Après ce marathon du mont blanc où j’ai explosé par le manque de fraîcheur, j’étais maintenant obligé de faire du jus et de me régénérer. Ça m’a servi de leçon pour la suite.
Comme je suis fan de vélo et que j’ai l’occasion de jouer avec un nouveau partenaire de route, j’ai saisi le guidon pour rouler un maximum et délaisser un peu les pompes à trois bandes. D’ailleurs, en regardant mes dernières semaines d’entrainement, je suis même étonné par un nombre de kilomètres à deux chiffres. Par contre, c’est une tendance inverse au compteur du vélo. Je me suis même régalé à faire un trip solitaire de Lyon à Cannes en deux étapes, soit environ 465 kilomètres. Ce fût une belle aventure avec 8 départements traversés et une autre forme de volume à réaliser en entrainement.
En combinant le bike et le run, j’ai pu repartir vers de nouveaux objectifs. Le plus proche est la Transrockies Run dans le Colorado américain. Je suis heureux de partir là-bas, car c’est une première pour moi de courir sur le sol ricain mais aussi de partager ce road trip avec mon ami Martin Gaffuri. En août prochain, on prendra tous les deux en équipe le départ de cette course à étapes sur 6 jours avec un total de 120 miles et 20000 feet. Ce sera plus une expérience humaine qu’une compétition. Mais pour l’apprécier, il faut savoir la préparer. Et ensuite, de la partager au maximum avec les personnes qui me suivent sur les différents réseaux.
Pour la prépa, l’endroit idéal était de partir à La Plagne, en altitude, en famille et dans une station sportive. L’intérêt était de s’entrainer en altitude afin d’encaisser la prochaine échéance qui se déroule à plus de 3000m de moyenne. En voyant la période, je pouvais profiter de tirer un peu plus en m’inscrivant notamment sur des courses. En effet, c’était la période de la 6000D. En prenant mon éclat il y un mois maintenant, j’ai appris qu’il fallait savoir être frais et surtout raisonnable. Donc pas de grande course contrairement aux trois dernières années mais un challenge plus osé et plus adapté. Il y a plusieurs courses autour de la 6000d et décomposées sur 3 trois jours. C’était parfait pour moi. J’allais donc me mettre la race progressivement en commençant par la 6D bob (1,5km et 125+), la 6D verticale (5k 1000+) et la 6D lacs (27k 1600+).
Pour commencer, refaire la montée de la piste de bobsleigh était vraiment pour le fun et l’intérêt était de mettre un peu de vitesse dans les entrainements. Ca s’est un peu décidé à l’arrache et je me suis inscrit la veille lors d’une bonne sortie en bike avec deux cols dans la musette. Je n’ai pas été déçu par l’intensité de l’effort. Les premiers 500m furent assez rapides sur un faux plat puis je me suis pris 2 patates à presque 15% ! Sincèrement, j’ai subi d’un coup car je ne voyais pas l’inclinaison dans ce rouleau de ciment. C’était un bon contre la montre après une sortie dans les bois de 50’ avant. A l’arrivée, je ne savais pas ma place et finalement à mon étonnement, j’ai vu que j’avais gagné. De bon augure pour la suite.
L’enchainement s’est fait le lendemain dans le même concept mais en version XL. Un bon kilomètre vertical sur 5k. Un profil particulier car on est arrivé à avoir une descente dedans et des portions roulantes. Le premier mur du départ m’a mis direct dans l’ambiance avec une pente très inclinée à plus de 30%. Devant, j’étais le seul sans bâton donc j’étais un peu largué au début, ensuite je me suis rentré dedans pour recoller dans la partie roulante et dans la descente. La suite du dénivelé s’est fait en tête et jusqu’au bout. C’était une première pour moi, un premier KV qui m’a donné envie d’en faire d’autre. Le petit plus est que je me fais le record de l’épreuve au passage et surtout que je me suis fait plaisir sur cet effort encore inconnu. L’ambiance était cool et le parcours joli. D’ailleurs, je le reprends maintenant lors de mes sorties dans le coin.
Pour finir, il fallait assurer et voir comment j’arrivais à encaisser sur la fatigue. Avant le départ je connaissais un peu le parcours car il est pratiquement similaire à celui de la 6000D mais en plus court. Pas de grosses zones techniques juste deux belles bosses et deux descentes bien rapides. C’était bien de la faire, car une course comme celle-ci nécessite une bonne polyvalence en course. Que ce soit de la vitesse, une bonne technique de montée, de descente et de relance sur un effort relativement court. J’adore venir ici, et j’adore les coins donc cette course était une belle sortie longue active pour moi. J’ai essayé de gérer mon effort dans la première bosse, d’être prudent en descente et maintenir un effort correct dans les parties les plus roulantes. En agissant ainsi, j’ai pu du coup maitriser la course avec une bonne humilité. Une humilité que j’avais sans doute oubliée lors de la dernière édition, qui m’avait couté un abandon et une bonne remise en question. Finalement, j’arrive à l’emporter avec plus de 10 minutes sur le second.
Je fais donc un triplé qui n’était pas prévu en dernière période de charge avant la Transrockies run. Je suis satisfait sur le point de vue sportif car je suis le premier à le réaliser mais surtout je suis heureux de le partager en famille. J’ai pu amener quelques secondes ma fille une fois la ligne d’arrivée et voir le sourire sur les lèvres de mes beaux-parents et de ma compagne. Tout était merveilleux autour d’une belle ambiance aux sons des klaxons.
Maintenant, il faut finaliser le travail en altitude en bosses pour que l’aventure américaine soit bien réalisée. Je profite d’ailleurs de cet article pour remercier Eric, mon entraineur, pour son implication dans mes entrainements. Les bières sont au frais, elles sont prêtes à être bues. C’est aussi une préparation, car je vais réaliser mon premier beer mile là-bas !
Yoann Stuck