Mieux vaut tard que jamais alors voici mon petit compte rendu sur le Trail des Citadelles. Pourquoi un compte rendu ? qui plus est si tardif ? …
Et bien pourquoi pas finalement, mais surtout parce que l’épreuve le mérite, donc c’est plus un petit coup de projecteur sur l’épreuve (avec je l’espère quelques détails utiles sur le parcours pour les autres) qu’un retour sur ma « performance » du jour car, oui, j’ai beaucoup souffert et subi ce circuit que j’avais pourtant déjà exploré en 2013.
mais niveau respiration et rythme cardiaque, je sens que ce n’est pas ça
Dimanche de Pâques, 8h, départ du 40km sur lequel je suis aligné (2h après ceux du 70km et 1H30 avant ceux du 22km). La pluie a l’air de s’arrêter. Depuis l’esplanade de Lavelanet, les premiers kilomètres sont roulants avec un très léger faux-plat montant. Je ne rappelais plus que cela durait autant. J’ai donc bien fait de revenir ici pour me rafraichir la mémoire. Bon en fait, il s’agit juste de 2km maximum, mais comme il y a quelques sentiers qui semblent monter dans un bosquet sur notre gauche, cela engendre un peu de frustration, mais cela ne va pas durer longtemps. J’en profite du coup pour essayer de trouver mon rythme mais niveau respiration et rythme cardiaque, je sens que ce n’est pas ça. Pourtant il n’y avait pas de signes avant-course. Ce qui ne m’empêche pas de me placer à l’avant … Finalement on part enfin sur la gauche avec des petits sentiers joueurs et quelques petites bosses pour se mettre en jambe, avec un peu de boue forcément. Les mauvaises sensations sont toujours là mais j’ai espoir que ça passe à un moment donné comme c’est parfois le cas.
je dois définitivement accepter que la journée va être compliquée
Lorsque vient réellement l’ascension vers le premier château cathare au programme qui est celui de Monségur, je dois définitivement accepter que la journée va être compliquée. Je peine à monter les genoux comme si j’étais rouillé ou courbaturé. Il y a genre 800m de D+ assez irrégulier en 5km à se farcir, avec en autres le passage sur la Crête de Madoual. Et puis il y a cette boue ! « Elle sort d’où ? » Il a plu tout juste 1 ou 2h avant la course sur des sentiers qui étaient bien secs la veille, et là j’ai l’impression qu’un mec est venu déverser de la boue juste avant.
En plus j’ai mal aux cuisses et au cu …euh aux fessiers. Pourtant la boue c’est mon truc parait-il. Je cale à plusieurs reprises, je rétrograde et, bilan, j’y arrive en 5ème position en bas du terrible final de l’ascension vers Monségur … ce n’est pas la cata mais ce n’est pas la joie non plus. Comme je ne suis pas bien, pour la première fois de l’année, je mets mon casque sur mes oreilles pour penser à autre chose … ce qui ne va rien changer puisqu’en haut les écarts vont encore se creuser … alors que pourtant je m’emploie à faire un bon rythme avec l’énergie et les sensations du jour. Je suis désormais à 3 minutes de la tête de la course.
Comme on se croise à la montée et descente on arrive à avoir facilement une estimation de l’avance ou du retard que l’on a. Par contre il faut aussi se frayer un chemin. Une chose me semble évidente, j’ai pris cher dans la montée. En plus s’il ne pleut plus, le panorama est bouché. Bon on ne va pas se lamenter, car le passage dans ces ruines à ciel ouvert, culminant à 1200m d’altitude, est tout de même un moment privilégié, comme une petite parenthèse historique.
ma « technique » va peut-être pouvoir me sauver d’un naufrage qui me semblait inévitable
Une fois cette mini visite touristique improvisée, on enchaine avec la descente, et là,déjà après l’épisode des marches à appréhender et des concurrents qui montent à éviter, je suis revenu sur le 3ème et 4ème sans avoir eu à prendre de vrais risques. Donc j’ai l’impression que ma « technique » va peut-être pouvoir me sauver d’un naufrage qui me semblait inévitable. Il reste encore 4 bons kilomètres de descente et je suis déjà 3ème mais je n’ai personne devant en visu. Je continue sur mon rythme du jour. Je suis tout de même plus à l’aise avec le D- aujourd’hui, c’est une certitude, mais même là ce n’est pas la panacée. Je me gamelle d’ailleurs sur un appui glissant pour sauter par-dessus un petit cours d’eau. Ce sera ma seule chute de ma journée qui va me valoir tout de même 2 doigts bien tordus que je traine encore 10 jours après la course, mais sans conséquence sur le reste de ma course.
Juste avant le 1er ravito du jour de Montferrier, qui est au km14, je vois puis double le 2ème, Arthur. Je boude ce 1er ravito car j’ai pris des provisions sur moi pour 2 jours au moins, et je vois enfin Mickaël, en tête. Vient alors une nouvelle ascension. J’ai l’impression que Mickaël cale. Je passe devant, puis Mickaël me redouble puis c’est Arthur qui nous passe devant … bref on fait quelques foulées où on joue au yoyo à 3 avec des passages où désormais on essaye de trouver des appuis sur des sentiers couvert de rochers aux formes arrondies qui sont assez glissants. Ça change de la boue ! Mais rassurez-vous elle n’est jamais bien loin.
Et finalement vient une nouvelle descente technique, je rejoins Mickaël et Arthur quasi au coude à coude puis je me fais enfin la malle direction Roquefixade. Bon les sensations me semblent un peu meilleures, mais je continue à être dans le dur.Heureusement le parcours est plaisant et varié avec quelques passages bucoliques en sous-bois, des traversés de village ou hameaux … mais pourtant physiquement je ne prends pas trop de plaisir.
Un nouveau passage dans des ruines et on plonge vers Raissac et au pied de son fameux mur
La montée vers Roquefixade est encore laborieuse. Je la connais pourtant cette montée mais les 400m de D+ à enquiller en tout juste 2km sont douloureux. Et Arthur revient à tout juste 20 mètres en haut. Pas de Mickaël en vue. On est à un peu plus de 900m d’altitude mais je ne vais pas profiter du panorama, avec un ciel est un peu plus dégagé désormais … et donc encore une fois je vais beaucoup miser sur la descente qui nous fait rejoindre Roquefort les Cascades.
La descente est plaisante, technique mais pas dangereuse donc pas besoin de prendre trop de risque.Qui plus est, je commence à bien connaitre ce passage, puisque c’est aussi une section commune au Trail des Cascades qui a lieu ici en septembre. Et comme c’est encore assez boueux, ça a l’avantage d’absorber les chocs donc je sais que je ne vais pas m’abimer aujourd’hui … enfin si j’évite de me tordre d’autres doigts ou pire une cheville. Bon rien de tout cela, heureusement. Je me permets même un petit arrêt pipi et j’arrive au 2ème et dernier ravito solide au pied des cascades en tête avec apparemment une petite avance, genre 2 bonnes minutes.
Je m’arrête un peu, même si je sais que j’ai tout ce qu’il me faut avec moi, histoire d’assurer la suite. C’est donc plus psychologique qu’autre chose. Un verre de coca, un morceau de banane et de pain d’épice et c’est reparti. Là vient un des rares épisodes roulants de la journée (avec le départ), genre 2 kilomètres d’une petite piste avec peu de boue désormais. Personne n’est donc venu ici en déverser. Oui le final est désormais bien plus praticable. J’arrive à courir honorablement mais dans la succession de tagadas qui suit, c’est moins évident … dur, dur ! Un nouveau passage dans des ruines et on plonge vers Raissac et au pied de son fameux mur. Le genre de mur ou tu prends 250m de D+ en moins d’1km. Je sens que ça va être compliqué cette histoire et ça se ressent sur mon système digestif …
Malgré mes efforts qui m’ont semblé surhumains, Mickaël me fond dessus dans les derniers 100 mètres
donc petite pose « pipi ++ » juste avant le mur et là, alors que j’attaque l’ascension, grosse surprise, j’ai Mickaël juste dans mes rétros, que je n’avais pas vu depuis un moment. Je n’avais vraiment pas prévu son retour. Je vais alors donner tout ce que j’ai ou plutôt ce qu’il me reste dans cette montée. Désolé pour le photographe placé mais pas le temps de sourire ou de montrer mon meilleur profil. Malgré mes efforts qui m’ont semblé surhumains, Mickaël me fond dessus dans les derniers 100mètres. Je n’ai pas pu lutter. Pour moi la messe est dite, je me suis fait coiffer sur le poteau.
Bon sur l’ensemble de mes sensations et de l’épreuve je me dis que c’est mérité. Mais un sursaut d’orgueil me dit de ne pas lâcher car il reste 3 à 4 kilomètres assez ardus, roulants, limite descendants mais vraiment casse patte avec une dernière descente courte mais exigeante. Donc je m’enlève les doigts et je me dis que je verrais plus tard pour abdiquer ou pas. Je dois m’employer pour lui revenir dessus dans ce sentier hyper technique avec toutes ces pierres et rochers qui attendent le moindre de nos faux pas pour nous faire une petite marque d’affection.
finalement d’un commun accord on finit par se dire qu’on peut finir ensemble
A 2 kilomètres de l’arrivée, j’ai refait la jonction. On cavale à bon rythme et je n’ai pas envie de lutter ou de m’imposer pour le doubler et être chassé à mon tour. En plus difficile de trouver un passage assez large pour le faire. Forcément je sens qu’il s’inquiète de ce que je veux faire, donc je lui signale que je suis bien calé derrière lui et que je n’ai pas vraiment envie de le doubler. Et finalement d’un commun accord on finit par se dire qu’on peut finir ensemble. On a l’air content tous les 2, et ça permet de poser les armes un peu avant l’heure, de discuter gentiment.
Mais avant la dernière descente, y’a un gars qui nous revient dessus et qui ressemble à 2 gouttes d’eau (peut-être plus, mais le manque de lucidité n’aidant pas) à un des mecs qui était dans le top 5 avant Monségur. Je préviens Mickaël et donc petit coup de speed sur le moment, et je me remets en mode « course » pour faire la descente finale et je prends une certaine avance. En fait fausse alerte car c’était un concurrent du 20km. Du coup, je ne partage pas vraiment l’arrivée sur l’esplanade de Lavelanet avec Mickaël comme cela aurait dû se faire. Je ralentis et on bipe ensemble comme entendu. C’est la moindre des choses … mais j’ai été vraiment à 2 doigts d’avoir tout faux sur cette course aujourd’hui, des sensations à la gestion du final avec Mickaël. Et donc le fait de partager cette victoire avec Mickaël va presque sauver ma journée.
Bilan :
Comme raconté, j’ai subi l’épreuve et j’ai clairement été le moins performant en montée, au moins de ceux du top 5. Ce n’est donc pas la meilleure journée de ma vie alors que le parcours est vraiment complet et exigeant avec donc un vrai trail comme je les aime. Pour le coup j’ai été donc sauvé par ma technique de descente. Forcément je suis content d’être venu ici, d’avoir fait ce parcours complet et obtenu une deuxième victoire pour ma deuxième participation … mais pas de quoi s’enflammer, mais alors vraiment pas.
Mickaël a vraiment été le maillot à pois de la journée, en tous cas au moins sur la première et dernière montée. Au niveau de ma forme, je ne me cherche pas d’excuse … bon si je me mets à faire des fouilles archéologiques, je me dis que j’ai peut-être voulu renchainer une semaine d’entrainement « classique » juste après mon épisode « trachéite » contracté 10 jours avant l’épreuve et que j’ai pêché niveau fraicheur, mais personne ne m’y a forcé … donc les principaux concurrents ont été à la hauteur de l’évènement et étaient mieux armé en montée que moi le jour-J. Mais comme un trail peut se « gagner » aussi bien en montée qu’en descente, j’ai réussi à sortir mon épingle du jeu.
Nicolas Miquel (Crédit photos : RunningMag / AfumTeam / Annie Marie Tylutki)
>>> Les résultats du trail des Citadelles : 70km 40km 22km
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