Olivier est atteint de spondylarthrite ankylosante diagnostiquée en 2009, une maladie inflammatoire articulaire, chronique, qui atteint surtout la colonne vertébrale et le bas du dos. Lors des crises, les ligaments et les tendons se calcifient.
Il nous raconte ici comment il s’est mis à la course à pied et a participé à sa première course, un trail de 25km !
« Aujourd’hui le plus difficile c’est le sentiment de se sentir diminuer physiquement. Et comme je ne l’accepte pas, comme je refuse de m’apitoyer sur mon sort, alors je me « bas ». Parfois un peu trop, ce qui provoque de nouvelles crises. A moi de trouver le juste milieu. Mais une chose est certaine : depuis que je cours 2 à 3 fois par semaine, je ne prends quasiment plus d’anti-inflammatoires. Cette magnifique opportunité s’est présentée à moi. Pour combien de temps ? Je n’en sais rien ! Alors, de manière un peu égoïste je me dis : Profitons-en !
Je me suis mis à courir sur un coup de tête en avril 2015 et aujourd’hui je prends toujours du plaisir à le faire. Je me fixe des « micros » objectifs et me suis même inscrit à une course le 21 février dernier.
(Alors cette course ? Comment s’est-elle déroulée ?) Et bien déjà, je ne suis pas mort ! J’ai franchi la ligne d’arrivée avec une petite ampoule sur un des orteils gauche et une grosse douleur en haut de la cuisse droite. A l’heure où j’écris ces quelques mots je ne peux quasiment plus marcher. Mais ce n’est pas grave car je m’y attendais. Et pour être honnête avec vous : JE SUIS HEUREUX ! J’ai atteint mon objectif : réussir à parcourir les 25 Km ! Et pourtant, lorsque je me suis inscrit au mois de septembre, le pari n’était pas gagné. Mes douleurs aux jambes et au dos sont revenues après notre déménagement (c’était trop beau pour durer) et j’ai dû reprendre ma canne de temps à autre. Gros coup au moral, moi qui pensais avoir trouvé la solution et être (en partie) débarrasser de cette foutue maladie qui me handicape de jour en jour …
Et puis j’ai songé à cette « niaque », celle que j’ai eue quelques mois auparavant et qui, après avoir (re)tenté le cyclisme et la natation (sans véritable résultat), m’a poussé à essayer la course à pied. J’ai donc repris du poil de la bête et j’ai persévéré jusqu’au jour J. Lorsque je suis arrivé sur les lieux vers 8 h 00, j’étais à la fois excité et impatient de prendre ce premier départ. Petit échauffement d’une quinzaine de minutes et me voilà à quelques mètres de la ligne, attendant que le top retentisse. Mais à 8 h 30 : RIEN ! Au lieu d’entendre le signal de départ, à quoi avons-nous eu droit ? Je vous le donne en mille : un morceau d’Ennio Morricone …
Sauf erreur de ma part, il s’agissait de la musique du dernier duel dans « Il était une fois dans l’Ouest » ! Je trouvais ça ridicule mais soudain, plus de boule au ventre et une envie encore plus grande de me lancer ; ce que nous fîmes tous quelques secondes plus tard ! Devant toute l’euphorie du public j’avais qu’une envie : accélérer. J’ai résisté. Puis vinrent rapidement les bouchons. Avec presque 1200 coureurs au départ, forcément, dans des escaliers d’un mètre de large ça bouchonne. Les premières « côtes » se sont donc faites en marchant … Et c’est bien. Ou du moins c’est ce que je pensais. Course, bouchon, course, bouchon, 5 ou 6 fois de suite c’est un peu comme du fractionné, non ? Je me dis que j’aurais peut-être dû donner un peu plus. Du coup je suis arrivé au ravitaillement en un peu plus d’une heure assez facilement.
Regain d’énergie et me voici au 14ème kilomètre ; les choses se gâtent… Tout d’abord gros gros embouteillage, genre ceux sur l’autoroute quand tu pars en vacances ! Puis, lorsque ton allure est bien cassée, tu t’aperçois que la prochaine étape c’est « via ferrata » !!! La pente était telle qu’une corde d’escalade fut mise à disposition pour éviter les glissades. Un tiers des coureurs devant moi se sont retrouvés les fesses par terre ; c’était un peu limite… Ensuite les choses se compliquent : ai-je fait un « faux » mouvement durant la descente ? Est-ce moi qui me suis trop « refroidi » ? Bref, grosse douleur en haut de la jambe droite. Qu’à cela ne tienne, je sers les dents et je continue…
La douleur est de plus en plus forte. Il me reste environ 8 km. Je ne vois qu’une solution : mettre mes écouteurs ! Je me suis donc laissé bercer par la musique et j’ai repensé à tous ceux qui, lorsque je postais sur Facebook mes différentes sorties, m’ont fait part de leur soutien, de leurs encouragements ou ont tout simplement cliqué sur « j’aime ». Cela m’a aidé à continuer et je dois vous avouer que, de cette manière, j’ai pu tout doucement terminer la course. Merci d’avoir lu jusqu’au bout ! lol »
Olivier Avakian