Sacrée aventure, sacré défi, sacrée belle performance pour Maria Semerjian qui nous raconte ici son périple sportif sur le Tor des Géants 2015 !
Une édition mémorable, marquée par des conditions climatiques difficiles et une épreuve stoppée avant la fin … Frustration pour certains, déception pour d’autres, on le comprend ! Quoi qu’il en soit, il en fallait du courage pour se lancer sur une telle épreuve : 330km, 24 000m de dénivelé positif. Édition remportée cette année par Patrick Bohard, qui est parvenu à franchir la ligne d’arrivée avant que l’organisation n’arrête la totalité des coureurs restants sur le parcours.
« Oui certes la course a été arrêtée ! Mais mince personnellement il ne me manquait « que » 2 cols et 50 km ! alors il me semble que je ne l’ai pas trop volée cette édition 2015 du TOR des géants ! Voici ma course résumée en quelques chiffres.
4 jours / 3 nuits, soit 86h40 de course : On est partis dimanche à 10h sous une bonne petite pluie fine et la course a été neutralisée pour moi jeudi au petit matin à 0H40 à Ollomont.
3 h : c’est la durée pendant laquelle la course a été un première fois neutralisée lors de la première nuit : La situation s’est dégradée un peu plus tard dans la nuit de dimanche à lundi. J’ai franchi le col de l’Entrelor (3000 m d’altitude) vers 3 h du matin sous des bourrasques glacées de neige épaisse ! Ou comment « prendre la misère » !! Juste derrière le col, il y avait une sorte de « capsule » de secours, un algéco de fortune avec deux pauvres bénévoles à l’intérieur… j’ai réussi à enfiler une couche supplémentaire, ouvrir des chaufferettes et me motiver pour repartir descendre dans la tourmente ! heureusement à l’arrivée à Eaux Rousses, la course a été neutralisée pour le reste de la nuit. J’ai eu le temps de me sécher un peu et de repartir à 7h du matin à l’assaut du col le plus haut de la course, le Loson à 3300 m. Ciel bleu, sommet enneigé, c’est rude mais superbe !
4 h : c’est le temps total que j’ai dormi, réparti en petites fractions de 20 à 45’. Je ne suis pas sûre que se soit la meilleure solution !! Peut-être des plages de 2 h auraient été plus réparatrices ? Je ne sais pas, mais la journée du mercredi a été riche en visions et autres hallucinations ! Au petit matin, les rochers ont commencé à se transformer en personnages !! je voyais des bonhommes un peu partout dans le paysage, assis sur un banc ou au bord du chemin… un peu plus tard, j’ai croisé une multitude de petits refuges !! en discutant avec mes compagnons de route, eux aussi étaient victimes du phénomène ! Et sur la dernière descente vers Ollomont, je me forçais à entretenir un semblant de conversation pour rester bien lucide !! Il me semble que là, j’ai atteint quelques limites de résistance à la fatigue !
Une centaine : de textos reçus ! en fait je n’ai pas compté ! mon compagnon, ma famille, mes amis, restés derrière leur ordinateur m’ont envoyé toutes leurs recommandations et leurs ondes positives pour me permettre de boucler cette aventure. Un grand merci à tous pour cette ligne de vie !! Par contre quand mercredi après midi mon cher petit mobile rouge s’est éteint batterie à plat, ça a créé une certaine tension dans mon entourage ! Je m’en doutais mais ne pouvais pas faire grand chose à part continuer à avancer ! Et puis évidemment il s’est éteint alors que le site du live a tilté et m’annonçait arrêtée ! Pas mal se sont alors posés des questions sur mon état… Mais moi je continuais mon petit chemin ! La situation s’est arrangée lorsque j’ai croisé mon amie japonaise venue à ma rencontre avant Oyace ! Elle m’a prêté son téléphone et ô miracle je me suis souvenue du numéro de Christophe. A partir de là il a fait le relais, les texto et coups de fil ont tourné en boucle, j’avais à nouveau repris consistance aux yeux de mes proches !
36 : ravitos !! contrairement à mon habitude, je n’en ai sauté aucun !! Une autre clé de ma réussite je pense, mon alimentation ! je me suis appliquée et je me suis alimentée à toutes les stations, thé, gâteaux secs et puis surtout pâtes dans du bouillon, polenta, pâtes à la tomate, pâtes japonaises aux bases de vie ! bref un déluge de glucides qui m’a permis d’affronter tous les cols sans faiblir.
3 : kg au moins le poids de mon sac ! Je n’ai pas lésiné sur l’équipement de survie ! J’ai choisi des vêtements costauds et techniques pour avancer dans la tourmente, grosse veste en gore tex, sur pantalon épais et confortable, 2 tee-shirts à manches longues, des gants secs… bref ça pèse mais j’étais bien contente de les enfiler quand le ciel nous refusait sa clémence ! Cet été je me suis entraînée avec un sac systématiquement trop chargé pour la sortie ! Merci à mon fidèle compagnon d’entraînement : un sac de riz !
6 : bases de vie, comme son nom l’indique, c’est un lieu où tu vis, voire où tu revis !! tu retrouves du monde, tu te douches, tu manges, tu dors, tu fais le plein de toutes les batteries et puis tu le quittes… en route vers la prochaine étape. En fait, j’ai pris le TOR comme 7 étapes à enchaîner, rejoindre une base de vie, puis l’autre, sans s’énerver, c’était ça l’objectif ! Sur les bases de vie, je retrouvais la chaleur de mon team familial. Le « métier » d’assistant est ingrat avec moi, je suis toujours très speed, pas très agréable ! Mais ma mère et son compagnon ont toujours été là, fidèles au poste, pour m’aider à gérer l’organisationnel, à changer les piles, refaire les niveaux, ranger les sacs, sécher les chaussures bref tout un travail contraignant mais tellement indispensable ! c’était bon de les retrouver pour un petit moment chaleureux !
6 ou 7 fois : on a joué au yoyo avec l’Italienne Marina Plavan. Dès la fin de la première journée, on n’a pas arrêtées de se doubler au gré de nos arrêts, de nos phases de sommeil, de mieux ou de coups de mou… C’était vraiment une très belle course, « au contact », très motivante. Lors de notre arrêt à Ollomont, elle finit avec 47’ d’avance sur moi. Il n’y a pas eu de « sprint » final, dommage ! On n’en connaîtra jamais l’issue !
2,5 kg : le poids du trophée reçu vendredi soir ! Je termine 4e féminine, 1ère V1, 32e au général, ça me va !! J’ai réussi à accomplir cette belle virée italienne en restant très proche des temps de passage que j’avais envisagés, sans jamais me désunir, en restant toujours super bien physiquement et mentalement ! Je suis plus que satisfaite de ce rendez-vous ! »
>> Les résultats du TOR DES GÉANTS 2015
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