C’est un sujet qui revient année après année en sortant du week-end, où les trails se sont déroulés. Bizarrement, on voit rarement des commentaires positifs quand tout se passe bien, mais par contre les échos sont bien plus importants quand les barrières horaires ont lésé les coureurs.
La mise en place avant l’épreuve et en cours d’épreuve n’est pas si simple que cela …
Les barrières horaires : une nécessité
Les barrières horaires sont décidées par l’organisateur en raison des contraintes même de l’organisation (autorisations administratives limitées, présence des bénévoles) et de la sécurité des coureurs (tombée de la nuit, changement météo…). Elles sont également estimées en fonction de la longueur du parcours et de sa difficulté. Elles sont affichées dans le règlement général de l’épreuve, que tout coureur se doit de connaître et valide d’ailleurs en s’inscrivant.
En connaissance de cause
Chacun s’inscrit donc en connaissance de cause. En dehors des barrières horaires (que l’on ne peut étirer à l’infini), qu’elles soient finales ou en cours de tracé, le coureur ne devrait pas protester de façon véhémente contre l’organisation. Cela a pu être le cas d’une femme qui se plaignait, lors d’une édition de la Kilian’s Classik, d’avoir été déviée du 45km vers le 25km en cours de « route ». Le cas était pourtant clair, et un nombre de minutes nettement hors délais. Cela peut être le cas de plusieurs coureurs lors des 100 Miles du Sud de France, interrompus dans leur effort quand l’orage éclatait en montagne. On dépasse le cas de la barrière horaire, mais l’exemple correspond à ce que les organisateurs se doivent de faire pour la sécurité des coureurs, quelques fois contre leur volonté.
Sur un forum, un coureur disait en connaissance de cause: » s’il n’y avait pas de barrières horaires, ce ne serait plus du trail mais de la randonnée « . Ce qui quelque part tient sa vérité dans le fait que le trail est une « course ». Ceux qui comparent le trail à de la randonnée auraient raison si aucun temps n’était imparti.
Les victimes ont parfois raison !
Ces barrières horaires, bien que clairement exprimées sur le règlement, devraient être mise en place avec tout le réalisme nécessaire et donc possiblement assouplies en course, et par la suite grâce aux retours des coureurs. En effet, si l’on prend l’exemple des Templiers, beaucoup de personnes, vu la quantité de participants, sont pris dans les bouchons et perdent pas mal de temps à s’en sortir. Ce qui est le cas dès le départ d’ailleurs, où l’on peut mettre plusieurs minutes à franchir la ligne. Les organisateurs doivent entendre ceci, surtout quand on frôle le temps imparti. Une mauvaise météo peut aussi changer les conditions de course en changeant la texture du sol, ce qui peut bien sûr allonger nettement le temps d’effort.
Soyons raisonnables…
Ceci vaut pour les organisateurs comme pour les coureurs. Les barrières horaires sont importantes, et si les délais sont nettement dépassés, il faut arrêter le coureur. Mais quand c’est une affaire de 5 min et que le coureur est en état physique de terminer, soyons humains et laissons passer les personnes. On voit encore des cas de stops intempestifs où la personne attachée à l’organisation arrête sèchement le coureur. On voit heureusement d’autres cas où les serre-files accompagnent les derniers coureurs qui ont souffert du parcours et des conditions. Si un nombre important est hors délais, alors les barrières sont certainement à revoir.
Les coureurs doivent aussi savoir faire preuve de réalisme et d’honnêteté. Certains d’entre eux sont sous-entraînés, d’autres se sont sur-estimés par rapport à la difficulté de l’épreuve à laquelle ils se sont inscrits. Quelques fois, les organisateurs arrêtent des coureurs visiblement éreintés qui mettent leur intégrité en danger. En étant chacun conscient des choses et raisonnable, ces soucis devraient être la plupart du temps évités.
L’organisateur, s’il veut garder son succès et ne pas perdre d’inscrits, doit savoir être souple. Le traileur lui, ne doit pas se lancer trop vite, la discipline reste tout de même exigeante. Un peu d’intelligence et d’humanité sont nécessaires ! Mais cela n’est pas toujours simple …
Mathieu BERTOS
Photo : Cyrille Tumson