Nous avons été très sérieux avec Sissi durant cet hiver.
Deux semaines de régénération/repos actif après la Saintélyon, puis 3 semaines d’endurance douce pour reprendre tranquillement des bases foncières et uniquement quelques séances de 30/30 pour mettre la machine en route en ce début janvier. De bonnes bases certes, mais que des bases justement …
Et donc une condition assez précaire avec un volume réduit et un moteur loin d’être débridé. Pourtant, après 7 semaines sans dossards, l’envie était forte de remettre le pied à l’étrier avant la date prévue de rentrée fixée à fin janvier … Une épreuve très alléchante au calendrier suffira à nous convaincre d’aller se faire plaisir sur de nouveaux sentiers en Provence ! C‘est ainsi au trail du Mont Olympe que nous décidons de nous rendre, bouleversant notre calendrier et planning établi pour aller prendre des risques là bas de tomber sur « plus-en-jambes » que nous. Mais beaucoup d’envie et de fraîcheur sont là et c’est bien là l’essentiel. D’ailleurs avant de se rendre à Trets, lieu de la course, nous nous fixons comme objectif avec Sissi de se faire plaisir avant tout et de n’envisager aucun résultat. Nous sommes là pour travailler et préparer le début de saison. Point à la ligne.
Très excités à l’idée de courir ce beau profil (29 kms pour 1400 + annoncés), nous sommes un peu refroidis par la météo qui s’annonce glaciale. Mais peu importe, bien couvert et sous un beau soleil, ça devrait passer ! Une belle soirée en prélude de cette course, précédée elle-même du loto de mon école, c’est après un samedi bien rempli que nous arrivons en terres provençales dans ce beau village prêt à accueillir 1000 coureurs.
Les petites habitudes d’avant course reprennent le dessus : un petit déjeuner dans la chambre que l’on essaie d’améliorer cette année pour ne pas souffrir de maux de ventre et déjà c’est l’heure de se rendre sur le lieu de remise des dossards. Nous y retrouvons l’équipe d’organisation bien sympa mais aussi plein de trailers provençaux qui font partie de ceux que l’on aime bien revoir (Patrice dit l’argentin ! Philippe, et j’en passe…).
Le départ est donné tambour battant et la première côté est avalée à toute allure. Comme prévu étant donné le manque de condition et de dénivelé travaillé depuis 7 semaines, je suis rapidement limité dans la première difficulté. Je reste calé en 3ème position et laisse faire Fabrice Arnaud et un autre coureur qui semblent très à l’aise dans les montées. Je recolle en haut de la première difficulté dès que le sol s’aplanit mais relâche du terrain dès que cela grimpe. Je comprends vite que je vais jouer au Yoyo toute la course et qu’il va falloir être patient.
Je reste donc campé sur ma stratégie de base qui était de ne pas trop puiser les premiers 20 kilomètres puis compter les points et accélérer sur les 10 derniers kilomètres si cela était possible. Je me retrouve en effet rapidement isolé et il est difficile de garder les deux leaders en visu ce qui n’est pas très motivant. Les single techniques se succèdent et ne me laissent que peu de chances de les apercevoir. Pour autant, je garde une bonne allure et le tracé ludique et varié à souhait m’aide à avoir envie de relancer encore et encore. Nous étions venus pour nous régaler, c’est le cas !
Les montées se succèdent et je suis rejoint par un quatrième larron qui me permet de relancer l’allure. Il grimpe mieux que moi et me permet de bien m’accrocher et je relance sur le reste des portions. Finalement, au pied du Mont Olympe, nous avons les deux leaders en visu qu’on nous a toujours annoncé à une minute environ… Je décide de continuer à gérer et laisse mon compagnon me distancer. Je reste figé sur ma tactique de départ me sachant (et me sentant !) en condition limitée. Je suis de nouveau isolé mais que c’est beau et bien tracé, c’est un véritable régal d’enchaînements de monotraces, de singles, de relances, de montées raides et de portions propices à la relance.
Du coup, je relance bien l’allure et avant le ravitaillement du 19 ème kilomètre, j’aperçois deux des trois fuyards. Mes jambes sont encore très bonnes, je me dis que c’est possible si ça coince un peu devant. Au ravito du 19ème, je remplis mon bidon et bois bien. A partir de maintenant, la course change pour moi, je veux donc repartir en ayant le plein, de manière à ne pas manquer si je fais chauffer la machine… Je suis très remonté et relance très très fort sur les deux kilomètres qui suivent en faux plat descendant sur un single. Je regarde ma montre et dévale littéralement dans ce monotrace en prenant quelques risques. Je me dis qu’il faut maintenant en prendre quelques-uns si je veux revenir.
Au pied de la dernière difficulté, je reviens ainsi sur le 3ème que j’avais en visu et aperçois le second qui n’est pas loin dans la bosse. Je passe ce coureur au pied de la bosse et accélère aussi sec pour tenter de rejoindre le second le plus vite possible. J’appuie très fort et me fait bien mal aux cuisses par la même occasion mais je réussis finalement mon coup en le reprenant en haut de la dernière ascension de 200m+. On m’annonce à 1’15 s de retard et il reste environ 7/8 kilomètres à faire. Je relance fort dès la bascule mais n’aperçoit pas Fabrice qui semble avoir attaqué dans la bosse d’avant. Je sais que je gagnerais peu de temps dans les portions descendantes mais m’applique à aller le plus vite possible. En revanche j’appuie franchement et suis surpris de voir que les jambes répondent bien sur le plat et en faux plat montant. Je suis autour de 3’20/3’30 au 1000m sur ces portions et me dis qu’il est possible que je reprenne du terrain à cette allure.
Et effectivement à 5 kilomètres de l’arrivée, j’aperçois Fabrice à quelques dizaines de mètres. J’accélère encore et le passe en appuyant un peu l’allure. Je termine très fort (avant dernier kil en 3’10 au km) pour finalement terminer en 2h27et 15s (un petit demi-tour à deux kilomètres de l’arrivée car je croyais m’être égaré). Heureux de mes sensations de fin de course, un peu moins du début de course où les aiguilles étaient dans le rouge (mais je m’en doutais) et vraiment satisfait d’avoir pris la décision de venir pour se faire plaisir ! On a vraiment été servis. Je recommanderais vraiment cette course… Pour terminer quelques litres de rosé à ramener à la maison et une victoire au final partagée puisque Sisssi l’emportera aussi ! Bref, un week end comme on en voudrait plein en 2016 !!
Emmanuel Gault
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