Dernière manche de l’Ultra-trail World Tour à la Réunion après une saison déjà bien remplie. Deux mois après l’UTMB, les jambes n’ont pas répondu. Mais quelle aventure…
Des visages concentrés sous les frontales encore éteintes. Sur certains, on peut lire de l’excitation, l’impatience de s’élancer après des mois d’entraînement. D’autres affichent plutôt leur angoisse, le doute de ne pas voir le stade de la Redoute, à Saint-Denis, l’Eden de tout ultra-traileur. Alors qu’une pluie soudaine arrose les 2600 coureurs qui patientent depuis plusieurs heures et que j’ai perdu tous mes compagnons d’aventure dans la cohue qui précède le départ, je suis partagé entre certitudes et doutes. J’ai réalisé une saison pleine, déjà trois ultra-trails depuis janvier, et j’ai donc accumulé suffisamment de kilomètres et de dénivelé pour aller au bout des 165 km de course et 10 000 mètres de dénivelé, mais je ne suis pas sûr d’avoir complètement récupéré de l’UTMB, où j’ai laissé beaucoup d’énergie pour passer sous la barre des 32 heures. Et, surtout, j’ai déjà cumulé suffisamment de points à l’Ultra-trail World Tour où je suis 33e avant le départ, je n’aurais donc peut-être pas la même hargne lorsque le corps montrera les premiers signes de fatigue. Je suis tout de même ambitieux puisque je vise un 38 heures, soit quatre de mieux que ma première participation en 2013. Les conditions sont bonnes, le parcours est le même… Alors pourquoi pas.
La folie du départ…
« Trois, deux, un… » L’instant du départ, ici, est toujours aussi extraordinaire. C’est une longue haie d’honneur, bruyante et surexcitée, mieux que l’Alpe-d’Huez un jour de Tour de France, qui s’est formée sur le bord de mer de Saint-Pierre. Hallucinant. Toujours aussi étonnant, le rythme des coureurs de tête dans ces premiers kilomètres. Au sprint ! En tout cas, largement à plus de 16 km/h. Enfin j’assiste au spectacle de très loin, car avec Nicolas Mejri, mon beau-frère, on s’est retrouvé coincé parmi les derniers avant le départ. On a réussi à remonter un peu mais pas assez. Lui, qui vise 30 heures, a tout de même pu se faufiler sur le côté droit du peloton. Moi, je suis bloqué et ne cesse de faire du gymkhana pour mieux me positionner encore. Le but étant de ne pas subir de bouchons dans les premiers monotraces qui surviennent après le 15e km. Au moment où je le double, je prends tout de même le temps de faire une bise à mon collègue et ami Bertrand Bourrel, qui effectue son baptême de l’ultra, accompagné de son pote Benoît Jovillain. Ils sont partis pour une course à deux. « On se voit tous à la Redoute », je leur glisse, d’autant que nous formons, avec Nicolas, le Team Croc’ Cailloux, et que si nous ne visons pas le podium par équipe, nous voulons au moins apparaître dans le classement. Trois coureurs au moins doivent finir, c’est une motivation supplémentaire.
Encore un peu plus loin, je retrouve mon compagnon de toujours, mon « bichon » comme je le surnomme, Denis Clerc. Plus connu sous le nom de Zinzin Reporter. Ici, c’est une star, depuis l’an passé et sa vidéo sur la Diagonale qui a dépassé les 50 000 vues sur YouTube. Il ne cesse d’être sollicité par les coureurs qui le reconnaissent… Et je partage un peu de sa popularité, puisque je suis souvent le rôle secondaire de ses films. D’ailleurs, au moment où l’on se retrouve, on embarque avec nous Fred Cassaro, un Montpelliérain qui vit à la Réunion et qui connaît chacune de ses vidéos. « Allez, je vous suis », nous dit-il, puisqu’il vise à peu près le même objectif. C’est ainsi qu’on effectue à trois (enfin avec des centaines d’autres coureurs), les premiers kilomètres, de longs passages dans les champs de canne à sucre, la traversée de Montvert et son public de… fous, ou le ravitaillement de Domaine Vidot que l’on passe en quelques secondes seulement (et en 380e position) et les premiers passages en sous-bois. Où, exactement comme en 2013, je laisse filer Denis qui, malgré un virus qu’il traîne depuis quinze jours, semble avoir des jambes de feu. Moi, je ne suis ni en grande forme, ni pas bien, alors je préfère rester prudent.
Tranquille…
C’est ainsi que je passe la première nuit et la montée vers Piton Textor (2165 m), en mode raisonnable. Sans forcer, je parviens tout de même à gratter quelques places en courant dès que le terrain le permet. Je suis tellement concentré, sur mon effort, sur l’alimentation, sur le terrain, que je n’aperçois même pas le volcan qui, à quelques kilomètres de là, est à nouveau entré en éruption. Il y a un temps pour tout…
Passage au sommet à 4 h 30, soit 6 h 30 de course. En avance sur mon tableau de passage et c’est plutôt rassurant. Seul inconvénient, il fait encore nuit noire et cela devient problématique quand la lampe frontale donne des signes de faiblesse dans la descente rocheuse qui suit. Le jour ne semblant pas très loin, je tente la descente avec le faible halo de lumière qui me guide. Mais avec tous ces cailloux, la cheville se vrille. Et pas qu’une fois. Je tente de prendre la foulée d’un coureur qui me redouble mais cela est encore trop dangereux, d’autant que des barbelés ceinturent l’étroit chemin. Je peste, mais je préfère ralentir. Il vaut mieux perdre quelques places maintenant.
Avec le petit matin, j’arrive à Mare à boue à la 301e place. Ça pourrait être mieux, mais ça va de toute façon tomber devant dans les heures qui viennent. Ici, il faut manger, alors je prends dix minutes, même s’il fait froid. Je retrouve mon nouvel ami Fred, qui m’explique qu’il a perdu la trace de Denis dans Piton Textor. « On repart ensemble ? » « A deux, ça sera mieux… ». Et nous voilà au pied de Coteau Kerveguen où l’on entame la discussion. A 39 ans, Fred court sa deuxième Diagonale et me raconte sa vie sur l’île. Cela ne nous empêche pas de monter à un bon train, sauf dans les parties un peu plus techniques qui freinent notre progression. Preuve que la connaissance du terrain est essentielle, la célèbre Christine Benard nous dépose littéralement alors qu’elle n’avait pas réussi à suivre nos pas un peu plus bas.
L’avantage de traîner en chemin, c’est que l’on peut profiter du paysage. Le Piton des neiges, qui se dévoile au fur et à mesure que l’on sort de la forêt, est arrosé de soleil. Exceptionnel. Il faut toutefois rester concentré, surtout que la descente sur Cilaos, “base vie” du 66e km où attend un peu de réconfort, est réputée dangereuse. Escaliers, échelles, racines, boue… 2 km de lacets et d’enfer pour moi qui n’aime pas vraiment l’exercice très technique. Même si quelques coureurs me doublent, je préfère la jouer prudent. J’arrive en bas sans dommage… même si cela me fait dire que je suis moins mordant que lors de l’UTMB. Un signe ?
La remontée
Peut-être. En attendant, une fois arrivé à Cilaos toujours en compagnie de Fred, je file à la cantine qui propose pâtes et poulet (je laisse le dernier) et un Yop en guise de dessert. Je ne traîne pas car Marine m’attend à la sortie du ravitaillement, coincée derrière les barrières. Mon efficace assistante, tout en me rechargeant le sac en gels, barres et boissons énergétiques, me donne des nouvelles des copains : son frère navigue autour de la 30e place, comme le Gardois Fabrice D’Aletto. Denis est passé une vingtaine de minutes plus tôt sans s’arrêter. Les Gardois Nico Chastanier et Jean-Philippe Becamel sont passés à peu près en même temps que Denis. Quant à moi, un rapide coup d’œil m’indique que j’ai encore vingt minutes d’avance, puisque j’en suis à 11 h 40 de course alors que je devais passer en 12 heures. Ma foi…
C’est tout de même une mince avance alors qu’il faut maintenant affronter le col du Taïbit, sous une chaleur étouffante. Reparti sans Fred perdu dans les méandres du stade de Cilaos, je cale dans ces premières pentes. Trop chaud. Les autres coureurs ne semblent toutefois pas mieux que moi, ou alors tout juste. Je fais tout de même une pause avant de me relancer. Coup de chance, les nuages s’amassent au-dessus du col au moment où j’entame les 800 derniers mètres de dénivelé. Comme en 2013, je retrouve un rythme régulier, mécanique, ce qui me permet de gagner encore des places. Je m’attends presque à retrouver Denis au détour d’un virage comme ce fut le cas deux ans plus tôt. Mais il a l’air en forme le bougre, lui qui se plaignait d’avoir « des jambes en bois ». Tant mieux. Moi aussi, j’ai retrouvé de l’énergie, je suis même
274e en arrivant à Marla, petit village du cœur du cirque de Mafate encore préservé de la modernité. Ici, on ne peut venir qu’à pied, ce qui freine d’ailleurs les coureurs qui se sentent proches de l’abandon.
Sous les tentes, cela fleure bon le cari de poulet. Pas pour moi. Je suis trop pressé de poursuivre cette remontée et repars sitôt le minimum syndical avalé. Erreur. L’ultra-trail est décidément une école de l’humilité. Quelques kilomètres plus loin, à peu près à mi-parcours après avoir passé le col des bœufs en soufflant, la mécanique se grippe. Dans la descente qui plonge au cœur du cirque, après avoir passé la crête qui surplombe Sentier Scout, un des plus beaux endroits du parcours, impossible de suivre le rythme d’un groupe de coureurs réunionnais. Ni ceux qui arrivent derrière. Manque de fraîcheur physique, c’est indéniable. Et mentale. Je n’arrive pas à me secouer, à me dire que cela va revenir. C’est d’autant plus dur à encaisser que l’on arrive dans les parties les plus difficiles de Mafate, ce que me confirme Claire Baudis, une Marseillaise installée à la Réunion qui nourrissait elle aussi des ambitions sur cette Diagonale. Elle, reviendra… Je lui dis que pour moi, c’est beaucoup moins sûr.
L’école de l’humilité
J’ai sommeil. Mais la nuit n’étant pas encore tombée, je me dis qu’il vaut mieux pousser jusqu’au village suivant pour profiter des lits installées sous les tentes. Je fais tout de même une longue pause à Ilet-à-Bourse où l’un des coureurs croit avoir reconnu… Zinedine Zidane. « Mais si je te jure. Il avait un bonnet pour qu’on ne le reconnaisse pas, mais il a un dossard, il fait la course. Il m’a même dit bonjour. Et il a pas l’air mieux que nous ». Eclats de rire. Moins drôle pour moi, dans ce village bien nommé dans ces circonstances, je réalise que je commence à ressentir de grosses douleurs à l’entrejambe. En fait, avec les frottements, les bourses sont irritées. Et cela devient gênant, très gênant, pour courir.
Je confie mes malheurs à Fred, que je retrouve enfin, et qui me propose de poursuivre jusqu’à Grand Place les bas et d’aviser. C’est tout vu. Nous sommes là au 98e km de course, cela fait 23 heures que nous sommes partis et je suis désormais en retard sur mes objectifs… Alors dodo. Avant de me coucher sous la grande tente, je demande à l’aubergiste d’un soir s’il a eu, parmi ses clients, un Denis armé d’une GoPro. « Je crois oui. Il vient de se lever pour aller vomir ». Ce ne peut être que lui. Mon bichon est coutumier du fait, il est très souvent victime de problèmes digestifs. Le bénévole me promet d’aller lui dire que je viens de m’endormir.
Quarante minutes plus tard, je ressors de la tente, avec une démarche de cow-boy en raison de mes problèmes de frottement. Douloureux. Très douloureux. Le bénévole, qui n’a pas retrouvé Denis, me conseille de passer sous la tente du médecin pour montrer mon problème. « Jamais tu n’iras au bout (de la course) sinon ». Il a raison. Surtout, au moment où je trouve un infirmier, je tombe sur… Denis, en train de faire soigner ses maux de ventre. La providence….
Passés les soins qui provoquent moult fous rires – même les nôtres, il vaut mieux en rire -, nous décidons de repartir après une bonne soupe aux vermicelles. « On y va tranquille de toute façon ». Sans Fred qui, revigoré par sa sieste, semble plus frais que nous. On l’encourage à ne pas nous attendre, d’autant que je sais que la descente de Roche ancrée sera un supplice pour moi. Il y a deux ans, cette portion de 2 km, pentue, glissante, à flanc de falaise, avait failli mettre un terme à notre amitié, Denis voulant sans cesse accélérer quand, moi, avec une faible luminosité et mes yeux de bigleux, je le freinais tous les dix mètres. Cette fois, c’est tout de même mieux, les muscles tétanisés de Denis l’empêchant de descendre à son rythme. « On est nuls », me sourit-il, lors de la pause que l’on fait sur les berges de la rivière des trois galets qui serpente en fond de ravine.
On sera encore plus nuls dans la remontée vers le Maïdo, 2000 mètres d’altitude, porte de sortie de Mafate. La première portion jusqu’à Roche Plate sera même un supplice pour les deux Zinzins que nous sommes. Les marches naturels formés par les énormes pierres, les escaliers façonnés par l’homme dans la nature, le pourcentage de la pente, ces lacets qui n’en finissent pas, mettent à mal notre mental d’ultra-traileur. « Tu sais quoi, c’est fini pour moi la Diagonale après celle-là », je souffle à Denis. Qui me répond : « C’est plus de mon âge de faire ça ». « Cette course, il faut vraiment la préparer spécifiquement, la respecter ». « Mais qu’est-ce qu’on est cons tout de même de faire ça ». « L’an prochain, je me mets au ping-pong… » Les complaintes n’en finissent pas, même quand, dans un moment poétique, on éteint les frontales sous les étoiles au cours d’une énième pause. « Regarde la lampe là-bas. C’est là qu’on va… » « Eh merde… »
Le réveil
Tant bien que mal, on arrive enfin à Roche Plate après 3h30 d’efforts, alors que nous aurions dû à peine dépasser les 2h30. Il est minuit, nous avons trois heures de retard sur le plan prévisionnel et, sans passer par le ravitaillement, nous demandons à dormir… trois heures. « Allez-y, il reste deux places ». Chance… ou pas. L’un des deux lits se trouve à l’entrée de la tente, sans couverture, et à 1100 mètres d’altitude, il caille. Avec la couverture de survie, je parviens tout de même à m’endormir, non sans avoir retrouvé Fred, qui se trouve dans le lit d’à côté. « Ah c’est cool de vous retrouver », dit-il avant de replonger dans les bras de Morphée.
Il est plus de 4 heures quand nous repartons à l’assaut du Maïdo. Ce qui nous permet de nous offrir un spectacle magnifique : le lever de soleil sur le cirque de Mafate que nous dominons un peu plus à chaque virage. C’est beau. Magnifique. On se rappelle ce qui nous pousse à venir. Et le moral revient. « Quel que soit le chrono, on va au bout ». La promesse est faite.
Il nous reste un peu plus de 50 km et 2000 m de dénivelé positif lorsque nous arrivons finalement plutôt bien au sommet du Maïdo. Après de nouveaux soins pour moi à l’entrejambe, c’est-à-dire plein de vaseline et des pansements sur les parties les plus irritées, on plonge dans la longue descente vers l’océan et Sans-soucis. Enfin, pour moi, avec quelques soucis de foulée, mais après que la crème ait fait effet, on trouve un rythme régulier qui permet de doubler encore de nombreux coureurs. C’est tout de même émoussés par près de deux heures de descente que l’on retrouve Marine sur le poste d’assistance, accompagnée de Nicolas… qui a fini depuis plus de trois heures. Il se classe 34e et c’est donc un honneur d’être servi par ses soins. Au menu : cari de poulet… que je ne ferais encore que goûter. Pas d’appétit.
Pas trop le temps de traîner si l’on veut rentrer avant 22 heures et passer sous les 48 heures. L’ultra-traileur est tout de même un peu con, il se jure de franchir la ligne quel que soit le chrono… et se fixe un nouvel objectif, deux heures plus tard. « Ça va être juste », estime Denis, qui trouve qu’on n’avance pas très vite. Surtout qu’on fait les zouaves au moment de franchir Rivière des galets et qu’on l’ont fini tous les deux à l’eau. Bon, en même temps, par cette chaleur, cela fait du bien. On continue d’ailleurs de s’arroser à grandes eaux dès que l’on peut, dans la remontée dite de Sentier de bord. Erreur pour moi, l’humidité réveille mes irritations alors que j’avais décidé de ne pas changer de short au ravitaillement précédent. Si la montée, un peu chiante mais régulière dans les champs de cannes à sucre, passe plutôt bien, la descente est un véritable calvaire, notamment le Chemin Ratineau où il faut presque s’accrocher aux branches pour ne pas perdre de vitesse. Le long passage de Kala qui mène à Possession est aussi un enfer pour l’éclopé que je suis et je sens que Denis a les boules, façon de parler, de devoir m’attendre régulièrement. Heureusement, on se marre bien, beaucoup à mes dépens, on discute avec des coureurs sympas au gré du chemin et les Réunionnais nous offrent patate douce et Perrier – on en rêvait deux minutes plus tôt – sur le bord du chemin. Le temps passe plus vite.
Finir…
Samedi, 15 h. Parti depuis le jeudi 22 h, nous en sommes à 41 h de course lorsque nous arrivons à Possession, au 144e km. Nous pointons 692e, ce qui signifie que nous avons remonté un peu plus de 50 places depuis notre purgatoire dans Mafate. On devra s’en contenter. Marine m’ayant apporté un nouveau short, c’est comme neuf que je repars avec Denis vers le chemin des Anglais, 5 km de pavés volcaniques posés de façon totalement aléatoire. C’est bien simple, on ne sait pas où mettre les pieds… et bien sûr, tout ça dans une série de montées et descentes. Et si mon camarade de jeu l’attaque à un bon rythme, moi, je laisse encore du jus sur la fin de cette portion infernale. C’est épuisé que j’arrive au bout de ce chemin où nous attend Fabrice D’Aletto, qui a dû abandonner à Roche-Plate pour des problèmes d’hypoglycémie, doublés d’hypothermie. Tout en nous racontant sa course, il nous escorte jusqu’au ravitaillement où nous attend un jus de canne merveilleusement frais. Tout juste ce qu’il fallait pour repartir sur la dernière portion.
A partir de là en effet, ne reste plus que la montée sur Colorado, puis la descente sur le stade de la Redoute. Enfin que… Une balade de 3h30 encore selon le plan initial, a priori 4 heures vu notre état. On décide donc de repartir tranquillement dans cette dernière difficulté qui se révèle encore exigeante. D’autant qu’après une dernière portion de pavés volcaniques disjoints, arrivent la nuit… et la pluie. Pas besoin de ça maintenant. Pourtant, c’est bien un chemin hyper boueux, glissant, pas agréable du tout, qui nous amène au sommet de la dernière ascension du parcours. On y arrive à 19h38 précisément, ce qui nous laisse près de 2h30 pour boucler les 4 derniers kilomètres et passer sous les 48 heures. Facile…
C’était sans compter sur la dernière surprise du chef. Un amas de boue dès les premiers hectomètres de la descente, déjà réputée technique et difficile. Denis part dans un fou rire, moi, je grommelle et râle alors que je gratifie le groupe de quatre qui s’est composé d’une magnifique chute sur plusieurs mètres. C’est couvert de boue que je me relève. « Rien ne nous est épargnés. Rien ». « Passe devant que je filme une nouvelle chute », se moque Denis. Heureusement, passé le premier kilomètre de la descente à marcher sur des œufs, la fin de la descente est tout de même moins dangereuse. Tout cela est oublié lorsque, au détour d’un virage, les lumières du stade de la Redoute apparaissent enfin. « Putain, on l’a fait ! » L’émotion monte au fur et à mesure où l’on se rapproche de Saint-Denis. Si le chrono sera au-dessus de 47 heures, soit neuf heures de plus que prévu, cette Diagonale sera à ranger au rayon des plus beaux souvenirs, pour l’aventure, forte, vécue avec Denis.
C’est la première fois que l’on franchit la ligne d’un ultra-trail ensemble, escorté par José Moreira, un autre Montpelliérain retrouvé sur le parcours. Cette fois, pas de sprint, on profite de l’instant, on savoure sur la ligne. « Y’a rien là », lance Denis à Ludovic Collet, le célébrissime speaker du trail qui accueille sur la ligne les 661e et 662e comme s’ils étaient les grands vainqueurs. Retrouvailles avec Marine, douche, bière… Puis on va accueillir les copains. Aude Diet, étonnante 3e fille sur le Bourbon, la course de 100 km, puis Bertrand et Benoît qui arrivent une heure après nous, au terme d’une très belle course à deux pour leur première Diagonale.
Quant à moi, si je ne marque pas assez de points sur cette course, je finirai tout de même à la 38e place de l’Ultra-trail World Tour, juste derrière des coureurs de Team. Pas peu fier… Forcément, on fêtera ça tous ensemble le lendemain autour d’un bon rhum. En évoquant déjà… une prochaine participation à la Diagonale. Ils sont fous ces ultra-traileurs !
Ludovic Trabuchet
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