Manu aussi !
Un résultat qui me satisfait pleinement, dans un contexte très particulier, où je retiendrais davantage les éléments de motivation qui m’ont aidée à avancer, que la « performance » en elle-même (#RunForDaddy). Une très belle première édition de cette épreuve, que je recommande vivement à qui souhaiterait découvrir ce superbe parc naturel de Peneda Gérès au Portugal. Bravo à Carlos, l’organisateur, qui peut être très fier d’avoir organisé ces championnats du Monde sur ce terrain de jeu ! Et bien sûr, un énorme bravo à l’Équipe de France qui a brillé de mille feux ce jour là, avec ces titres remportés haut la main.
Les résultats complets ici : course Open 55km
>> INFORMATIONS SUR LA COURSE : Trail Peneda Gérès, course Open des championnats du Monde de Trail 2016.
Texte : Sylvaine CUSSOT
Photos : Pedro Rocha / Luis Carvalhido