Nous sommes entre les deux tours des Interclubs. Pour rappel, les clubs s’affrontent sur deux journées en présentant deux athlètes dans chaque discipline de l’athlétisme. On fait le décompte des performances enregistrées pour désigner le meilleur club de chaque niveau.
La force des Interclubs, c’est de rendre un sport, à la base individuel, collectif et festif. La compétition possède de belles valeurs d’effort, de soutien, de partage, où chacun tire le meilleur de lui-même pour aider le groupe. Ces valeurs ne sont pas opposées au plaisir, à la contemplation, à la liberté qui attirent beaucoup de nouveaux coureurs hors des stades. Hors, les épreuves qui se déroulent dans un environnement restreint, où le règlement ordonne les choses, contrarient beaucoup de monde. La piste apporte pourtant de belles valeurs et contribue à faire de meilleurs coureurs.
Aujourd’hui, le constat est difficile. Si les grands clubs peuvent profiter de moyens financiers plus importants et de la présence des grands athlètes qui font ainsi leur rentrée, les petits clubs sont à la peine. Ils sont obligés de fusionner pour se présenter et avoir un niveau décent ainsi que le nombre d’officiel requis. Les déplacements sont lourds à supporter financièrement et découragent les athlètes qui ne sont même pas inscrits dans la discipline qu’ils pratiquent. Certaines régions décentralisent les compétitions, ce qui peut arranger certains dirigeants de Ligue mais ce qui fait suer les présidents de club et ce qui lasse les athlètes au vu de la répétitivité et de l’éloignement géographique, en rapport avec le temps d’effort demandé (5h de trajet aller-retour dans une journée pour courir un 3000m, vous aurez compris la contrainte).
Résultat : toutes les disciplines ne sont pas toutes pourvues, on retrouve des non-spécialistes dans les épreuves de lancer, qui demandent force et technique, la majorité sont des cadets qui découvrent la compétition, des vétérans encore volontaires, et des habitués usés qui sont là depuis plus de 10 ans. Le niveau chute ! La barre des 300 000 licenciés dépassée par la FFA (Fédération Française d’Athlétisme) est trompeuse. Le chiffre gonfle aussi du fait de l’augmentation des licenciés loisirs (coureurs sur route, traileurs, marche nordique) qui trouvent aussi plus pratique d’avoir un document officiel pour un an plutôt que de renouveler un certificat médical. La réalité, c’est aussi ça.
Quel avenir proche pour cette compétition phare de l’athlétisme ? Premièrement, les choses risquent de bouger avec la mise en place des futures régions. Élargies, un regroupement par zone devrait être mis en place. Les déplacements, dans un premier temps, devraient être réduits. L’effort financier serait plus facile à supporter pour les clubs. Ensuite, une révision sur un tour serait peut être souhaitable (en tout cas souhaité par de nombreux athlètes). Pour ces derniers, la mobilisation sur un tour est plus facile à mettre en place dans leur calendrier, qu’il soit professionnel ou sportif. Pour les entraîneurs, dirigeants et accompagnateurs, il est de même, sachant que sans eux, on ne peut pas avancer non plus.
Au delà, la compétition serait beaucoup plus attendue avec un rendez-vous unique et l’engouement pour les athlètes décuplés. Ainsi, avec des athlètes motivés et en forme, ainsi que des spécialistes par discipline, le niveau remonterait également. L’athlétisme est un sport magnifique et les Interclubs se font le relais du quotidien des clubs. Celui-ci, parfois difficile, doit être facilité et simplifié des contraintes et des lourdeurs administratives. Les dirigeants et entraîneurs sont les mêmes depuis des années et s’épuisent, il serait bon de faciliter les choses et de re-dynamiser l’accès à ce sport pour qu’il reprenne vigueur et intérêt.
L’athlétisme, par la fête et le jeu, repartira de l’avant ! C’est tout ce qu’on peut souhaiter.
Mathieu BERTOS