Pourquoi la SaintéLyon ? Depuis que les vacances en métropole sont calées, j’ai bien évidemment pris le soin de regarder les courses longues du mois de décembre … Malheureusement pas grand chose à me mettre sous la dent sur ce format et j’avoue que les corridas et les cross ne m’attirent plus trop.
Et puis il y a bien la SaintéLyon, cette course de 72km de nuit qui relie Saint Etienne à Lyon… Je suis les résultats tous les ans sans être attiré par cette mamie, une des doyennes de la course d’ultra endurance française qui fêtera sa 62ème édition cette année. En effet, la course est à ranger dans la catégorie « mixte », 50% de trail et donc 50% de route avec un dénivelé restreint de 2000m de montée moi qui cherche plutôt à grimper au maximum avec le minimum de route… Bon allez j’arrête de faire la princesse, c’est une institution cette course et l’ambiance à l’air géniale.
Ce sera donc ma dernière longue balade de la saison, pas un objectif du tout mais simplement un bon moyen de courir longtemps et de faire piquer les jambes pour profiter un peu plus des fêtes !! Bon j’aurais quand même un dossard donc pas d’hypocrisie ce n’est pas une sortie longue mais bien une course ou j’essaierai d’aller le plus vite possible pour faire honneur au célèbre adage: «si le dossard est accroché, le bonhomme doit se dépêcher »… Ok je viens de l’inventer ça n’existe pas…
Arrivée à Lyon
Nous voici à Lyon, « nous » car Mélanie courra la SaintéSprint (22km) avec un couple d’ami « ToulousainGs », le top de pouvoir partager ça en couple. On se décide à aller retirer les dossards le vendredi à la Halle Tony Garnier, lieu de l’arrivée inédit et majestueux. Je suis comme un gosse ou comme un asiatique à Paris puisque je prends des photos avec un grand sourire et clic la grosse basket Mizuno, Clic l’arche d’arrivée… Oh ca va hein je n’ai jamais
fait de gros événement comme ça, d’habitude c’est plus rustique sous une tente dans la montagne. Le lieu abrite un énorme salon du trail avec pleins d’exposants (marques de running, organisateurs de courses, vendeurs de livres…) . Cool plein de gens passionnés de course à pied, du coup on va mettre 2h avant de retirer les dossards. Nous passerons donc d’un stand à un autre, discussion super sympa avec Vincent de Meltonic (produits énergétique au miel et gelée royale bio) qui vient de finir la diagonale, puis le stand du « Doubs, terre de trail » avec notamment Sébastien sa saucisse de Morteau, son comté et son Pontarlier… Génial j’adore ces mecs, amoureux de la course et de la bonne bouffe !! Bref, j’arrive enfin au retrait des dossards, les bénévoles sont supers sympas, puis retour
à l’appart loué à 500m, riz et poulet (… et ptite bière avec les copains bouuuuuhhh) et soirée coolos.
Le jour J
Bon je vous épargne la visite du vieux Lyon (très beau) pour couler doucement vers le départ qui est à 0h00. Impossible de dormir (excité comme un puceron) l’après midi et j’appréhende la nuit blanche à courir car avec le décalage horaire je suis crevé à 21h depuis mon arrivée en métropole.
19h, je pars donc prendre la navette qui m’amènera à Saint Etienne, l’organisation est très bonne malgré les 8000 coureurs sur le long (plus de 15000 sur l’ensemble des courses). Arrivée au camp de réfugié de Calais parc des expositions de Saint Etienne et là, c’est l’hécatombe, des gens partout par terre dans des duvets (Cf. Photo) dont certains arrivent même à dormir !! Je retrouve Fabrice, rencontré à Tahiti lors de son tour du monde, nous nous étions donné RDV ici (le monde est petit) et nous avons décidé de courir un maximum ensemble. On mange, on papote, lui, habitué des triathlons Ironman est bien préparé et commence à me faire douter.
Allez on se met tout nu, on prépare le sac et on se change. Côté matériel ce sera la surpuissante Ferei HL2O, j’ai déporté la batterie dans le sac pour avoir une lampe légère sur la tête, le sac Inov 8 Race ultra 10 presque vide hormis la couverture de survie. Au niveau de l’accoutrement inédit pour moi (quoi ??? des manches longues, un bonnet !!!?) ce sera t-shirt technique, haut manches longues Under Armour et veste sans manche Windstopper Asics. En bas, il fait bon donc short avec cuissard Inov 8 et manchons de mollets Compressport. On ajoute un Buff sur la tête et des gants et je suis paré pour affronter un froid modéré cette année (entre -3 et 6 degrés sur le parcours). Les chaussures seront les inédites Brooks pure grit 4 récupérées à mon arrivée en France donc neuves (première connerie, faites ce que je dis mais pas ce que je fais : JAMAIS de chaussures neuves en course) et au niveau nutrition j’ai opté pour Meltonic découvert au salon de la veille et puis j’adore le miel (ça aussi c’est nouveau donc pas bien !!).
Départ >> premier ravitaillement de St Christo (16km et 425 D+)
Décidés à sortir voir où se trouve la ligne de départ, nous nous retrouvons placés au milieu d’environ 1000 coureurs proches de l’arche… il est 23h10 soit 50min avant le départ et je me dis qu’il faut être taré d’attendre autant de temps pour être correctement positionnés et éviter les bouchons des premiers sentiers. Nous avons bien fait finalement car à 23h30 tout le monde est en place soit 8000 noctambules prêts à en découdre. Le speaker est chaud bouillant, un hommage émouvant aux victimes de Paris et on sautille comme des sardines (spéciale dédicace à Patrick). Je papotte avec Benoît, un bon coureur Toulousain que je reconnais. Allez 10…9…8… Ouf il va enfin nous parler de sa course… !
C’est parti, la folie, du monde partout, on m’avait prévenu de la vitesse rapide du départ mais là j’hallucine je dois être 400ème alors que je suis à 4’20-4’30 au kilo environ (j’avais dit pas plus). On papote avec Fabrice c’est cool d’être ensemble, je tente une ou deux blagues à d’autres coureurs mais ils sont concentrés, ok pas de blaguounette pour l’instant ! 1…2…6km de plat sur la route dans St Etienne, j’en ai déjà marre et je vais payer ma première connerie, j’ai des échauffements qui me font déjà super mal sous les pieds… La nuit va être longue ! On double Sylvaine de i-Run, concentrée, un bon indicateur pour moi car avec sa super perf en 6h40 de l’année dernière je me dis que mon rythme est bien pour faire 7h (j’ai estimé que ce serait largement satisfaisant).
6ème kilo, on aborde la première difficulté avec environ 4 bornes de montée majoritairement sur la route et chemin caillouteux très large. Je garde mon petit rythme coolos et commence à doubler beaucoup de monde, certains marchent alors que la pente me semble plutôt douce, d’autres on déjà des problèmes gastriques et je surpris de la vitesse avec laquelle certains dégainent leur fesses sur le côté et remettent leur collant… D’ailleurs je ne sais pas si c’est le stress ou le froid mais je commence à me faire allègrement gazer par pas mal de coureurs qui ont du mal digérer la pasta party. Bref… la montée se termine et il y a beaucoup de monde sur le bord pour encourager, il y en aura très souvent alors qu’on est en pleine nuit, merci ça fait chaud au cœur et je mets un point d’honneur à taper dans la main à mon passage en guise de remerciement ! S’en suivront une succession de montées et de descentes dans des chemins caillouteux pour nous amener au premier ravitaillement de St Christo que je vais éviter car j’ai encore suffisamment à boire sur moi !
Saint Christo à Sainte Catherine (28km et 800 D+)
Me revoilà donc reparti, nous sommes au 16ème km et j’ai froid malgré mes trois couches. Néanmoins, au niveau cardio, je ne ressens aucun essoufflement, même dans les montées mais mon bassin est complètement verrouillé des lombaires et passant par les psoas et muscles des hanches (l’ostéo 2 jours avant m’avait prévenu que je ne serais surement pas en état). Je mets ça sur le coup de la fatigue, le froid et sans doute les 25h d’avion et comme ça me fait pas mal de coupables je peux continuer à courir déculpabilisé… Bon il n’empêche que Fabrice me reprend après un de mes arrêts pipi (première fois que je fais ça en course) et je commence à ralouiller (râler mais calmement) : « je m’ennuie, c’est trop roulant et j’ai super froid ». La route, les petits chemins de cailloux et quelques singles techniques s’enchainent toujours et je trouve un coureur qui a bien envie de discuter avec moi, j’avais auparavant fait quelques tentatives infructueuses. Heureusement que nous papotons, le temps passe vite et nous arrivons au 2ème ravitaillement de Sainte Catherine.
Sainte Catherine à Saint Genou (40km, 1200 D+)
J’ai maintenant la certitude que mes jambes ne se déverrouilleront pas, j’en oublie même mes échauffements aux pieds (point positif) et je vais devoir étirer la bête (c’est moi ça) à chaque ravitaillement entre 5 et 10min. Si je me souviens bien, cette partie est la plus technique et donc la plus rigolote, beaucoup de caillasse, des passages dans les bois et une longue montée au Signal, point culminant de la course où il fait un peu plus froid.
Je suis maintenant en mode balade même si je vais essayer de courir le plus vite que mes deux poteaux en bois me permettent de faire. Curieusement c’est dans les montées où je n’ai vraiment pas mal, je peux courir tranquillou et double beaucoup de personne. A l’approche du haut de la grosse bosse, tout le groupe d’organisateur du trail des Coursières est là autour d’un grand feu pour nous encourager, super sympa ! Ce qui est particulier sur ces énormes courses c’est qu’on ne court jamais seul, toujours des gens devant et derrière soi… D’ailleurs comme on me l’avait conseillé, je me retourne un instant et là j’avoue que le serpentin de lumière qui s’étend sur des kilomètres est magnifique à voir.
Nous descendons vers le ravitaillement de Saint Genou et je double une féminine, Maude, j’en profite pour l’encourager et discuter avec elle qui
doit à ce moment là être 5ème. Elle est sympa Maude et me dit que mon rythme lui plait, je vais donc faire un bout de chemin avec elle en l’encourageant ! Nous y voilà, St Genou, pépé s’arrête s’étirer 5 bonnes minutes en discutant avec les bénévoles, les vrais warriors de la nuit qui sont dans le froid à nous supporter et nous ravitailler, merci à eux ils étaient vraiment adorables !
Saint Genou à Chanapost (62km, 1700 D+)
Allez c’est reparti, je fonctionne maintenant en tranche de 10km avant les prochains étirement, rares sont les chemins où je m’amuse mais je trouve des gens avec qui discuter pour passer le temps. Les portions qui viennent sont majoritairement descendantes et les chemins sont beaucoup plus roulants mais quelques côtes courtes et bien raides viennent parfois casser le rythme et c’est tant mieux. Je croise quelques
coureurs en grosse défaillance emmitouflés dans leur couverture de survie, certains sont sans doute partis trop vite. Le passage à Soucieu est sympathique, les petits villages sont chaleureux avec toujours du monde pour encourager à 5h du matin, on me proposera même une bière (ils m’ont reconnu je crois) !
Bon j’essaie de mettre en valeur le positif mais personnellement j’ai toujours les jambes en bois et le parcours ne m’amuse pas vraiment, trop de route et trop de monde pour envoyer dans les descentes technique sans bousculer quelqu’un. A l’approche du 60ème km, je vois une féminine revenir, il s’agit de Sylvaine Cussot, 2ème l’année dernière et qui semble sautiller comme un cabri. Je fais un bout de chemin avec elle mais elle finit par me lâcher à la fin d’une belle montée sèche qu’elle courra en bondissant ! J’arrive à me caler à 12 km.h sur les portions roulantes et me dis que cela suffira bien pour aller au bout.
Chanapost à Lyon (72km et 2000 D+)
Allez dernier ravito, plus que 10km et c’est terminé… Alors là c’est marrant parce qu’autour de moi ça ne lâche rien, les places sont chères !! L’approche de Lyon est plus longue que prévue, on passe dans un parc aventure avec un petit single descendant qui serpente, c’est rigolo ! Parfois des mecs me doublent à fond, ce sont les relais, les solos sont moins nerveux… heureusement ! Les 3-4 derniers km sont vraiment inintéressants puisque nous traversons des quartiers de Lyon, ca manque de verdure tout ça !! Je finis par me laisser entrainer par un groupe pour terminer cette course sur un rythme assez soutenu et je passe enfin l’arche de cette magnifique halle Tony Garnier en 7h16.
Très clairement je n’avais pas coché cette course pour faire un temps mais je lorgnais moins de 7h tout de même. Au regard de la forme du jour je suis plutôt satisfait et la magie des courses d’endurance fait que le passage de l’arrivée est une victoire à part entière. Je venais me faire mal aux jambes avant Nöel, j’ai eu ma dose !!
Bilan de la nuit
La SaintéLyon est une course mythique, je suis content d’avoir pu vivre l’expérience pour en parler mais elle ne me correspond pas. Au delà de mes jambes qui n’ont pas voulu, je me suis beaucoup ennuyé et je ne cours pas en nature pour être sans arrêt entouré de monde même si j’adore partager l’expérience et discuter !!
Trop de route, trop plat et pas assez technique et même si j’étais parfaitement au courant, la SaintéLyon ne me reverra pas. Néanmoins, beaucoup de points positifs sont à ressortir. L’organisation est très bonne, les bénévoles étaient adorables et les gens sur le parcours très chaleureux ! Je retiens également cette image si courante sur internet du long serpentin de frontale circulant dans les Monts du Lyonnais et la possibilité de croiser des grands champions et championnes ! Croiser les Cori, Gault, Cussot et j’en passe c’est comme amener un gamin de 7 ans à Disneyland pour moi sauf que Mickey à quand même de plus grandes oreilles (au départ j’avais mis « comme un chti au concert de Johnny mais je vais me faire engueuler…) !
Sportivement, je termine un belle saison 2015, la première où je me consacre vraiment qu’à la course à pied et j’espère qu’il y en aura de loooongues autres ! 2016 prend forme au niveau du calendrier et ça sent les longues balades en Montagne de Tahiti à Andorre en passant par les Etats-Unis ou la Nouvelle-Zélande… Affaire à suivre 😉
Yoann MORNET
Photo : SaintéLyon et Lyoncapitale.fr
>> Revivez la Saintélyon avec la vidéo officielle de l’évènement ci dessous :
Saintélyon 2015 [13 mn] par Rhone-Alpes
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