9″45 au 100m, plus rapide que les 9″58 d’Usain Bolt ! Le buzz est réussi… 4 ans après ! La vidéo date en effet de 2011 (voir ci dessous).
La petite histoire
Justin Gatlin s’est prêté à une expérience assez drôle comme seuls les japonais savent nous les concocter. Il a couru il y a 4 ans un 100m sur piste où étaient disposés tout au long de la ligne droite de très grands souffleurs, ceci pour l’aider à courir le plus vite possible. Résultat : un record du monde (non-officiel bien sûr) de 9″45 ! Plus rapide que les 9″58 établis par Usain Bolt en finale des mondiaux 2009 à Berlin.
Gatlin avait bien joué le jeu. D’ailleurs, était-ce pour faire un pied de nez à Usain Bolt ? Allez savoir. En tout cas, il est remonté même encore aujourd’hui : il a annoncé récemment qu’il allait gagner cette année (aux Jeux de Rio). A 34 ans, ce serait bien sa dernière chance. Personne n’a pour l’instant battu Usain Bolt lors d’une finale !
Analysons
Cette performance aidée par des souffleurs n’est donc pas valide, puisqu’un vent de 2m/s maximum est autorisé. Dans les conditions de ce sprint, le vent est estimé à 20m/s. De plus, on peut voir que Gatlin a légèrement anticipé le signal de départ, ce qui fait gagner de précieux centièmes. Rappelons que le temps de réaction est limité à 0,100 s (temps minimal que met un signal nerveux pour aller des oreilles aux jambes en passant par le cerveau).
D’un aspect pratique et technique, il n’était pas si évident de résister au vent. Maryse Ewanjé-Epée, détentrice de nombreux records de France en saut en hauteur, commentait avec sens et humour : » le plus difficile ici n’est pas d’aller vite mais bien de ne pas tomber avec un tel vent dans le dos ! Il faut effectivement être un Justin Gatlin (bas et large) pour arriver à rester sur ses cuissots ! La sur-vitesse n’est pas un petit exercice donné à tous. Beaucoup se seraient plantés le nez sur la piste comme des poireaux à la sortie des starts avec 20 m de vent arrière ! »
La sur-vitesse est un exercice que les sprinteurs travaillent (notamment avec une légère descente) pour améliorer leur fréquence gestuelle et apporter au niveau musculaire et nerveux. Un connaisseur précisait également, en se référant au cyclisme : » L’exercice de sur-vitesse est un exercice connu des athlètes et probablement un des exercices les plus difficiles, en terme de contrainte physique pour un sprinter ça n’est pas comparable avec un cycliste . Plus votre masse se déplace vite plus la charge au sol est importante , les pneus ce sont les pieds … »
Extrapolons
La soufflerie … une idée à creuser ? Les cyclistes, pour continuer le parallèle, utilisent déjà ce système pour travailler l’aérodynamisme si important. Avec les millièmes à gagner en sprint (athlé), peut-on voir la même chose, et y a-t-il un intérêt ? Pierre-Jean Vazel, consultant athlétisme au journal Le Monde et ex-entraîneur de Ronald Pognon et Christine Arron, répond à la question : » Pour les coureurs, les facteurs aérodynamiques sont négligeables. On utilise le vent pour la résistance mais les coureurs ont horreur de ça car ça donne de mauvaises sensations. On préfère le gilet lesté, le chariot (ou autres systèmes de cordage avec poulie), les parachutes (mais ça reste instable) et les côtes. »
Le docteur Didier Souveton, directeur général à Métabolic Balance, explique : » La faible vitesse d’un sprinter (comparée à un cycliste ou des véhicules motorisés) ne permet pas de gagner grand chose à tenter de les travailler : la résistance augmente avec la vitesse selon la formule suivante : Ra = ½ ρ SCx Va². Par ailleurs La résistance de l’air est proportionnelle à la surface frontale et au coefficient de forme aérodynamique Cx… La surface frontale dépend de la morphologie (taille, largeur d’épaules, etc.), mais surtout de la position de l’athlète. J’imagine bien que les contraintes techniques de l’efficacité du sprint limitent les positionnements idéaux. »
Pas d’utilisation de la soufflerie en vue pour les sprinteurs !
Mathieu BERTOS