Il y a 7 mois après avoir accepté un défi lancé par une amie (merci Tata Sophie) à savoir : faire l’Eiffage race (24 km de Millau) en 2016, je me suis dis que de participer à la 37ème édition de la célèbre course Marseille cassis serait une bonne évaluation de mes capacités.
Mon entreprise a pu avoir des dossards, et grâce à un précieux coup de téléphone (MERCI Dominique) j’ai pu faire partie de la team Monier ! Le compte à rebours était donc lancé.
Besoin de bien m’entraîner et différemment … J’avais du boulot mais l’idée de faire cette course mythique me motivait plus que tout.
Avec l’aide de mon ami préparateur physique Frédéric Fabresses et de mon mari, j’ai commencé les fractionnés et les séances spécifiques. Wouaaah ! Ça pique mais je m’accroche ! Jusqu’à cette période je courais mais sans vraiment travailler. J’ai vite senti le changement ! Après mon meilleur chrono sur le 10km de Colomiers début septembre et le semi-marathon de Toulouse bouclé pour la première fois mi-septembre je me rassurai sur ma capacité à terminer ce Marseille cassis. J’espérais terminer dans le temps maximum, soit 3h … Puis au fil des jours j’ai réduit le temps me disant que peut être j’étais capable de faire un peu mieux.
5 jours avant la course j’ai utilisé le simulateur d’allure du site pour recalculer mes temps de passage pour 2h45 et soyons fous sur 2h30 …
Le 24 octobre, arrivée à Marseille, l’estomac noué. Malgré les entraînements, une hygiène alimentaire très correcte et quelques kilos en moins, je suis très tendue. L’accueil au village de la course par les bénévoles est formidable. Des sourires, des encouragements, ça fait plaisir ! Mais maintenant faut vite que ça arrive ! Un de mes collègues m’y rejoint pour me remettre le t-shirt de la team Monier ! « On va être beau demain !! » Retour à l’hôtel, repas d’avant course typique dans la chambre avec ma petite famille. 21h30 appel d’un de mes amis qui fait la grande course des templiers le lendemain pour m’encourager ! Je suis contente qu’il pense à moi alors qu’il va faire un truc énorme ! On se confie nos derniers doutes et encouragements ! Je relis quelques messages reçus dans la journée. Cette effervescence et cette solidarité m’aident à m’endormir déjà très motivée pour le lendemain.
Le jour J … Enfin ! Réveil avant l’heure, je prends mon petit déjeuner, je me sens bien mais c’est un peu tremblante que j’inscris sur ma main les temps de passages. Un dernier câlin, bisous, photos et je quitte mes 3 supporters bien décidée à vite les retrouver après la ligne d’arrivée ! Je crois qu’ils sont déjà très fiers de moi. 7h30 je sors de l’hôtel pour rejoindre mes collègues. Il y a déjà des coureurs un peu partout et plus je me rapproche du vélodrome et plus nous sommes nombreux. Je les retrouve facilement et nous prenons la pause à l’intérieur de ce stade magnifique. Arrêt aux camions vestiaires. Quelle organisation ! Puis nous nous dirigeons vers le départ. Nous attendons au milieu de milliers de coureurs impatients que le chrono démarre. On en profite pour faire quelques photos, lire ou relire les messages d’encouragements des proches et amis, ça fait tellement plaisir !
9h30 … Départ ! Quelques minutes se passent avant de pouvoir marcher et trottiner. Il faut slalomer entre les sacs poubelles, les sweats, les bouteilles etc … Mais c’est parti !! J’enclenche mon chrono à l’endroit où je suppose que le départ ait été donné et en avant ! Très rapidement je perds mes collègues de vue. Trop de monde. Ce n’est pas grave. J’ai l’habitude de courir seule. Mon cardio m’annonce des chiffres fous, bon ça promets ! Finalement il se calme et reprends mes pulses correctement. Je me fais beaucoup doubler, mais j’essaie de garder mon rythme pour ne pas exploser plus tard. Déjà 2 km parcourus, Je ne me déconcentre pas et garde le cap tout en regardant amusée les costumes de certains participants ! Cette marée humaine est impressionnante !
Sur un talus, une bandas, et le début d’un léger dénivelé, puis le premier ravito et donc l’ascension du col de la gineste. Je me fais moins doubler. Tout va bien, souffle ok, jambes ok, je ne ralentis pas. Pas d’arrêt, je n’en ressent pas le besoin et j’ai ma ceinture avec deux gourdes d’eau dont une sucrée et de quoi manger. Mon chrono m’affiche un très bon temps. Je n’y crois pas ! Je me sens bien mais pas au point de faire péter les compteurs !! Pas grave, ce doute me baigne dans une légère euphorie qui va me servir tout au long de la course. Les paysages commencent à se dessiner, un premier lacet et quelqu’un lance : » surtout ne regardez pas là-haut » évidemment je tourne la tête et à l’opposé de nous, les coureurs qui nous devancent sur la falaise d’en face sont hauts … très hauts ! Même pas peur !! ;) A chaque km je me réjouis, tout va toujours aussi bien. Au 6ème km le dénivelé s’accentue fortement mais la vue est superbe ! Chaque pas me rapproche du sommet. Au loin une énorme sono … C’est le sommet de la Gineste !!! J’y suis !!! Je passe sous l’Arche rouge, un sourire au photographe, je suis super contente car la première étape est faite !!!
Pas d’arrêt au stand non plus … Mes gourdes me suffisent. La première descente me fait un peu grimacer. Légères douleurs dans la hanche et un genou. Mais rien de dramatique. Passage au 10ème km et point sur le chrono officiel. Il est bon !!! Effectivement j’ai la confirmation que je n’ai pas démarré le mien au bon endroit mais j’ai quand même 14 mn d’avance sur l’objectif que m’avait donné Fred et celui du simulateur ! Je suis aux anges ! Un petit SMS sans m’arrêter à mon mari : « 10 ok » pour le rassurer. Et hop c’est reparti ! Les paysages sont magnifiques, le plateau de Carpiagne nous offre un superbe décor tout droit sorti de la gloire de mon père entre faux plats montants et descendants. J’en prends plein les yeux.
Mes pensées s’égarent quelques minutes vers les templiers pour Sissi et Seb puis vers Venise pour Anthony, Toulouse pour Jean-Marc. Mes collègues qui sont devant. Puis je passe en revue tous ceux que j’aime. Plus que 8 kms. c’est pas rien alors je reste tout de même concentrée. Je ressens un peu le contre coup des 12 premiers mais ça va. Un petit brin de femme arrive à ma hauteur et commence à discuter, on fera un bout de course ensemble. Les kms défilent sans que je m’en aperçoive. puis tout d’un coup une exceptionnelle vue sur la baie de cassis. Le ciel légèrement voilé laisse passer quelques rayons de soleil qui brillent sur l’eau. La falaise, les voiliers. C’est magique ! Les spectateurs se font plus nombreux et nous applaudissent.
C’est très appréciable. Un dernier virage sur la route des calanques, un groupe de percussionnistes, une grosse descente et … Le panneau d’entrée dans cassis. Ça sent bon !!! Je sais qu’un dernier gros effort est à fournir, mais j’ai le sourire scotché au visage. Cette ambiance, tous ces gens, j’ai les larmes aux yeux de bonheur. Je croise des coureurs arrêtés, crampes, chutes, malaises …. Puis la fameuse côte des pompiers … Un mur ! Je grimpe doucement mais sans marcher. Et je lâche du fond du cœur à ma copine de course : » cette P***** de côte me fait plus mal aux jambes que toute la montée de la Gineste ! » La descente qui suit est tout aussi abrupte alors je déroule mais tranquille. il serait dommage de tomber si près du but. Grace aux prénoms sur les dossards, les supporters du jour nous encouragent. J’entends des « allez Elodie ! » « bravo Elodie c’est presque la fin ! » J’adore !!
C’est quasiment fini on y est ! Un dernier petit virage et enfin … Le port de cassis ! Du monde partout et le panneau « arrivée 500m » ! La foule applaudit, chaque pas me rapproche de la ligne, 250 m … J’essaie de trouver parmi tous ces gens 3 visages familiers mais il y a trop de monde. Tout dernier virage en angle droit … 50m … et je vois le chrono d’arrivée … 2h27 ! Au même instant j’entends : » allez maman !!!! » mes filles et mon mari sont là !!! Je hurle un énorme « yeaaaaaaah » et passe la ligne d’arrivée inondée de bonheur ! J’avance au milieu des coureurs et je vois un homme qui distribue les médailles … Je m’approche, il me félicite, j’ai les larmes aux yeux à nouveau. Il me la passe autour du coup et voit l’émotion et la joie dans mes yeux.
Cette belle médaille représente le fruit de gros efforts. Je suis tellement contente. Je cherche dans la foule ma famille et mes collègues mais il y a trop de monde. Aucun réseau sur le portable. Je déambule parmi les coureurs et je me sens bien, je suis même assez fraîche sur mon petit nuage. Tout d’un coup deux petites filles me sautent au cou « bravo maman ! bravo ! » Ils m’ont trouvé ! Mon mari est heureux et fier. Pas besoin de grands discours, je le vois. Ce sont des sensations tellement agréables. Merci à eux d’avoir fait le déplacement et pour leur soutien sans faille. Mon temps réel est finalement 2h23 ! J’espérais 2h30 …. J’ai assuré !!!
Je suis très loin des grosses performances. Je n’ai rien fais d’extraordinaire puisque nous sommes 14 500 coureurs à l’avoir fait. Mais ma course a été une véritable réussite personnelle car l’objectif a été largement atteint (même si le parcours n’avait pas été raccourcis de 400m). Je n’ai jamais subi, à aucun moment. J’ai très bien géré mes ravitos, mes foulées, ma respiration. Ça été difficile mais au final du bonheur et du plaisir tout au long du parcours ! Peut-être que les prochaines courses ne se passeront pas aussi bien mais aujourd’hui je sais que je suis capable !! Et ça fait une grosse différence. Tu avais raison Sissi … c’était une belle balade avec pleins de gens 😉 Mes collègues ont tous terminés avec succès ! 100% finishers la team Monier !!! Félicitations !
J’espère pouvoir revenir l’année prochaine car c’est vraiment une très belle course à tous les niveaux. Puisque j’ai la chance de pouvoir raconter mon histoire j’aimerais terminer ce récit en remerciant mon mari, mes filles, ma famille, mes amis, mes collègues, copains de running bref … tous ceux que j’ai certainement saoulé avec cet événement ! Merci Sissi pour ta générosité, ta simplicité, et tes précieux conseils.
Merci Fred, mon ancien collègue, préparateur physique du Sporting Club Rieumois mais surtout mon ami … Tu as cru en moi malgré ma piètre prestation lors de la Corrida et malgré mon mental de poisson rouge ! Tu m’as aidé, tu m’as soutenu, et je garde en mémoire ton message après les 10km de Colomiers qui, de la part d’un grand sportif comme toi me touche énormément.
Elodie BOHN
Photos Amar Yenbou, Maindru Photo, Stéphane Bohn.