C’est avec beaucoup de regret que nous nous résignons à nous rendre en Corse pour le Trail de la Restonica. Trop technique et trop long. Une très belle épreuve, mais qui ne semble pas vraiment adaptée à notre seconde partie de saison.
Il faut savoir être raisonnable. Après quelques recherches sur internet, on arrête finalement notre choix sur le Trail de la Vallée Verte près du Sancy.
Nous validons notre inscription à 22h jeudi soir, soit, 2h avant l’heure limite des inscriptions ! On a eu chaud encore pour cette fois ! Notre choix s’oriente donc sur le format le plus long. Sur le papier, 42km et 1500mD+. Le profil est intéressant dans le cadre de notre préparation pour l’Ultravasan en Suède fin août. Peu d’inquiétude sur l’attrait des sentiers et des paysages, on était déjà tombés amoureux du coin lorsqu’on était venus au championnat de France du Sancy en septembre dernier. C’est donc avec beaucoup d’entrain que nous prenons la route de l’Auvergne samedi midi, pour découvrir cet évènement, encore trop peu connu : le Trail de la Vallée Verte.
Il fait déjà très chaud lorsque nous arrivons sur place dimanche matin vers 7h. Ça va être un paramètre à gérer si on ne veut mettre trop de temps à récupérer de cette belle balade à venir. De nombreux ravitaillement sont prévus sur le parcours (environ tous les 8 kilomètres d’après l’organisation), je décide donc de partir avec une gourde de 650ml. Manu, plus prévoyant que moi (et aussi gros buveur !!), emporte une flasque de 250ml en plus. Plusieurs formats de course sont au programme ce matin (12, 24 et 42km), nous sommes les premiers à nous élancer à 8h !
Ambiance conviviale au départ, nous sommes moins de 100 coureurs sur ce 42km. Pas d’objectif particulier aujourd’hui, si ce n’est, essayer de profiter de ce beau parcours pour faire du bon travail. Alors qu’à l’échauffement, les jambes ne me semblaient pas au top, ça répond plutôt bien en ce début de parcours. Départ prudent pour tous, je garde Manu et les 4 hommes de tête en vue, plus longtemps que d’habitude. Assez rapidement, quelques groupes commencent à se former et je me retrouve avec 2 autres coureurs qui font un bout de chemin avec moi. L’un termine un bon bloc d’entraînement en prépa pour la 6000D, l’autre sera au départ de l’UTMB. Le sentier est agréable, alternant montées et descentes. Pour le moment, la chaleur n’est pas trop pesante, mais je prends soin de bien m’hydrater pour anticiper.
Les écarts se sont déjà creusés entre les coureurs, mais nous essayons de rester ensemble avec les gars, en se faisant la remarque qu’il vaut mieux être groupé sur ces courses avec peu de concurrents, pour ne pas faire fausse route. On est d’ailleurs tous les trois super vigilants sur le balisage. Au second ravitaillement, je suis interpellée par un double balisage. Le sentier qui part à droite est balisé, celui qui part à gauche aussi … Bon, je demande à la gentille bénévole qui nous a servis à boire. Elle me confirme que c’est bien à gauche, il faut remonter. Ok, allez Go alors, allons y pour la grimpette ! Toujours en groupe, on se fait donc cette petite montée qui mène non loin de la Croix Morand. Un peu bizarre de revenir par là .. Mais les balisages sont toujours présents, on poursuit en les suivant !
Km11,5, on se rend vite compte que quelque chose cloche. Nous voilà sur le même sentier qu’en début de course et sur la ligne de départ dans même pas 500 mètres … On vient pourtant de demander à un bénévole qui nous a dit qu’on était bons. On redemande à quelqu’un d’autre un peu plus loin, qui confirme nos craintes. On vient de terminer le parcours de 12km et donc, nous ne sommes pas du tout sur le 42km … Pas d’autres solutions que de faire demi-tour et d’essayer de retrouver la bifurcation où on se serait éventuellement trompés. En revenant sur nos pas, on prévient un autre coureur qui s’est trompé comme nous. Il accroche le wagon, et nous voilà tous les 4, perdus, à chercher le bon sentier. 1h10 déjà que nous sommes partis, et derrière nous, une vague de coureurs nous tombe dessus ! Et oui, les participants du 24km qui viennent de s’élancer. Donc nous ne sommes toujours pas au bon endroit et sommes en train de refaire exactement le même trajet qu’il y a une heure …
C’est démoralisant. On est tous en train de se demander si ça vaut vraiment de coup de continuer. On râle, on peste, on en rigole aussi. Heureusement qu’on est tous les 4, on se soutient et surtout, on se motive à continuer ensemble. « Un pour tous et tous pour un !! » Ce qui nous aide, c’est qu’on est tous là pour préparer un objectif à venir. Donc dans tous les cas, on veut faire des kilomètres un peu rythmés. Au pire, on se fera une sortie dans les alentours et pis voilà ! On tente quand même de rejoindre le point de ravitaillement où on pense avoir été mal renseignés. La bénévole nous a dit d’aller à gauche, mais il y avait des balisages à droite. Ça devait être là. 15km à nos montres une fois enfin revenus sur ce point, où on nous informe que non, nous ne sommes pas sur le bon parcours ! Mais c’est pas possible !! Heureusement, notre sauveur est là. Un membre de l’organisation a été prévenu entre temps, et est venu nous chercher pour nous ramener sur LE bon sentier. Ouf !
Nous voilà donc embarqués dans sa voiture, avec nos chronos en mode pause … Un bon moment de rigolade qui marquera notre passage sur le trail de vallée verte du coup ! (en y repensant, heureusement qu’on n’était pas 5 à se perdre, sinon, il aurait fallu en laisser un sur le bord de la route ! ;)) On se refait le début de course, sans réussir à voir où on a pu se tromper. Il y avait tout le temps du balisage ! Bref, on verra ça à l’arrivée. En attendant, après 10′ de voiture (encore du temps perdu pour la course !), nous voilà de retour sur le parcours, mais au kilomètre 8/9 seulement, alors qu’on en a fait plus de 15. TOUS les coureurs du 42km sont déjà passés, nous voilà donc derniers de la course. Un pur moment de bonheur lorsqu’on rattrape le serre-file, qui est en train de débaliser le parcours devant nous. Forcément, il est étonné. On lui explique. Il nous encourage, sympa ! En fait, on a tous le moral dans les chaussettes et plus trop envie là. On a décroché complet de la compétition mais on se dit qu’il faut terminer la course et penser aux prochains objectifs.
Du coup, c’est reparti et on se motive en se fixant un nouveau challenge : on était 6/7/8ème environ avant de se perdre (et moi première féminine), il faut donc maintenant essayer de remonter le plus possible dans le classement en partant de la dernière place. Allez allez, go go ! Julien, qui prépare l’UTMB, semble regonfler à bloc, il prend le large. J’essaye d’accrocher, mais cette pause défrichage m’a bien cassée les jambes et le moral, j’ai du mal à me remettre dedans. On part donc pour 50km au lieu de 42, c’est plus vraiment la même chose. Mais quand on commence à remonter les coureurs, le moral revient et le challenge devient motivant. Certains se demandent ce qu’on fait là, donc on raconte notre histoire ici ou là, ça fait passer le temps !! ;))) J’ose demander à un coureur combien il a de kilomètres à sa montre (parce que nous n’avions aucune certitude du kilométrage parcouru en plus à ce moment là). « Je suis à 13/14″. Et sur la mienne, j’ai plus de 21. Bon ben voilà, le messe est dite ! C’est la grosse galère !!!!
Chose positive, on se régale vraiment sur ces beaux sentiers. Le parcours est magnifique et très varié, c’est vraiment plaisant. Et finalement, à remonter le classement, le moral revient et la forme avec. Il commence à faire vraiment chaud, mais je profite des passages ombragés pour souffler un peu et surtout, je m’arrose à chaque point d’eau ! Aaaaah le voilà le fameux château de Murol. J’ai doublé quelques féminines, mais franchement, le classement nous est maintenant vraiment sorti de la tête et pour le coup, seul franchir la ligne d’arrivée nous motive. Et puis, au fil des kilomètres, le goût de la compétition revient. C’est là qu’on prend conscience de l’importance du mental sur ce genre d’épreuves longues … Les remontées de classement, c’est vrai que c’est toujours motivant, mais là, encore plus que tout. Je me sens bien et j’en profite pour allonger la foulée quand le sentier le permet. Les passages aux divers ravitaillements font vraiment du bien et les points d’eau ajoutés ici ou là permettent de ne jamais souffrir de la chaleur ! Un bon point pour l’organisation !!
Juste avant d’arriver à Saint Nectaire, je demande à une bénévole très sympa au ravitaillement : »vous avez vu beaucoup de féminines passer ? » Elle hésite et me répond : »3 ! je crois que vous êtes la 4ème » ! Lorsque je lui demande si elles sont loin, elle me répond : « la 3ème peut être juste à 2 minutes ! » Ok merci !! du coup, je fonce sans réfléchir ! Un peu plus loin, un signaleur m’encourage « : allez, vous êtes à mi parcours ! » Je regarde ma montre : 30km. Non, j’ai plus que la moitié moi monsieur ! Au final, ça me laisse encore de la distance pour espérer accrocher au moins un podium. Effectivement, je double une féminine 2/3km après, puis une autre dans les singles qui suivent juste avant d’arriver de nouveau au Château. Si la bénévole m’a dit vrai, il n’en reste donc plus qu’une devant. J’accuse un petit coup de mou en arrivant au niveau du Château de Murol (où on était déjà passés à l’aller, en sens inverse). J’y suis peut être allée un peu fort pour tenter de raccrocher.
Cette fois, on grimpe en haut du Château, et on croise donc les coureurs devant nous, qui redescendent en sens inverse. Pas vu de coureuse. C’est qu’elle doit être loin déjà … Ça risque d’être compliqué ! Je prends le temps de bien me ravitailler au sommet. 36ème kilomètre. Il fait vraiment chaud ici !! En redescendant, je croise les gars qui s’étaient perdus avec moi, on se sourient et s’encouragent mutuellement ! Sympa. Sortie du village, on repart sur une belle grimpette que je passe en alternant course/marche. Mon coup de mou persiste, mais je me rends compte que je bois de l’eau et que je n’ai pas sucré ma boisson. Je prends le temps de m’arrêter pour vider la poudre Isostar que j’avais emmené dans ma ceinture. Et en effet, je retrouve progressivement la forme. 40ème kilomètre, on est en haut de la bosse, je relance comme je peux au sommet et vers la descente qui suit. Les jambes sont revenues. Logiquement, il doit rester 10km environ.
Aucune information sur la première féminine, mais ce qui est sûr, c’est que je ne lâche rien pour essayer d’aller la chercher. J’y crois qu’à moitié, mais je me dis que puisque la forme est là, il faut le tenter. Juste avant d’arriver en bas de cette descente qui mène au ravitaillement, j’aperçois une coureuse, sans être certaine qu’elle soit sur le 42, puisque les deux parcours sont maintenant communs avec le 24km. Lorsque j’arrive à son niveau, elle s’étonne : »ah mais t’es là ? » Je lui raconte donc vite fait l’histoire, sans trop savoir à ce moment là combien de kilomètres on s’était rajoutés. Elle m’encourage et me félicite (merci Audrey !), j’en fais de même et je prends les devants. Le ravitaillement se trouve quelques minutes après. Le fameux, où on s’est retrouvés, je ne sais comment, avec mes 3 compères en début de course …Je taquine la bénévole gentiment en la remerciant pour l’aiguillage (désolée si elle l’a mal pris, c’était vraiment pour rigoler !! :)))) et repars, déterminée !
Cette fin de parcours, on la connait, puisqu’on l’a déjà faite ce matin quand on s’est trompés. Donc je sais à peu près ce qu’il me reste en distance, moins de 5km je dirais, mais tout en montée (les fameux 170D+ qu’on a en plus sur la trace). Je pense à Manu qui doit être arrivé depuis un bail et qui doit s’inquiéter du coup. Hâte de le retrouver pour savoir ce qu’il a fait et lui raconter. Je termine cette course sur une bonne dynamique et avec des sensations plutôt rassurantes, pour franchir la ligne d’arrivée finalement, victorieuse, en 4h34 à ma montre (4h41 sur le chrono officiel, avec le petit trajet en voiture en plus, où j’avais stoppé le chrono). Je termine 15ème au scratch, contente d’avoir réussi mon petit challenge perso de remontée de classement ! :))
Je retrouve Manu qui m’apprend sa victoire et je lui raconte notre épopée de fou ! 6km et 170D+ donc en plus au compteur par rapport au parcours initial, j’ai mieux, et plus bosser que ce qui était prévu, et malgré tout ça, j’ai pris énormément de plaisir sur ce magnifique parcours ! Que du positif ! Merci aux organisateurs et aux bénévoles, on vous pardonne ces petits couacs, qui sont maintenant que des bons souvenirs à raconter ! ;)) Pour la petite histoire, on aurait ratés une bifurcation au niveau du 4/5ème kilomètre, à cause d’un débalisage … Les joies du trail et ses quelques petites mésaventures. L’essentiel, c’est que ça ne nous empêche pas de prendre du plaisir.
Sylvaine CUSSOT
>> Les résultats du Trail de la Vallée Verte : 12km 24km 42km