Le Festival des Templiers attire chaque année de plus en plus de coureurs, avec un nombre de courses proposé assez impressionnant.
Pour ma part, j’ai découvert l’évènement en 2011, à l’occasion de mes premiers essais en trail. À l’époque, je m’étais d’abord essayée sur un petit format, la VO2 Trail (21km). Une expérience qui m’avait fait rester sur ma faim, puisque j’avais fait partie d’un groupe d’une trentaine de coureurs à s’égarer sur les sentiers des Causses.
J’y reviens en 2012, sans dossard mais avec une belle entorse à la cheville, pour supporter mon homme sur la Grande Course du dimanche. Ces courageux me paraissent être des héros à se lancer sur une course si longue et difficile … En 2013, je me décide à tenter l’aventure Marathon des Causses (37km) et ai le plaisir de monter sur la 2ème marche du podium derrière la grande Céline Lafaye. L’an dernier, c’est sur l’Intégrale des Causses (62km) que je m’aligne, avec la chance d’entendre la célèbre musique d’Era à mon arrivée : c’est sur la plus haute marche du podium que je grimpe cette fois !
À chaque édition, beaucoup de plaisir à vivre l’évènement de l’intérieur, mais également à le vivre de l’extérieur en suivant Manu à l’assistance sur la course phare du Week-end, la Grande Course des Templiers. Clairement, c’est sur ce format que le niveau est le plus relevé, puisque les meilleurs coureurs s’y donnent rendez-vous chaque année. L’ambiance y est aussi bien particulière … Il fallait quand même qu’un jour je m’y essaye à cette Grande Course …. Après plusieurs expériences sur des formats longs de plus de 70km, je savais que j’étais capable de tenir la distance. Comment ne pas être excitée à l’idée de prendre le départ aux côtés de tant de coureurs faisant partie de l’élite mondiale ? C’est donc sur la Grande Course des Templiers que j’avais décidé de m’aligner cette année.
Bonne nouvelle, l’organisation décide de relancer le challenge qui avait bien fait parler de lui en 2014 : France against the World. Philippe Propage m’annonce que je ferais partie du team France pour tenter de relever ce prochain défi, avec Maud Gobert, Anne-Lise Rousset et Sarah Vieuille. Chouette ! Une motivation supplémentaire pour s’appliquer à bien faire le jour J ! Forcément, ça rajoute un peu de pression aussi, puisque le classement équipe dépendra de chacune de nos résultats … Mais bon, dans tous les cas, on fera en sorte de donner le meilleur pour ne rien regretter. Chez les hommes, Xavier Thevenard étant forfait, c’est Manu qui endossera le rôle du 5ème équipiers du Team France. On est ravis de vivre tous les deux et en même temps ce challenge des pays !
Côté forme, j’avais mis un peu plus de temps que d’habitude à récupérer des championnats de France au Sancy et il faut aussi avouer qu’un mois seulement entre deux grosses épreuves comme celles ci, c’est court, mais je me sentais plutôt bien les jours précédents l’épreuve. Nous arrivons sur Millau le vendredi soir, pour être présents comme prévu pour les différentes conférences planifiées le samedi et passer voir les copains du team Asics également présents sur l’évènement : Thomas Saint Girons court la Solitaire, Arnaud Perrignon sera également sur le 75km dimanche, ainsi que Lambert Santelli, Genís Zapater, Fritjof Fagerlund, et Jonas Buud … C’est d’ailleurs Laurent Ardito qui devrait me faire l’assistance, on en profite donc pour caler toute la logistique samedi après midi, puisque demain, à 5h du matin, ça risque d’être l’euphorie avec ces milliers de coureurs au départ.
Comme d’habitude, la dernière nuit est vraiment pourrie … La prise de tête avec les réveils pour gérer le changement d’heure n’arrangeant pas les choses ! On est sensés dormir une heure de plus, mais le réveil à 3h, fait quand même très mal ! Et le petit déjeuner à 3h15, soit 2h avant le départ, a du mal à passer. Quelle idée aussi de nous infliger des départs de courses si tôt !! C’est déjà fatigant de courir 75km, alors si en plus on doit prendre le départ après une nuit blanche … Mais bon, après un bon café, les yeux sont bien ouverts et l’excitation de la course prend doucement le dessus. Les quelques foulées d’échauffement me confortent sur la forme du jour, mais j’ai un mauvais feeling avec mes pieds, sujets aux ampoules depuis cet été. Je sens que ça glisse dans la chaussure, je tente donc de superposer deux paires de chaussettes pour être mieux maintenue. Ça semble pas mal comme ça. J’hésite, mais je décide finalement de le tenter !
4h50, on prend la direction du départ pour être dans le sas à 5h. Le jour devrait se lever vers 6h30, ça veut dire, une belle portion à effectuer de nuit, à la frontale ! La météo s’annonce idéale, frais mais pas froid, pas de grosses chaleurs, mais pas de pluie non plus. Sauf qu’à 5h, ça caille un peu quand même. J’hésite donc à partir avec un coupe-vent par dessus un simple tee-shirt manches courtes. Mais au dernier moment, influencée par la chaleur humaine dégagée par la foule au départ, je décide de le retirer. Ambiance plutôt détendue sur cette longue ligne qui s’étend loin derrière le sas élites dans lequel nous avons eu la chance d’entrer. J’y retrouve pleins de têtes connues, dont Laurie qui semble avoir déjà commencé son Gali’reportage (à visionner juste en dessous, merci Gali’Laurie pour le clin d’oeil !), ou encore Peggy, qui se lance dans la course la plus longue de sa vie. Les quelques séances de papotage font bien passer le temps au final et le décompte des dernières secondes nous ramène vite à la réalité : ça y’est, la balade va démarrer. À ce moment là, je me projette quelques années en arrière et j’essaye de me rappeler que j’étais là, derrière les barrières, en spectateur, à applaudir tous ces courageux guerriers partir au combat … aujourd’hui, j’étais de l’autre côté, au milieu de ces barrières, et j’allais enfin vivre l’aventure des Templiers de l’intérieur. Je m’en réjouis, je prends conscience de la chance de j’ai d’être là. Les poils se dressent sur mes bras, le bonheur m’envahit, mélangé à un peu de stress aussi. J’allume ma frontale, embrasse Manu déjà dans sa bulle depuis un moment, et me laisse porter par les derniers mots de Gilles Bertrand et la musique du départ. 5, 4, 3, 2, 1 …. C’est parti !
Bien sûr, les premières foulées sont rapides. On le savait, c’est difficile de ne pas se laisser emporter par cette ambiance euphorique. Le son, les applaudissements, tout ce monde, les couleurs des fumigènes … Tout pousse à allonger la foulée ! Premier kilomètre passé en 4’05, c’est plat, roulant. 2ème kilomètre, 8’30, on poursuit sur cette longue route bitumée. Pour le moment, la foulée et le souffle sont bons, mais je regrette ma veste, j’ai froid. Un coureur à l’allure facile me double : « alors si j’ai bien compris, faut que je reste ici pour être pris en photo ! » Un blagueur ! Je ne le reconnaitrais que quelques mètres plus loin, c’est Thierry Breuil. Mais que fait il ici alors qu’il a couru la Solitaire hier ? La première ascension démarre à 2,5km, après le passage à Carbassas. La pente est d’abord douce, puis se durcit progressivement pour finir bien raide. Je me fais doubler par un paquet de coureur et notamment de féminines, j’ai l’impression d’en avoir plus de 20 devant moi. Pourtant, je n’ai pas le sentiment de me trainer. De toute façon, je n’irais pas plus vite, ça serait risquer de ne pas finir la course ou de la terminer en rampant … Malika Coutant me double aussi dans la montée, je ne peux accrocher.
Environ 40′ pour atteindre le sommet de cette première bosse. 5km500 et 600mD+. Pour le coup, la machine s’est bien réchauffée ! Sandra Martin me double avant l’arrivée au sommet, on s’encourage mutuellement. Je reste au contact et la redouble dans le début de la descente qui suit, tout en sachant qu’elle me repassera sûrement à la prochaine ascension. Elle me prévient : « Sissi, prudence, c’est à Massebiau que la course commence ! » Elle a raison, ce n’est pas ici qu’il faut griller des cartouches. Mais je suis loin d’être dans le rouge, je gère le début de course en connaissant la suite du menu. Jusqu’au premier ravitaillement, le parcours alterne faux plat montant et faux plat descendant. Le sentier des Causses est vraiment agréable et je prends vraiment du plaisir à évoluer sur ce genre de profil varié. J’essaye de rester concentrée sur mes appuis, il fait toujours nuit. Au bout d’1h15 de course, je me force à avaler une barre, qui passe moyen. Mon compagnon de route en fait de même à côté, je lui souhaite bon appétit ! Le jour se lève alors que nous entrons dans des monotraces un peu plus engagés pour entamer la descente de la Rouvière vers Peyrelau. Pas très confortable ici, il faut s’adapter à l’allure de celui ou celle qui mène le groupe, impossible de doubler dans ces sentiers très étroits. Je trépigne un peu, mais me rassure en me disant que ça me force à me préserver un peu.
L’arrivée au premier ravitaillement est juste majestueux !! Une ambiance de fou, je n’avais encore jamais connu ça auparavant. Une foule de spectateurs nous applaudit, crie nos prénoms, c’est génial et motivant ! Ça porte et redonne de l’énergie pour affronter la suite du parcours. Merci à tous d’avoir été là à ce moment là. Je cherche Laurent parmi tout ce monde, c’est lui qui doit me faire l’assistance. Banco, il s’est positionné à l’entrée du ravitaillement. Je m’arrête sans perdre trop de temps, j’attrape le bidon qu’il me tend, une barre, un actifood., et je lui donne ma frontale qui ne sert maintenant plus à rien. Je lui demande des nouvelles de Manu, je lui dis que tout va bien et je repars avec mon Lolo caméraman qui suit le mouvement ! Jusqu’ici, ça allait, mais lorsque je repars du ravitaillement, je commence à me sentir vraiment mal. J’ai la nausée, mes jambes sont devenues vraiment lourdes, et j’ai l’estomac en vrac complet. Bon, bon, bon, attendons un peu, c’est peut être un mauvais passage qui ne va pas durer … Nous sommes ici au 23ème kilomètre, 2h12 de course.
C’est une nouvelle belle bosse que nous trouvons en sortant de Peyrelau. Ça grimpe bien, mais je n’avance pas et je me laisse doubler encore ici par quelques coureurs. L’un d’eux engage la conversation, je réponds poliment, mais j’avoue que je n’ai pas du tout envie de papoter ici, concentrée pour essayer de retrouver des sensations de course normales …Il me dit qu’il espère terminer en moins de 11h, que l’an dernier, il a mis 10h54. Ok, alors avec mon objectif moins de 10h, je suis carrément loin du compte dans ce cas …. Ça me fout un bon coup au moral, j’avoue. En haut de la bosse, 5km et 500m de dénivelé positif plus loin, je ne vais pas mieux et suis obligée d’alterner marche/ course alors que le parcours permet largement de garder un rythme de course. Aie aie aie ! Depuis un moment, on fait le yoyo avec une coureuse venue d’Afrique du Sud. Elle me double en montée, je la redouble en descente et sur le plat. pour le coup, elle a pris de l’avance là … Jusqu’à Saint André de Vezines, c’est l’enfer ! J’essaye de m’accrocher pour ne pas trop perdre de temps mais je suis au ralenti ! J’ai des maux de ventre horribles, ces nausées qui m’empêchent de m’alimenter et je suis obligée de faire plusieurs « pauses buissons ». Bref, sans rentrer dans les détails, je ne suis vraiment pas au top et l’idée de mettre le clignotant me traverse parfois l’esprit. Sans prendre de plaisir, je n’y vois plus trop d’intérêt. Mais je pense à l’équipe France et ne sachant pas comment les filles vont devant, je dois continuer ! Les 3 premières comptent dans le classement, donc une seule de nous a le droit à l’erreur aujourd’hui.
3h30 de course, j’arrive au 2ème ravitaillement, Saint André de Vézines, vidée et sans énergie. J’y retrouve Lucie Jamsin qui semble avoir été missionnée pour me faire l’assistance. Merci à elle, c’est adorable ! Aline et Benjamin sont là aussi, ils prennent de mes nouvelles. « Non, je ne suis pas bien, j’ai vraiment mal au ventre, je me sens comme barbouillée ! Je ne sais pas comment je vais faire pour aller au bout … » Aline me propose un smecta, je saute sur l’occasion ! Ça ne peut pas me faire de mal étant donnée la situation. Merci Aline !! J’aurais pris plus de temps que d’habitude sur ce ravitaillement, mais bon, c’est pour la bonne cause. Je repars avec un nouveau besoin de m’arrêter derrière un buisson quelques minutes plus loin … Ok, c’est pas gagné ma fille ! En temps normal, j’aime beaucoup cette portion du parcours, mais aujourd’hui je subis. L’allure va quand même mieux qu’il y a 1 ou 2h mais je ne me sens pas la foulée très pimpante … Manikala Rai me double avant d’arriver à La Roque Sainte Marguerite, mais je tente de m’accrocher derrière, en la gardant à la vue. Ce passage est vraiment chouette, nous évoluons autour de lieux emblématiques comme Montméjean, la remontée sur les falaises du Rajol, ou encore Roques Altes, et le soleil commence à percer à travers les nuages. Enfin, j’arrive à me réchauffer. Depuis le départ, j’ai froid.
L’arrivée dans les belles ruelles de la Roque Sainte Marguerite annonce pour moi une tout autre course : la forme revient et j’ai d’ailleurs doublé une quarantaine de coureurs depuis Saint André. Ça fait du bien au moral ! Je reviens sur Manikala, on s’encourage, elle m’invite à foncer sans l’attendre (vidéo ci dessus, merci Lucie !). Je prends donc les devants dans la prochaine belle ascension sur le Larzac. Très pentue au départ, puis elle s’adoucit ensuite. Je parviens à le grimper en courant, à petites foulées. Je me remémore notre passage à la reco où je m’étais dit : »si tu cours quand tu grimpes ici, c’est que tu seras pas mal! » Je double une vingtaine de gars entre La Roque et Pierrefiche, signe d’un véritable renouveau pour moi : ça y’est, je prends enfin mon pied, ça avance bien et sans douleur anormale ! Du coup, quand j’arrive au ravitaillement où m’attend mon Gilou (Gilles Guichard), je suis toute souriante et toute speed. J’aurais mis 35′ entre les deux points. J’essaye de ne pas perdre trop de temps ici, mais je sais que la portion jusqu’à Massebiau, sans eau, est longue. Je fais donc attention de ne rien oublier et notamment prendre de quoi manger et boire (une flasque en plus, que je garde la main). Merci à Gilou d’avoir assuré à l’assistance ici ! Il essaye d’ailleurs de me calmer : »je vois que t’es en forme Sissi, mais ne t’emballe pas quand même, il reste du chemin ! » Il a raison, 30km encore, mais je me connais par coeur et je sais que c’est à partir de maintenant que je vais m’éclater.
Je repars gonflée à bloc. C’est maintenant que l’on attaque le Larzac, ses belles allées bordées de buis centenaires, ses monotraces en surplomb, ses passages très aériens au dessus des corniches. Magique !! Je me régale et prends énormément de plaisir ici, tellement je me sens bien. Il commence à faire chaud mais j’économise mon eau, je sais que je vais avoir au moins 2h à effectuer en autonomie. S’agit pas de faire une hypo ici. En effet, cette portion est longue et rallongée par rapport aux éditions précédentes : quasiment 20km entre Pierrefiche et Massebiau. Je double quelques coureurs qui semblent prendre des bons coups de moins bien ici, dont une féminine. Au final, 45 coureurs doublés sur cette portion, ce qui me remonte à la 120ème place au classement général et à la 15ème féminine (alors que j’étais 225ème et 19ème féminine à Peyrelau). Bien contente d’avoir géré correctement cette partie du parcours qui use les organismes, j’arrive à Massebiau, soulagée d’y trouver de l’eau quand même. Quelle ambiance ici !! Wouaaaah, ça booste tous ces encouragements. Merci merci !!
66ème kilomètre, 7h36 de course. Un bon bout de fait, mais attention, je sais qu’il reste encore un gros morceau et que ce n’est pas ici qu’il faut faiblir ! La montée vers le Cade pour commencer … Ça grimpe, ça grimpe !! Je la démarre en courant, mais je finis par craquer : je marche quand c’est bien pentu. J’ai la chance d’être accompagnée de 2 coureurs qui sont eux même encouragés par deux copains. Un bon groupe qui motive ! On papote, ça passe le temps. Mains sur les cuisses, on appuie ! Les gars devant s’aident des bâtons, j’ai quand même l’impression que ça va plus vite avec. Mais le jour où je m’essaierais avec n’est pas arrivé ! Quelques mètres avant le haut de la bosse, j’aperçois une féminine au dessus, il me semble reconnaître Sarah Vieuille. J’avance un peu plus vite qu’elle et la recolle assez vite. Je m’arrête à son niveau et lui demande comment elle va. A priori, ce n’est pas la grande forme, elle me dit être en hypo ! La pauvre, si elle ne mange pas un truc, la fin de course va être longue pour elle. Je lui donne donc une barre qu’il me reste et l’encourage à essayer de m’accrocher. « Allez poulette, accroche, le ravitaillement du Cade n’est plus très loin, tu vas pouvoir te refaire une santé là bas ! »
J’atteins justement ce 4ème ravitaillement du Cade, 69ème kilomètre, à 8h18 de course. Je me sens toujours plutôt bien, j’ai gagné encore 10 places sur le classement, cool ! Laurent m’encourage en me rassurant : « super Sissi, tu as bon rythme là, je n’ai pas vu grand monde courir aussi vite ici ! Tu vas te régaler sur cette fin de parcours, profite ! » Oui oui Laurent, t’embêtes pas, je la connais la fin de course et je sais très bien que je vais plus en baver que me régaler ! Je préviens Philippe Propage que Sarah n’est pas loin derrière, mais qu’elle va avoir besoin d’être requinquée. Et je repars sans plus trainer. Je m’auto-encourage : « allez Sissi, il te reste une derrière grosse difficulté et tu l’auras fait ! » Je me sens fraîche et plutôt bien en repartant, mais j’accuse le coup quelques minutes plus loin, avec des jambes lourdes et musculairement douloureuses. J’ai du mal à allonger la foulée, je sens que la montée du Cade (et sûrement les 70km précédents !) a laissé des traces. Et encore plus loin, gros coup de bambou, qui m’oblige à carrément m’arrêter dans la descente sur le Causse Noir. J’ai la sensation d’être en hypo, ça me tourne la tête, j’ai envie de vomir … mais je fais le bilan de ce que j’ai avalé au ravitaillement : 3 verres de coca, un shot Isostar, une barre, non impossible, c’est peut être justement une hypo réactionnelle que je suis en train de faire. Je me fais violence pour garder le plus de lucidité possible, les difficultés qui suivent en demandent beaucoup.
La portion que je redoute le plus arrive justement : une descente bien technique et archi glissante (je suis obligée de me tenir à la corde pour ne pas tomber les fesses par terre), puis la remontée sur le nez rocheux de la Pouncho d’Agast par le Faux Monnayeur. Que c’est dur ici !!! Et que c’est long aussi !! J’en bave vraiment, j’ai mal aux jambes, j’ai chaud, j’ai soif, je ne me sens pas au top, mais j’avance en prenant mon temps et en restant concentrée sur chaque foulée. L’ascension me paraît interminable, mais nos supporters assis sur un rocher au sommet nous donnent du courage. Merci ! Tiens, un photographe ici, pour immortaliser nos belles grimaces provoquées par nos corps fatigués. Ah bravo, on va être beaux tiens ! C’est Cyrille Quintard, dont je vois passer les jolis clichés sur les réseaux sociaux. Cheeeeese Cyrille ! Une fois au sommet : OUF, OUF, mais re-OUF après avoir franchi les dernières marches pour se hisser tout en haut. 74km, 9h10 de course. Cette fois, ça commence vraiment à sentir bon.
L’arrivée est proche, mais il faut quand même encore faire subir à nos cuisses, la descente raide et technique vers Millau, ainsi que la petite remontée vers la Grotte du Hibou. Portion que j’ai la chance de faire avec un compagnon de course bien sympathique qui me fait la discut’ pour faire passer le temps et oublier qu’on commence à en avoir vraiment marre. Je prends conscience que je m’en suis sortie ce matin, sans aucune chute : assez rare pour le signaler, je suis plutôt fière de moi ! Ça m’incite à être deux fois prudente dans ce finish accidenté. Bon, j’essaye de ne pas trainer non plus, je n’ai pas envie de me faire prendre une place ici. Je reconnais bien la fin de parcours, légèrement modifiée par rapport aux années précédente. La voix du speaker, Harry Bignon, motive à pousser un peu la machine pour en terminer le plus vite possible.
Dernière descente, j’aperçois Laurent Brière avec sa caméra, il m’encourage : »allez Sissi ! Alors, t’en as bavé ? » Oui Laurent,en effet, t’as lu dans mes pensées en dirait ! J’entre dans l’aire d’arrivée, avec ses derniers virages et tous ces gens qui donnent de leur voix, comme pour nous aider à avancer. Je tape dans les mains tendues des enfants, j’entends Harry qui annonce mon arrivée et puis enfin, je suis face à cette arche pour THE finish ! Un bisou à belle-maman et belle-mamy juste avant de franchir la ligne et je suis accueillie par mon cher et tendre qui ouvre grand les bras pour me féliciter et me réconforter. J’en aurais terminé en 9h32, 14ème féminine et 110ème au scratch, sur un parcours rallongé à 77km et plus de 3400mD+. Un sacré chantier que j’aurais, certes, aimé terminer en prenant plus de plaisir … mais quelques jours après, je sais que ce sont uniquement les bons moments qui ressortiront de cette nouvelle belle expérience. J’ai fait au mieux avec la forme du jour, rien à regretter. 3ème de l’équipe France derrière Anne-Lise Rousset qui prend une belle 3ème place et Maud Gobert, 5ème, je suis contente d’apprendre que nous prenons la seconde place au classement par équipe ! Le team Europe était vraiment costaud, victoire méritée pour les filles : bravo !
Un grand merci à Gilles et Odile, à Philippe, et à tous ceux et celles qui ont permis à cette évènement d’être aussi réussi ! Il va maintenant falloir prendre le temps de récupérer pour la dernière grosse de l’année. Avec l’objectif de réduire le pourcentage de souffrance pour augmenter les supers moments de plaisir ! ;)))
Sylvaine CUSSOT
(Photos : Geoffroy Sheep, Antoinette Gault, Agnès Bonet-marco, Cyrille Quintard, Trail Endurance Mag, Benoît Holzerny)
> Les résultats de la Grande Course des Templiers
>> Revivez la course des Templiers des athlètes du Team ASICS trail à travers une chouette vidéo de Laurent Brière :