L’histoire est belle grâce à l’acteur principal qui a fait preuve de courage, de pardon et de fair-play, malgré un scénario invraisemblable et ce « rebondissement » qui aurait pu le mettre hors-course.
2004, le marathon des JO d’Athènes démarre depuis la commune de Marathon, le lieu où l’épreuve est véritablement née. L’arrivée est prévue dans le vieux stade olympique. La journée est donc toute singulière, sur les traces de l’Histoire.
D’un point de vue purement sportif, on attend Paul Tergat, détenteur du record du monde en 2h04’55 depuis septembre 2003 à Berlin. Vanderleï de Lima est un coureur expérimenté de 35 ans qui a quelques victoires à son actif (Hambourg, Sao Paulo, Tokyo…) et deux participations aux JO d’Atlanta (47è) et de Sydney (75è), mais rien qui puisse alerter les favoris ou les éventuels parieurs. Son record de 2h08’31 date de l’année 1998.
Les conditions de moiteur de cet après-midi athénien semblent convenir au brésilien. Il se porte en tête et décide de faire sa course en solo. Au fil des kilomètres, il peut commencer à croire en ses chances: son avance au 36è km est de 28s sur l’italien Stefano Baldini. Ce dernier est dans ses meilleures années, et c’est lui qui est dans la position du chasseur. Concentré, il semble avoir en vue le podium olympique, et qui c’est, la médaille d’or.
Mais l’invraisemblable survient. Un homme en kilt, chaussettes et bérets sort des barrières qui longent la route, saisit le coureur et l’emmène sur le bord du parcours. Incroyable ! Le coureur a le temps de le voir arriver du coin de l’œil mais ne peut se défendre. A la télévision, on n’en croit pas nos yeux ! Les spectateurs sont les premiers à venir en aide au coureur en bloquant ce « fou » en kilt, le coureur considérablement perturbé a perdu environs 20s mais repart ! Il grimace, sûrement saisi par la frayeur. On n’imagine même pas ce qu’il se passe dans sa tête.
Vanderleï de Lima, en tout cas, poursuit sa route vers le rêve olympique. Seulement, l’italien le rejoint et le dépasse, et l’américain Mebraton Keflezighi en fera de même. Peu importe, le brésilien est ravi de pouvoir obtenir une médaille. Il éclate de joie dans le stade en écartant les bras. Pas d’amertume, juste de la joie ! C’est ce qu’il évoque lors des interviews quand on revient sur son incroyable mésaventure. L’agresseur est identifié, c’est CORNELIUS Horan un prêtre irlandais aux intentions délirantes, qui avaient déjà fait le coup en 2003 en s’introduisant sur la piste du grand prix de Silverstone. Deux mois de prison qui ne l’avaient pas calmé…
Le clan brésilien porte réclamation mais elle n’aboutit pas. Le CIO décide par contre de décerner à Vanderleï de Lima la médaille Pierre de Coubertin, distinction rare qui récompense la « grande attitude de fair-play » de l’athlète. Ce dernier pardonne son agresseur. De retour chez lui, il est accueilli en héros. Sa fédération lui offre la prime de victoire. Il est élu sportif de l’année au Brésil. L’année suivante, un membre de l’équipe nationale de volley veut lui offrir sa médaille d’or des JO, mais Vanderleï répond » je ne peux l’accepter… et la médaille que j’ai gagnée vaut largement de l’or. »
Mathieu BERTOS
Photos : IAAF, olympic.org, telegraph.co.uk
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