Pas besoin de longues discussions de négociation avec Manu pour trouver un terrain d’entente sur le sujet : la Saintélyon sera cochée à notre planning de courses, cette année encore.
L’évènement nous plaît, le parcours aussi, il nous a plutôt réussi jusqu’à maintenant. 72km, en nocturne, avec 15 000 autres passionnés, c’est une bien belle manière de clore la saison selon nous !
C’est donc avec enthousiasme que nous retenons cette date du 5 décembre 2015, en axant les semaines de préparation qui ont suivi les Templiers, sur ce dernier gros rendez-vous de l’année. 3ème participation pour ma part, après deux très satisfaisantes places de 3ème en 2013 et 2ème en 2014. Je peux donc me baser sur ces précédentes expériences pour tenter de me fixer un objectif (même si, entre nous, ce n’est pas ma spécialité de me fixer des objectifs en compétition …). Avec 6h50 l’an dernier, et des conditions climatiques (et donc de terrain) beaucoup plus compliquées, j’espère donc secrètement m’approcher des 6h45. Le parcours a été modifié, donc difficile de faire des comparaisons très réalistes, mais on reste sur une même base générale : 72km et presque 2000mD+.
Les deux dernières semaines qui précédent le jour J, les sensations sont très bonnes à l’entraînement, c’est encourageant et motivant ! Bon, j’ai toujours des ampoules qui font apparition de temps en temps, sans réelles explications, et je traine une bronchite accompagnée d’un bon rhume depuis les Templiers, mais j’ai l’impression que ça n’impacte pas la forme de mes jambes, tant mieux ! Bref, c’est donc en forme et motivés que nous prenons la route de Saint Étienne samedi soir vers 18h30. Hâte de retrouver toute la tribu Asics (Lambert Santelli sera au départ également, Arnaud Perrignon, finalement forfait, fera l’assistance avec Laurent Ardito, Manu Meyssat prendra le départ de la SaintExpress, Benoit Nave, Gauthier Senne, Thomas Saint-Girons et Franck Bussière feront équipe pour le relais à 4).
J’ai la chance également de retrouver ma famille, qui a décidé de faire l’aller-retour du Mans, pour venir me supporter ! Je suis très touchée de leur présence et sais qu’ils vont être une grande source de motivation pour moi. Après une pause sur la route pour avaler nos tuppers de riz-poulet, nous arrivons au Parc des Expositions de Saint Étienne vers 22h15. C’est l’effervescence à l’intérieur (comme à l’extérieur d’ailleurs !). Des coureurs allongés dans tous les coins, les files d’attente à n’en plus finir aux toilettes, un peu de tension et de stress palpable sur certains visages, mais aussi beaucoup de bonne humeur et une très belle ambiance générale. Le temps de vérifier la partie logistique avec le team, de s’habiller, d’enfiler le dossard, de se souhaiter bonne course, et nous étions en route vers la ligne de départ !
J’ai gardé la même tenue vestimentaire que l’an dernier : 3 couches techniques en haut, corsaire et manchons de compression Sigvaris, bonnet, gants, buff autour du cou. Sauf qu’après quelques foulées d’échauffement, je meurs de chaud et j’ai la désagréable sensation d’étouffer ! Mais cette nuit, sur les hauteurs, je sais que je serais contente d’avoir enfilé ces épaisseurs, donc je ne change rien. J’ai tenté la double paire de chaussettes pour essayer de sauver mes pieds sujets aux ampoules. Aux Templiers, cette formule avait bien fonctionné, donc je la garde en espérant faire le bon choix. Sur cette ligne de départ et dans ce sas élites, les « bonjours, comment ça va » fusent dans tous les sens. On retrouve les favoris annoncés, ils sont nombreux. Cette édition sera relevée encore une fois, tant mieux, ça ajoute de la valeur aux résultats effectués !
Les sensations sont plutôt bonnes à l’échauffement, mais au moment de s’aligner au départ, je me confie à Manu et Benoît Holzerny qui se trouve avec nous à ce moment là : « j’ai faim ! Pas très normal ça ? ». On a pourtant bien dîné ce soir, vers 20h30. Benoît me rassure en me disant même que c’est bon signe. Ok, on oublie alors. 23h55, tout le monde se range sagement, une impressionnante longue chenille de coureurs s’est formée derrière nous … Han, ce monde !! Le speaker prend la parole pour lancer les festivités et un bel hommage aux victimes des fusillades du 13 novembre dernier : 1 minutes d’applaudissements, 3 couleurs et 8000 frontales qui s’allument alors contre l’obscurantisme. Émotions. Je fais alors un arrêt sur image pour photographier ce moment dans ma mémoire et juste m’imprégner de cet instant présent. Parfois, je me dis qu’on vit trop dans le passé ou le futur, et qu’on ne savoure pas assez l’instantané. Je me fais la remarque encore une fois ici. Un bisou à Manu, et le compte à rebours est lancé. 10 secondes plus tard, nous étions partis pour une nuit de folie !
Je m’étais préparée, ça va partir vite ! Pas de panique, il faut suivre le mouvement sans faire emballer le cardio, l’allure devrait se calmer rapidement quand arriveront les premiers sentiers et les premières bosses qui vont avec. Premier kilomètre en 4 minutes, 8’40 au second, 13′ au 3ème, le 5ème passé en 22’20 (je vous rassure, je n’ai pas regardé ma montre à chaque kilo en courant, mais grâce à la super application Movescount, j’ai la trace sur l’ordi !). C’est rapide en effet, mais je me fais doubler par de nombreux coureurs qui foncent encore plus vite que ça ! Quelques bonjours et brèves séances de papotage (ou chambrage !) au passage, et après le 6ème kilomètre, on entame la première bosse et quittons les lumières de la ville pour entrer dans la nuit noire … Nous voilà dans le vif du sujet !
Alors que les foulées du départ étaient bonnes avec des jambes légères, un souffle régulier et maîtrisé, je me retrouve soudainement dans le dur au moment de m’engouffrer dans ces sentiers nocturnes. J’ai chaud et froid en même temps, la tête qui tourne comme une sensation d’hypoglycémie, le corps qui devient lourd à porter et les allures qui ralentissent brusquement, sans pouvoir aller contre … Je décide de manger une barre, en me rappelant que j’avais faim au départ. J’avale la moitié, mais ça m’écœure. Je me force à boire, en me disant que ça va passer. Mais non, tous les voyants passent au rouge au fur et à mesure que je tente d’avancer sur les sentiers, et des maux de ventre commencent à apparaître avant même l’arrivée au premier sommet. Je me fais doubler par un paquet de coureurs, qui passent à côté comme des fusées, c’est déprimant ! Certains m’encouragent et me demandent si tout va bien, c’est vraiment adorable, merci ! C’est dur moralement de se lancer dans une course si longue avec une forme aussi mauvaise …
Malgré mon rythme de course anormalement lent, et ce mal-être général qui m’envahit, j’essaye de positiver et de me dire que retrouver l’assistance au premier ravitaillement devrait me redonner le moral. J’atteins Saint Christo en Jarez, 15ème kilomètre en 1h20. Aucune idée de mon classement, mais vu le nombre de coureurs qui me sont passés devant depuis Saint Étienne, ça ne doit pas être glorieux. Je retrouve Laurent et lui explique que ça ne va pas du tout. Il me rassure comme il peut : « allez mets toi dans une roue, ça va passer ! ». Mon papa, Laetitia, et mes frères sont tous là, ils crient pour m’encourager et m’accompagnent quelques foulées. On ne perd pas de temps et je repars, sans réelle entrain, et toujours avec mes jambes des mauvais jours … Personne ne m’a donné d’infos sur le classement, et en général, quand personne ne te dit rien, c’est mauvais signe !! Du coup, je n’ai même pas osé poser de questions. Et puis, c’est de toute façon trop tôt pour s’en inquiéter (j’apprendrais par la suite que j’étais 12ème féminine et 555ème au scratch).
J’active la musique pour tenter de retrouver un peu de motivation et oublier que rien ne va. Ça ne me fait pas avancer plus vite, mais ça a le mérite de me faire du bien à la tête ! Les maux de ventre sont de plus en plus gênants, et m’obligent à faire plusieurs pauses techniques, comme au moins 95% des participants je pense … (certains même ne prennent pas le temps de trouver un buisson et se contente du bord de chemin … bienvenue dans cette grande famille de traileurs !!). J’accroche mon MP3 dans une ronce et mets plusieurs minutes (qui me paraissent être une éternité !) à le dégager … ça a le don de m’agacer au plus haut point ! À cause du manque de répondant dans les jambes, je lève moins les pieds et chute violemment à plusieurs reprises. Ça aussi, ça m’agace fortement. Y’a même un gentil coureur qui semble avoir pitié à côté et qui me lance : « ça sera pas ta Saintélyon celle là ! » Et non, en effet, c’est plutôt mal parti on va dire. En plus de tout le reste, je commence à ressentir des picotements anormaux sous les orteils, comme l’arrivée d’une nouvelle ampoule en perspective. J’essaye de ne pas y penser.
Grâce à la musique et sûrement parce que j’ai aussi décroché mentalement, sans être dans des allures qui me permettent d’en baver vraiment, les kilomètres défilent vite et Sainte Catherine me semble plus proche que je l’avais imaginé. 2H36 de course, 28ème kilomètre. C’est Arnaud qui se charge de mon assistance cette fois, il assure ! Merci Nono ! Je me confie à lui, il m’encourage et me soutient. Je retrouve ma petite famille au top aussi, ils me félicitent et essayent de me redonner confiance. C’est dur, je me trouve carrément lamentable et j’ai envie de les faire vibrer, ils ont fait beaucoup de route pour venir m’encourager, je ne dois pas les décevoir. À ce moment là, je m’en veux de ne pas avoir la forme pour leur faire une course plus belle … Toujours aucune info sur mon classement à ce moment là (j’apprendrais après que j’étais passée 10ème femme et 540ème au scratch. Mais je n’avais même remarqué les deux filles que j’avais doublées).
Maintenant, direction Saint Genoux pour le prochain ravitaillement au km40. Sur ces longues courses, c’est important de scinder le parcours en plusieurs morceaux. C’est comme un besoin de valider une étape après l’autre. Et ça permet aussi, en quelque sorte, de remettre les compteurs à zéro à chaque fois. Personnellement, j’ai eu encore plus besoin de le faire cette nuit là, comme si j’avais besoin de me redonner un espoir de repartir pour une nouvelle course, celle que j’avais tant souhaité, la course plaisir où tous les voyants sont au vert ! On commence à voir les panneaux indiquant les kilomètres restants : « arrivée dans 35 kilomètres ». Étrangement, je ne ressens aucune émotion en le lisant. Je suis concentrée sur mes sensations, en espérant que les douleurs laissent place à un peu de plaisir. Mais j’en suis encore loin … Je suis mal. Je le sais, je me répète intérieurement « ça va passer Sissi, serre les dents, reste concentrée ». C’est fou quand même ce sentiment d’impuissance face à cette situation de ne pas réussir à faire avancer ses jambes comme d’habitude … Et à tout subir (parfois c’est l’inverse : les jambes volent et avancent toute seule. J’en rêve !).
J’ai l’impression de ne pas contrôler mon corps. Je ne le contrôle tellement pas, que je réussis à m’étaler une nouvelle fois comme une crêpe au sol ! Cette fois, je me fais bien mal. Quelques coureurs viennent à mon secours (merci les gars) et m’aident à me relever en s’inquiétant. « Ça va, rien de grave ? » Je m’inspecte : une main qui saigne, je crois que je me suis ouverte, l’autre bien égratignée avec des cailloux dedans, un coude et un genou très douloureux … C’est la goutte d’eau. En me relevant je me raisonne en me demandant si ce n’est pas plus raisonnable d’arrêter les frais ici. Je repars à petites foulées en cogitant le truc, et je repense à ma famille, venue exprès pour moi, qui m’attend au prochain ravitaillement. Ils ont fait une nuit blanche pour toi, 12h de voiture, tu DOIS franchir la ligne d’arrivée pour eux !! Tant pis si tu termines dans le fond du classement, mais il faut au moins leur offrir ça. Je rebranche tout en mode ON et je repars avec une certitude : j’irais au bout de cette SaintéLyon !
Lien ou pas, aucune idée, mais j’ai commencé à progressivement retrouver des meilleurs jambes à partir de là. 4h de course au 3ème ravitaillement à Saint Genoux, j’y retrouve Manu Labrid, un copain toulousain du club de Balma. On se raconte nos malheurs respectifs, et après avoir fait le plein d’eau dans mon bidon, je repars sans trainer. Il me dit « j’arrive, je te retrouve », mais je ne l’aurais jamais revu. Je ne le savais toujours pas mais j’étais passée 8ème femme et 400è au scratch. Je repars avec plus de confiance : les maux de ventre ne m’ont pas lâchée mais j’ai retrouvé de l’énergie pour aller plus vite et sortir de cette balade nocturne, beaucoup trop « planplan » à mon goût ! Je mets 1h pour rejoindre le 4ème point de ravitaillement, Soucieu en Jarrest, au km 51. J’ai doublé pas mal de coureurs, ça fait du bien au moral d’inverser un peu la tendance. Par contre, toujours pas vu de filles avec un dossard solo (oui parce que coureurs relais et solo sont mélangés, donc compliqué de s’y retrouver dans tous ça … La nuit n’aidant pas). Cette fois, il faut que je demande à mes frères, il faut que je sache où j’en suis quand même, on ne sait jamais, s’il y a quelques places à tenter d’aller chercher.
Arnaud m’attend avant l’entrée sous le chapiteau. Accompagné de Thomas Saint Girons. Je prends des nouvelles de Manu, il est dans le dur comme moi a priori. Mes frères sont là, papa et Lætitia aussi. Ce sont eux qui me font vibrer à s’enthousiasmer comme ça pour moi ! Ils m’avouent être un peu perdus dans les classements et pensent que je suis entre 6 et 10ème. Bon, c’est pas si pire au final, et il reste quelques kilomètres pour tenter de limiter les dégâts … Merci à toute la petite tribu pour le soutien ! Je repars, en tentant de maintenir cet esprit positif (j’étais en fait toujours 8ème mais 283ème au scratch. Quelques places de gagner qui m’a reboosté le moral !). Un peu plus loin, on croise le panneau : « arrivée dans 20km ». À ce moment là, je prends conscience de plusieurs choses : 1- C’est fou, malgré le manque de plaisir et la souffrance subie depuis le départ, je n’ai pas vu le temps passer. 2- J’ai les dessous de pieds qui me brûlent de plus en plus, j’espère que ça ne va pas m’empêcher d’aller au bout. 3 – La course se termine, et une éventuelle remontée, c’est maintenant ou jamais. Alors ma Sissi, tu te bouges les fesses, tu serres les dents, tu mets tout ce que tu as, mais tu AVANCES !!! L’inconvénient, c’est que je ne connais pas les écarts …
Le dernier ravitaillement se trouve 10km et 200mD+ plus loin, à Chaponost (km61). Là encore, je l’atteins 1h pile plus tard. J’ai repris une centaine de places dans le classement et je crois avoir doublé deux féminines, mais n’en suis pas certaine … Une pour sûre, puisque je l’ai reconnu, c’est Maud Respaud, je l’ai encouragé en la doublant, elle a répondu. Je parviens à courir dans quasiment toutes les bosses alors que mes concurrents marchent : c’est vraiment signe que les jambes sont revenues. Pas de nouvelles chutes, c’est un bon point aussi ! Par contre, c’est toujours compliqué de prendre du plaisir avec ce mal de ventre qui me saisit toujours. L’envie de vomir à laissé place à des douleurs aux abdos, comme des crampes à l’estomac ou un point de côté sur toute la largeur … Je ne comprends vraiment pas se qu’il se passe et ce que j’ai pu faire de travers pour en arriver là. Bref, de toute façon, je me suis faite une raison, il va falloir faire avec jusqu’à l’arrivée. Le parcours me semble au final, plus cassant que l’an dernier, avec pas mal de pièges au sol. J’ai aussi l’impression qu’il y a plus de bitume, et les douleurs aux jambes et aux pieds me rappellent que ça fait quand même 6h que je cours dans la nuit.
Je passe ce 5ème ravitaillement, Chaponost, km61, en un peu plus de 6h. Thomas et Arnaud sont surpris de me voir arriver maintenant : »hey, t’as bien remonté Sissi !! T’es 4 ou 3ème je crois ! » Hein ? mais non, c’est pas possible. « Vous êtes sûrs les gars ?? » Ben écoute, on dirait bien. En tout cas, dans le top 5 ! Ok, on ne s’emballe pas, mais je ne traine pas quand même. C’est presque terminé, il ne faut rien lâcher, on ne sait jamais. En ressortant du ravitaillement, je croise Papa, il a les larmes aux yeux et la gorge serrée dans la voix : « Sissi, c’est super ! T’es 3ème ! » Il arrive à me faire pleurer aussi cette andouille !! Belle séquence émotions ici, et je repars gonflée à bloc pour les 12 derniers kilomètres. Je garde les pieds sur terre, sans me faire de fausses idées de résultat, on verra bien en arrivant. En attendant, il ne faut pas ralentir. J’ai l’impression de revivre la fin de course de l’an dernier, mais sans le plaisir que j’avais pris avec tous les voyants au vert. J’ai toujours mal, mais je compose comme je peux avec (je ne le savais donc toujours pas, mais j’étais passée 5ème fille et 182ème au scratch).
Je donne tout sur cette fin de course. Je sais que les moins de 7h auront du mal à rentrer mais je suis bien décidée à me rapprocher le plus possible. La musique continue de me mettre dans ma bulle (au passage, je m’excuse auprès des coureurs qui m’ont encouragée mais auxquels je n’ai pas toujours répondu, parce que je ne les entendais pas !!). Je reconnais bien la fin du parcours et les panneaux « arrivée dans 10km », puis l’horrible côte juste avant le prochain « arrivée dans 5km ». J’y retrouve mon papa, Lætitia et mes frères, ils donnent le maximum pour me supporter, c’est juste génial et j’ai hâte de les retrouver à l’arrivée. 6h45 de course. À moins de faire du 3′ au kilo, je ne passerais donc pas sous les 7h. Je regarde ma montre : 4’45 au kilo. « Allez maintiens au moins le 12′ à l’heure pour les 7h10 ! ». Tentons ! Tout va très vite, j’ai posé le cerveau et ne pense maintenant qu’à la délivrance, LYON !!
Quand on aperçoit les quais, en bas des escaliers, ça commence à sentir bon (et heureusement, parce que j’ai les ampoules aux pieds qui commencent à me faire boiter !). Virage à gauche en bas, on traverse le pont, virage à droite, quelques foulées en bas sur les bords du Rhône, remontée sur le pont et la Hall Tony Garnier est visible et motive pour allonger encore plus la foulée. 2km. On se motive avec les gars qui m’accompagnent, c’est chouette de partager ces moments là. Le pire, c’est que je ne sais même pas quel sera mon classement en franchissant la ligne d’arrivée. Surprise depuis le départ ! On traverse la route, virage à droite, 1km. Il fait toujours bien nuit. C’est long !! J’ai bien mal aux pattes quand même, il était temps que tout cela s’arrête. On s’encourage avec les gars et se disant : »c’est maintenant qu’il faut savourer ! »
L’entrée dans la Hall est grandiose, c’est vraiment une chouette arrivée. J’entends le speaker qui blague en annonçant « impératrice Sissi » et puis j’aperçois enfin l’arche tant attendue. Ça y’est, c’est terminé, je franchis la ligne en 7h08, soulagée, fatiguée. Un peu déçue et frustrée aussi de ne pas avoir pu prendre vraiment de plaisir sur cette course qu’on avait tant à cœur de bien préparer avec Manu. Mais je m’interroge aussi : « je termine combien alors ??? » Nos yeux se croisent avec Manu, il lit dans mes pensées et sûrement sur mon visage dubitatif et me tend le chiffre 5 de la main. Je lis moi aussi dans les siennes et j’y ressens de la déception. J’imagine qu’il a dû subir aussi sa course … On verra ça au débrief ensemble plus tard. Pour le moment, j’ai juste envie de retrouver du réconfort dans ses bras et d’embrasser mes frères et ma famille pour les remercier d’avoir été là cette nuit … J’ai de la chance de les avoir.
Je termine donc 5ème féminine et 146ème au scratch en 7h08. Une fin de parcours qui m’a permis de bien remonter le classement, qui n’est d’ailleurs, pas si catastrophique que ça, mais un déroulement qui est très loin de me satisfaire. Une course subie du début à la fin. 72km de nuit, sans plaisir, c’est dur et c’est frustrant à vivre. Il va falloir prendre le temps d’analyser tout cela et de comprendre les éventuels ratés (j’ai déjà la réponse pour les ampoules autour de chaque petit doigt de pied : la double paire de chaussettes n’a pas fonctionné, le pied était trop comprimé) …
On profitera quand même de la remise des prix qui a suivi : grimper sur le podium de la SaintéLyon, c’est quand même quelque chose ! Mais en attendant, profitons aussi et surtout de cette chouette ambiance à la Hall Tony Garnier, qui voit les arrivées des participants défiler, fiers d’en avoir terminé et de l’avoir fait ! Bravo à tous et merci pour cette belle fête qui rencontre un beau succès chaque année. Une magie qui nous donne envie de revenir, même après avoir tant souffert … !
Sylvaine CUSSOT
Photos : Le Progrès, Afum Photo, Goran Mojicevic, organisation SaintéLyon
>> Les résultats de la SAINTÉLYON 2015.
Hommes
1 – Benoit CORI et Nicolas MARTIN en 05h07
3 – Emmanuel DAVID en 05h19
4- Emmanuel GAULT en 05h31
5- Matthieu BRIGNON en 5h33
Femmes
1 – Corail BUGNARD en 06h32’54 »
2 – Stéphanie DUC en 06h39’13
3 – Isabelle JAUSSAUD en 06h46’07 »
4- Marion DELAGE en 6h52’15
5- Sylvaine CUSSOT en 7h08’10.
La vidéo de la Saintélyon 2015 :
Saintélyon 2015 par Rhone-Alpes