Je me lève un peu tard d’une nuit où j’ai veillé, et ce matin il faut réaliser, comprendre, re-situer dans l’histoire. Cette nuit, Usain BOLT est devenu un mythe. Son 3è titre d’affilée sur 100m aux Jeux Olympiques,incroyable.
Sur 8 ans, il a dominé le monde du sprint comme jamais. C’est le sport le plus pur, le plus « animal ». Sans artifices, si ce n’est des pointes pour griffer le sol et une piste pour la survoler. Le monde entier peut courir, mais il y en a un qui court plus vite que tous : c’est Usain.
A bientôt 30 ans, c’est compliqué de répéter les exploits pour un sprinteur. Mais il le fait. C’est compliqué d’amener à chaque fois son corps aux extrêmes limites physiques… mais il le fait. C’est compliqué de faire face à tous les autres coureurs qui ont des ambitions et du talent, souvent confiés par un Dieu selon le feu sacré de chacun, qui veulent aussi cette place de » l’être suprême « … mais Usain garde sa place. Sa place, c’est celle de numéro 1, au dessus des autres, par ses performances de vitesse et la répétition, années après années, de ses exploits.
Ce gars-là est unique par ses performances et son rayonnement. Il court le plus vite, il gagne, il répète, c’est entendu. Mais il est unique parce qu’il entoure ses courses de sympathie, de décontraction, de danse, de fête, de cette envie de marquer et de signer sa domination, comme un don qu’il fait à l’humanité. On n’avait jamais vu un sprinteur s’amuser autant avec la caméra, faire des signes au public avant la course, la rendre détendue avant la tension extrême de l’effort. A l’arrivée, c’est la célébration après le magnifique cadeau de sa foulée si rapide. Il signe, comme le Z de Zorro, cette flèche tendue vers le ciel, comme pour faire un signe à quelqu’un là-haut « vois, ce que je fais de ce que tu m’as donné ! ».
Au dessus du lot, mais proche des gens. Il aime son peuple, il court pour son peuple. Cet île a vu naître des champions, mais un seul Usain. Il est à eux, il danse avec eux. Ses pas à l’arrivée, ses poings serrés pour saluer le jeune qui garde son plot de départ, il communie avec tout le monde. Il l’a dit : » le 100m, c’est pour mon peuple, le 200m c’est pour moi « . Le 200m, c’est son jardin. Si on peut le faire trembler sur un départ de 100m, le demi-tour de piste est presque facile. Une fois lancé, sa foulée avale l’espace, avale le temps. On verra s’il se fait cadeau de la distance, mais peu importe, tous ses exploits sont déjà pour lui.
Le triplé avec le 4x100m ? Pourquoi pas, ça ne dépend pas que de lui. Est-ce la fin d’Usain Bolt ? Peut-être encore un an, jusqu’aux prochains championnats du monde. Ce que pourra lui donner son corps, sa tête. Voudra-t-il risquer de perdre une finale ? Il faut voir. En général, il court pour gagner.
Usain Bolt domine et donne, il rayonne, il court plus vite que personne ! Il écrit sa légende, celle d’un être hors-norme. Il écrit de ses foulées, tomes après tomes, l’histoire de sa vitesse, de ses prouesses, et il nous la donne.
Texte : Mathieu BERTOS
Photo : Getty image