Pour l ‘organisation du Grand Trail du Lac, l’idée du succès est simple : un max de plaisir et pas de pépins pour tous, coureurs comme bénévoles. Loin des apparences, ici la satisfaction de chacun est la récompense suprême.
Une récompense que peuvent dignement savourer Florent Hubert et toute son équipe à l’issue de cette seconde édition du Grand Trail du Lac qui s’est déroulée dimanche 18 octobre, au cœur des paysages savoyards automnaux.
Une épreuve qui fait mouche
En 2014, l’idée d’une grande ronde trailesque autour du Lac du Bourget par les crêtes, née de la transformation de la Grande Course du Lac, épreuve mêlant course et trail, en format 100% trail, attirait près de 500 amateurs, séduits par les 77 et 31km proposés. Le Grand Trail du Lac était né. Toujours soutenue par les communes de Chanaz et du Bourget-du-Lac, l’association Grand Trail du Lac remet ça cette année avec un enthousiasme intact. Une édition 2015 qui continue sur son encourageante lancée et bat son record d’inscription avec 600 dossards réservés.
Engagés sur le 75km/3600m+ solo ou relais 2 et 4 et sur le 34km/2050m+ solo, tous sont pressés de partir à la rencontre des superbes sentiers, tantôt en balcons du lac, au cœur du massif de la Chambotte et du Mont du Chat, tantôt au bord de l’eau, côtoyant les rives du lac et du canal de Savière. Points de vues exceptionnels, effort, convivialité et partage seront les fers de lance de cette grande aventure qui s’apprête à démarrer du Bourget-du-Lac en ce dimanche matin.
5h, tout est fin prêt, chacun des 75 bénévoles est à son poste. Après un smoothie maison distribué par l’organisation au petit déjeuner, les coureurs de la distance reine s’élancent, armés de frontales, à l’assaut du tracé, sous un froid distillé par un plafond nuageux gris et bas.
Un départ smooth !
Si les 10 premiers kilomètres, plats et bitumés, vont se charger de dégripper les muscles endormis comme il se doit, le rythme se veut mesuré. Le message est passé et l’expérience 2014, où la configuration originale du tracé avait durement rudoyé les coureurs, a servi à ceux de l’édition suivante ! Les concurrents 2015 savent donc que sur ce tracé piégeur, les difficultés les plus corsées sont annoncées sur le dernier tiers. Pas question alors de griller toutes ses cartouches avant d’affronter les terres du matou, un boss de fin à la dent dure ! C’est d’une foulée précautionneuse que les coureurs s’élèvent ensuite vers le premier massif, celui de la Chambotte, et son terrain vallonné.
Après une première petite bosse pour atteindre Brison St Innoncent, les choses sérieuses débutent avec l’ascension vers le Mont de Corsuet et sa Croix de Meyrieu, au km16. Puis, c’est à travers les bois enténébrés, sur les falaises de la Chambotte, que les trailers avancent pour atteindre son fameux belvédère et sa vue panoramique. Panorama qu’ils pourront mieux savourer au fur et à mesure de la disparition de la nuit, les récompensant de leurs efforts en dévoilant à leurs pieds le lac et les massifs environnants. Des paysages superbes qui les accompagneront tout au long de leur incursion à la Chambotte.
Ce sont les magnifiques crêtes de Cessens qui s’annoncent désormais. Avec du retard sur l’horaire estimé, les frontales des premiers percent l’obscurité de ces singles en crêtes pour enfin atteindre le dernier point de vue en hauteur de la Chambotte avant d’embrayer, non sans un coup d’œil appréciateur, sur la difficile redescente vers Châtillon et le bord du lac. Arrivés en bas, le profil plat donne l’occasion de souffler ou relancer sur plusieurs kilomètres avant une petite bosse permettant d’atteindre Chanaz, km45. Ici bénévoles et accompagnants se sont chargés de chauffer l’ambiance, faisant honneur aux trailers du 75km traversant Chanaz comme à ceux du 34km, qui s’élancent à 10h de ce petit village, joignant leur foulée à celle du grand tracé, vers un adversaire de taille, le Mont du Chat.
Prudence est mère de sûreté…
Prévoyants, nombre de coureurs du 75km ont bien géré leur effort en levant jusque là le pied, et c’est dans une relative fraîcheur qu’ils abordent en avance cette deuxième partie, vallonnée jusqu’au col du Chat, en passant d’abord par le petit village d’Ontex (km57). Ici règne une ambiance du tonnerre, spectateurs et relayeurs ayant déjà rempli leur part du contrat acclamant les trailers toujours en course qui s’arrêtent au ravito. Pommes de terre et nouilles chaudes, pâte d’amande, charcuterie, fromage et fruits distribués par des bénévoles aux petits soins sont très appréciés. Requinqués, ils repartent donc vers le col du Chat, km64, où, terriblement exigeante, l’ultime portion s’annonce.
3km et 800m+ de montée technique et parfois aérienne jusqu’au point haut, le Molard Noir, en passant au pied de la fameuse Dent du Chat, vont mettre au défi les concurrents. L’ascension est rude, mais plus le sommet se profile, plus la vue se fait sublime : la Dent du Chat, sertie dans un décor tout en camaïeux de rouges, jaunes et orangés en toile de fond sur leur droite, le lac et se reflets changeants s’étalant dans leur dos. Ne manque plus qu’à se retourner pour profiter de ce saisissant spectacle tout en reprenant son souffle avant de repartir vers le relais de l’Aigle, un peu plus loin.
Mais rien n’est joué et les concurrents savent qu’une descente plus que raide les sépare encore de la victoire qui les attend au Bourget-du-Lac ! Ces 7km et 1200m-, « dré dans l’pentu » et techniques, suivis du replat final, se révèleront une épreuve de taille avant de pouvoir enfin se relâcher dans l’étreinte de ses proches et déguster le chili maison servi à l’arrivée.
Le temps des records
Sur le 75km solo, ce fut le jeu des chaises musicales avant que le podium ne commence à vraiment se dessiner sur le dernier tiers du parcours, à la faveur des meilleurs tacticiens. Pierre-Loïc Deragne, habitué des longues distances (3ème sur le 103km des Coursières des Hauts du Lyonnais, gagnant de l’Ozark Trail 100 mile 2012) et le grésylien Serge Duverney Prêt (1er sur l’Interlac Trail 43km et la Grésylienne), dans le top 10 dès le départ, gèrent leur effort avec retenue pour lâcher les chevaux et opérer leur remontée en tête dans la seconde partie du tracé. Le chambérien Benjamin Galland, en retard sur la première partie, effectue lui aussi petit à petit une belle ascension dans le classement.
Au relais de l’Aigle, km68, les trois hommes pointent donc respectivement 1er, 2nd et 3ème, prenant l’ascendant sur Alban Martinez et Bertrand Mouton, pourtant premier et second sur la première partie du parcours, passant ici à la cinquième et quatrième place. Serge, accusant un retard de 5min sur Pierre-Loïc au relais de l’Aigle, donne tout dans l’infernale redescente vers Le Bourget-du-Lac, rattrapant peu à peu son retard pour le rejoindre peu avant l’arrivée. Dans un bel esprit sportif, les deux athlètes décideront alors de passer la ligne main dans la main en 8:14:36, battant le temps de référence établi sur la première édition par Yann Nourry (08:50:32). Ils seront suivis, 7min plus tard par Benjamin Galland. Bertrand Mouton et Alban Martinez complèteront ce top 5 messieurs.
Côté dames, Eija Le Bris (gagnante Grand Duc en duo, catégorie dames) se hisse sur la première marche en 11:12:42, s’imposant sur la fin du parcours devant Julie Isard qui en termine en 11:31:16 et Alaïs Jacquemet (11:54:27). Sur le relais 2, ce sont Marion et Sébastien Martinet qui l’emportent au scratch et dans leur catégorie mixte avec un temps de 08:15:27, établissant un nouveau record. Seconde place au scratch et premier relais hommes pour le duo Stéphane Ferventin/Pascal Jacquard en 08:21:32. La troisième place au scratch est emportée par le duo formé par Emilie et Cédric Deronzier en 08:29:07. Pour la catégorie dames, ce sont Christine Dupraz et Stéphanie Schmitt qui l’emportent en 12:13:53.
Chez les relais 4, la relève est assurée avec la présence d’étudiants du Cesni (Centre d’Etudes des Sportifs Nationaux et Internationaux) qui se sont distingués sur les relais hommes et femmes. La victoire au scratch est donc pour la jeune équipe masculine formée par Benjamin Moleins, Thomas Janichon, Damien Humbert et Anthony Gachet en 7:13:22. Côté relais mixte, la victoire est pour le team formé par David Larrieu, Murielle Grillet, Romain Nogues et Florian Brunel avec un temps de 07:45:00. Dans la catégorie dames, victoire du quatuor formé par les étudiantes Maëlle Guyoton, Fanny Tournay, Coline Thibal et Laura Deplanche en 08:39:04.
Le 34km se voit remporté par le chambérien Etienne Loisel (gagnant de la Chatvoyarde et de la Verti’croc) pour les hommes en 03:24:34 et par Alexandra Munier (gagnante du Tour des Coulmes, du Montaud Roc et du Trail des Chambaran-Varacieux) chez les dames en 04:20:50, chacun établissant un nouveau record.
Une cuvée 2015 réussie malgré un temps souvent couvert, qui n’aura toutefois pas privé les concurrents des panoramas superbes réservés par le tracé. Après le rangement, le temps du bilan viendra vite pour l’organisation. En attenant, Florent Hubert se dit très satisfait du déroulement de la course, les coureurs ayant pris du plaisir sur ces deux distances, qui ont connu un faible taux d’abandons, le tout dans une ambiance conviviale, assurée par une équipe de bénévoles motivée et dynamique.
>> Tous les résultats sur http://www.grandtraildulac.com
Crédit photos : Laurent Llopis
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