C’est avec une grande envie que nous nous rendons à Vouglans pour le trail qui porte le nom du tour de son Lac en cette fin juillet.
Avec une particule en plus : « Volodalen » : lieu mythique d’entraînement et d’expérimentation en course à pied des années 70 en Suède et qui véhicule aujourd’hui encore une image d’innovation et de recherche dans ce domaine (exemple: la cahier Volodalen du fameux magazine Zatopek).
Je ne suis pas insensible à cet état d’esprit et ce petit surnom me plaît bien. Argument supplémentaire pour venir tester ces chemins du Jura sur une épreuve qui convient à souhait à la prépa pour l’Ultravasan qui aura lieu trois semaines plus tard- en Suède justement. Le parcours qui présente environ 1500 m+ pour 40 kilomètres apparait comme roulant et donc taillé parfaitement à S-3 pour préparer une belle échéance.
Cerise sur le gâteau, après trois semaines de travail après le trail de la Vallée verte, les sensations reviennent bien, les chronos descendent à l’entrainement et je pars donc relativement confiant sur cette épreuve où j’espère me faire plaisir et réaliser un bon chrono. Idéalement, je prévois un chrono autour des 3h15, mieux si je suis en forme ce jour là… Seule une petite entorse en début de semaine contractée lors d’une rando au Sancy me contrarie un peu, mais celle-ci, soignée la veille par Benoit Ferrari ne semble pas devoir me gêner outre mesure car le parcours n’est pas annoncé comme très technique…
bref, tout s’annonce pour le mieux ! Un accueil très chaleureux de surcroît et quelques péripéties de dernières minutes (voir CR de Sissi) ne font que rajouter de la bonne ambiance comme on aime les retrouver sur des épreuves où la pression n’est pas de mise (cela fait du bien quelques fois dans l’année !! :)). Le bus navette qui nous emmène au départ est rempli de « joyeux trailers », ce qui fait que le départ est donné en toute décontraction.
Dès le coup de feu donné (ou plutôt le 5-4-3-2-1 de monsieur le maire), le départ est pourtant nerveux. Quelques coureurs démarrent en trombe et partent en éclaireurs, ce qui a le don d’amuser la galerie. De mon côté, je reste en tête de peloton à 16km h environ, vite relayé par d’autres coureurs qui assurent la même allure. 2 kilomètres de bitume ne suffisent pas à étirer vraiment le peloton car le rythme est assez léger mais s’accélère franchement dès l’arrivée dans les premiers singles. Je me place en 4/ 5 position, ne connaissant pas le chemin et souhaitant avant tout suivre durant la première moitié de course (j’avais prévu de rester tranquille jusqu’au 16 ème kilomètre, lieu de la première difficulté). Erreur fatale, à peine entré dans le single et manquant de visibilité car placé derrière un autre coureur, je plie la cheville de la même manière qu’au Sancy : tourne, retourne. Un vrai aller retour moins douloureux que lundi dernier mais qui a le don de me faire voir les étoiles et de m’insensibiliser la cheville. Je la sens très instable et commence à courir sur la pointe des pieds du côté droit comme si je marchais sur des œufs.
Heureusement pour moi, l’allure est encore correcte et je peux rester au contact le temps de reprendre mes esprits mais je suis clairement refroidi par cet épisode. Dans la descente qui suit, je conserve ma place mais je perds du terrain en prenant toutes les précautions. J’essaie de revenir sur la portion plate qui suit, mais la montée qui suit me fait mal : appuyer sur la cheville pied à plat en montée m’envoie des signaux de douleur intense. Je commence à gamberger… Sur les portions plates qui suivent, je retrouve un peu de stabilité et mes esprits mais dès que le sentier devient un peu technique (même très peu), je subis franchement. Je vois le groupe de tête s’éloigner petit à petit et les poussées d’adrénaline successives me font perdre pied. Je ne sais clairement que faire. La douleur est très supportable et je me dois de finir pour valider cette course de prépa, mais je dois aussi prendre toutes les précautions pour ne pas aggraver le mal.
Je prends donc mon mal en patience en colère contre moi car la séance de rythme que je programmais se transforme en séance de fractionné en fonction des aléas du sol. Avec une cheville en bois qui m’oblige à courir de travers de surcroît, ce que ne manquera pas de me faire remarquer Cyril (Gindre), grand biomécanicien qu’il est, au passage sur le magnifique barrage du Lac que j’ai bien le temps d’admirer ! Heureusement, la paysage est magnifique et le parcours un vrai régal, ce qui fait que même si je gamberge et peste contre moi même, le parcours défile finalement assez vite. Ce n’est que relances, passages roulants, montées et descentes en single. Bref, un parcours comme on les aime !
Au fil du parcours, je retrouve de l’allant et des sensations dans le pied (le parcours se fait aussi plus lisible au sol), ce qui fait que je termine plus à l’aise que ce que je n’ai commencé, au moins dans la tête, un peu moins dans mon bassin qui est définitivement en vrac en cette fin de course. Chrono anecdotique en 3h32 et victoire méritée et de qualité du talentueux Sébastien Hours que je suis content de voir revenir aux affaires après quelques blessures ! Finalement très déçu de ma course évidemment et du « bricolage » du jour question allures et sensations. On est bien loin des ambitions du matin ! Quand on dit que le trail rend humble…
Heureusement que Sissi assure une super course pour remonter un peu le niveau de perf du jour ! 🙂 Et que l’épreuve est finalement un vrai petit bijou qui nous donne envie de revenir ! Le « made in Jura » est décidément un bon label ! Maintenant, place à un entrainement plus dur que prévu dans les jours qui suivent pour « rattraper » ce que je n’ai pas fait en terme de sollicitation prévue ! Quand on fait pas bien, il faut refaire ! Donc au travail. En gardant un peu de Volodalen dans la tête… Dans trois semaines en Suède, ça peut servir !!
Emmanuel Gault
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