La ronde des Grangeons est un trail référence dans l’Ain. C’est une belle épreuve. Le palmarès de cette course est remarquable : que des grands noms ! La course existe depuis 18 ans. Chaque année, je jette un œil attentif aux résultats.
Depuis 2009, la distance varie entre 16 et 16.5 km. Le dénivelé positif oscille lui entre 400 et 500 m de D+.
Je n’avais jamais encore participé à cette épreuve. Labélisée hors catégorie au challenge des courses hors stade de l’Ain* (*pour les curieux, voir le règlement de ce challenge sur le site http://aincourir.free.fr) cette épreuve réunit grosso modo environ 400 participants chaque année.
Cette année, les circonstances (blessure de mon coéquipier et ami Sébastien Charnay : le meilleur athlète sur route de l’Ain ; « retraites » des solides Florian Schäfer et Nicolas Duclos ; assiduité moins importante sur les courses en 2016 du vainqueur sortant de ce challenge : Damien Vullin. Break de compétitions de Lionel Ribeiro, un autre coéquipier et ami, au printemps, etc…), font que je suis en tête de ce challenge de l’Ain depuis le 11/06, avec ma première place sur le classement des relayeurs au marathon des entreprises de Viriat (1626 classés) avec un relai de 6060 m en 20’11 (avec ce chrono sur d’autres années, j’aurais été au-delà de la 10ème place…).
Je ne vais pas avoir 36 opportunités pour inscrire mon nom au palmarès du challenge de l’Ain. Ce challenge est donc, depuis juin, mon objectif de fin de saison 2016. Cela tombe finalement assez bien puisque notre équipe de Pont de Vaux (Séb Charnay, Lionel Ribeiro et moi-même) n’avait pas prévu de participer au championnat de France de marathon 2016 à Tours. (Nous restons, pour le moment, sur 3 victoires, consécutives, au championnat de France de marathon par équipe (7h32’46 en 2015 à Rennes, 7h32’05 en 2014 à Metz et 7h40’51 dans la fournaise toulousaine en 2013).
Pour maintenir ma position au challenge, pas de mystère : il faut mettre des dossards ! En choisissant les courses qui me motivent, tout en faisant attention au label de ces courses. C’est ce qui explique, en partie, ma présence sur la ronde des Grangeons.
Au niveau entrainement avant cette épreuve : aucun travail spécifique de type trail. J’avais participé occasionnellement à quelques épreuves dans le passé, comme Cluny-Charnay en 2012 et l’Escrapade de Journans en 2011 et 2014. A chaque fois, un constat s’imposait : Je suis une grosse tanche en descente ! C’est effarant ! Je n’avance pas, je me crame les cuissots à freiner, bref, je galère ! Conscient de cela, j’essaye d’établir une stratégie pour obtenir le meilleur résultat possible sur ce terrain. On verra ce que ça donne. J’ai aussi encore dans un coin de ma tête mon 10 km sur routes et chemins du week end dernier qui s’est très mal passé… Je ne suis pas en confiance avant cette course.
En arrivant sur place (terrain de motocross d’Ambérieu, près du Château des Allymes), je remarque tout de suite la qualité des installations et de l’organisation. L’équipe organisatrice est efficace, dynamique, mais aussi et surtout très sympathique. Impeccable. Le speaker me connait et me demande amicalement un petit mot par rapport à ma première participation ici. Je glisse quelques mots sur le challenge et de mon envie de découvrir cette classique des courses hors stade de l’Ain. J’aperçois ensuite Pierrick Page, le favori logique vu les inscrits, ancien triathlète de haut niveau, 2ème en 2015 de la Ronde derrière le redoutable El Madi. Pierrick, c’est un surdoué de la mitochondrie, c’est une grosse bestiole ! Il sera devant. Loin devant.
Le trail est une pratique différente de la route, sur la liste des inscrits, peu de noms me parlent, mais je remarque néanmoins Gaétan Bernard, vainqueur du trail de Treffort le 19/06 (25 km et 800 m de D+) et 3ème du trail de Douvres le 01/05 (21 km et 900 m de D+). Ainsi que quelques autres noms de clients potentiels. Au départ, Asics Gel FujiEndurance Plasmaguard aux pieds, je décide de partir avec Pierrick (s’il ne part pas trop fort) sur les 5 premières minutes de courses, qui se font sur un sol plutôt roulant, afin d’essayer de décourager les gars comme Gaétan (sans me faire trop d’illusions quand même), qui seront plus à l’aise eux sur les descentes.
J’applique mon plan de marche, nous partons à 2 en faisant un espace (quelques dizaines de mètres) avec les poursuivants. Mais rapidement, Pierrick s’évade, il est trop fort, je dois me raisonner pour pas compromettre la suite de ma course. J’entame une descente de 1.5 km en graviers et pierres, mais encore relativement « propre ». J’essaye d’aller le plus vite possible pour ne pas que les premiers poursuivants voient que je suis médiocre sur ce terrain. J’essaye de me « lâcher » dans la pente, mais j’entends que ça revient. En bas de la descente, km 2.8, 2 gars établissent la jonction, dont Gaëtan, sans surprise. Le kilomètre suivant comporte 80 m de D+. Je pensais pouvoir rivaliser avec un gars comme Gaëtan sur ce terrain, j’espérais pouvoir reprendre un peu le large, mais il n’en est rien. Il passe devant moi, puis s’échappe doucement à mi pente. J’ai l’impression d’être collé à 11 km/h. Au niveau intensité pour moi, c’est comme du 18 km/h sur le plat. Le 2ème gars qui était revenu avec lui n’a pas suivre la cadence dans cette montée. Mais n’a pas explosé non plus.
Au km 4, nous basculons (Gaétan environ 30 m devant moi). En 1.2 km, 140 m de D – : tout ce que j’aime !! Gaétan file et creuse son avance. Derrière, le gars en chasse ne recolle pas, en bas je me retourne furtivement, il est environ 80 m derrière. Mais semble encore vaillant. Nous remontons, 1.5 km (90 m de D+). C’est un toboggan cette course ! L’écart entre mon poursuivant et moi se stabilise vers les 15/20’’. Sur les parties « roulantes » j’essaye d’envoyer un peu plus, c’est censé être mon terrain. Mais les cuissots ont morflés dans les descentes ! Au km 8 un marcheur m’indique que le premier est 3’30 devant… Ouille ! Le 2ème 30’’ devant. Je passe au km 10 en 41’30. La route est encore longue.
Nous entamons ensuite la plus longue bosse du parcours, 2.4 km et 170 m de D+ en paliers irréguliers, dans les chemins. Nous croisons depuis quelques kilomètres les marcheurs de la ronde, inscrits en masse, qui font le parcours dans le sens inverse. Ils encouragent et applaudissent. Ça ne fait pas de mal ! Ils me permettent aussi de mesurer l’écart sur mon poursuivant, au bruit. Je ne pense plus à la 2ème place, Gaëtan est trop loin. Il est aussi et surtout plus fort. Le gars derrière est encore menaçant. J’ai même l’impression qu’il se rapproche. Au km 12, près du haut de la bosse, je m’arrête quelques secondes au ravitaillement pour boire, il fait lourd ! Je sue abondamment.
Dans la descente du 13ème kilomètre, le gars derrière revient dans mes rétros. En bas, on retrouve une portion de route en faux plat montant. Je me dis : c’est bon, je vais pouvoir appuyer et le repousser encore une fois. Mais il se rapproche progressivement et recolle sur ce faux plat montant, bon… Ce n’était pas ça mon plan Il revient là = pas bon pour moi. Il passe ensuite énergiquement dans la partie ascendante suivante. Je ne peux pas répondre. Je n’arrive plus à lever les cuisses. J’essaye de me remobiliser mentalement pour le garder à portée d’un rush final, mais cela ne suffit pas. Il est meilleur.
Dans la descente finale, j’essaye de faire le mieux possible, mais que je suis mauvais ! On ne s’improvise pas traileur. J’entends enfin au loin le speaker à travers les bois, je jette mes dernières forces, un dernier coup de rein avant d’arriver vers la ligne d’arrivée. Ç’en est fini. 4ème en 1h12’52 pour 16.7 km au Garmin (522 m de D+). Pierrick l’emporte nettement en 1h07’29 (il me met plus de 5’). Gaétan réalise lui 1h10’49. Le 3ème, Thomas Collinet (3ème de l’Escrapade 2015, 18.5 km et 550 m de D+) termine en 1h12’07. Il me prend 45’’ en 3 km ! Je suis à ma place.
Ça me fera une bonne expérience. De l’avis des 2 premiers, le parcours 2016 était plus difficile que celui l’an dernier. (Ils ont d’ailleurs été moins vite, malgré un meilleur indice de forme). La remise des lots est super bien organisée et les lots sont de qualité (par exemple un superbe VTT CUBE d’une valeur supérieure à 600 euros), etc… Ce fut un plaisir aussi de discuter avec des spécialistes du trail et avec Pierrick pendant la récup. Il est probable que je remette un dossard sur cette course dans les années à venir.
Sébastien LARUE (trace sur STRAVA)
>> Infos sur la course : la ronde des Grangeons
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