C’est en début d’année, à l’occasion du stage avec le team Asics, que Laurent Ardito m’apprend que je ferais probablement partie des coureurs qui auront le privilège de vivre l’aventure Beat The Sun 2016.
Je suis ravie et me réjouis de cette bonne nouvelle ! J’avais eu la chance de participer à la première édition, et j’en garde des souvenirs incroyables …
Beat The Sun, c’est une course, mais bien différente de celle que l’on a l’habitude de fréquenter. D’abord parce que c’est une course d’équipe et le résultat final est le fruit d’un travail partagé et non d’un effort individuel. Ensuite, parce que c’est une course qui met en concurrence l’Homme et la Nature. On ne se bat pas les uns contre les autres, mais ensemble contre un élément naturel, que l’on ne maitrise pas. Enfin, ce challenge permet de réunir des profils très variés pour un seul et même objectif : faire le tour du Mont-Blanc en relais, plus vite que le soleil !
Un défi de taille : 48 coureurs, 140km, 10 000mD+, 3 pays …
8 équipes de 6 coureurs ont été formées pour tenter le défi. Parmi ces coureurs, 24 athlètes professionnels et/ou ambassadeurs Asics, et 24 coureurs amateurs qui ont été sélectionnés au préalable. Ils étaient quand même environ 30 000 à postuler pour intégrer l’une de ces équipes … C’est pour dire, comme les heureux élus sont chanceux !! :))) Nous ne sommes que 2 français dans l’aventure. C’est Francis Marielle qui a été choisi par les internautes et qui intègrera donc l’équipe dont je fais partie : Europe South ! Je ne le connaissais pas, mais fais sa connaissance au mois de mai, lors d’une rencontre dans les locaux d’Endurance Mag pour un reportage. Passionné, motivé, investi, sympathique : il a toutes les qualités pour être un excellent coéquipier ! Je suis certaine qu’il sera à la hauteur.
J’ai eu écho des autres « coureurs pros » au départ. Y’a du niveau !! Ça risque d’aller vite, mais le parcours est corsé cette année, avec des portions techniques bien costauds. On fait le tour du Mont-Blanc en sens inverse de la mythique course d’ultra UTMB, et parmi les 140km (et 10 000m de dénivelé positif), des passages encordés, une portion à deux en baudrier, une via ferrata, … la fenêtre de l’Arpette, le col du Bonhomme, la via ferrata du Mont Chetif en Italie … de quoi faire trembler les spécialistes de la route, pas très habitués à ce genre de terrains ! Sur le papier, les temps estimés me semblent irréalisables, mais rien n’est impossible quand on est bien préparé n’est ce pas ?? Il faut y croire et s’en donner les moyens.
L’effervescence des jours qui précèdent le jour J
Le 21 juin est logiquement le jour choisi pour la course. C’est le jour le plus long, le jour où le soleil nous laisse plus de chance de le battre ! Il se lève à 5h44 et se couche à 21h25. Tout comme moi, la plupart des athlètes arrivent sur Chamonix le jeudi 16 juin. Ça laisse quelques jours pour faire monter la pression, partager des moments de vie avec le groupe, s’imprégner du parcours, préparer la logistique, s’entraîner ensemble … Se rendre compte que l’ont vit une expérience humaine et sportive unique ! Les différentes nationalités se mélangent, ça parle dans toutes les langues, chacun tente d’en savoir un peu plus sur ces camarades (tu viens d’où, quelles sont tes spécialités, tes chronos, tu connais la montagne …). L’aventure Beat The Sun a démarré dès la première rencontre jeudi soir !
Vendredi matin, les premiers « briefings », récupération du matériel, puis montée à Montenvers pour la mer de glace ! La plupart grimpe en courant, mais je décide de choisir l’option « petit train » pour aller faire ma séance de vitesse ce soir, sur le plat ! Lors de ce genre de regroupement, il faut être vigilant. On a tendance à se laisser embarquer et à faire un peu trop … le but n’est pas d’arriver fatigué mardi !! Il semblerait qu’on m’ait confiée les relais les plus rapides et plats, il faut donc que j’axe mes dernière séances en fonction. La MaxiRace est encore proche (moins de 3 semaines), je sens que je n’ai pas complétement récupéré. On va essayer de limiter les dégâts ! Magnifiques paysages au sommet ! Nous pourrons en profiter un moment puisque nous restons déjeuner dans un restaurant typique là-haut ! Et comme prévu, je peux profiter d’un temps mort en fin de journée pour aller faire ma séance du côté des Praz à Chamonix.
Reconnaissance des parcours : y’a du niveau !!
Samedi matin, reconnaissance des parcours ! Chaque équipe se divise pour se concentrer sur ses relais. Un peu comme une répétition générale, on découvre les difficultés que l’on sera amené à rencontrer ce mardi 21 juin prochain, et nos différents adversaires des autres équipes. Même si c’est vrai que notre principal adversaire reste le soleil, on est tous des compétiteurs et on ne peut s’empêcher d’espérer être la première équipe à franchir la ligne d’arrivée … Pour ma part, j’ai hérité de 3 relais à effectuer dans la journée mardi : le départ, Chamonix-Le Tour (14km et 430D+ à faire en moins d’1h10), le milieu de parcours, Arnuva-Courmayeur (14km en profil descendant à faire en moins d’une heure), puis l’arrivée, Les Houches- Chamonix (8km et 110D+, à effectuer en moins de 40′).
C’est la dernière portion que l’on reconnait ce matin ! Mes adversaires sont de taille et je sais que sur le papier, je serais la dernière à passer le témoin (Deena Kastor a été médaillée olympique avec un record à 2h19 sur marathon, la japonaise, Eunju Kwon avec un record à 2h26, Megan Kimmel que l’on ne présente plus … et des routards qui tournent en 29/31 sur 10km). Voilà, voilà, mais on va tout donner pour essayer d’être dans les temps du soleil de toute façon ! Très bonne ambiance générale lors de cette reco matinale, avec même un peu de soleil pour égayer la sortie. On mettra un peu plus de 40′ pour rallier l’arrivée, et je n’ai pas eu l’impression de m’endormir !! Je poursuis la sortie en solitaire pour avoir mes 2h programmées. Avec une petite grimpette vers l’aiguille du midi ! Top !
Nouvelle reconnaissance de parcours organisée dimanche matin. Xavier Thevenard nous accompagne, ainsi que quelques coureurs du coin. On part du magasin Asics au centre de Chamonix, pour aller vers le Tour. Une journée pluvieuse et bien grise, mais clôturée par une bien belle cérémonie d’ouverture dans un restaurant réputée du coin, la Cabane ! Teaser, photos, discours … émotions et frissons au programme, hâte d’être à mardi !!
Changement de programme >> il va falloir grimper !
Xavier Chevrier était le seul athlète manquant de notre équipe Europe South ! Il avait une compétition importante, et n’a pu nous rejoindre que dimanche soir. Il enchaîne d’ailleurs avec les Championnats d’Europe de course de montagne début juillet. Très enthousiaste à l’idée d’être ici, il ne veut cependant pas se blesser avant ses prochains objectifs et une douleur au genou l’empêche de se donner à 100% dans le dénivelé. L’idéal serait qu’il fasse les relais les moins techniques, c’est à dire, les miens ! Ok, voyons un peu ça de plus près. Trient-Courmayeur en passant par le Col de l’Arpette (14km, 1400D+), puis Ville des Glaciers-Notre Dame en passant par le Col du Bonhomme (14km-1000D+ puis 1400D-). Ça change la donne !!! Avec deux passages à 2600m d’altitude, on se retrouve avec une grosse partie de course à faire les pieds dans la neige. Ce n’est pas pour me réjouir, mais c’est une course d’équipe, donc il faut penser collectif avant de penser individuel. ok, Xav, on échange nos relais !
La journée du lundi, veille de course, est consacrée à la préparation. Briefing, réunion, gestion du matériel, des horaires de récupération … Incroyable logistique que cet évènement Asics !! Environ 25 voitures, 2 bus, une centaine de bénévoles, une dizaine de 12 guides, de secouristes, des médecins, des ostéos … Impressionnant ! Il faut préparer 2 sacs, et 3 tenues pour la journée, et s’agit pas d’oublier quelque chose parce qu’on ne repassera pas par l’hôtel de la journée ! Autant dire qu’il a été difficile de s’endormir ce lundi 20 juin, et que le nuit a été bien courte avant le réveil à 4h du mat.
Le jour le plus long : relais Trient-Courmayeur (12,6km, 1330mD+)
4h, le réveil sonne, mais en fait je suis réveillée depuis un moment. Je crois bien que je n’ai pas dormi ! Allez peut être somnolé par ci par là. Mais je sens que la journée va être longue !! Ben oui, c’est le 21 juin, la plus longue de l’année tiens ! Je ne perds pas de temps pour me rendre au petit déjeuner où je ne semble pas la seule mal réveillée …Un oeuf, du jambon, du pain grillé, 2 grands café, une banane … Bon, ça passe moyen à cette heure ci, mais on a 3 bonnes heures avant nos relais, donc il faut se forcer ! 5h20, direction le centre de Chamonix pour encourager nos coéquipiers au départ de la course, qui sera donné à 5h44 pétante ! Belle ambiance générale, tout le monde est sur-excité malgré l’heure matinale, on sent que la journée va être émotionnellement (et physiquement bien sûr, mais à ce moment là, on n’y pense pas), bien remplie ! 10, 9, 8, 7 …. 1, go !!!! Notre chère Monica lance les festivités, nos 8 premiers coureurs sont partis direction le Tour, pour le premier relais !
Sans plus tarder, les 8 coureurs qui feront les mêmes relais que moi s’installent dans le van conduit par Peter Fredricson (Suède) : direction Trient pour le « leg 3 » ! Le temps est maussade, très gris, pas dit qu’on voit notre adversaire aujourd’hui … Aurait-il besoin de se cacher ? ;)) À Trient, il y a déjà pas mal de monde sur place. On se prépare, et surtout, on enfile THE baudrier ! Une première de courir avec ce machin entre les jambes ! Le but étant de pouvoir s’accrocher là haut , à l’Arpette, et descendre en sécurité. Ce premier relais se court à deux par équipes, par soucis de sécurité également. N’ayant pas fait le reco de cette partie, toutes ces nouvelles ne vont pas me rassurer et lorsque Juanra déboule en sprintant pour nous faire passer le relais, je ne suis pas prête du tout !! Ni physiquement (pas d’échauffement, des barres et gels dans les mains que j’essayais de caser quelque part), ni psychologiquement (dans quoi je m’embarque là !!). Mais tout va très vite, on attrape la ceinture Asics qui fait office de témoin et on s’élance, sans réfléchir, avec Pablo ! Il est environ 7h20/30 du matin.
On part vite, pris dans le feu de l’action, sans échauffement, et direct en montée ! Au bout de quelques minutes, je suis complètement asphyxiée et je sens que je paye ce départ archi précipité ! Pablo le sent (il doit m’entendre souffler comme un bœuf !) et me propose de ralentir. Surtout, il a la bonne idée de me pousser dans les montées et ça, c’est juste une idée de génie !! Pour info, Pablo est espagnol, et il tient un record à 2h12 sur marathon. Quand même … Donc, il a la caisse et suffisamment pour courir pour 2. Plus on avance, plus la pente est raide ! Qu’elle est longue.
Pablo gère, il n’a pas retiré sa main de mon dos et notre stratégie me semble la bonne. Il m’encourage. J’ai l’impression de vraiment me trainer et je n’arrête pas de regarder derrière si une autre équipe remonte. Pablo fait pareil, mais lui, il me semble facile ! Le sommet se rapproche et on commence à trouver des portions enneigées. Ça commence à glisser. Ah j’aime pas ça ! Juste avant d’arriver là haut, Emmanuel Vaudan, spécialiste kilomètre vertical nous recolle et nous double. Bah Manu, il est où ton binôme ?? Ah ok, il est à la traine derrière ! Les derniers efforts sur les gros cailloux, du brouillard partout, on ne peut même pas profiter du paysage … Et la bascule : le plus dur nous attend derrière finalement !
Au sommet, on respire un grand coup (enfin pour ceux qui peuvent, parce que perso, à 2600m d’altitude, je sens les effets négatifs ! Manque d’habitude …), on s’accroche à la corde et puis voilà, on est sensés se jeter dans la pente ! Sur le papier ça paraît simple, mais en vrai, c’est l’inverse d’être facile. Je n’ose pas, j’ai froid, je ne sais pas comment m’y prendre et je galère. Un par un, les coureurs des autres équipes vont ainsi nous dépasser …
C’est pas grave, il ne faut pas s’énerver ni paniquer. Je relativise, je me dis qu’on est qu’au début de la journée et qu’on a le temps de recoller. L’essentiel, c’est d’être dans les temps par rapport au soleil, mais je n’ai pas les infos pour ça. On verra en bas, pour le moment, il faut rejoindre Courmayeur au plus vite ! Environ 8km de descente nous attend et le début est archi glissant : après la neige, on retrouve des gros cailloux humides. Pablo est patient, il reste derrière, m’encourage, sans s’énerver et en me remontant le moral. Merci Pablo ! Il filme, il se fait plaisir ! ;)) Le balisage a disparu depuis un moment, mais on suit les peinture rouges et blanches qui indique le sentier de GR. On espérant être sur le bon sentier …
Et puis de longues minutes plus bas, on retrouve un beau chemin, et les drapeaux bleus, balisage officiel de l’évènement : ouf !! Enfin, on peut se lâcher, allonger la foulée sans craindre de glisser et de s’ouvrir en deux (ouais, la prise de risque, c’est pas du tout mon truc !). Pablo sourit, il me pousse tout ce qu’il peut, on pointe à 3’30 au kilo, mes petites jambes ne suivent plus le rythme, je suis obligée de lui dire : stoooooop !!! moins vite !! 2h13′ de course, on arrive au point de relais, premier partie de job, fait !! 12,6km et 1330D+ sur la trace Strava, mais la technicité du terrain nous a bien ralentis … Enfin M’A bien ralentie ! Les 4/5 premières équipes sont relativement proches, et a priori, dans les temps estimés du soleil, tout va bien jusque là. Il n’est même pas 10h du mat, j’ai l’impression qu’il est 14h !
Le jour le plus long ! Second relais : Ville des Glaciers-Notre Dame (14,3km, 900mD+)
Le temps de refaire la course avec les copains, de se changer pour se mettre au sec, d’avaler ce qu’il faut pour récupérer, … et nous reprenons la route dans le van, direction Ville des Glaciers ! Malheureusement, nous n’avons pas le temps d’attendre tout le monde, et les deux derniers relayeurs qui ne sont pas encore arrivés, seront récupérés par la voiture de Francky. Au moins 4h de route pour aller sur notre second point de relais, d’ici là, la course se sera bien décantée je pense. Les jambes commencent à tirer un peu. Dans le camion, on essaye de se reposer un peu, mais c’est compliqué de dormir, avec toute cette effervescence. On tente de suivre la course sur le live, mais le réseau n’est pas idéal pour ça. Courte pause à Bourg Saint Maurice pour se dégourdir les jambes, prendre un café en terrasse et manger un morceau ! On a un peu de temps, on se fait plaisir ! À la sortie du camion, les quelques pas sur le sol nous donnent quelques indices pour la suite de l’aventure : ohlala, la mise en route va être difficile !
Arrivés au point de relais à Ville des Glaciers, on retrouve une météo bien pourrie. Pluie, brouillard, grisaille. Toujours pas de soleil ! Je suis encore la seule à ne pas avoir reconnue la portion. Ils m’annoncent tous un truc de fou !! De la neige en veux-tu en voilà, et des pas qui s’enfoncent jusqu’au genou parfois … Je me prépare donc à une seconde galère. Dire que j’aurais dû me faire 3 relais de route peinard … Gants, bonnet, veste Haglöfs en Gore-Tex, et même … les bâtons Leki !!! Ouais, j’ai craqué ! Pour cette fois, je pense que je n’ai pas le choix. Avec ce que les autres m’annoncent, et me remémorant le passage sur la neige au Luchon Aneto Trail 2014, je me dis que c’est l’occasion de tester. Ça sera une première pour moi ! Pas d’infos sur les classements, Arnold tente de me rassurer sur les conditions : « ça va aller Sissi, tu vas avoir des guides sur le chemin, c’est bien balisé ! » T’façon, on ne peut plus faire marche arrière, il faut foncer ! D’ailleurs, c’est Pablo qui déboule en premier, et me tend la ceinture témoin à grande vitesse !! Bravo Pablo, à moi de jouer maintenant !
Je démarre avec une chose en tête : ne pas perdre le balisage de vu ! C’est ma hantise de me perdre en haute montagne … J’essaye de ne pas m’emballer au démarrage, d’autant que j’ai les jambes un peu lourdes du premier relais. Ça ne va pas bien vite mais je me dis : « gère ma fille, gère ! ». C’est vraiment sauvage et jusqu’à ce qu’on se retrouve sur la portion toute enneigée, je m’éclate. Puis, trop vite, les premières grosses difficultés arrivent. Ça grimpe dur, mais il y a de plus en plus de neige au sol et comme elle est épaisse et molle, on s’enfonce. C’est juste impossible de courir, et même en marchant, ça ne va pas bien vite. le brouillard m’envahit et je ne vois pas à plus de 10 mètres. La loose ! Bon, en même temps, y’a qu’une trace (certes, pas super visible puisque je suis la première de la journée à passer). Si je la suis, je ne devrais pas me tromper. J’ai froid, je ne sens plus mes pieds. J’avance en essayant de penser positif.
Sur la seconde partie de l’ascension, le coureur de l’équipe « Europe North » me rattrape. Ouf, quelque part, ça me rassure. Bon, j’essaye de la garder en ligne de mire le plus longtemps possible, mais avec ce brouillard, je le perds vite de vue ! Tant pis, il fera la trace à ma place, j’en profiterais ! Je lui demande si le sommet est encore loin. Je ne comprends pas sa réponse, mais je comprends que oui. Allez peut être 2km. Mais à cette allure, c’est bien long !! J’aurais mis 1h15 pour atteindre le sommet !! Les pieds sans vie, je m’élance sans réfléchir sur les pentes descendantes, sans vraiment être certaine d’être dans la bonne direction. Plus de balisage depuis un moment. C’est une zone naturelle et c’est donc interdit d’en mettre. C’est parti pour 10km de descente et plus de 1400D-. Au sommet, nous étions à plus de 2660m d’altitude. Ça glisse sur la neige, je me laisse emporter à des glissades un peu risquées (bon, en même temps, il faut bien avancer !). Forcément, je prends quelques gadins sur les fesses, mais sans gravité. Je n’ai qu’une hâte, sortir de cette neige et retrouver des sentiers propres.
Je poursuis ma descente, mais sans vraiment savoir si je suis sur la bonne route. Personne devant, personne derrière. Et lorsque je me retrouve nez à nez avec un genre de cascade et des gros cailloux à désescalader, je comprends que je ne suis probablement pas sur le bonne route … Je sors le téléphone pour tenter le coup de fil à un ami, mais pas de réseau. Du coup, plus le choix, je continue à descendre. Les mains sur les caillasses, les fesses par terre ! Au pire, même si je me suis trompée, j’arriverais bien quelque part. Mais j’avoue que ça m’angoisse un peu quand même. J’aperçois un sentier plus bas, une cabane, des panneaux annonçant des sentiers de GR. Ouf !! Je dois traverser le torrent avec de l’eau (et du courant !!) jusqu’aux genoux, hummmm ! bonheur ! Et puis plus loin, Ô bonheur, j’aperçois des photographes. Yes !! Ça veut dire que j’ai rejoins le bon sentier (à mon avis je suis passée trop à gauche, il fallait remonter à droite).
Un peu plus bas, je retrouve la civilisation, ça fait du bien. Et puis, aie aie, le gars de l’équipe Europe Centre me double. Il dévale les pentes à toute vitesse. Je ne peux pas suivre. Bon, c’est un gars, et un spécialiste. Mais quand même … Un coup d’œil à la montre, je suis dans les temps du soleil, c’est good !!
Je retrouve Benoît Nave, qui fait le chemin en sens inverse. Il fait demi-tour, m’encourage et m’accompagne toute la fin de parcours … qui me paraît presque simple du coup, avec tout ce qu’on vient de passer … ;)) Les deux derniers kilos bien rythmées en 4’40 et je passe le témoin à mon coéquipier Luca, coureur amateur italien ! J’en ai fini pour aujourd’hui. 2h22, done ! Ça fait une sacrée belle journée d’entraînement mine de rien ! :)) Nous sommes juste dans le temps sur le soleil (qui ne s’est pas montré de la journée le coquin !!), la 3ème équipe, juste derrière la seconde. Seules 3 teams peuvent maintenant espérer rallier Chamonix avant 21h25. C’est tendu, mais « WE CAN DO IT !! » Après avoir pris le temps de se changer, manger, boire, et applaudir les coureurs des autres teams qui en terminent aussi, nous reprenons la route vers Chamonix pour les arrivées !
The finish line : WE BEAT THE SUN !
Tout est en place dans le centre de Chamonix ! Le grand barnum, l’écran géant avec l’évolution des coureurs, les spectateurs en masse, Monica qui met le feu au miro … Génial ! C’est l’équipe Europe North qui franchit la ligne en vainqueur, avec 51′ d’avance sur le soleil. Quelle ambiance ! Bravo à eux ! Nous concernant, ça risque d’être tendu … On nous annonce juste dans les temps et le suspense est à son comble. Ça le fera ? Ça ne le fera pas ? On attend, on croise les doigts de pieds, de mains .. On décompte les minutes et surtout, on est prêts à accueillir Xavier, actuellement en course sur le dernier relais. Il surgit dans les ruelles de Chamonix, avec plus de 10′ d’avance sur l’heure limite ! Youpi !! Mais quel finish ! On l’attrape pour finir ensemble, main dans la main, cette dernière ligne droite de ce périple montagnard d’un jour.
On sera finalement arrivés avec 13 minutes d’avance. Seules deux équipes seront parvenues à relever le challenge : BEAT THE SUN ! Peut être que certains coureurs seront déçus d’avoir « perdu », mais au final, je suis certaine qu’ils repartiront avec le sentiment d’avoir gagné une sacrée belle expérience collective ! Merci Asics, merci Beat The Sun, et bravo pour cette belle aventure humaine et sportive qui est née d’une belle idée et qui prouve bien que le sport qui rassemble, c’est celui qui nous fait vibrer et se dépasser !
Sylvaine CUSSOT
Photos : @Asics