Un mois après le marathon de Rennes, je participais au 10 km de Vénissieux. Le 10 km le plus dense de Rhône Alpes. Idéalement placé au calendrier, il attire les athlètes en forme qui souhaitent établir leur « saison best » sur 10 km.
Certains viennent de loin pour profiter de la densité. Le plateau s’annonce, une fois de plus relevé, avec près d’une dizaine de gars qui ont des records en – de 31’. Et environ 50 gars avec des records à plus de 18 km/h (- de 33’20). Sur la start list figurent notamment : Masha Haile, Othman H’Sain, Willy N’Duwimana (multiple vainqueur), Abdelslam Kiday, Eric Niyonsaba, Igor Bougnot, Sébastien Charnay, Cyril Thomas…
Me concernant, j’ai essayé de maintenir un état de forme satisfaisant après le marathon, avec quelques séances de rappel VMA, et 2 sorties « seuil/seuil+ ». Essentiellement sur route et au GPS. Je ne me suis pas spécialement mis la pression, mais j’ai néanmoins une grosse envie de bien faire. Au niveau objectif, je souhaite approcher des 33’30 (performance IR3). Mais je sais que ça va être chaud. Un plus de 34’ constituerait par contre une déception. Mais en vérité, je ne sais pas trop ce que va donner cette course, je manque un peu de repères. Quoi qu’il arrive, quels que soient les temps de passage et l’état des jambes du jour : je compte me dépouiller.
Le jour de la course, la météo est plutôt favorable : 2/3°C, gris (limite pluvieux), dépressionnaire (1008/1010 hPa) et un petit vent présent mais loin d’être catastrophique. Nous voyons beaucoup d’amis et c’est un plaisir de discuter avec eux. Ensuite place aux choses sérieuses. L’échauffement est soigné en compagnie de Séb Charnay et de Stéphane Gilbert. Sur la ligne de départ, les visages sont concentrés et affûtés. Sur les dernières accélérations qui finalisent l’échauffement, il y a des avions de chasse qui me dépassent de tous les côtés. Je vais être classé « dans les choux » avec mon petit moteur de Twingo, alors que certains ont celui d’une GT3. Ceux qui ont un plus gros moteur encore courront à Gujan-Maestras dans l’après-midi, pour tenter leur sélection aux championnats d’Europe de cross 2015.
Pan ! C’est parti. Ça bouscule et ça gueule sur les premiers appuis ! Certains se croient au départ d’un 1500 m. Ils partent avec les genoux à hauteur de nombril… J’essaye de me caler sur mon rythme cible : 3’20/km pour débuter. La densité est incroyable, je suis noyé dans le flot des coureurs. Km 1 : 3’20. Impec. Le peloton s’étire doucement. Des gars remontent, des gars décrochent, chacun essaye de trouver son rythme. J’essaye de maintenir le mien. Mais je sens déjà que je ne suis pas dans un grand jour. Habituellement, je suis encore frais au bout de 2/3 km sur un 10 km. Mais là, dès les 5 premières minutes, je sais déjà que les – de 33’30 ne vont pas sortir.
Km 2 : 6’41. Je ne suis pas dans un groupe, je suis dans un peloton massif. Je ne vais pas pouvoir rester à 18 km/h. Je dois relâcher un poil, tant qu’il est temps, pour ne pas complétement coincer plus loin. Clairement, les jambes ne sont pas exceptionnelles. Km 3 : 10’05. Pour espérer – de 34’, je ne peux plus me permettre de décélérer davantage : va falloir cravacher mon petit moteur haut dans les tours pour tenir ce tempo. Km 4, rien vu, raté le panneau. Guillaume Duriaud, un ami, d’un niveau proche du mien, me revient dessus, puis me passe. J’essaye de me caler derrière. Les rangs se sont éclaircis. Guillaume produit un effort bien linéaire. Il me fait mal. Km 5 : 16’54. Ça va être chaud pour les moins de 34’. Nous sommes très réguliers. Depuis le départ, je suis passé en 3’20/3’21/3’24/3’24/3’24 sur les marquages au sol. Nous faisons un demi-tour à 180°. Juste avant, j’avais aperçu Séb Charnay. Il allait vite, mais n’avais pas la tête des grands jours non plus.
Km 6, Guillaume maintient son tempo, moi je coince légèrement. Je suis au taquet. Ce kilo là 4’13. Je ne m’inquiète pas, je sais que la marque au sol n’est pas au bon emplacement. Kilo suivant 2’37 (soit 6’50 les derniers 2 km). Un petit groupe bien régulier est revenu sur moi après le km 6, avec notamment 3 gars de Chambéry et François Dufresne, un ami avec qui je bagarre souvent lors de mes courses préparatoires. Il est bien. Je suis content pour lui, car on est sur son record là. Je m’accroche de toutes mes forces à ce petit groupe. Guillaume est environ 25 m devant (5 secondes). C’est dur. Je me dis que pour les – de 34’, faut pas dévisser de ce groupe.
Km 8 : 27’08. Je m’accroche encore. Je le veux ce – de 34’ ! Notre groupe visse. Nous sommes en accélération progressive. = Bobo… Nous revenons progressivement sur Guillaume. En un flash cérébral, je pense que je vais peut-être pouvoir devancer mes 2 amis (Guillaume et François) sur les derniers hectomètres. Ça me motive. Km 9 : 30’29. Je sais déjà que le – de 34’ va sortir. J’enclenche une tentative de finish long. Mais il ne me reste plus grand-chose à cramer. Notre groupe fusionne avec le groupe de devant dans les 500 derniers mètres. Ça frotte ! Dans les 300 derniers mètres, François me repasse, je ne peux plus en remettre. Je suis dans le rouge du rouge, comme tous les autres autour de moi.
33’45 au final. 17.8 Km/h et 53ème.
Le dernier kilo en 3’15. Il n’y avait vraiment plus rien. Je suis satisfait quand même. Même si c’est mon moins bon chrono à Vénissieux depuis 2009. Mon objectif minimum est atteint, mais mon objectif « haut » ne l’est pas. En fait, je suis pile à mi-chemin entre ces objectifs. Je me suis battu tout le long jusqu’à la dernière goutte. Aucun regret. Je termine dans un groupe très dense, nous sommes 12 entre 33’44 et 33’46. C’est ma 8ème saison avec un « saison best » en moins de 34’, je suis content de ça aussi. Je suis ravi pour François qui améliore son record et le félicite.
La course se gagne en 30’48 par Willy Nduwimana. Masha Haile et Othman H’Sain ne sont pas venus. Séb Charnay termine 7ème en 31’28. C’est pour lui aussi son moins bon chrono là-bas depuis 2010. Il est un petit peu déçu. Mais ça reste joli 4 semaines après un marathon couru à bloc et après une première moitié de saison inexistante pour cause de blessure. Un ami, Yohan Seigneuret, qui se cassait les dents depuis 2 ans sur les – de 33’ (avec 6 chronos entre 33’02 et 33’17, en étant souvent seul sur les fins de course), est récompensé de ses efforts et de sa persévérance puisqu’il réalise un superbe 32’45 (28ème) première perf IR2. Je suis ravi pour lui également. Il y a eu quelques records, mais dans l’ensemble, ça n’a pas été une pluie de RP comme on le voit parfois sur cette course. 1261 classés au total sur le 10 km. 33 gars en – de 33’ et plus de 100 en – de 35’. C’est pas mal sachant que ce même week end, une autre course glane plus de 12500 coureurs à 30 km de Vénissieux. Sur le 12 km, le semi et le marathon du Beaujolais.
Maintenant, place à 3 semaines de semi coupure. Avec seulement 25 à 35 km/semaine. Cela tombe bien, car l’avalanche de conseils de classe (14 classes) et de réunions parents/profs, sans compter le remplissage des bulletins, va commencer. Ensuite cap sur 2016, avec le marathon de Paris dans le viseur et le souhait de commencer à être bien en Mars pour le semi-marathon de Bourg en Bresse.
Je ne vais pas participer aux cross. Il me faut être en très bonne forme et me battre à 100 % pour entrer dans les 80/90 premiers d’un cross long régional Rhône Alpes. Je suis complétement (et de très loin), et l’ai toujours été, INCAPABLE de me qualifier pour un championnat de France de cross. Je n’ai actuellement pas la motivation pour m’investir sur une prépa cross et pour être « compétitif » fin janvier. Ma reprise 2016 des compétitions se fera donc au 10 km de Feillens (comme cette année) le 06/02/2016. En douceur. Bonne année 2016 à toutes et à tous.
Sébastien LARUE
>> les résultats du 10km de Vénissieux