On a retrouvé le coureur aux pieds nus de la Rhune ! En fait, c’est plutôt lui qui nous retrouvé au fil d’une conversation, et nous avions pleins de questions à lui poser. Il a bien voulu nous répondre et on l’en remercie !
Courir pieds nus, c’est déjà assez rare. En trail, ça l’est encore moins, alors tenter la SkyRhune comme l’autre jour avec ce tracé des plus cabossé, c’est une vraie performance. Sans plus attendre, les explications sur ce va nu pied traileur !
Bonjour et merci beaucoup d’avoir accepté de répondre à nos questions. Tu as couru la SkyRhune samedi dernier et terminé 117è/405 en 2h52’16, est-ce que ça s’est bien passé pour toi, et es-tu satisfait de ton résultat ?
Frustré ! c’est le mot . Il y a un an j’ai fais 2H52 aussi. Je me suis entraîné toute l’année, je tournais aux entraînements à 2H40, si près et à la fois si loin d’un pottok d’or !! Mais samedi était un jour sans, coup de chaud au sommet, je me suis mis dans le rouge. Mais sinon, c’était encore une très belle journée, une jolie course sur mon terrain de jeu, une organisation au top et des supporters qui se sont donnés a fond !
Tu t’es aussi fait remarqué… car tu as couru pieds nus ! On sait qu’il y a des coureurs qui font du « barefoot », mais quand on connait le terrain pentu de la Rhune et cette caillasse, tu as du en étonner plus d’un ! Qu’est ce que tu as eu comme réactions à ce sujet ?
J’ai été agréablement surpris de l’accueil de ma pratique dans un milieu très porté sur le matériel et surtout les chaussures (ce n’est pas un reproche !). Les coureurs chaussés sont ouvert d’esprit, et respectent mes choix. Hormis quelques coureurs un peu moqueurs, j’ai toujours eu un très bon accueil que ce soit par les autres coureurs, les organisateurs ou les bénévoles sur les ravitaillements.
La course de la Skyrhune pieds nus, ça s’est passé comment techniquement ? Est-ce que tu peux courir comme tu veux malgré le manque d’accroche (forcément), et est-ce que ce n’est pas trop douloureux avec ce sol piégeux et très abîmé ?
Les barefooteurs, nous courons sur le devant du pied, le mollet sert de « ressort ». Je pense que cette technique a un avantage dans les montées. Mais un handicap en descente, puisque avec cette technique, je ne déroule pas autant mes foulées qu’un « chaussé » . De toute façon, je déteste les descentes et me concentre sur les montées, mon petit pêché …
Cette technique d’attaquer le sol avec le devant du pied, en ne touchant pas ou très peu le sol avec le talon, remplace l’amorti artificiel des chaussures. Niveau accroche, vous serez étonné des capacités de nos petits petons !!! A part sur un sol complètement boueux je cours en toute confiance. Et pour la douleur, je cours pour le plaisir de ressentir le sol, les différentes textures, températures (rosée du matin, pierre chauffée par le soleil, neige …) il n’y a jamais eu de réelle douleur.
Je me suis quand même, à plusieurs reprises, blessé, mais c’est bien peu par rapport aux plaisirs apportés par le barefooting ! Les blessures sous le pied, sont très rares, surtout des épines. Mais les orteils sont les plus sujets aux accidents.
Si tu cours pieds nus, cela ne date pas d’hier… On sait le temps qu’il faut pour passer ne serait-ce que sur du minimalisme, mais pour le barefoot, le pied doit se renforcer et la peau se durcir. Raconte-nous ton histoire à ce sujet, depuis quand tu cours pieds-nus et pourquoi ?
Alors déjà pour le pourquoi : et bien j’en sais rien !! J’ai toujours passé mes étés pieds-nus, et un jour en montant la Rhune, je me suis dis que je pourrais peut-être tester pieds-nus, tout est parti de là. Depuis je suis incapable de porter des chaussures dans la nature, et dans la vie de tous les jours, je me sens « aveugle » car je ne ressens plus rien.
Et pour la petite histoire, tout a commencé par la randonnée barefoot il y a plus de 7 ans. Je me suis mis à arpenter le pays-basque pieds-nus, puis je suis passé à des randos de plusieurs jours dans les Pyrénées. Puis il y environ 4/5 ans, j’ai commencé le trail, et peu à peu j’ai augmenté les distances, pour faire ma première course de la Rhune en 2015.
Avec ton expérience barefoot, pourrais-tu dire les choses qu’il faut faire pour en arriver là, et les erreurs à éviter ? Est-ce que tu conseilles de faire comme toi, et dans quel but ?
De la patience !!!! Le maître-mot c’est la patience. Il faut y aller très progressivement, écouter son corps, et surtout ses pieds. Ne jamais pousser les premières sorties si vous souffrez, en plus de vous dégoûter, vous allez subir quelques jours le temps que les pieds se réparent. Faites vos premières sorties avec des chaussures dans le sac. Augmentez peu à peu les distances, puis sortez des chemins de terres et d’herbes pour arpenter les rochers.
Pour le trail, c’est la même chose, mais attention quand même aux mollets, le point faible pour moi du « trail barefooting ». Ils sont extrêmement sollicités avec l’effet ressort. Étirements obligatoires après chaque sortie !!! La vigilance est de rigueur à chaque seconde en courant ! Rochers, ronces, bout de verre etc…sinon c’est la blessure obligatoire ! Et puis avec l’expérience, tentez des sorties dans la neige ! Il n’y a pas mieux que la sensation de la poudreuse toute fraîche sous les pieds (il faut aimer).
Les gens me demandent souvent comment je fais dans les pierres. Mais pour moi c’est le revêtement le plus stable et le moins traître, alors que l’herbe peut cacher des épines, bouts de verre ou autres.
Il y a autre chose que l’on remarque quand on te voit … c’est ton imposante barbe ! Est-ce que ça va avec ta philosophie…?
Ahah !! Non rien à voir, enfin quoique…ça va avec le personnage !! Vivre pieds-nus, être végétarien etc …la barbe complète tout ça ! Si tu veux rajouter quelque chose, libre à toi ! Euh … Soyez vous même !!! Ayez un petit grain de folie, ça change la vie !
Merci encore pour ton retour sur u-Run, c’est très sympa ! On te souhaite bonne continuation pour la suite !
Propos recueillis par Mathieu BERTOS