Le trail, au même titre que l’athlétisme, est touché par le problème du dopage. La pratique est encore plutôt récente et les primes offertes aux premiers lors des grands événements n’atteignent pas les sommes que l’on peut trouver sur les grands marathons par exemple.
Les enjeux financiers n’attirent pas encore les plus avides de succès prêts à se fourvoyer dans la tricherie. Il n’y a pas à priori d’organisation pour le dopage Cependant, les moyens financiers grandissent et les marques de sport diverses et variées donnent une importance grandissante à la pratique. La réussite sportive et sociale comptent clairement de plus en plus. Cette pratique si particulière, où l’on est confronté à des conditions naturelles difficiles (météo, dénivelé) sur des distances très longues, pousse certains à se soulager des douleurs, à courir coûte que coûte.
Les cas
C’est alors l’auto-médication qui peut conduire à du dopage, par négligence le plus souvent.
Ce fut le cas de Sandrine Prissé lors du Grand Raid des Pyrénées 2013 qui avait pris du Solupred pour soigner une douleur à la hanche. Elle ne savait pas que le médicament contenait une classe de corticoïdes interdits. Elle a été suspendue 6 mois et sa 2nde place du GRP annulée.
Des cas plus lourds ont déjà été répertoriés, comme du dopage à l’EPO. Ce fut le cas de Clarisse Horeau lors du Grand Raid de la Réunion en 2011. Sur le Grand Raid du Morbihan en 2012, Stéphane Berthe s’était lui fait prendre aux corticoïdes et anabolisants (2 ans de suspension dans les deux cas). En 2012 dans le Pays Basque Espagnol, trois coureurs ibériques pris par la patrouille (EPO, anabolisants, cannabis). Sur le Trail des Anglais (Réunion) en février 2015, 6 cas de dopage dont 1 avec des produits ne pouvant justifier de la négligence (infos Fred Bousseau).
Récemment, c’est un cas inédit avec celui de Laureline Gaussens, qui a d’abord été suspendue puis la sanction annulée après avoir pu prouver son innocence. Contrôlée positive à la morphine sur un trail en Côte d’Or en mai dernier, elle a prouvé que la substance n’était pas médicamenteuse mais naturelle : le pain consommé le matin de l’épreuve contenait des graines de pavots, un aliment qui peut se métaboliser en morphine ! » J’espère que mon expérience malheureuse servira à d’autres et qu’il y aura désormais plus de prévention sur ce sujet-là « , disait-elle.
Les cas concernent donc aussi bien les coureurs à l’avant du peloton comme ceux qui sont plus en retrait. Un des derniers cas a concerné Delphine Ther sur le trail des Castors 2015, ou l’analyse a révélé une falsification du contrôle antidopage. Rappelons que les décisions sont disponibles dans leur intégralité sur le site internet de la FFA rubrique « Médical » partie « Décisions dopage ».
Les conduites à tenir
> si vous ne voulez pas commettre une erreur qui pourrait vous coûter, entre autre, plusieurs mois de votre pratique en compétition, pensez à indiquer votre pratique sportive au docteur ! Vérifiez les contre-indications, et au besoin renseignez-vous. Avec les maladies telles que les rhumes, on a vite fait de commettre des erreurs. Le nombre de trails pousse toujours à courir, chaque week-end : sauter une course en période de médication peut vous éviter les bêtises.
> évitez les compléments alimentaires sur internet. 50% d’entre eux seraient frelatés à la nandrolone ou à la testostérone. Beaucoup de sportifs ne font pas attention à ce qu’ils achètent ! Les compléments alimentaires présents en pharmacie sont normalement labellisés et garantis sans produits actifs.
> toujours se renseigner avec rigueur : toute personne peut aller consulter le site de l’AFLD (Agence Française de Lutte contre le Dopage) où la liste des produits interdits est actualisée chaque année. Il existe également un numéro gratuit avec « Ecoute dopage » au 0 800 15 2000 (appel gratuit et anonyme depuis un poste fixe).
> demander en dernier recours une AUT : Autorisation d’Usage à des fins Thérapeutiques. C’est un système créé en 2007 qui permet aux athlètes malades ou blessés d’utiliser sous certaines conditions certains produits ou substances interdites dans le but de se soigner. Il faut faire une demande sous forme de dossier, écrit par l’athlète et le docteur prescripteur, qui sera examinée puis validée ou non par l’organisme.
Conclusion
Les contrôles en trail sont une bonne chose pour continuer à lutter contre ce fléau. Ces mesures sont tout de même limitées car un contrôle coûte plus de 600€. Il faut bien tenir compte des conduites à tenir ci-dessus pour limiter son ampleur.
Rappelons que la douleur ou les blessures sont des signaux d’alarme que le corps nous renvoie en cas de dépassement de ses capacités. Être au départ d’une course, c’est les accepter car elles font partie du sport. Vouloir faire taire la douleur ou améliorer ses capacités, c’est tricher avant tout avec soi-même. C’est tricher avec son corps, que seul le travail peut naturellement faire progresser. Le trail, c’est la vérité de tous ses entraînements passés et de sa force de caractère réunis. Respecter son corps, c’est se respecter soi-même tout entier.
Mathieu BERTOS
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