A l’intérieur de l’événement, hormis l’effort physique à accomplir, il y a plein de chose à vivre et à ressentir.
A l’approche du moment tant attendu, on voit les gens se diriger vers la zone de départ, en se pressant plus ou moins vite. On s’extériorise ou l’on s’isole. On entend des rigolades, puis on voit des visages tendus, concentrés.
Evidemment, beaucoup de choses vont bientôt se jouer. Les semaines d’investissement vont enfin aboutir, mais il faut d’abord passer par un moment de vérité, long, calme puis corsé. Un long fleuve pas vraiment tranquille… Dans le peloton qui attend le signal, nous sommes seul au milieu de milliers de coureurs. On est ensuite emporté par le flot qui s’écoule dans les artères de la ville. A ce moment là, il faut profiter, rester les yeux ouverts pour capter ce qu’il se passe. Cela ne se répétera pas souvent : la rue uniquement pour vous, les gens par centaines qui sont là sur le bord pour vous applaudir. On vous regarde avec admiration. Certains savent ce qu’il va se passer pour vous, les autres n’en ont pas la notion mais ils sont sûrs que c’est quelque chose qu’ils ne pourraient pas faire.
On est lancé, tout va bien pour l’heure, le corps accepte avec facilité cette répétition de foulées. On regarde à droite ou à gauche pour essayer de repérer des visages familiers, pour emmener ces images avec nous pendant notre voyage intérieur. Ces images vont nous faire du bien au moment où tout vacille. Tout est fait un grand ce jour-là : le nombre de kilomètres, le nombre de coureurs, les animations. Ces dernières vont nous sortir un peu de notre tunnel de concentration. Il est bon parfois de retrouver la lumière pour laisser l’esprit se « promener ». Ces gens qui sont là pour nous, se sont certainement levés avant nous. Un petit signe de la main pour partager cette chaleur humaine, merci !
On contrôle la montre pour vérifier que nous sommes toujours à portée de notre objectif. Si la montre approuve, le corps commence à marquer les efforts. Le cerveau lui, ne veut pas accepter ce qu’il se passe. Alors quoi, tous ces efforts pour que machine se grippe ? On croit toujours maîtriser mentalement ce qu’il peut se passer. On croit toujours que l’on peut repousser les signaux que le corps envoie… Mais le marathon, c’est une épreuve. Quand on bascule du côté de la souffrance, la performance perd un peu de valeur. On a envie de boucler l’affaire, on a envie de retrouver les siens, qui vous attendent depuis de très longues minutes, pour les rassurer. L’important reste avant tout la santé. Alors si on lâche quelques minutes sur le bitume, ce n’est pas si grave. On est passé par différentes phases, par la joie et la souffrance à divers degrés… c’est bien ce que l’on est venu expérimenter !
Alors, recommencer ce voyage intérieur, ou pas…? Il vaut mieux se laisser le temps d’y répondre, quand notre corps sera à nouveau apte à nous conduire dans ce voyage.
Mathieu BERTOS