La course à pied est une affaire de plaisir, de ressenti, de bien-être. Pour se vider, pour se dépenser, pour se laver de bien des choses qui nous polluent sans même s’en rendre compte, courir est l’activité idéale, et c’est bien pour cela que nous remettons le couvert régulièrement.
Et puis il y a ces petits plaisirs qui agrémentent chacune de nos sorties. Ces choses qui suspendent même nos instants de difficultés en détournant notre attention. Ce sont ces petits plaisirs qui vont nous faire sourire dans l’instant, et que nous allons peut-être raconter à notre retour.
Les exemples sont multiples et chacun d’entre nous aura ses petites anecdotes. Comme ces petits signes d’admiration qu’on nous porte quand on pense devant nos voisins par exemple. Il y a plusieurs années, on trouvait les coureurs un peu « dérangés ». Maintenant, il y a plutôt de l’admiration. On nous fait un signe, on passe devant un groupe qui s’arrête de discuter, un peu impressionnés par notre effort ou notre facilité.
Quand on croise un autre coureur, que l’on double dans une belle montée par exemple, on se fait un signe de la main, on s’encourage : » Allez, bon courage, encore un petit effort on y arrive ! », « Oh à mon allure c’est encore loin ! », « Mais non, ça va le faire, deux lacets encore et la vue sera bien méritée ! » Le coureur a toujours aimé partagé l’effort car il se sent compris. Il se sent moins seul aussi, dans cet effort très personnel.
On aime courir dans la campagne car on change de l’univers quotidien, des quatre murs de la maison. On sent d’autres odeurs. Parfois fortes, mais naturelles, et on se dit qu’on préfère ça aux pots d’échappement. Cela en devient agréable ! On remarque les animaux dans les champs. Les vaches ou les chevaux qui sont là à longueur de journée et qui lèvent la tête quand ils vous voient passer. Qui ne s’est jamais amusé à « dialoguer » avec eux ? Et puis chemin faisant, il peut vous arriver d’apercevoir au loin des biches. C’est plus rare, et donc plus intense aussi. Elles pensaient être seules, et vous arrivez, alors elles repartent dans les bois se cacher.
Courir avec ces moments de calmes et d’introspection, tout à coup interrompus, rendent notre pratique très « vivante ». Et puis il y a ces moments où nous sommes plus connectés à notre effort. Courir sans se rendre compte de son allure et remarquer que les temps sur la montre sont meilleurs que d’habitude, quel plaisir ! Aujourd’hui, c’est facile, les sensations sont merveilleuses, qu’est-ce qu’on aime ces moments-là ! On en vit peu, alors on les déguste. Sentir son corps en synergie, se déplacer avec facilité, ça c’est un vrai plaisir. Se sentir puissant, aérien… et surtout aucune douleurs !
Il y a des milliers de petites choses qui apparaîtront à chaque fois que vous irez courir. Quelques fois il y aura bien des désagréments, mais on court pour aller chercher ces petits plaisirs, et c’est ceux-là que l’on retiendra.
Mathieu BERTOS