Le corps est une merveilleuse machine. Oui, mais une machine vivante, et complexe ! On ne peut pas lui en demander trop et pendant trop longtemps, au risque de l’user prématurément.
Alors oui, il est capable de choses incroyables. Les exploits réalisés en trail avec un environnement difficile et ce pendant des heures, l’intensité dingue d’une course de 800m, les vitesses moyennes des marathoniens, les sorties hebdomadaires de chacun malgré le travail et toutes les contraintes de la vie quotidienne… Tout ce que le corps subit et peut subir si l’esprit le pousse sans relâche, c’est incroyable.
Mais comme toute chose vivant, il peut s’abîmer, se fatiguer, s’user en un certain laps de temps. Il peut devenir pénible, douloureux, jusqu’à ne plus répondre comme on le souhaite et entraîner avec lui un esprit pourtant si volontaire et déterminé. Courir c’est bon pour la santé. Courir beaucoup, en compétitions, ça l’est moins paraît-il. On nous préconise 3 footings par semaine pour rester dans les clous. Mais l’humain cherche à se dépasser, encore et toujours. Plus sédentaire au quotidien mais plus sportif en dehors. Comme s’il voulait se laver de tous ces moments improductifs qui l’ont encrassé. Comme s’il voulait se prouver qu’il peut faire preuve de force et de courage. Plus nous courons, plus nous occupons l’espace de notre corps. S’il peut nous emmener partout, cet espace, lui, est limité.
Alors, la performance, ou la durée? Si les meilleurs d’entre nous arrivent à faire les deux, ce n’est que le privilège de quelques-uns sur la quantité que nous sommes. Malheureusement, certains coureurs ont brûlé les deux bouts par excès, par gourmandise, et ne peuvent plus profiter de leur passion aujourd’hui. Le cartilage est usé, les os fragilisés, certains sont même remplacés par un morceau de ferraille. Ils se contentent alors de la marche, et d’applaudir les autres, car la passion brûle encore, mais le corps ne peut plus suivre. Au plus haut niveau, où le corps est un outil de travail, il faut en prendre soin. Malgré le soutien de sponsors et de personnels indiqués, il arrive un moment où les deux, trois sorties quotidiennes sont une souffrance. Avant les 35 ans, ils arrêtent les frais car ils n’arrivent plus à maintenir un état de santé stable. L’organisme n’en peut plus.
Quand se décider ? Quand est-ce on peut réagir à temps ? Quel est le moment où il faut faire une pause, où il faut réguler son activité pour pouvoir prolonger le plaisir ? Car le plaisir est le moteur essentiel pour donner de l’élan à la course. C’est en réaction à ce que nous renvoie le corps que né le plaisir. Si ce qu’il nous renvoie est la contrainte et la douleur, où allons-nous ?
Pour ne pas ignorer les signaux, il faut que l’esprit reste connecté au corps pour l’entendre et l’écouter. Anticiper l’usure en lui offrant des pauses est salvateur. L’être humain est excessif car il est toujours tenté d’aller plus loin. Mais on peut arriver à la paix de l’esprit et au bien-être du corps en équilibrant la balance. Quand le corps ne suit plus, écoutez-le, ne le laissez pas en chemin. Pour qu’il soit au meilleur de lui-même jusqu’à la fin.
Mathieu BERTOS