La coupure hivernale post-Saintélyon faite, nous avons repris doucement et progressivement les chemins de l’entraînement avec Manu, en début d’année. Difficile d’arrêter un programme pour cette saison 2016, tant de nombreuses courses nous font envie !
Mais ce qui est sûr, c’est que 6 semaines sans dossard, c’est long, et que, l’un comme l’autre, avions l’envie d’en raccrocher un très bientôt. La balance penchait : Trail du Mont Olympe à Trets (manche du challenge des Trails de Provence) ou Trail des Sangliers à Balaruc (manche du Trail Tour National). C’est finalement le premier qui l’a emporté, et qui nous a donc amené à découvrir un nouveau terrain de jeu, ce dimanche 17 janvier 2016.
29km et 1400mD+ annoncés sur le papier (à noter que ma Suunto me donne après course, un cumul de 1570mD+). Un profil de course qui fait saliver, avec plusieurs ascensions promettant des vues imprenables au sommet du Mont Olympe ! La distance reste raisonnable pour lancer la saison en ce début d’année et le terrain de jeu nous est encore complètement inconnu. Mais c’est justement encore plus motivant et excitant quand on part à la découverte comme ça ! L’épreuve faisant office de première manche du Challenge des Trails de Provence, de très bons coureurs locaux sont annoncés au départ. Le plaisir également de retrouver l’équipe de choc de Provence : les Galinettes et leurs Galinours, Patrice, Philippe, Fabrice, David et sa petite famille, Pascal, … Toutes les conditions étaient réunies pour passer un bon moment dans un cadre de rêve ! Reste à commander une forme correcte pour ce jour de reprise et la journée s’annoncera parfaite.
En toute franchise, nous n’étions pas du tout en confiance par rapport à notre état de forme, mais nous venions en priorité pour se faire plaisir et se tester en ce début de saison. Pas de pression, ni de stress, il n’y a pas d’autres objectifs aujourd’hui. Très peu de dénivelé accumulé depuis la reprise, ça risquait de coincer dans les ascensions, mais tant pis, au moins, ça nous permettra de bosser ! La météo s’annonce très fraîche, avec des températures négatives au petit matin, mais le soleil devrait rapidement réchauffer les sentiers et nous aider à affronter ce froid glacial. Personnellement, je reste prudente : collant, manches longues, bonnet, … je crains le froid ! Mais on dirait que je ne suis pas la seule : au départ, 80% des 1000 participants, sont, au moins, aussi couverts que moi. Je me décide quand même à enlever la veste au dernier moment, sur les conseils de mon cher et tendre. Merci Manu !
Chaleureuse ambiance au départ, avec la démonstration des danseurs de Zumba en musique. Chaaaaaleur !! Quelques foulées quand même pour chauffer un peu la machine avant de partir (dur de sortir de la couette bien chaude ce matin à 6h45) et à 9h, on commence à s’entasser autour de l’arche de départ. 9h15 pile poil, les chevaux sont lancés ! Les premières foulées se font sur bitume pour sortir du village, mais déjà, ça grimpe doucement (mais sûrement) ! Je n’ai pas l’impression de m’endormir, mais je m’étais promise de ne pas m’emballer au départ, donc j’essaye de me raisonner. 4’25 au premier kilo, il semble que je sois partie en tête des féminines, mais Florence Houette, favorite de l’épreuve et bien connue dans la région, ne tarde pas à me doubler. Je reste au contact, pour finalement la redoubler à la relance après cette première ascension. Je me dis qu’elle repassera probablement à la prochaine grimpette. Mais en attendant, je profite de cette bascule pour me faire plaisir !
Les sensations de début de course sont plutôt encourageantes. Jambes, souffle, ok ! C’est chouette, profitons tant que les voyants sont au vert ! Suite de l’ascension, j’entends un souffle féminin qui me rattrape. Florence probablement. Quelques minutes après, une petite brune me passe devant. Petit gabarit, mais quelle rythme dans la montée ! Je ne la connais pas, mais ce qui est sûr, c’est que ce n’est pas Florence. Je la laisse partir, mais elle reste dans mon champ de vision un petit moment, lorsque l’horizon est dégagé. Le parcours me régale ! On alterne monotraces techniques et passages typés DFCI qui permettent de relancer un peu, et le panorama est incroyable ! Nouvelle ascension vers l’Ermitage de St Jean du Puy, où se trouve le premier ravitaillement. Le 9ème kilomètre est passé. Je n’ai quasiment rien bu, mais je m’arrête quand même pour remplir mon bidon complètement. Il faudra attendre le 19ème kilomètre pour retrouver de l’eau. Merci aux bénévoles, et à ma Gali’Laurie, toujours au top ! Ils m’annoncent 2ème, à quelques secondes de la première.
En effet, je l’aperçois devant en repartant. Je la recolle finalement à la bascule au sommet. Je l’encourage, et la double à la relance, mais elle reste dans mes talons et repasse sans trainer. Je décide de rester derrière en me disant qu’on ne va pas « jouer » à « tu me doubles, je te double » toute la course, mais en gardant l’allure, je finis par arriver à son niveau, j’ai l’impression qu’elle ralentit. Du coup, je finis par repasser devant. En la doublant, j’essaye d’entamer la discussion en me disant qu’on pourrait éventuellement s’entendre pour s’aider mutuellement et faire le train chacune notre tour, mais comme elle ne me répond pas, je me dis qu’elle doit être concentrée et préfère rester dans sa bulle. Je respecte, à chacun son fonctionnement. Je mène donc juste devant lorsque nous entamons la prochaine ascension, la bosse aux moutons qui emmène au pied du Mt Olympe.
On la grimpe à bonne allure, en continuant à courir à petites foulées (enfin, du moins, je n’ai pas l’impression de m’endormir !). Ne connaissant pas le parcours, je pensais avoir affaire à la fameuse ascension du Mont Olympe … Mais bon, je m’attendais à quelque chose de plus costaud quand même. En effet, une fois en haut, je lève la tête, et oui, ça continue de grimper encore un moment en fait, surprise !! Le voilà le célèbre Olympe ! Et là, ça ne court plus. Léonore (je n’apprendrais son prénom que sur la fin de course) reprend les choses en mains : je sens bien ici qu’il me manque du travail de dénivelé ! Je la laisse s’échapper. Aie aie aie, plus on grimpe, plus j’ai les mollets en feu ! Le sol se transforme en pierrier glissant et j’ai du mal à mettre un pied devant l’autre sans glisser. Je tombe plusieurs fois d’ailleurs et je me fais taquiner par David qui évolue quelques mètres derrière moi à ce moment là. C’est douloureux, mais je sais que c’est un mauvais moment à passer et que la douleur est temporaire. Au sommet, ça ira mieux ! En attendant, je profite du paysage qui s’offre à nous ici, c’est wouaaaaah !! Magnifique panorama au sommet, nous sommes chanceux d’avoir un ciel sans aucun nuage à l’horizon. 1h36 de course.
Je ne suis pas super à l’aise sur la portion de 3/4km de descente qui suit. Ma cheville se plie plusieurs fois en deux, mais sans réelles conséquences. Et là, je me dis : « ça y’est, j’ai les chevilles d’une vraie traileuse ! Ça plie en deux, mais ça fait plus mal ! Pratique ! » Mais je reste tout de même archi-vigilante ici, ça serait dommage de se blesser sur la première course de l’année. Et puis le gars qui suit derrière, il est d’accord avec moi. Du coup, ça me rassure et m’enlève une pression inutile. Non mais c’est vrai, y’a rien de pire que quelqu’un qui trépigne derrière, en te faisant comprendre que ne tu vas pas assez vite pour lui (sans parler de celui qui siffle, genre « lalalala, on se balade, qu’est ce qu’on est bien ici ! ». Bon, je me décale tout de même plusieurs fois sur le côté pour laisser passer quelques acharnés qui dévalent la pente en prenant un maximum de risques … Que personnellement, je ne prends pas ! On se retrouvera plus loin mes petits gars ! (ou pas d’ailleurs …)
À un moment donné, enfin, on est arrivés au bout de cette longue descente. Et puis, forcément, on est remontés ! Très peu de portions plates finalement sur l’ensemble du parcours, ça use, ça use, mais c’est aussi pour ça qu’on est venus. Après un passage dans une zone forestière bien agréable, nous rejoignons le second ravitaillement après le 19ème kilomètre. Plus de 2h de course. Encore une fois, la première féminine est annoncée à 30 secondes. Ce n’est pas perdu, c’est vrai, mais honnêtement, je suis déjà en train de me contentée d’une seconde place. Mon chiffre fétiche ! (si je ne me fais pas doubler d’ici là, parce que je n’ai aucune info sur les écarts derrière et j’ai peut être quelqu’un qui me talonne). Je prends le temps de bien me ravitailler avant de repartir pour ces 10 derniers kilomètres.
Une fin de course qui nous offre une belle remontée sur l’Ermitage de St Jean avant de basculer sur Trets par le domaine Grand-Boise. Les encouragements sont de plus en plus nombreux et tout le monde me booste pour tenter de recoller devant. « Allez allez Sissi, la première est juste à quelques mètres, tu peux encore recoller ! » C’est trop gentil, merci, ça me motive bien et comme je sens que j’ai la ressource pour passer la vitesse supérieure, je tente le tout pour le tout sur ces 5 derniers kilomètres (que je bouclerais au final en 20 minutes. Merci les spectateurs boosters !!). J’allonge la foulée sans réfléchir, et je me rapproche progressivement de Léonore pour arriver à son niveau à moins de 3km de l’arrivée. Je la booste à mon tour, lui demande son prénom et l’encourage à poursuivre à mon allure pour terminer ensemble : »allez allez, viens avec moi, c’est la fin, il reste 2,5km ». Elle me répond qu’elle n’avait comme simple objectif que de terminer et qu’elle n’a pas la force de me suivre. « Si si, tu peux le faire, allez viens ». J’hésite un instant à l’attendre et constatant, en me retournant peu après, qu’elle avait bien décroché, je poursuis sur ma lancée. En culpabilisant un peu, j’avoue.
Je n’ai pas souvenir d’avoir déjà effectué une fin de course aussi rapide, avec un kilomètre (sur les 5 derniers), bouclé en 3’37 d’après ma super montre GPS Suunto. Comme quoi, on se sous-estime parfois et en allant puiser au maximum, on est capable d’atteindre des allures que l’on imagine impossible à notre niveau. La force du mental, c’est dingue !
Un coureur court à mes côtés, il me soutient psychologiquement : « allez, ne lâche pas, maintiens l’allure, c’est la fin » ! Trop sympa ! On poursuit ensemble. Quelques virages à enchaîner et nous voilà face à l’arche d’arrivée. Nous la franchissons en 3h02’55. 52ème place au scratch et première féminine, et avec les félicitations du speaker. Léonore franchira la ligne juste 31 secondes après. 2ème féminine donc, mais à mon sens, elle méritait tout autant la victoire, avec une sacrée belle course effectuée du début à la fin. Bravo à elle. Je retrouve ma moitié après avoir accueilli Léonore pour la féliciter, et apprends avec joie sa victoire également. Top !
S’en suit une bonne douche avant d’avaler le repas d’arrivée des coureurs, et de rejoindre le gymnase et sa bonne ambiance d’après course pour les podiums. Merci à l’organisation pour cette belle journée, et magnifique parcours qui permet d’en prendre pleins les yeux, et pleins les jambes ! Nous voilà sur le chemin du retour à la maison, avec deux gros magnums de vin rosé et de bien belles images à coller sur les premières pages de ce livre 2016.
Sylvaine CUSSOT
Photos : Cyril Bussat, Laurie Atzeni, Laetitia Picollette
>> les résultats du Trail du Mont Olympe (vidéo de l’évènement à visionner ci dessous)