Premier rendez vous important de 2016 (et premier rendez vous important de la saison depuis de longues années puisque cela fait mon septième dossard sur cette épreuve), L’Ecotrail de Paris me fait toujours autant saliver en cette mi-mars 2016.
La prépa qui s’est bien déroulée depuis début janvier devait nous amener Sissi et moi en pleine possession de nos moyens sur la ligne de départ située à Saint Quentin en Yvelines et l’idée de rejoindre la tour Eiffel me plait toujours autant. C’est donc ultra motivés, avec Sissi, que nous rejoignons Paris en train la veille… Tout se déroule comme prévu. La semaine précédent la course nous a permis de capitaliser un peu de sommeil et suffisamment de récupération pour arriver frais sur la ligne de départ…
Le staff du team est prêt lui aussi, bien habitué à cette course et à son scénario de course rapide. Arnaud, venu de Besançon complète la tribu Asics aujourd’hui et nous sommes donc 3 à prendre le départ sous les couleurs du team avec beaucoup d’envie. Comme chaque année, les goélettes nous précèdent de quelques minutes, le temps de dire bonjour à toutes les connaissances au départ: organisateurs et coureurs… Et déjà il est l’heure de partir pour un long raid que je sais groupé au début pour finir souvent isolé sur la fin… Au moins en tête de course.
L’allure de départ est effectivement ultra rapide puisque nous partons sur des bases de 3’30/ 3′ 35″ au kilomètre le long du lac de Saint Quentin. A ce rythme là, le tri est très vite fait et nous nous retrouvons 5 à jouer des manivelles en tête de course : Arnaud Perrignon (mon pote de team), Yoann Stuck (qui a l’air très en jambe), Jérémy Pignard, membre de l’équipe de France de 100 km et ultra rapide, Nicolas Duhail, que je ne connais pas encore à ce moment là, et moi même;
Les relais sont appuyés et c’est principalement Yoann et Jerémy qui prennent les commandes jusqu’au premier ravitaillement à Buc où nous passons en 1h 24 environ (je pense que c’est un record). Rien à signaler sinon que le rythme est très soutenu et que tout le monde semble avoir la socquette légère… Et que nous sommes souvent en file indienne ! Ravito express made in Laurent le big boss du staff qui me permet de sortir rapidement du premier ravito, ce qui n’est pas dans mes habitudes (je traine souvent un peu trop à mon goût…). Deux minutes plus tard : rassemblement du groupe de 5 et rebelote pour un rythme effréné ! 🙂 A ce petit jeu là, Jérémy Pignard et Arnaud prennent tour à tour un coup de mou et c’est à 3 que nous continuons la course à partir du 37ème kilomètre environ…
Normalement, moins on est de fous et moins on rit… Mais là, non! On enchaîne encore et encore des kilomètres à des allures autour de 3’40 » au kil et des montées sèches avalées sans baisser de rythme et en cadence. Ce qui a tendance à étirer un peu le groupe. Au kilomètre 44 avant l’arrivée au point d’eau et de contrôle à Meudon, nous arrivons tous les 3 groupés. Je mets plus de temps à me faire contrôler car je prends le soin de montrer tout mon matériel obligatoire et surtout plus de soin à remplir alors que Yoann et Nicolas file tout de suite. Je m’en veux car au rythme où nous évoluons chaque seconde perdue peut coûter cher… Je pense repartir avec 1 petite minute de retard sur Nicolas et entre 30 secondes ou 40 sur Yoann. Je vois qu’ils ne baissent pas de pied et suis en colère contre moi-même. Je me sens bien et garde donc mon calme en me disant qu’il faut que je revienne progressivement pour ne pas le payer plus tard. Malgré tout, je dois fournir l’effort car devant l’allure ne descend pas, je le vois bien de loin à l’attitude de mes deux camarades de jeu…
Finalement c’est 10 kilomètres plus loin que je fais la jonction en arrivant au ravitaillement suivant kilomètre 55 à Chaville. Laurent me tend les bidons et mon ravitaillement et je me sens encore lucide bien qu’un peu essoufflé par la poursuite. Je ne prends cette fois ci pas le temps de souffler et repars du ravito avec les gars pour ne pas subir le même revers que précédemment. J’ai pris deux bidons pleins en précaution car j’ai peur de payer mon raid avec des crampes dans les minutes qui viennent… Surement un peu trop chargé, je cède du terrain dans la bosse qui suit et sens que l’énergie laissée quelques minutes auparavant me manque. Je bois beaucoup pour prévenir une panne musculaire et me décide en sachant qu’il me reste un peu moins de 50′ de course, à vider un peu mon bidon pour me délester un peu du poids de mes 1,5l d’eau.
Yoann et Nicolas ont disparu et je dois faire face à un un bon coup de mou qui ne me semble pourtant pas rédhibitoire car j’ai bonne allure sur le plat encore. Je me calme de nouveau et essaie de me concentrer sur mes sensations pour surmonter cet épisode mais manque de lucidité et m’engage sur une mauvaise voie à l’entrée du parc de Saint cloud au km 63. Je mets peu de temps avant de m’apercevoir de mon erreur car le balisage omniprésent manque bizarrement … et effectivement en me retournant, j’aperçois au loin des coureurs / coureuses du 50 kilomètres s’engager sur la droite ! Là, je suis maudit, me dis-je ! L’écart qui était de 1’30 » grandit à 3′ en l’espace de cette erreur et c’est avec cet écart que j’arrive au ravitaillent de Saint Cloud après avoir essayé de limiter les dégâts ! Laurent essaie de me motiver et me dit qu’il faut que je prenne des risques en forçant l’allure.
Étant donné les circonstances, il a raison mais je sens que les deux rushs précédents vont peser dans les derniers kilomètres. Et c’est effectivement le cas ! Je termine cet Ecotrail à bonne allure, mais je sens bien que je n’ai pas les jambes légères et le dynamisme des deux dernières éditions. Je terminerais cet Ecotrail en 3ème position, avec le bonheur de croiser une partie de ma famille et belle famille sur les quais et une autre partie à l’arrivée, (dont mes deux très chers loulous, toujours fidèles au poste ;)) et le sentiment d’avoir donné le maximum. Je félicite très sincèrement Nicolas et Yoann avec qui on aura fait un bon bout de route car ils avaient tous les deux des jambes de fou aujourd’hui et méritent bien ces deux premières places. Les chronos parlent d’ailleurs d’eux-mêmes…
Je dois encore beaucoup au staff du team qui aura assuré un maximum une fois de plus ! Enfin, je ne peux terminer ce récit sans parler des minutes qui ont suivi mon arrivée, entre mélange de protocole bien sympa et impatience de savoir où en est Sissi … Finalement, ma grande consolation sera de la voir arriver en tête sur cette ligne d’arrivée après deux années d’infortunes diverses ! La double gagne sur une grosse ne sera pas encore pour cette fois-ci, mais très honnêtement, de la voir gagner ici est pour moi symbolique et efface les regrets de ne pas l’emporter. Cela fait 3 ans que l’on préparait une belle victoire comme celle-ci pour elle. Pour moi, une partie de la boucle est bouclée à Paris !
Reste un doublé à réaliser un jour peut être, mais là c’est encore une autre histoire… La suite, c’est la saveur de ces deux podiums et le partage avec nos proches et l’organisation de ce protocole commun ! Un double podium à Paris, ça se fête !
Emmanuel GAULT