Comme chaque année, le Trail des Trois Rocs se déroule le jeudi de l’ascension du coté de Saint Antonin Noble Val (82-Tarn et Garonne). Jeudi de l’ascension rime souvent avec potentiel week-end à rallonge et donc week-end chargé en courses et en tentations …
Mais ce n’est pas mon cas (je n’ai pas posé mon vendredi) et cela tombe bien car niveau « charge » j’ai déjà donné les jours d’avant. C’est ma troisième venue ici donc je ne suis pas en « terre inconnue », mais ma dernière visite date de 2012. Pourtant j’avais envie de revenir depuis un moment. Je viens tenter la longue distance pour la 1ère fois, enfin en solo, car à l’époque je l’avais faite en relais (chose qui n’est plus possible). Ce trail vient clore ainsi une période de charge d’entrainement assez conséquente en kilomètres dans le but de « simuler » une sortie bien plus longue « grâce » à la fatigue accumulée.
Ce trail est assez intimiste avec un nombre de participants limité : 450 pour les 2 distances (25 et 45km). Le décor vaut le détour puisque les parcours se déroulent dans les Gorges de l’Aveyron, dans un écrin de verdure généreux surplombé de falaises calcaire abruptes et d’un blanc assez éclatant (style Colgate). Le petit village de Saint Antonin Noble Val aux allures médiévales rajoute un soupçon de dépaysement alors qu’on est à tout juste 1h15 de voiture de Toulouse.
7h30 ! Top départ ! Il fait 6 ou 7 degrés à l’ombre mais les rayons de soleil s’annoncent généreux. On peut partir pas trop couvert. Un petit tour dans les ruelles du village, et hop, on part à l’assaut des sommets … frôlant avec les 350m d’altitude. Cela peut paraitre ridicule mais comme le circuit est une succession de montées et descentes, on cumule rapidement du D+. Pour faire simple, on a droit à une bonne douzaine d’ascensions qui font entre 100 et 200m de D+ chacune. Certaines sont très raides, d’autres sont un peu plus clémentes mais bien souvent exigeantes. Un bel exercice de « fractionné côte » grandeur nature ! Il y a aussi de portions plus roulantes mais jamais de tout repos. Niveau configuration, on fait 2 grandes boucles, une 1ère de 22km puis une 2ndede 27km (correspondant d’ailleurs à la « petite » distance du jour) avec un retour au village entre les 2.
Malgré la fatigue, mes jambes répondent assez bien. Et si, sur les premiers kilomètres, notre Jaja national (finissant 5ème), mais aussi Grégory Kiéné (futur 3ème) et Thomas Paris (mon dauphin du jour) sont dans mon sillage, je prends rapidement la poudre d’escampette, surtout grâce à la première montée. Puis j’accentue l’écart au fil des difficultés. Et si mon principal objectif est « encore » de finir en entier, je m’accorde un peu plus de liberté dans le rythme aujourd’hui (par rapport au trail du Cap de Creus , fait 4 jours avant) donc je me fais plaisir notamment dans quelques côtes en faisant monter les pulses, histoire d’éviter l’accoutumance au rythme « diesel ».
Je finis la première boucle avec environ 5 minutes d’avance sur mes poursuivants et j’enchaine sur la deuxième boucle que je connais un peu mieux puisque cela correspond à la zone déjà vue en 2011 et 2012. Mais, depuis, les modifications sont de rigueur. Certaines ascensions sont désormais des descentes et inversement, et je découvre de nouvelles sections. C’est le trail comme je l’aime ! Tu fais deux fois la même manifestation, mais tu découvres de nouveaux passages ou de nouveaux endroits. Même si le circuit est physique, je m’aperçois qu’il y a quand même pas mal de sections où je peux bien allonger la foulée. Le but du jeu, toujours être capable de courir dans ces zones-là car quand tu cales dans un faux plat montant, tu perds bien plus de temps que lorsque tu cales en côte !!!
J’arrive à rester dans cette stratégie, surtout que je suis toujours en tête … mais pas seul au monde non plus. J’ai désormais rejoint quelques groupes qui font la manifestation en version randonnée (environ une centaine). Hormis faire attention aux bâtons qui dépassent, le partage des chemins se passe dans une très bonne ambiance et surtout j’ai droit à des encouragements sympathiques. Ce n’est pas de refus ! Un peu plus loin nos chemins se séparent et c’est désormais les derniers du « petit » parcours que je rattrape. Et je découvre toujours et encore de nouvelles sections bien casse-pattes. Quelques traversées de fermes ou hameaux ici ou là, des passages dessus puis dessous un pont, et aussi quelques tunnels. De quoi se changer les idées.
Puis je rallie enfin le début de la fameuse montée de « Ouf ». Une montée très sèche, à mi-chemin entre escalade et via ferrata. Je l’attaque alors que j’ai déjà un marathon dans les jambes mais surtout je suis un peu « englué » dans un petit peloton à ce moment-là, avec quelques petits embouteillages à la clef. La section en devient encore plus délicate puisqu’en plus de sa difficulté, il faut essayer de s’imposer sans passer pour un rustre. Exercice délicat que je n’ai jamais vraiment apprécié puisque j’ai toujours du mal à m’imposer ou à trouver la formule miracle pour m’octroyer une certaine propriété qui n’est jamais bien légitime. Mais bon il faut quand même avancer à son rythme aussi, même si le delta de vitesse n’est parfois pas bien flagrant. C’est aussi l’occasion de s’encourager mutuellement. Bref il faut trouver la solution la plus adaptée et la plus positive pour tous.
Il reste derrière encore une petite montée vers le « Calvaire », un nom qui fait presque rêver, puis un ultime passage « roulant » en balcon qui me semble interminable sur le coup … il me tarde la fin car j’avoue que c’est un peu usant de se faufiler dans les monotraces, même si à quelques exceptions près tout se passe très bien. En fait, il y a aussi mon rythme qui a bien chuté avec donc un mélange de fatigue physique et psychologique. Les kilomètres défilent à ma montre (les 45km sont dépassés depuis belle lurette) et je languis de la ligne d’arrivée, surtout que l’on entend enfin la voix du speaker en contrebas, mais que l’on ne descend toujours pas. Tout semble dire que j’ai course gagnée, donc je gère ma « lassitude » du moment. Heureusement que le circuit est toujours aussi ludique et varié, qu’il fait beau, que les oiseaux chantent … et que cette « put%$x » de dernière descente arrive enfin ! Et oui avec presque 50km dans les jambes et un peu plus de 4h30 de course, je commençais à m’impatienter. Je franchis enfin la ligne d’arrivée, pas totalement cramé mais vraiment soulagé d’en voir enfin le bout.
Finalement, moins de 2min plus tard, Thomas arrive en ayant été donc bien plus rapide que moi sur la fin du parcours. J’en suis à moitié étonné, mais bien content de ce déroulement car j’ai pu faire ma course sans me soucier de l’arrière et ai pu me tester de temps en temps sans stress … et si il y avait eu 2 km en plus, cela aurait pu en être autrement, mais ça c’est une autre histoire que je ne connaitrais pas aujourd’hui. On refait un peu la course sur le pré de la zone d’arrivée. C’est vraiment agréable car comme la foule est raisonnable et on arrive à échanger facilement et à se reconnaitre. C’est plaisant. Il fait beau, l’ambiance est bonne enfant et les arrivées défilent. La bière offerte à la buvette est quasiment bue cul-sec. De quoi apprécier encore un peu plus ce moment bucolique.
Buffet d’arrivée, discussions, repas, remise des prix, le tout sous un soleil généreux et des températures au dessus des 20 degrés (avec ou sans bière). Tout s’enchaine de façon naturelle et sans trop de temps d’attente. C’est top et je suis vraiment ravi d’être revenu ici. Un grand bravo à l’organisation, un quasi sans-faute avec pratiquement 5km de bonus gratuit (bon on apprécie ou pas ce genre d’attention) … mais si on pouvait éviter le regroupement des circuits dans les singles ou les goulots d’étranglement ce serait alors parfait … bon plus facile à dire qu’à faire, mais autant le signaler. De toute façon, il est fort à parier de je reviendrais ici et que je n’attendrais pas 4 ans pour cela car le terrain de jeu est vraiment extra et possède un vrai potentiel, et pas que pour le trail par ailleurs. Bref j’ai vraiment apprécié le circuit, et je me suis fait bien plaisir !
Nicolas Miquel
>> Les résultats du Trail des 3 Rocs : 27km 49 km
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