Un mois après sa 7e place aux Jeux Olympiques de Rio, Vincent Luis a déjà le regard tourné vers les prochaines olympiades, en 2020 à Tokyo.
Mais avant cela, le rémois souhaite s’investir dans l’athlétisme, discipline qu’il a découvert et apprécié aux côtés de son entraîneur Farouk Madaci. Rencontre avec un triathlète de 27 ans très serein, dans l’enceinte du stade Charléty à Paris.
Vincent, tu t’es beaucoup investi sur cette olympiade pour l’objectif de Rio. Qu’est ce qui n’a pas marché le jour-J ?
Il y a pas plusieurs raisons à cette contre-performance. Beaucoup de monde a vu une défaillance sur la course à pied. Concrètement, dès le début de la journée, j’ai senti que ça n’allait pas être un grand jour. Après, cela se voit plus sur la course à pied car il n’y a pas le phénomène d’aspiration comme en natation et en vélo. Je ne peux pas jeter la pierre sur une des 3 épreuves. Je n’ai pas été bon, c’était un jour sans. Je n’ai pas de regrets.
J’avais le physique pour faire 4e ou 5e mais je ne me suis pas battu jusqu’au bout pour grappiller une ou deux places. J’étais là pour le podium ou la gagne. Les autres étaient justes meilleurs. Je reste persuadé que je peux gagner les Jeux, surtout après tout ce que j’ai pu faire. Si je ne pensais pas avoir les capacités pour faire un podium, je ne rempilerais pas pour 4 ans.
« Si je ne pensais pas avoir les capacités pour faire un podium, je ne rempilerais pas 4 ans » .
La déception passée, quel a été ton programme les premiers jours qui ont suivi les Jeux ?
Après les JO de Londres, je me suis relancé tout de suite sur la forme. J’ai fait une super perf 15 jours après. Puis je me suis blessé et je suis resté 4 mois avec des béquilles. Je me suis dis qu’à Rio, bonne perf ou pas, je devais arrêter une semaine. Autant physiquement que nerveusement, il faut savoir relâcher. Je suis tombé malade et j’en ai profité pour couper totalement.
« Autant physiquement que mentalement, il faut savoir relâcher. »
C’était un mal pour un bien car cet hiver je voulais faire un peu d’indoor et préparer la saison de cross. Cette coupure avancée me permettra de le faire. J’ai aussi pris du temps pour moi, j’ai passé mon permis moto … des choses bêtes mais que l’on a jamais le temps de faire pendant la préparation !
Tu as clairement montré ton intérêt tout particulier pour l’athlétisme. Quand as-tu eu le déclic de vouloir t’investir dans la discipline ?
Je me suis toujours intéressé à ce milieu, je connaissais les grands noms de l’athlétisme international, je regardais les compétitions … Mais c’est en rejoignant Farouk Madaci (son entraîneur) à Reims que j’ai vraiment pris mon pied. Farouk est un grand passionné. Quand on voit tous les Athlérama alignés chez lui, on a vite compris !
J’ai rejoint des athlètes très investis, j’ai pris mes marques. Faire plus des séances rend les choses plus tangibles. Quand tu fais 10×400 en 1’02, tu es sur les bases du record du monde du 10 000m. On met du réel sur de l’abstrait. De fil en aiguille, on s’intéresse de plus en plus à l’athlé, on fait de belles rencontres et on progresse. J’ai notamment rencontré Vénuste Niyonbago, champion olympique du 5000m en 1996, que j’admire beaucoup. Ça parle !
« Farouk est un grand passionné. Quand on voit tous les Athlérama alignés chez lui, on a vite compris ! »
Tu parles de consacrer plus de temps à l’athlétisme pour tester tes capacités et laisser un temps de côté les performances en triathlon. Concrètement, vises-tu des épreuves en particulier ?
Le marathon ! (Rires) Malheureusement, c’est incompatible avec le triathlon. Mais j’ai demandé à mon coach pour préparer un semi, il m’a dit ok ! Plus sérieusement, les disciplines qu’il serait raisonnable de cibler sont le 5000m et le 10 000m.
Clairement, vu la physionomie des coureurs de demi-fond, il faudra moins nager pour perdre du haut du corps. Cela risque de mettre un peu en péril mes performances sur triathlon mais je pense que le jeu en vaut la chandelle. J’ai un niveau de base en natation qui me permettrait de perdre un peu de temps. Je n’ai de toute évidence aucune chance de percer dans les autres disciplines, même si des équipes cyclistes pro m’ont déjà approché. Le vélo, ça ne me fait pas rêver.
Quel objectif t’es tu fixé pour ce nouveau défi ?
Cela dépendra de plusieurs paramètres. Je suis encore dans le flou quant à mes capacités. Je me laisse 2 années pour descendre mes chronos et voir ce que ça donne. Si dans 2 ans, je suis encore à 20 secondes du temps de qualif aux JO sur 5000m, je plie bagage et je me remets à fond dans le triathlon.
« Si dans 2 ans, je suis encore à 20 secondes du temps de qualif aux JO sur 5000m, je plie bagage et je me remets à fond dans le triathlon. »
Deuxièmement, j’attends avec impatience le parcours des Jeux de Tokyo. Si le circuit est plat, il y a de grandes chances pour qu’il y ai un regroupement en vélo et que tout le monde s’explique en course à pied. Cela orientera aussi l’entraînement car le triathlon reste et restera le but ultime de la prochaine olympiade.
Dans l’immédiat, j’ai envie de faire une belle saison de cross et préparer les championnats d’Europe. Le cross est excellent pour la proprioception, la prévention des blessures… Ce sont des courses de 40 minutes à intensité maximale, qui simulent une fatigue musculaire proche de la descente du vélo en triathlon. On se rapproche vraiment de l’effort du 10 bornes en compétition. Le cross c’est dur, c’est de la boue, des galères … c’est l’école de la vie, j’adore !
Propos recueillis par Rémi Blomme
Photos : © Rémi Blomme
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