Pour faire fonctionner les jambes, il faut que la tête les commande. Mais quand la tête est perturbée, les jambes doivent prendre les commandes pour faire revenir la tête à elle-même.
C’est comme ça qu’il a fallu faire ce week-end. Les nouvelles nous touchent de près ou de loin, selon les liens que nous avons, ou encore l’endroit où nous sommes, mais le cœur et la tête, de toute manière, sont meurtris. Comment voulez-vous alors faire fonctionner les jambes alors ? Il faut d’abord amortir le choc, puis comprendre. Ce n’est pas facile ! Il y a de l’émotion, il y a de la colère, pour certains des prières …
On tente de nous priver de liberté. La course, c’est aussi la liberté. Par sécurité, les regroupements importants comme les compétitions sont annulées, ou à moindre échelle, surveillées. Alors, que doit-on faire ? On stoppe et on vit au rythme de ces terribles nouvelles, ou on poursuit notre vie de coureur ? La course est aussi un moyen d’expression. Elle nous permet de montrer que la vie continue, et que nous aimons cette vie. Nous sommes libres de nous défouler, de nous entraîner, de partager l’effort entre amis ou en solitaire, dans les villes où nous vivons ou dans la campagne que nous aimons.
Ce week-end, des courses ont dû être annulées, d’autres ont pu être maintenues. Trail, 10km, cross, les gens ont couru pour eux et avec même plus de conscience que d’habitude. Ce week-end, les regroupements habituels du dimanche matin ont eu lieu pour parcourir la campagne. J’étais parmi ceux-là et chaque fois je me dis que c’est beau dehors, ces arbres, ces couleurs et en fond la montagne. Je me dis aussi que c’est bon d’en profiter, que l’on a de la chance de pouvoir faire ça. La conscience de ces choses qui paraissent les plus simples nourrissent notre bien-être.
Conscience, et insouciance. L’insouciance des ces jeunes enfants, tout excités avant le départ de leur course, qui ne pensent qu’à vivre l’instant sans se préoccuper de ce qu’il se passe autour d’eux. Ce seront les futurs coureurs qui peupleront nos stades, les courses sur route ou les trails. Ils sont la vie qui s’exprime tout naturellement. Alors, que fait-on, on court toujours ? On se fige ?
On court, dans la mesure du possible. Bien sûr la réalité est là et il faut être prudent avec les regroupements massifs. Pour le moment, c’est comme ça. La réalité extérieure nous y incite. Mais courir pour soi, nous devons continuer. Pour porter des messages, pour nous libérer, pour avoir ce moment à nous, pour nous sentir vivre. Alors oui, cours toujours !
Mathieu BERTOS
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