On est, certes, déjà bien loin de l’évènement, mais il aurait été dommage de ne pas mettre un coup de projecteur sur une épreuve aussi belle.
Un rendez-vous de début de saison où les fidèles amoureux de cette région aiment se retrouver. Et avec Manu, nous en faisons partie ! C’était donc notre 4ème participation à ce Trail de la Drôme, le 17 avril dernier.
Tout juste un mois après l’Éco-Trail de Paris, la forme nous semble être au rendez-vous. Après une petite semaine de récupération, nous sommes repartis sur une préparation visant à travailler un peu plus le dénivelé, avec comme prochain gros objectif, la Maxi-Race. Le Trail de le Drôme sera justement un bon moyen de joindre l’utile à l’agréable, avec son parcours tout en relances et ses petits sommets bien cassants : 40km et 1800mD+ sont annoncés, de quoi se faire plaisir dans ces Baronnies provençales !!
Manche du TTN court sur le 22km, anciennement sur le long, et support des championnats de France de trail en 2014, l’évènement rassemble des coureurs de très bon niveau chaque année. Pas trop d’infos sur les forces en présence sur notre parcours, mais je sais que Christine Denis-Billet sera de la partie notamment. Et qu’elle est en très bonne forme !! L’objectif me concernant, sera de faire un petit point sur l’état des jambes 4 semaines après Paris, et puis tout simplement de retrouver le plaisir du dossard et d’une belle balade où on se laisse porter par les balisages. Tout cela, sans prise de risques inutiles à 6 semaines de la MaxiRace.
Un micro-climat règne à Buis les Baronnies. Chaque année, le Trail de la Drôme se déroule sous un grand soleil ! Les prévisions sont mitigées pour cette édition, mais Hervé Simon, l’organisateur, nous rassure à notre arrivée : « il ne devrait pleuvoir qu’à partir de midi dimanche ! » Et bien, très bien, ça va nous motiver à faire vite ! La veille, le village s’anime tranquillement, les coureurs commencent à inonder les terrasses de café du village. Pendant ce temps là, les bénévoles s’activent au retrait des dossards et dans les derniers préparatifs. Une belle ambiance d’avant course comme on les aime ! Nous concernant, nous retrouvons Maxou (manager du week-end !) et Mathieu (Delpeuch, coureur espoir du team Asics, qui sera au départ du 10km) pour le dîner et un rapide briefing, avant de rejoindre notre chambre d’hôtel pour se mettre en mode repos !
Le départ de la course est à 8h, nous mettons le réveil à 5h15 pour avoir nos 2h30 de digestion minimales ! Trop sympa à l’hôtel, ils nous ont ouvert la salle du petit déjeuner pour bénéficier de la machine à café : ouf !! Pas grand monde à cette heure ci, on ne fera pas la queue à la machine ce matin au moins ! 😉 On met le nez dehors à 7h pour prendre la température et se dégourdir les jambes. Il fait vraiment doux, pas le peine de trop se couvrir. Ça sera donc, short, débardeur, avec buff et manchettes en options ! Le ciel est nuageux, mais n’est pas menaçant, on devrait même pouvoir profiter de quelques rayons de soleil. Quelques bisettes au départ, où nous retrouvons notamment les parents de Manu venus nous supporter, le coucou au micro du célèbre et sympathique Jean-Pierre Buix et c’est l’heure de se ranger sagement dans le sas de départ. 8h pétante, le départ est donné.
Christine a pris les choses en main, elle s’échappe en tête de course ! Je n’essaye de pas de suivre même si je me sens plutôt pas mal lors de ces premières foulées. J’ai déjà l’impression d’aller bien assez vite. Premier kilomètre passé en 4 minutes, le second à 8’45, on a entamé la première grimpette, le rythme se calme naturellement et les respirations se font plus bruyantes. La route a laissé place aux sentiers et le terrain alterne larges sentiers en DFCI où on peut appuyer sans craintes, et singles étroits où il faut être vigilant sur la pose de pieds. Je garde Christine en ligne de mire un bon moment et parviens même à la recoller en restant à ses talons au milieu de la seconde bosse, mais je constate rapidement qu’elle est beaucoup plus facile que moi dans le dénivelé et je finis par perdre le contact pour finalement ne plus la voir du tout …
Alors que je reste complètement scotchée aux sentiers avant la fin de la première bosse, je retrouve des sensations sur les portions plus roulantes et parviens à relancer comme je peux. Mais dès que la pente devient trop raide, je n’avance plus ! J’ai l’impression d’avoir le corps lourd et de ne pas réussir à le porter, c’est terrible !! Si bien que je passe en mode marche lorsque ça grimpe trop. Après le passage au premier ravitaillement, aux alentours du 8/9ème kilomètre (50′ de course), on profite d’un sentier très aérien pour allonger la foulée. 4′ au kilo ici, ça déroule bien le temps d’un bon kilomètre. La visibilité est lointaine, j’aperçois Christine encore au loin, mais un coureur qui me rattrape me met en garde : « la 2ème est à peine 1 minute derrière toi ! » Non, non, c’est la 3ème alors, parce qu’il y en a une autre devant ! Bon, ça me met un petit coup de pied aux fesses pour serrer les dents dans la prochaine ascension, et essayer de retrouver meilleurs sensations … mais en vain.
C’est finalement dans la descente qui suit, vers le 13ème kilomètre, qu’Irina Malejonock (que je ne connaissais que de nom et que je n’avais même pas aperçu au départ), me double, à une vitesse impressionnante !! C’est hyper technique, mais elle ne semble pas tout du tout perturbée par cette technicité du terrain ! Je l’encourage et lui souhaite bonne course, en me disant que vue sa facilité, je ne la reverrai probablement pas. Christine avait bon rythme, mais je sens qu’Irina se dirige droit vers une nette victoire là … !! Je fais route avec un coureur sympathique, qui me fait la discussion un bon moment. Comme moi, il n’est pas au top de sa forme et n’a vraiment pas envie de prendre de risques sur ces portions casse-chevilles. Il reste derrière, on évolue ensemble sur un petit rythme de croisière, de singles en singles. Il m’explique qu’il espère rattraper sa femme qui a pris le départ du 22km, pour terminer avec elle. Alors je lui réponds qu’il y a peu de chance que je rattrape le mien !! :)) On poursuit ainsi comme ça jusqu’au second ravitaillement.
Ce 2ème ravitaillement correspond aussi à la fin de la première boucle : retour à Buis les Baronnies, point de départ. Nous sommes au kilomètre 17,3. On a dû faire la moitié du dénivelé ici. 1h42 de course. Maxou est là pour me tendre un bidon et une barre (merci Maxou !). Il me donne des nouvelles de Manu (qui va moyen malgré le fait qu’il soit en tête avec un autre coureur) et me demande pourquoi j’ai les mains pleines de sang. Bonne question … Cette végétation piquante sûrement (j’aurais mis plus d’une semaine pour retirer toutes les épines que je m’étais enfoncée dans les mains !). Sinon je le rassure en lui disant, avec le sourire, que tout va (à peu près) bien (j’allais quand même pas rentrer dans les détails du « j’avance pas dans les bosses, je manque d’énergie dans le dénivelé, j »ai l’impression de peser 90kg … « !). Je prends le temps d’avaler un verre de coca, un shot Isostar, de prendre de quoi m’alimenter pour la suite du parcours, et puis, en voiture Simone !
Un petit coucou aux parents de Manu au passage, et nous revoilà de nouveau dans la course. On repart avec quelques gars, dont certains avec qui j’avais fait la première partie de course. On repart direct en montée. Sur une courte portion bitumée pour commencer, puis rapidement, nous rejoignons les beaux sentiers du Parc Naturel des Baronnies Provençales. C’est le parcours qui correspond à la première boucle des championnats de France en 2014, je reconnais bien ! C’est vraiment magnifique ! Ces passages en flanc de vallées où on peut admirer ces reliefs vallonnés … Canon !! Un coin qui a vraiment beaucoup de charme ! La pluie ne s’est toujours pas invitée à la fête, nous sommes chanceux ! Côté forme, je tente de prendre le positif de ces beaux paysages pour oublier le négatif de cette forme patapouf !!
Ça grimpe de plus en plus dur, et cette longue ascension (entrecoupée de quelques relances, heureusement !) se poursuivra jusqu’au 29ème kilomètre. J’avoue avoir complètement sorti de ma tête l’idée de pouvoir raccrocher sur la tête de course. Les filles doivent être trop loin maintenant, et ma forme des grands jours ne veut pas revenir. Je vais déjà me contenter de garder ma place sur le podium. C’est peut être pas gagné, je ne connais pas les écarts derrière. On atteint le 3ème ravitaillement avant le haut de la bosse, km28,4. Pas d’assistance ici, on s’auto-gère ! Je sors mon bidon pour le remplir, mais impossible de le dévisser !! Maxou a dû le serrer comme un bourrin !! Je demande désespérément de l’aide aux bénévoles. La première n’y arrive pas, le second remporte le bataille ! Hallelujah, sauvée !! Bon, ça nous fait tous passer un bon moment, c’est déjà ça de gagné :)) Je repars pour les quelques mètres de dénivelé positifs restants avant d’atteindre le point culminant de la course et basculer vers la descente.
Un peu plus de 30km au sommet, 3h19 de course. Il reste 10km de descente, mais pas les plus simples … J’ai retrouvé mon copain qui me faisait la discut » en début de parcours, alors on recommence à faire la discut’ !! Je le taquine un peu en lui disant qu’il ne rattrapera pas sa femme au final ! ;)) les kilomètres défilent vite, et ces portions à la végétation si riche sont vraiment agréables. On papote, on papote, on commence à doubler les derniers coureurs du 22km et avec l’euphorie (ou p’t’être bien le manque de concentration !), j’en oublie de lever les pieds : je fais un espèce de vilain vol plané dans un single bien caillouteux et retombe violemment sur le genou en éraflant la cuisse gauche. Mon coéquipier du jour prend le temps de me ramasser, de s’assurer que tout va bien. En fait j’ai super mal, mais je l’invite à repartir sans moi. Le choc a été violent, il faut juste que je reprenne mes esprits. Le genou saigne, il est douloureux, mais je force à repartir à petites foulées tant que c’est chaud. On verra à l’arrivée. Le rythme est forcément ralenti, ça m’a calmé !! Et quelques minutes plus bas, badaboum, nouvelle chute ! Ok, je vais assurer la fin de course en la jouant sécurité à fond parce que je sens que je manque de lucidité pour le coup.
Il reste à peine 4km avant d’arriver, j’avance prudemment. J’espère que ça ne va pas remonter derrière quand même … La sortie des sentiers techniques nous amènent ensuite sur une courte portion de bitume, avant de s’engouffrer de nouveau en fond de vallée, avec la fameuse traversée des Gorges d’Ubrieux. Hop, les pieds dans l’eau, et il ne reste plus que 2 kilomètres pour rejoindre le centre ville de Buis les Baronnies et franchir la ligne d’arrivée ! J’en termine en 4h02, à la 3ème place du classement féminin et la 31è du classement général.
Satisfaite malgré tout. J’ai fait comme j’ai pu avec la forme du jour et mes concurrentes étaient au dessus. Bravo à vous les filles ! Je n’ai pas le bonheur de retrouver le réconfort des bras de mon homme à l’arrivée aujourd’hui, il est déjà au contrôle anti-dopage. J’ai quand même la joie d’apprendre sa victoire ! Et puis je ne vais pas tarder à le retrouver pour le féliciter puisque je vais devoir aller faire le pipi dans le bocal moi aussi ! « Je peux passer vite fait récupérer un sac de glace chez les pompiers svp Madame ? » ;))
Ma gentille chaperonne m’accompagne à la chambre d’hôtel pour que je puisse quand même enfiler un tee shirt sec, j’attrape un peu de glace pour prendre soin de mon genou et de ma cuisse qui commencent à changer de couleurs et on retrouve les médecins pour le contrôle; qui trainera jusqu’à l’heure des podiums me concernant … effectués sous la pluie qui a quand même fini par s’inviter à la fête pour la clôture cette belle journée de sport ! Merci à l’équipe d’organisation, aux bénévoles, et à toutes les personnes qui participent de près ou de loin à la réussite de cet évènement. Et si vous avez besoin de voir pour le croire, il ne vous reste plus qu’à visionner la vidéo ci dessous pour être convaincus de la beauté des paysages ! ;))
>> les résultats du Trail de la Drôme 2016 : 40KM 10KM 22KM Femme 22KM homme
Sylvaine CUSSOT