Avant de se diriger vers Millau pour l’une des dernières grosses de la saison, les Templiers, un rapide retour quand même sur celle qui s’est intercalée au dernier moment ce 11 octobre dernier : le Trail du Pont du Gard. Une course à domicile, assez rare pour le signaler, à laquelle nous avons pris beaucoup de plaisir à participer !
À noter que cette course a la particularité de se dérouler autour d’un site classé patrimoine mondial de l’UNESCO : un environnement naturel classé Natura 2000, chargé d’histoire. Comment ne pas être excité à l’idée de s’offrir une balade dans ce paysage historique ?
Placée 15 jours après les championnats de France de Trail et 15 jours avant les Templiers, cette course n’était initialement, pas au programme. Manu ayant été contraint à l’abandon au Sancy, il lui tenait à cœur de raccrocher un dossard avant les Templiers. Pour ma part, j’avoue avoir mis plus de temps que d’habitude à récupérer après les France. Des douleurs aux ischios m’ont tenue une bonne semaine, et je ne me sentais pas vraiment prête à remettre ça 2 semaines après. Ni physiquement, ni psychologiquement.
Les choses évoluant dans le bon sens les jours précédents le Trail du Pont du Gard, je décide malgré tout de prendre part à la fête gardoise, avec l’objectif de profiter de ce parcours roulant, pour faire une sortie longue rythmée, probablement bénéfique pour la Grande Course des Templiers. Au programme, un profil en dents de scie, avec 35km et 1200m de dénivelé positif annoncés (qui ne feront que 1000 au final), bien répartis de manière à user les organismes et les différents groupes musculaires ! Miam ! Une journée qui s’annonce ensoleillée également et ça nous arrange pas mal, dans la mesure où le sol est rempli de cailloux (plus ou moins gros), qui pourraient être bien glissants par temps de pluie.
Le côté positif : pas de grosse logistique veille de course, on peut se rendre sur le lieu de départ directement de la maison le matin. Le bonheur ! Réveil à 6h, on quitte la maison à 7h pour arriver sur le lieu 45′ avant le départ. Au retrait des dossards, c’est la cohue, et ce petit imprévu de dernière minute obligera un départ décalé de 15 minutes. Pas grave ou tant mieux, on en profite pour s’échauffer un peu plus et papoter avec les copains venus également se faire plaisir aujourd’hui : Aude et Nico, Rémi, Carole, les coureurs de Courir en Uzège, Pascale, Fabrice, Florian … 8h45, cette fois, le départ est donné, et les coureurs du 17km s’élancent avec nous. Nous ferons d’ailleurs parcours commun pendant leur 17km avant de bifurquer pour les 18km restants.
Départ rapide, je ne peux m’empêcher de suivre le mouvement lancé par les coureurs du 17km. On quitte rapidement le bitume et le village de Lédenon, pour s’engouffrer vers les sentiers. Premier kilomètre passé en 4’10, deuxième, 8’30, on enchaîne les petites bosses en alternance de montées/descentes, le sentier est encore assez large pour nous permettre de doubler sans se casser la figure. Mais gare aux chevilles, le sol est rempli de cailloux et avec l’euphorie du début de course, une entorse est vite arrivée. J’ai à peine le temps de me rendre compte que je n’ai aucune féminine devant, que les deux premières du 17km (June Dixon et Virginie Saez), me doublent en flèche ! Bon, il va falloir calmer le jeu pour tenir jusqu’à l’arrivée …. 3ème kilo, 13’20, la cadence ralentit naturellement en entrant dans les singles et sentiers en sous bois très piégeux pour les appuis. Les branches à droite à gauche nous obligent même régulièrement à baisser la tête ou à se pencher sur le côté pour les éviter.
À la sortie du bois, 5ème km, 23′ de course, une autre féminine m’a doublée mais je l’accroche, ça me motive et me donne le rythme, et je finis par la redoubler dans la montée qui suit. On longe alors le gardon avec le Pont du Gard en ligne de mire, sur une courte portion de faux plat montant bitumé. Quelle vue ! Je retrouve ici un coureur avec qui j’avais fait un bout de chemin à la 6000D, on échange quelques mots et je le laisse prendre les devants dans les marches qui suivent et nous mènent au petit tunnel où passèrent jadis les eaux arrosant Nîmes. Ça casse le rythme ces escaliers, mais ça fait bien bosser ! Au sommet, le sentier plutôt propre au sol permet de bien relancer avant d’attaquer de nouveau vers les monotraces plus techniques en sous-bois. Mes sensations sont plutôt bonnes, même si je sens que je risque de payer cette première partie de course un peu trop rapide peut être … On verra, tant que ça tient, on avance ! Le but aujourd’hui, c’est de travailler.
9,5 kilomètres, 47′ de course, et déjà plus de 200m de dénivelé positif cumulé, nous voilà au premier ravitaillement. Mon bidon n’est pas vide, mais je prends le temps de le remplir à bloc, ne sachant pas à quel kilomètre je trouverais le prochain. La suite du parcours continue de nous régaler, avec des passages qui alternent montée puis descente, parfois raide et technique et parfois plus courante. J’essaye de tenir le rythme tout en restant bien vigilante sur mes appuis pour ne pas risquer de me blesser. Cette première boucle de 17km nous refait donc passer au village de Lédenon. Les coureurs du 17 kilomètres tournent à gauche vers l’arrivée, alors que nous prenons sur la droite pour la 2ème partie du parcours. 1h30 de course, j’avoue que je me serais bien contentée de ça pour aujourd’hui finalement ! Mais non, allez, il faut s’accrocher et penser aux Templiers qui approchent. Les spectateurs m’annoncent alors 1ère féminine. J’essaye de relancer la machine, physiquement ET psychologiquement ! C’est chose faite après avoir fait le plein au point d’eau dédié à cela.
Après cette bifurcation au 17ème et un grand nombre de coureurs qui en terminent ici, on se retrouve alors bien seuls sur les sentiers. Un mal pour un bien, ça me permet de ralentir la cadence sans être tentée d’essayer de suivre quelqu’un. Personne devant, personne derrière. Enfin, cela ne dure pas si longtemps que ça, heureusement, c’est quand même plus motivant de courir à plusieurs ! Je n’ai aucune idée sur les écarts derrière, mais un coureur qui me rattrape, me lance : « ça va, tu as de la marge, elle est loin la 2ème féminine ! » Mais bon, je me méfie, la dernière fois qu’on m’a dit ça (on m’avait d’ailleurs annoncé 40′ d’avance), je me suis faite doubler dans la demi-heure qui suivait ! Bref, du coup, j’essaye de ne pas trop freiner, mais ces monotraces techniques n’en finissent pas de zigzaguer et je sens que je commence à clairement faiblir. Un signe qui ne trompe pas : je passe en mode marche/course dans les montées … Quand ça part comme ça, ça sent mauvais !! Cerise sur le gâteau, je n’ai plus d’eau et les gars avec moi m’affirment qu’il n’y a plus de ravitaillement … Je me satisfait donc de ma dernière goutte restante dans ma gourde mais je suis carrément sèche et je n’avance plus trop.
Ô bonheur quand j’aperçois la table de ravitaillement avec les bénévoles autour. Soulagement ! Hop hop, un verre de coca, deux même, je remplis mon bidon et je repars. Mais ce rafraîchissement ne suffira pas à me redonner l’énergie nécessaire à m’accrocher lorsqu’une féminine me double comme une flèche dans une montée technique et bien pentue aux alentours du 30ème kilomètre. Arf !! Je n’ai ni les ressources physiques, ni les ressources mentales pour riposter … Et avec ces monotraces sans visibilité, elle disparaît vite de mon champ de vision. J’abdique donc sans me battre et sans culpabiliser : « pas envie de me faire plus mal aujourd’hui, on a dit, on fait une belle séance de rythme, c’est chose faite ! » Je reste bien concentrée sur la fin du parcours pour éviter un accident ou une erreur de parcours, parfois vite arrivés par inattention à cause du relâchement à l’approche de l’arrivée.
Des bénévoles nous encouragent : « allez, 2 derniers kilomètres ! » Ok, super merci ! Je regarde ma montre, 3h10. 9 minutes, 2km, quelques foulées et quelques cailloux plus loin, j’arrive au village de Lédenon pour franchir la ligne d’arrivée en 3h19. 2ème féminine donc et 21ème au scratch. Notre cher Claude Razon au micro pour nous accueillir et une super équipe de bénévoles au petits soins pour nous offrir à boire et à manger. Un grand merci à tous, ainsi qu’à Jérôme, l’organisateur, qui peut être fier de cette belle édition 2015 du Trail du Pont du Gard !
Sylvaine CUSSOT
>> Les résultats du Trail du Pont du Gard 2015 : 17kms 35kms