Une matinée d’entraînement qui s’est transformée … en matinée d’accompagnement. J’avais choisi le site de Payolle dans les Hautes-Pyrénées, connu pour son lac, pour le col d’Aspin qui passe à côté et pour ses montagnes verdoyantes et ardues sous le regard du fameux Pic du Midi… Sauf que ce matin, il a la tête plongée dans les nuages.
L’Aneto Trail de Campan se déroule dans le coin, je vais sûrement croiser des coureurs à encourager. La température est idéale (12/14°C), mais le temps est humide et embrumé sur les hauteurs. Les coureurs font une transition par Payolle (1100m d’altitude) où certains donnent le relais à des compagnons, tandis que d’autres ne sont pas encore à la moitié de leur parcours, soit 47 km et 3260m positif… Ce n’est pas rien ! J’emboîte vite le pas. Le parcours est très bien balisé, je ne connais pas cette partie là et donc voilà une bonne idée pour le découvrir et avaler de la pente.
Je remonte la file de coureurs et on vient tout naturellement à discuter, du coup je ne double pas et j’accompagne. Je demande si les jambes vont bien, si le début du parcours était pas trop difficile. Moi ce que je fais là ? Je viens prendre l’air sur un site que j’aime bien, et j’en profite pour travailler les cuissots et encourager ! Les cuissots, c’est pour le trail de Font-Romeu dans trois semaines, si tout va bien. Celui avec qui je discute l’a déjà fait. Derrière, des grappes de coureurs reviennent. Je reconnais des personnes que je croise sur les courses. D’habitude, c’est plutôt pour tenter ma chance à l’avant du peloton, et là je prend un plaisir simple à les accompagner et à discuter. Bon, il ne faut pas trop les faire parler, ils ont plus de 3h dans les pattes, pas moi ! Je continue ma progression.
Je ramasse un tube de gel qui a dû être tombé. Un peu plus loin, ce sera un papier de barre de céréales, mais il est en partie effacé, ce ne sont pas ces coureurs qui l’ont oublié là. Je rattrape une coureuse, assez jeune. En discutant, je vois que c’est une habituée, qui a déjà fait des trails plus longs que celui-ci. Mais il est dur, elle a les bâtons, elle marche … Les pentes herbeuses ont trempé les pieds très vite, et dépassent les 20%. Mais elle a bon rythme et remonte. On sent quand même un esprit de compétition, pour voir où sont les autres féminines. Du moins, elle a envie de tout donner. Elle ne connaissait pas ici, elle trouve difficile, mais elle a la volonté de bien faire, et elle trouve très beau.
Les vaches sur les hauteurs font sonner leur cloche en se déplaçant. On dirait qu’elles se demandent ce qu’on peut bien faire dans leurs pâturages! Pour moi, après 700m de dénivelé, il s’agit de faire demi-tour et rentrer. Je n’ai pas manqué d’encourager le groupe qui s’était formé en leur souhaitant bon courage pour la fin … Il leur reste peut être 3h, 4h de course, ou plus qui sait.
Je reste prudent pour descendre car c’est à la fois humide (donc glissant) et boueux par endroits. Il s’agit aussi de ne pas gêner les coureurs qui eux grimpent dans le dur. J’essaie d’avoir un mot pour chacun. Des coureurs de mon club sont étonnés de me croiser là! Mais ça leur fait plaisir de voir une connaissance et puis, ça fait sortir un peu la tête de l’effort et de la souffrance. La dernière chose que je ramasse sur le retour sera un gobelet qui a dû tomber involontairement du sac de son propriétaire. Je le confie aux bénévoles qui tiennent une table de ravitaillement. Je croise la fin du peloton, il y a des gens qui l’ont dur mais qui vont se dépasser. Comme à l’avant, on se bat, on souffre.
Allez, ce sera tout pour moi. Passionné de course à pied, je me suis fait plaisir à suivre ces coureurs! J’ai apprécié ce tour humide dans ces si jolies pentes pyrénéennes. J’ai observé le matériel utilisé par les uns et les autres (je ne suis pas le seul à faire ça pas vrai !?), j’ai apprécié les sourires et regards croisés… Même si je ne sais pas comment ça s’est terminé ! Je plonge mes jambes dans le ruisseau (j’adore !) avant de reprendre la voiture. C’était une bonne matinée !
Mathieu BERTOS
Laisser un commentaire