La plupart du temps en course à pied, pour les médias et le grand public, ne sont visibles et significatifs que les apparitions au podium et les victoires. C’est bien normal me direz-vous ! Et il faut faire honneur aux vainqueurs, qui ont su exprimer au mieux leur potentiel, leur investissement…
Investissement ? Parlons-en un peu. Oui, parce que même si l’on se doute bien qu’on n’y arrive pas sans efforts, c’est quand même la base de tout. Encore que, vous en trouverez pour croire que les personnes qui sont aux avant-postes profitent surtout d’un don du ciel, et que finalement il y a des gens plus méritants ! Des gens avec moins de talents, qui travaillent et qui s’entraînent… Surtout, ne pas croire que le coureur de Team profite d’un don et d’un statut pour se la couler douce. De professionnels, il n’y en a quasiment pas. Les moyens matériels reçus doivent être rendus sous forme de publicité (image) et de résultats. Le don, il ne peut s’entretenir qu’avec des heures d’entraînement et des efforts pour maintenir un niveau, et encore plus d’efforts pour arriver jusqu’au résultat que vous remarquerez en feuilletant un magazine.
Tout résultat, toute performance est une somme d’efforts. Ces séances que vous pouvez voir à l’heure d’entraînement du stade, ou ces sorties qui seront partagées sur les réseaux sociaux. Et… tous ces efforts que l’on ne voit pas ? Parce que l’on ne voit pas tout. L’entraînement, c’est comme un iceberg : la face visible est bien moins importante que celle qui est invisible, sous l’eau. Vous ne verrez pas tous ces footings, qui semblent anodins, mais en réalité fondamentaux pour récupérer des autres sorties, tempérer le corps, le remettre à niveau. Vous ne verrez pas ces séances faites après le travail, en fatigue, à la frontale parfois. Celles que l’on doit faire seul car on n’est pas disponible pour la faire avec les amis. Ces sorties que l’on projette pour se donner les moyens de bien faire pour notre prochain objectif.
Si ce n’était que ça… On ne connait pas la vie de la plupart des coureurs que l’on croise sur nos courses, ni ce qui les pousse profondément à courir. On ne sait pas quels soucis personnels ils peuvent avoir, et qu’il ne laisseront jamais apparaître. On ne sait pas contre quelle maladie ou contrariété physique ils doivent lutter pour maintenir leur plaisir. Tous ces efforts faits sur l’alimentation pour être en forme, tous ces moments consacrés au gainage alors que l’on n’a pas forcément envie de le faire. Ces efforts faits pour ne pas sortir trop tard d’une soirée et envisager l’entraînement du lendemain, ceux pour obtenir une journée pour pouvoir se rendre sur une course…
Des quantités d’efforts, de tracas et de solutions trouvées pour pouvoir pratiquer sa passion, et qui sait arriver à un résultat qui sera lui bien visible. A deux doigts, il y a l’échec, qui a demandé autant d’efforts… Mais tout n’est pas si simple en réalité. La face immergée de l’iceberg n’est pas visible et pourtant tout ce qui est visible ou presque n’est que le résultat final.
Derrière, des sommes d’efforts que l’on ne voit pas. Des milliers de foulées faites dans l’anonymat. Le coureur est avant tout quelqu’un de silencieux…
Mathieu BERTOS