Pas très difficile de nous convaincre pour venir sur le Gruissan Phoebus Trail chaque année. Première manche du TTN (Trail Tour National), un superbe parcours ludique mais très exigeant, car nerveux à souhait, une organisation parfaitement menée par une équipe de bénévoles passionnée, un plateau relevé à chaque édition …
Nous revoilà donc motivés pour une nouvelle participation à ce premier grand rendez-vous 2016 !
Pour ma part, j’y reviens donc pour la 5ème année consécutive. Je m’étais lancée sur le petite distance (Trailhounet) en 2012. Je faisais alors mes premiers essais en trail ! Une 2ème place surprise à l’arrivée, 2 minutes derrière Julia Combe, que du bonheur ! En 2013, j’ai tenté la bascule chez les grands, sur le 50km (environ 1500mD+). Plutôt satisfaite des sensations et du résultat, je signe pour une nouvelle 2ème place, à 2 minutes d’Aline Coquard. 2014 et 2015 se ressemblent, avec encore et toujours des 2ème places …. Bref, le Pheobus Trail et moi, on forme un beau duo depuis 5 ans ! La série des 2 va t-elle s’arrêter cette année ?? Bonne question ! Ça serait plutôt une bonne nouvelle qu’elle se poursuive, avec ce plateau annoncé au départ. Quoi qu’il en soit, on sait qu’on va prendre, une nouvelle fois, du plaisir sur ce parcours magnifiquement tracé dans le massif de la Clape, c’est bien là l’essentiel.
La météo se n’annonce pas extraordinaire ce week-end de Saint Valentin à Gruissan. Vent, pluie, … Ça risque de glisser sur les cailloux mouillés, il va falloir la jouer : prudence !! La prise de risques, ce n’est vraiment pas notre spécialité avec Manu. Mais fort heureusement, le ciel semble se dégager tranquillement ce dimanche matin à l’approche du départ. Arrivés la veille, nous avons pu épingler nos dossards au saut du lit, et prendre le temps de préparer nos affaires. Pas de stress logistique aujourd’hui ! La femme de Thomas Saint Girons récupère nos sacs d’assistance pour les confier ensuite aux parents de Manu qui s’occuperont de lui. Merci Fabienne ! C’est Sylvie et Marc qui gèreront mes ravitaillements sur le parcours, un grand merci aussi à eux.
Nous arrivons juste avant le départ du 25km à 8h30. L’occasion d’encourager les coureurs qui s’élancent au passage, puis de tester les jambes sur quelques foulées d’échauffement. Je ne me sens pas dans une forme des grands jours, je le confie à Manu. La nuit a été très courte. J’ai hésité, jusqu’au moment du départ, sur le modèle de chaussures à enfiler, et sur le mode de portage à adopter … Ça sera finalement, Asics Fuji Lyte aux pieds. Encore jamais testées en compétition. J’opte pour le système de porte-bidon simple, avec bien sûr, la contenance obligatoire glissée à l’intérieur : un bidon de 650ml plein, une flasque de 350ml, et une 3ème flasque de 500ml, mais que je décide de ne pas remplir. Pas la place de toute façon ! Avec 2 barres, la couverture de survie, le sifflet et la balise GPS que l’organisation m’a demandée d’emporter (j’avoue, j’ai un peu ronchonné … Ça pèse ce truc !) : mon porte bidon est plein à craquer ! Mais il est nécessaire de prévoir, puisque le premier ravitaillement n’est situé qu’au 30ème kilomètre. Rien avant. J’espère ne pas manquer avec seulement 1l pour tenir entre 2h30 et 2h45 de course …
Au départ partie avec un simple tee-shirt manches courtes, je décide finalement, à peine 10 minutes avant le GO, d’ajouter une tee-shirt manches longues en dessous, en plus des manchettes. Décidément, je ne sais pas ce que je veux aujourd’hui !! J’espère que je ne serais pas aussi hésitante pour avancer sur le parcours ! Allez, hop, un dernier pipi et je me place derrière la ligne avec l’ensemble des coureurs. 50km individuel et relais, ça fait du monde au départ ! Les favoris aux avant-postes : Fabien Chartoire, Sébastien Spehler, Nicolas Miquel, Maxime Cazajous, Julien Jorro, Damien Vierdet, Thomas Saint-Girons … et mon chéri bien sûr, à qui je souhaite une belle course, accompagné d’un bisou de courage. Chez les féminines, sont annoncées, Amélie Sparfel, tenante du titre 2015, Aline Coquard, tenante du titre 2013, Véronique Chastel, Karine Sanson, Lucie Jamsin, Juliette Blanchet, Marie Dohin, ou encore Jocelyne Pauly. On ne devrait pas s’ennuyer quoi !! Allez, le décompte des dernières secondes est lancée, il est 9h, le départ est donné !
Comme d’habitude, ça part vite, avec un premier kilomètre passé en 4’10. J’ai laissé partir un groupe de 5/6 filles devant, en me raisonnant : « ne t’emballe Sissi, fais ta course à ton rythme ! » Le célèbre mur à 1,5km du départ calme tout le monde, nous y voilà. J’ai doublé 2 féminines dans la bosse, dont Amélie que j’encourage au passage. Les spectateurs sont nombreux, quelle ambiance ! Je me cale dans la foulée d’Aline Coquard à la relance, et reste derrière une bonne grosse demi-heure. Nous sommes alors, 3 et 4ème d’après les informations des supporters sur le bord du sentier. Lucie n’est pas très loin devant, nous la gardons en ligne de mire un bon moment aussi. On enchaîne les petites bosses, alternance de montées, descentes, c’est ludique, mais usant ! Et c’est d’ailleurs le piège en début de course : de s’épuiser sur cette première partie de course. Les nombreux cailloux au sol en font trébucher et même chuter plus d’un. Mais je parviens à rester sur mes deux pieds, ouf !! Je ne me laisse pas distraire et reste bien concentrée pour éviter les mauvaises surprises.
Je vois Aline marcher dans une montée, et j’ai l’impression que son rythme ralentit un peu. C’est vrai qu’on ne s’est pas endormies sur ce début de course, j’espère qu’on ne va pas le payer par la suite. Je finis par la doubler, en imaginant prendre le relais pour faire le train à mon tour et lui permettre de souffler peut être un peu. Je la pensais juste derrière, mais quelques minutes plus tard, je me rends compte qu’elle a décroché, je ne la vois plus. Bon, je suis donc passée 3ème, les 2 premières sont annoncées à peine une minute devant. Essayons de garder le rythme et de ne pas trop les perdre de vue. J’accroche un wagon de 3/4 gars qui semblent être sur de bonnes allures pour faire le rythme. Je me régale toujours autant sur ce parcours en zigzag et en multiples relances, mais que je souffle fort !
1h05 de course, on a dépassé le 12ème kilomètre. J’économise mon eau, et je suis plutôt fière de ne pas avoir encore terminé ma première flasque. Ça devrait tenir jusqu’au 29ème. Par contre, il faut que je pense à avaler quelque chose. Je mange une barre à l’amande, elle passe bien. Je la laisse fondre sous la langue, difficile de manger à ces allures. Jusqu’au premier ravitaillement, environ 30ème kilomètre, tous les voyants sont au vert ! J’ai l’impression d’être régulière, mais peut être un poil trop rapide … c’est vrai que je suis allée plus vite que l’an dernier, avec 5 minutes d’avance sur mon temps estimé (temps de passage 2015) au premier ravitaillement. 2h35 de course. Je retrouve Sylvie et Marc, ils gèrent et me tendent un bidon rempli, mes barres. Je bois deux verres de coca, un shot Energy Isostar, et repars après avoir pris des nouvelles de Manu. Merci à mes ravitailleurs du jour, et merci aux nombreux encouragements aussi, qui aident bien !
On embraye direct en montée après la sortie du ravitaillement. Je prends alors subitement un gros coup de bambou !! Plus de jambes, plus d’énergie, … Je me traine pour avancer. Oulala ma Sissi, tu payes un début de course trop rapide ! Je regrette aussi d’avoir ingurgité autant de sucre au ravitaillement, je fais peut être une petite hypo réactionnelle … Pas de panique, ça va peut être revenir. Je ralentis l’allure pour souffler un peu et me rassure comme je peux en me disant qu’on a fait le plus dur. En fait non, la course commence maintenant, et je sais très bien que ça peut revenir derrière. Mais dans ces moments là, il faut POSITIVER !! Le gars qui me suit derrière ne semble pas au mieux non plus, je crois qu’on va être nombreux à serrer les dents pour terminer. L’avantage, c’est que j’ai le parcours bien en tête, à force d’y revenir, et que je peux anticiper les difficultés. Certains trouveront peut être que c’est plutôt un inconvénient remarque …
Je galère vraiment jusqu’au 33ème, et me rends compte que je commence à prendre des risques involontairement. La fatigue rend ma foulée plus rasante et moins dynamique et je chute violemment plusieurs fois. Rien de trop grave heureusement (enfin, on évaluera l’ampleur des dégâts une fois la ligne franchie), mais tout de même quelques belles frayeurs qui me rappellent que je dois être deux fois plus vigilante maintenant. D’ailleurs, j’ai les chevilles qui se tordent aussi plusieurs fois, encore un signe de faiblesse qui ne trompe pas. Je déroule sur le parcours, en essayant de faire au mieux avec cette forme vraiment moyenne. 3h10 de course, 33,5km. On traverse une portion que je n’aime pas du tout, à travers des gros rochers, comme dans une tranchée. Il faut passer de rochers en rochers, lever les jambes, sautiller, … C’est dur !!! Quelques coureurs en relais, qui ont démarré au 30ème du coup, me doublent à toute vitesse, ce n’est pas très encourageant ! Emmanuel De La Teyssonnière, manager du team Isostar, en fait partie, il essaye de me motiver en m’encourageant. Merci Manu !
À l’approche du second ravitaillement, vers le 41ème kilomètre, je me rends compte que ma montre s’est arrêtée. Sûrement lorsque je suis tombée … La cadran est resté bloqué à 3h10 et 33,5km. Peu importe, il faut donner ses dernières forces jusqu’à l’arrivée maintenant. Mes supers ravitailleurs sont en place lorsque j’arrive au stand, Clémentine brandit son panneau fait maison : « allez Sissouille, t’es la meilleure !! » Elle m’encourage avec son grand sourire ! Quel bonheur d’avoir tous ces supporters pour me booster le moral ! Allez, je ne perds pas trop de temps, je refais le plein avec Marc et repars, en essayant de me motiver pour ces 8 ou 9 kilomètres restants. Bon, j’avoue, je commence à avoir hâte d’en voir le bout là … Je remets en route le chrono pour avoir une idée de mon évolution quand même. On m’annonce la 2ème à peine 1 minute devant … Elle m’avouera d’ailleurs, sur le podium, m’avoir vu en jetant un oeil derrière à la sortie de ce ravitaillement. Pourtant, je suis plus préoccupée par une éventuelle remontée à l’arrière que cette possibilité d’aller chercher cette seconde place. Quelle idiote je suis !
Mais bon, j’ai appris à me méfier des mauvaises informations. Je me suis déjà faite avoir plusieurs fois sur d’autres courses. On me lance : « c’est bon, t’es large, tu peux dérouler tranquillement ! » et puis finalement, j’en ai une qui arrive par surprise. Ici, on m’a annoncé une avance de plus de 5 minutes sur la 4ème, mais je préfère rester prudente, rien n’est fait jusqu’à l’arrivée, il faut gérer. La forme est un peu revenue et j’ai l’impression d’avoir meilleure allure. Mais je crois que je me contenterais d’une 3ème place aujourd’hui ! À peine de temps de me réjouir que, bingo, j’aperçois une féminine derrière moi en me retournant dans une montée : oh non ! Non, non, elle ne me passera pas !! Hors de question ! Je me secoue et je retrouve de l’énergie pour recreuser un léger écart. Mais elle reste à mes talons lorsque j’arrive en bas de la dernière grosse difficulté du parcours, le dernier mur à franchir ! Court mais intense ! Il y a des chances qu’elle fasse partie d’un relais, mais dans le doute, il faut mieux accélérer hein !
Sylvie, Marc et les enfants sont là, ils m’encouragent, à bloooooc !! Michel Arnaud est placé en haut de la bosse pour faire quelques photos, et je l’entends crier : »allez Marion !! » Bon, j’ai confirmation qu’elle n’est pas loin derrière, mais je suppose aussi qu’elle forme le duo avec Michel (qui a fait la première partie, je l’avais doublé aux alentours du 23ème). Un poil plus de 2 kilomètres et c’est l’arrivée, il ne faut pas faiblir ! 700m de descente raide, suivi de 1,5km de plat sur bitume au port. Allez allez, faut rien lâcher ! J’ose regarder derrière une fois sur le port, personne à l’horizon ! Ouf ! J’ai rattrapé un coureur, sa femme l’attend en bas, elle fait quelques mètres pour l’encourager et me soutient aussi par la même occasion. Ils sont mignons tous les deux ! J’aimerais bien finir avec mon chichou moi aussi !! Mais il doit être arrivé depuis bien longtemps le mien … J’espère que ça s’est bien passé pour lui. Aux dernières nouvelles, il était 6ème.
On termine ensemble avec ce coureur qui s’appelle Camille. Dur pour nous deux, mais c’est toujours plus motivant à plusieurs ! Pas la force d’accélérer, on termine le dernier kilo, en rythme, en 4’45. À l’approche du Palais des Congrès où se trouve l’arrivée, j’entends les speakers, Chauchau et Michel, annoncer mon arrivée. Ça motive !! Pour accompagner nos arrivées, un long tapis rouge a été déroulé jusqu’à la ligne : c’est pas la classe ça ? Les derniers mètres se font donc sur le tapis. Des enfants me tendent la main par sympathie, je tape dedans et franchis la ligne d’arrivée en 4h47, accueillie par notre ami Michel Hortala, qui ne met pas 5 secondes à me tendre le micro … « Euh, attend Michel, je peux juste embrasser mon chéri avant ? » ;-)))
Manu m’apprend sa 5ème place ex-aequo avec le 6ème, Thomas Saint Girons termine 9ème. Je découvre donc la victoire de Lucie et le nom de la 2ème féminine. Jocelyne avait terminé 7ème à la Grande course des Templiers juste derrière Maud Gobert, et signé un beau 2h54 sur le marathon de Toulouse. Il était donc logique que je termine derrière ! Bravo les filles, de bien belles performances qui peuvent faire rougir quelques garçons je crois ! Pour finir d’ensoleiller cette belle journée, nous apprenons que nous avons remporté le challenge Saint Valentin proposé par l’organisation. Ahah génial ! Une belle surprise qui nous amène à remonter sur le podium pour célébrer cette victoire collective d’amoureux. Un grand bravo à tous les coureurs et un grand merci à toute l’équipe organisatrice et aux bénévoles : que la fête du sport, de l’amour et de l’amour du sport, continue, encore et encore !
Sylvaine CUSSOT
Photos : Michel Arnaud, Jérôme Santa, Sylvie Vera, Running Mag
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