En discutant de tout et de l’actualité, on ne peut s’empêcher de ramener ce qui se passe à la course à pied, notre passion, qui est aussi un certain train de vie. Hygiène, lever tôt, préparation pour les objectifs avec méthode, esprit de compétition et de partage. Tout ceci imprègne notre quotidien et notre façon d’être.
Alors quand on entend nos chers hommes et femmes politiques débattre autour du mot « race », cela fait hérisser les poils (pour ceux qui ne les ont pas rasés pour question d’esthétisme, d’hygiène ou encore d’aérodynamisme, que sais-je…). Il n’y a pas à classifier l’humain (comme on l’a fait pendant les heures les plus sombres), seul l’Homme peuple la planète quel que soit sa pigmentation de peau.
Le seul classement valable et impartial, c’est celui d’une course. Le premier a couru plus vite que le second, parce qu’il a mieux géré sa course, parce qu’il s’est mieux entraîné, parce qu’il s’est plus investi, pour X raisons. Est-ce que quelqu’un se fout au départ de savoir quel bonhomme ou quelle bonne femme il va pouvoir battre aujourd’hui ?? Vous allez vous décaler dans le peloton parce que la personne à côté est marron, jaune, blanc comme un cachet ou vert de peur ?
D’ailleurs, il n’y a qu’à voir au départ d’une course tout ce monde qui se mélange, pour parcourir la même distance et pour le même but, franchir la ligne. L’effort de chacun fera que certains iront plus vite que d’autres. La simplicité de ce sport, qui est aussi le mode de déplacement de l’humain le plus basique, permet qu’il soit pratiqué par tous quel que soit la condition sociale de l’individu et son niveau de vie. Vous avez remarqué dans les clubs, tout le monde vient à se parler sans connaître leurs prénoms au début ? On se tape dans la main, on se félicite. L’effort unit. Puis quand vous commencez à vous intéresser un peu, vous remarquez qu’un tel est banquier, un autre travaille au conseil général, une autre est infirmière, hôtesse de l’air, professeur, vendeur, éducateur, étudiant, médecin, employé d’usine, garagiste… Tout le monde en short et en t-shirt fluo, épilé ou pas, affûté ou bedonnant, rouge d’essoufflement ou bronzé, tout le monde est à égalité.
Alors bien sûr à haut niveau, il y a aussi une question de professionnalisme et certains ont la chance ou pas de bénéficier de soutien et de structures. Mais que ce soit en sprint ou en course de fond, tous les pays du monde, des plus riches aux moins peuplés, peuvent avoir un champion qui porte les couleurs de son pays. Brésil, Erythrée, Australie, Corée du Sud, Tanzanie, Estonie, Mexique, Ukraine, Namibie, Ouganda, Portugal… On n’a pas besoin de les citer tous, vous aurez compris.
Tout le monde a la possibilité de courir. La course, c’est la liberté car vous habitez votre propre corps tandis que votre pensée s’envole. Vive les pelotons colorés de vos couleurs de peau, de vos tenues, de vos émotions ! Vive ce sport où tout le monde se mélange. La course à pied, c’est quelque part l’universalité.
Mathieu BERTOS
Photo : Pittsburgh marathon