Si les bleus n’ont pas conquis l’or, la délégation française quitte Rio avec 6 médailles (3 argent et 3 bronze), du jamais vu depuis 1948. Retour sur la folle semaine de l’athlétisme français aux JO, entre exploits et désillusions.
Après des championnats d’Europe au bilan décevant, on attendait beaucoup de ces jeux brésiliens pour redonner du souffle à une équipe de France aux talents certains. Beaucoup ont suivi avec passion les performances des bleus, apprécié les podiums des stars tricolores (Lavillenie, Lemaître) et découvert des nouveaux visages (Mayer, Bascou). Grâce à une belle représentation au sein des familles de l’athlétisme, les bleus ont offert une vitrine exemplaire à leur sport.
Ils ont brillé
Renaud Lavillenie (Argent à la perche) : On n’imaginait pas autre chose que l’or. Mais comment être déçu après un concours où le record olympique est tombé par 2 fois ? Le recordman du monde de la perche a tout donné, prêt à reconquérir l’or de Londres avec des barres sans-faute passées entre 5m75 et 5m98. Mais il a butté sur un Thiago Braz Da Silva des grands jours, galvanisé par son public. Le brésilien a franchi une barre à 6m03, explosant son record personnel. Le français n’a pas pu suivre. Lavillenie est sonné mais repart avec l’argent sans regrets, au terme d’un concours qui restera gravé dans les annales.
Christophe Lemaître (Bronze sur 200m) : « Revenu de nulle part », « éternel », les mots n’ont pas manqué dans la presse pour qualifier la performance du français. Après des années de doutes, Lemaître a montré qu’il pouvait se dépasser sur les grands rendez-vous. Profitant d’une finale à sa portée, le sprinteur d’Aix-les-Bains a arraché une superbe 3e place en 20″12, quelques millièmes devant le britannique Adam Gemili. Une belle récompense de sa persévérance, 5 ans après le bronze des mondiaux de Daegu.
Kevin Mayer (Argent au décathlon) : C’est sans doute la plus belle médaille du clan français. Sur l’épreuve olympique par excellence, Kevin Mayer était dans la forme de sa vie. Enchainant ses records personnels, la France a vibré au rythme de son parcours de folie, au point de tenir en échec le géant Ashton Eaton (8893 points). Il termine 2e avec 8834 points, terrassant le record de France de 260 points à seulement 24 ans.
Mahiedine Mekhissi (Bronze sur 3000m steeple) : Pari réussi pour le désormais triple-médaillé aux Jeux Olympiques, malgré un retour tardif à la compétition en raison d’une longue blessure. D’abord 4e derrière un trio au-dessus du lot (Kiprop-Jager-Kemboi), il a obtenu gain de cause après la disqualification de d’Ezekiel Kemboi pour une trajectoire hors-piste. Il rejoint Alain Mimoun avec 3 médailles décrochées en autant d’olympiades. Yoann Kowal, dont la constance n’est plus à prouver, termine à une excellente 5e place.
Dimitri Bascou (Bronze sur 110m haies) : Le 110m haies, fort bien représenté dans le clan tricolore (3 français engagés) tient enfin sa médaille olympique avec la performance de Dimitri Bascou, 3e de la finale en 13″24. Le champion d’Europe devance de peu son compatriote Pascal-Martinot Lagarde, 4e en 13″29. Un temps à la lutte pour le plus beau des métaux, Bascou a du se dépasser pour décrocher le bronze après avoir heurté une haie.
Mélina Robert-Michon (Argent au disque) : À 37 ans, la chef de file du lancer français a réalisé le plus beau concours de sa carrière, battant le record de France avec un jet à 66m73, mettant la pression sur ses adversaires. Derrière l’intouchable croate Sandra Perkovic, elle retrouve l’argent après les Mondiaux de 2013 à Moscou et décroche à Rio son premier podium olympique. La joie de Robert-Michon fut l’une des images fortes de ces jeux tricolores. Une athlète à la longévité exceptionnelle.
Des performances encourageantes
Derrière les podiums, il y a aussi les belles performances de ces jeux. Pierre-Ambroise Bosse, après un très beau parcours en séries du 800m, termine au pied du podium en finale. Si la médaille en chocolat peut être rageante, le trio de tête concentrait ce qu’il se faisait de mieux sur le 800m mondial. Toujours en quête d’une médaille internationale, Bosse a montré qu’il avait la caisse, la maturité et les moyens pour le faire.
Jimmy Vicaut a vécu en revanche un parcours en dents de scie sur ces jeux. Risquant de peu une élimination dès les séries, le recordman de France du 100m manque encore de régularité et d’expérience pour accrocher le bon wagon. Il termine 7e de la finale en 10″04, loin derrière le trio de tête emmené par Bolt. Mais avec un record établi en 9″86 l’an dernier, des américains en fin de cycle et un Usain Bolt sur le départ, il y aura de la place sur les futurs podiums.
Parmi les jeunes espoirs, on notera aussi la 13e place d’Emilie Menuet sur 20 km marche (37e temps des engagées) et la place de finaliste d’Alexandra Tavernier au marteau.
Les désillusions
On en attendait des médailles et des surprises, mais les relais ont fait un zéro pointé à Rio. Toutes éliminées en séries, les équipes ont été pénalisées par des passages de relais compliqués, une concurrence très relevée et des collectifs encore peu expérimentés comme le 4x100m féminin. Même sur le 4x400m féminin, qui brille depuis 2 ans à l’international avec Marie Gayot et Floria Gueï, n’a pu faire mieux que 5e de sa série.
Le piège des séries laisse aussi de lourds regrets en individuel. Les larmes de Rénelle Lamote sur 800m en disaient long sur sa déception, éliminée sur une course lente où le finish était décisif. La vice-championne d’Europe espérait une finale. Même destin pour sa collègue Justine Fedronic ou encore Florian Carvalho sur 1500m. Déception aussi pour Antoinette Nana Djimou, seulement 11e de l’heptathlon. Sur le marathon féminin, Christelle Daunay avait de beaux espoirs, mais que se sont vite envolés avec une cheville douloureuse qui l’a contrainte à l’abandon.
Enfin, les jeux des français se sont terminés avec une leçon de courage. Sur le 50 Km marche, Yohann Diniz pensait enfin tenir son podium olympique avec un impressionnant cavalier seul sur la première moitié de course. Mais la malédiction a perduré lorsque le français a subi des problèmes gastriques. Le début d’un calvaire, entre inconscience et héroïsme, qui l’a poussé à finir sa course dans la douleur avec une 7e place à la clé en 3h46’43.
Le prochain grand rendez-vous de l’athlétisme sera le mondial 2017 organisé à Londres. Les bleus fêteront leurs JO avec le public français au Meeting de Paris le 27 août prochain et au Décanation le 13 septembre à Marseille. Des occasions toutes trouvées pour les féliciter de leurs prestations au Brésil.
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Photos : KMSP
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