Le Doubs, ce n’est pas la porte à côté, en effet. Mais les 5h de voiture ne nous font pas peur, d’autant qu’on sait ce qui nous attend là bas. Le Trail des Forts de Besançon : un parcours unique en son genre, des franc-comtois chaleureux et bons vivants, une ambiance saine et festive comme on les aime.
C’est donc avec beaucoup d’entrain que nous décidons de prendre part à cette édition 2016 de l’évènement, le 9 mai. Pour la petite histoire quand même, c’est à Besançon que mon affection pour le trail a vraiment commencé … en 2011 ! Alors que j’accompagnais mon cher et tendre, qui avait fait de cette épreuve un objectif, et que je devais, dans ses plans, sagement l’attendre à l’arrivée, j’ai eu comme une envie soudaine d’essayer. Malgré les tentatives de Manu pour m’en dissuader (« t’es folle ! tu ne te rends pas compte, tu ne le termineras jamais ! »), j’ai donc acheter un dossard la veille pour le 28km, en me disant : « je prends le départ et j’avise ! Au pire, je marche ! Au mieux, je m’éclate ! » Et je me suis régalée en franchissant la ligne avec la banane : « ah c’est trop cool le trail en fait ! » :-))))
Donc forcément, des vieux bons souvenirs remontent à la surface quand je remets les pieds par là bas ! C’est le parcours de 48km qui nous intéresse cette année, avec ses 2100m de dénivelé positif (1700 sont annoncés sur le site, mais comptez bien 2100 en réalité !). À 3 semaines de la MaxiRace, le but n’est vraiment pas de se rentrer dedans et de risquer de se blesser, mais de profiter de l’occasion pour mettre du rythme sur un chouette parcours qui alterne portions roulantes et cassantes.
Manche du TTN (Trail Tour National), l’évènement attire chaque année quelques grosses pointures. Cette année, on annonce Emmanuel David ou encore Martin Reyt chez les gars, Stéphanie Duc, Badia El Hariri, chez les filles. Sarah Kiriluk, 3ème l’an passé (j’avais terminé 5è pour ma part), sera également de la partie. Après, on sait tous qu’il y a toujours des nouvelles têtes qui débarquent, et des coureurs locaux très forts qui peuvent créer la surprise ! C’est en tout cas carton plein côté inscriptions, avec 3 800 participants au total sur l’évènement. Un record !
C’est donc après plus de 5h de route que nous arrivons en terres franc-comtoises, juste quelques minutes avant l’heure limite pour le retrait des dossards ! L’occasion quand même de saluer les amis de « Doubs Terre de Trail » sur le stand, et de papoter avec les quelques têtes connues sur place. Mais bon, il est déjà tard, le village de départ se vide et il est temps pour nous aussi d’aller se poser à l’hôtel. On y retrouve d’ailleurs Martin Reyt au dîner, avec sa femme et sa petite princesse de 2 ans 1/2, qui nous fait la conversation pour terminer la soirée ! ;))) Extinction des feux à 23h. On ne va pas plus abuser, le réveil à 5h risque de piquer … Mais pas tant finalement : le nuit fut courte, mais plutôt bonne ! Et c’est motivés et les yeux bien ouverts que nous nous rendons sur le site de départ : La Rodia, au bord du Doubs, juste en face de la Citadelle.
Il fait déjà très doux, et la question de la tenue à adopter pour cette balade imminente ne se pose même pas : le plus léger possible. C’est probablement de la chaleur que nous risquons de souffrir ce matin et surtout en fin de course vers midi. Je croise Stéphanie Duc avec qui j’échange quelques foulées et quelques mots avant le départ, Samuel Étienne, tout souriant, et puis les fidèles supporters de Doubs Terre de Trail, toujours en forme et de bonne humeur ! Quel plaisir d’être là ! Jean-Michel, qui fera le suivi de la course d’Emmanuel David, a gentiment accepté de nous donner un coup de main aux ravitaillements en nous déposant un bidon. Merci Jean-Mi, trop sympa ! Dès 7h30, les coureurs se glissent tranquillement autour de la ligne de départ, et nous ne tardons pas à les imiter. L’échauffement aura été court pour ma part, mais on va compter sur la température ambiante naturelle pour réchauffer les muscles et ne pas trop subir le démarrage … Le speaker, au top comme d’habitude, sait trouver les mots pour nous apporter la dose de pression nécessaire pour nous motiver et nous faire partir, à 7h45 tout pile !
J’avais souvenir d’un départ roulant et plat … Mais là, c’est tout le contraire !! On embraye dans le pentu dès les premières foulées. Rude !! Bon, je regrette un peu de ne pas m’être plus échauffée, mais on va faire avec hein. Stéphanie a pris les choses en main, elle s’envole devant moi et dès l’entrée sur les sentiers en sous-bois, je ne la vois plus. Par contre, je ne pense pas avoir vu d’autres filles devant. On verra bien ! En attendant, j’essaye de me concentrer sur mon souffle et ma foulée. 200m de dénivelé positif avalés sur le 3 premiers kilomètres, de quoi faire emballer facilement le cardio en ce début de course et arriver au premier sommet les jambes coupées ! Je suis plutôt satisfaite des sensations du moment, même si j’avoue ne pas avoir été préparée psychologiquement à ça. C’est plutôt encourageant pour la suite. Ce premier sommet correspond au passage du premier Fort, Bregille !
S’en suit une descente d’environ 2,5 kilomètres pour atteindre le second Fort (Beauregard), puis les escalier pour descendre au bord du Doubs, et entamer la portion plate et archi roulante sur les berges.
3/4 kilomètres où il faut profiter pour bien dérouler. Je me fais taquiner par un coureur qui me rappelle une anecdote de la Saintélyon, j’en profite pour me mettre dans sa roue et on allonge la foulée dans la bonne humeur sur des allures qu’on pourrait appeler de seuil, oscillant entre 4 et 4’40 au kilo. Entre temps, on aura croisé le 3ème Fort (Fort Griffon) ! Ça fait du bien de ne pas avoir à se soucier de sa pose de pieds, mais j’avoue être bien contente de retrouver les variations de terrains après le 10ème kilomètre.
49 minutes de course, on remonte maintenant vers le premier ravitaillement, positionnés aux alentours du km10,5. Jean-Mi est là, cool !!! Il me tend mon bidon et je lui donne le mien. Étonné il me lance : « hey Sissi, mais t’as rien bu !! Celui de Manu, il était vide ! Fais gaffe, il faut boire hein ! » Oui a raison. C’est vrai que sur cette portion roulante, je me suis faite prendre au jeu à oublier de boire. Mais les températures grimpent et je prends des risques si je continue comme ça. La grimpette se poursuit à la sortie du ravito pour atteindre le 4ème Fort (Chaudanne). D’en haut, on surplombe la ville, c’est magnifique et je prends le temps de lever les yeux ici pour photographier ce bon moment. Les sensations sont plutôt bonnes, et l’ambiance vraiment chaleureuse sur les bords du parcours, avec des spectateurs nombreux et investis. Ça fait plaisir et ça motive, merci aux Franc-comtois !!
On part ensuite à l’assaut du prochain Fort, Rosemont, situé en haut d’une nouvelle bosse, qui oblige une nouvelle fois à réduire l’allure pour avaler le dénivelé. C’est le 15è kilomètre et nous avons passé les 1h20 de course. Mine de rien, ces alternances de montées/descentes entrecoupées de portions roulantes, ça use !! De cette manière, nous repartons en direction du Fort de Planoise : 200m de D+ en 1,5km ! Je me force à boire régulièrement, la chaleur commence à se faire sentir. Je profite de la descente qui suit et d’une portion de plat d’environ 1 kilomètre sur terrain herbeux (et un peu casse-chevilles aussi !!) pour manger une barre; je sais qu’on se dirige vers une prochaine grosse difficulté ….
LE mur de la Planoise !! Une pente à … 45% !! 250MD+ en moins d’un kilomètre !! Un truc de fou ! À mi-course, au moment où les organismes commencent à ressentir la fatigue (plus de 2h de course, km22/23), ça fait mal ! D’ailleurs, chaque année, tout le monde râlouille un peu ici, c’est un sacré bon moment au final ! ;)) J’aperçois Laurent juste devant, je présume qu’il ne doit pas être en grande forme si je le double ici. J’arrive à son niveau : »ça va Laurent ? » En effet, il n’a pas les jambes des grands jours et doit composer avec. « Allez, accroche toi ! » Que ça me paraît long ! J’entends un gars derrière, cherchant à rassurer tout le monde : »je vous rassure, même le premier, il ne court pas ici ! » C’est sûr, c’est impossible de courir ici, et je dirais même que ce n’est déjà pas facile de marcher. La pente est tellement raide qu’elle nous emporte vers l’arrière et qu’il faut carrément se plier en deux pour avancer, presque à 4 pattes. J’ai les mollets qui brûlent, et comme tous, j’ai hâte d’en terminer. Une corde a été positionnée pour nous aider : je ne vais pas m’en priver ! 16 minutes à serrer les dents, puis enfin, c’est la délivrance !
On peut maintenant se laisser aller (en prenant garde aux nombreuses racines et aux cailloux bien sûr !) dans la descente qui nous emmène vers le second ravitaillement, Avanne. Km25, nous avons passé la mi-course et je l’atteins en 1h34 de course. Stéphanie est annoncée 10 minutes devant, elle a déjà creusé un bel écart et je crains qu’il ne continue de s’étendre … !! Je fais vite fait les calculs en repartant du ravitaillement. Ça risque d’être compliqué de descendre sous les 5h15 ! Je m’étais basée sur mon chrono de l’an dernier pour essayer de me fixer un chiffre en tête, mais le parcours est différent et me semble plus difficile (supposition confirmée à l’arrivée par les autres coureurs qui mettent, pour la plupart, environ 15′ de plus que leur chrono de 2015). Pas d’infos précises sur mes concurrentes derrière, je vais essayer de ne pas ralentir le rythme. Tout va bien côté forme ! On ne peut pas dire que je suis dans un grand jour, j’ai les jambes lourdes et fatiguées, mais c’est tout à fait normal après les quelques belles séances effectuées en prépa MaxiRace !
On traverse maintenant le Doubs par un pont et on réattaque les sentiers sur un parcours qui continue de nous proposer un profil en dents de scie. Et oui, on le savait et c’est ce qu’on aime ici : c’est vraiment cassant !! Nouvelle bosse vers Valmy avant de basculer vers la Roche Trouée, quelques glissades (bien rattrapées, heureusement !) sur les sentiers à la terre humide, et nous voilà à grimper de nouveau vers le Fort de Pugey. C’est le point culminant de la course, à environ 500m d’altitude. Une belle surprise m’attend, alors que j’ai la tête baissée vers mes pieds, les mains sur les cuisses pour m’aider à avancer dans la montée. Sur la pierre, inscrit avec la peinture utilisée aux balisages, quelques gentils mots d’encouragement ! Oh, c’est trop mignon ! Ça me donne le sourire et un regain de motivation. Je me demande de qui ça peut bien venir ? Les copains du Doubs probablement ! On posera la question à l’arrivée, j’espère qu’on trouvera les auteurs de cette agréable et douce attention.
Le passage à l’intérieur du Fort de Pugey marquera les esprits des coureurs. C’est vraiment chouette ! Des lumières ont été ajoutées pour le côté féérique. On s’engage dans un couloir, il fait frais (presque trop froid d’ailleurs !! Le corps ne doit pas bien aimer le contraste avec l’extérieur !), ça résonne. Brrrrrrrr ! C’est pas où la sortie !!
Les claustrophobes ne doivent pas se sentir très bien là dedans ! Très original de nous faire passer ici en tout cas, belle initiative qui n’existait pas l’an dernier. Cerise sur le gâteau, un point d’eau a été ajouté ici et des bénévoles nous proposent de l’eau. Ah oui, plutôt 2 fois qu’une !! J’en profite et je remplis mon bidon, déjà quasi vide alors qu’il reste 6 kilomètres jusqu’au prochain ravitaillement. Retour à l’extérieur, et retour sous la chaleur, qui commence un peu à nous assommer.
Un sentier plutôt propre au profil descendant nous emmène vers un bois et remonte vers un single. On alterne les passages à l’ombre et en plein soleil, j’essaye de bien boire pour ne pas subir les effets négatifs de la chaleur. Bon après, dans le sud, on est plus habitués à courir dans ces conditions que les gens d’ici. C’est un avantage. Passage à Arguel, puis la descente se poursuit vers Beurre. Encore un coin très charmant puisque nous évoluons le long des cascades ! Ça glissouille un peu, mais des bénévoles sont justement placés ici pour sécuriser le passage, merci ! Nouveau point d’eau qui n’était pas prévu ici, oh la bonne nouvelle ! J’en profite pour m’arroser les jambes, le visage, les bras, et faire redescendre la température de mon corps en surchauffe. Nickel, merci merci, ça requinque ! 35ème kilomètre, 3h45 de course. Je me dis : 15km en 1h30, ça devrait le faire (il reste quelques bons talus quand même !!), allez, les 5h15 sont jouables.
En parlant de talus, en voilà un nouveau !! Celui ci, il nous fait grimper jusqu’au Fort de l’Ouest des Buis. Les gros cailloux par la voie romaine sur la première partie de la montée, puis la traversée des buis en direction de le Chapelle des Buis. Ça grimpe bien encore ici ! On m’annonce toujours 2ème féminine. Je double quelques coureurs qui semblent subir un peu plus la chaleur que moi. Et les crampes … Ah ces fameuses crampes !! Elles auront fait souffrir quelques traileurs aujourd’hui ! Quelques minutes plus loin, nous retrouvons les coureurs du 28km pour une fin de course commune. Alors je trouve ça chouette, mais là pour le coup, c’est pas le top parce que les sentiers sont très étroits et c’est vraiment la cohue sur le parcours. L’arrivée au ravitaillement ressemble à une buvette de féria tellement il y a de coureurs arrêtés (pour ne pas dire accoudés ;))) devant les tables !! Impressionnant ! J’ai même du mal à me frayer un chemin pour remplir mon bidon. Du coup, je ne m’attarde pas ici, mais dans le speed, j’en oublie de prendre quelque chose à manger. J’hésite à faire demi-tour mais je suis bien engagée maintenant, tant pis ! J’espère ne pas le payer …
Quelle ambiance ici ! Beaucoup de monde sur le côté. Ça encourage, ça applaudit ! Je retrouve ici Sangé Sherpa, qui fait la course à la cool, et qui s’arrête quasiment tous les mètres pour saluer quelqu’un. Il m’encourage et me motive, on échange quelques mots. C’est sympa de sa part. Ça grimpe sur la route, je cours à petites foulées en essayant de doubler un maximum de coureurs du 28km avant de me réengager sur les sentiers où ça sera plus difficile de doubler. En effet, la suite est plus compliquée à négocier dans les bois, et nous jonglons, avec un autre coureur du 48km qui fait route avec moi, à droite, puis à gauche, pour tenter de garder l’allure malgré les embouteillages sur les sentiers. C’est frustrant, mais tant pis, on prend notre mal en patience et on attend sagement derrière. En même temps, c’est pas plus mal, ça permet de refaire du jus. Dès que les sentiers s’élargissent, on passe la 3ème et on double ! À jouer à ce jeu du vite/lent, on se fatigue plus vite. Mais on finit quand même par sortir du bois et à se rapprocher gentiment de la fameuse Citadelle ! Dernière difficulté.
Elle se paye cette vue imprenable sur les remparts de la Citadelle de Besançon !! Et le prix à payer pour tous les coureurs, c’est cette dernière grimpette en plein soleil ! Sur le bitume d’abord, puis les pavés, les marches pour grimper en haut : et wouaaaaah ! Quelle vue ! C’est terrible de courir ici sur les remparts. Je profite de ce passage que nous n’avions pas eu la chance de découvrir l’an dernier et sans trainer, je me dirige vers la redescente. Les marches, les pavés, puis retour sur le bitume. Les spectateurs sont nombreux, l’ambiance est énorme ! On entend très bien le speaker maintenant, ça sent bon l’arrivée. Je jette un coup d’oeil à ma montre : 5h05. Il doit rester un peu moins de 2,5km, mais en descente. 5h15 en ligne de mire, je ne lâche rien, je me concentre pour ne pas m’emmêler les pieds dans les escaliers, et je relance une fois en bas.
Il reste le pont à traverser (puisque l’arrivée se trouve de l’autre côté du Doubs, sur la Rodia), et une dernière ligne droite en bord de rivière. Je profite de cette belle ambiance tout en essayant de garder le rythme : 47ème, 5h12, faut pas ralentir !!! J’entends des « allez Sissi », « allez Sylvaine », « 2ème fille du 48, c’est super ! « , c’est trop sympa tous ces encouragements, merci merci ! L’arche est en ligne de mire, un dernier virage et la ligne est franchie en 5h15’27. Contrat rempli, youpi !! Stéphanie, vainqueur du jour, sera quand même arrivée 13′ avant moi. Le speaker m’annonce, me tend le micro pour répondre à ses quelques questions, et m’explique que Manu (qui a terminé 3ème) est au contrôle anti-dopage et qu’il a tous mes papiers … pour que je puisse le rejoindre et faire le pipi aussi. Allez, c’est juste le 3ème contrôle anti-dopage en 3 courses et donc en 1 mois 1/2 ! « Par contre, faites vite, parce que les podiums, c’est bientôt. » Une fin de course encore un peu précipitée par tout ça donc, mais une nouvelle fois, énormément de plaisir sur cet évènement, tant par la diversité du parcours proposé que par l’ambiance générale qui nous a accompagnée du départ à l’arrivée. À l’intérieur, comme à l’extérieur de la course !
Malgré le retard pris par ces contrôles anti-dopage, nous avons eu l’honneur de monter sur le podium et de profiter d’une bonne séance de cryothérapie proposée par Jojo et son camion, avant de reprendre la longue route pour rentrer dans notre sud, à la maison ! Un grand bravo à tous et surtout, un grand merci aux organisateurs et bénévoles qui ont permis une aussi belle réussite pour cette 13ème édition !
>> Les résultats du Trail des Forts de Besançon
La vidéo officielle du Trail de Besançon :