Le Grand Raid de Camargue, fournisseur officiel de rêves ! Le 12 septembre, le rêve fou de Laurent Grenier et de toute l’association Grand Raid de Camargue a enfin pris vie pour la première fois !
Le pari était osé : une grande traversée sur 110 km de la Camargue, entre Salin de Giraud et Vauvert. Un challenge car la Camargue est un milieu préservé, essentiellement fermé, nécessitant un travail colossal pour donner vie à cette épreuve, en accord avec tous les acteurs du milieu, manadiers, propriétaires des domaines viticoles, communes, entreprises salines…Mais le jeu en valait la chandelle car, en ce samedi matin, ce sont 287 coureurs, solos et relayeurs, qui s’apprêtent à poinçonner leurs tickets pour un fabuleux voyage à travers la Camargue, où goût de l’effort, partage et émerveillement trouveront bientôt leur résonance au cœur des sentiers.
C’est à Salin de Giraud, située sur la commune d’Arles, que runners et trailers venus des quatre coins de France se sont réunis pour un dernier café avant le départ. La présence des deux malgaches Denis Ratefinjanahary et Valérine Solovavy, gagnants de l’UTOP 2015, venus goûter en relais les charmes du territoire camarguais, apporte une touche cosmopolite à l’évènement.
«Vous êtes des pionniers ! Vous allez rentrer dans l’histoire !» harangue le sémillant Ludovic Collet face à l’assemblée surmotivée et impatiente réunie dans le sas de départ. Une épreuve d’exception, totalement inédite, que les engagés, à l’approche du coup de feu prévu à 7h, s’apprêtent graver dans l’histoire de leur empreinte. Aux larmes de Laurent Grenier, très ému par la présence de tous ces engagés et du public, concrétisation des efforts de l’association, succède le compte à rebours, dans une ambiance électrisante, au son de la musique traditionnelle du groupe arlésien le Condor.
Vers l’infini et au-delà !
Ca y est les coureurs sont lâchés dans les rues de Salin de Giraud pour, très vite, s’engager sur les sentiers les introduisant dans un monde fait d’écumes, de sel, de vent et d’eau, thème du premier tronçon de la course nommé Traversel (49km). C’est sur cet ancien domaine salinier, entre sentiers à la végétation basse typique où poussent salicorne et saladelle, canaux du Vieux Rhône et étangs sertis dans de longues digues, que les coureurs vont goûter au fabuleux lever de soleil. Sous l’œil vigilent d’un public composé de flamands roses, hérons, sternes, cormorans et aigrettes, le tracé serpente entre bord de mer et succession d’étangs, le fameux phare de Faraman en toile de fond.
Le temps est clément, laissant filtrer le soleil à travers les nuages, et les coureurs mettent du cœur à l’ouvrage. On ressent sur les visages souriants une ferveur peu commune et une envie de profiter autant que de découvrir. Si l’heure est à présent à la compétition, l’ambiance, bon enfant et détendue, aide à engloutir les longues lignes droites qui composent le tracé. Petit à petit, les coureurs quittent le domaine de Salin de Giraud pour atteindre l’immense plage de Beauduc, spot bien connu des amateurs de sports de voiles.
Le regard se perd dans l’infini des paysages sauvages, dont l’immensité sereine en surprendra et émerveillera plus d’un. « Je ne pensais pas trouver de telles étendues près de chez moi ! » lâche un coureur face à ce paysage de sable et de ciel, uniquement tranché par la ligne bleu marine de la Méditerranée. « Pourquoi faire des milliers de kilomètres quand on peut trouver des paysages désertiques et sauvages près de chez soi ! » rajoute un autre concurrent.
Gare au vent !
Ici, seulement 30km sont abattus et pour certains l’épuisement commence déjà à s’installer. La faute au vent ! Omniprésent, en particulier sur les plages, sa force brutale et sans concession est un adversaire de taille. Ceux qui pensaient que plat rimait avec facilité sont bien vite détrompés car les conditions de course, inhérentes au milieu camarguais, vent, air marin, sable, soleil, couplées à la difficulté du terrain, rendent l’épreuve exigeante, parfois même épuisante. Sollicitations physiques toujours les mêmes, lignes droites paraissant parfois interminables, cadence à maintenir sous le vent, difficulté de courir sur le sable et déshydratation commencent à impacter sur le physique et le mental, en prenant certains de court.
« Jamais je n’aurais pensé que ce serait aussi difficile de courir sur du plat ! » avoue un coureur dans le secteur des étangs, au phare de la Gachole, 10km avant le check point des Saintes-Maries-de-la-Mer (km49), passage de relais pour les équipes de trois. La rupture brutale marquée par l’entrée en ville, passant du silence des grands espaces au bruissement estival citadin, signe la fin de Traversel. Place à la deuxième partie, Traverstel, et ses 43km.
Passage du Bac !
Peu après la sortie de la ville, c’est un passage original qui s’annonce : la traversée du Petit Rhône via le Bac de Sauvage. Tour à tour, les coureurs empruntent la nacelle flottante pour un voyage flash éclair!
Un des endroits les plus sauvages du tracé se présente bientôt, la sublime plage du Grand Radeau, 5km d’air marin pur que les concurrents abordent par un bain improvisé et sous un vent violent.
Puis, les étangs succèdent à la mer, marquant l’entrée dans l’univers qui a inspiré son nom à Traverstel, le domaine viticole de Listel. Longeant des vignes qui s’étendent à perte de vue, les coureurs atteignent une dizaine de kilomètres plus loin le ravito très attendu qui se tient au Domaine de Jarras-Listel.
Cap ensuite vers les Salins du Midi que les participants vont traverser, côtoyant les immenses montages de sel pour arriver au pied des impressionnants remparts de la citadelle d’Aigues-Mortes, enchâssée dans l’eau rose des tables salantes. Lieu de passage au relais 3, un ravito animé se tient, à l’abri au cœur des remparts.
Délaissant Traverstel, c’est désormais l’ultime tronçon nommé Traverter et ses 18km au cœur de la Petite Camargue Gardoise qui mèneront les concurrents vers la victoire. Direction la Tour Carbonnière et ses marais avant d’emprunter les petits sentiers bucoliques longeant le canal de Vistre. Pour les solos, les derniers kilomètres jusqu’au centre des arènes de Vauvert se feront souvent dans la douleur, tant les corps sont éprouvés.
Ils l’ont fait !
Sylvie Orliac, 3ème relayeuse du Team Pic 2, est la toute première à passer l’arche d’arrivée, après 09h26min25s de course à trois, escortée par une haie formée par une cavalière montant en amazone et des gardians représentant la Confrérie des Manadiers et la Confrérie de la Natioun Gardiane, qui ont tenu à être là malgré leur présence attendue pour la Féria d’Arles.
12 équipes en ont terminé lorsque le premier solo, Franck Dessaux, est annoncé. L’attente est fébrile, Emmanuel Gault et Sylvaine Cussot, parrain et marraine de la course, sont présents, ainsi que Ludovic Collet, toujours plein d’entrain, aux côtés de l’organisation et du public. Tout premier homme ayant traversé la Camargue en courant, Franck établira le temps de référence du Grand Raid de Camargue.
Au terme de 4 ultimes kilomètres éprouvants pour lui, après 10h46min37s de course, le montpelliérain rentre dans l’arène, heureux mais fourbu, savourant enfin sa victoire sur un tracé qu’il a jugé difficile par sa longueur et les conditions de course éprouvantes, en particulier le vent.
18 minutes plus tard, son dauphin, Philippe Salze, en termine, fatigué lui aussi mais satisfait. Ce coureur d’expérience confiera avoir rencontré des problèmes dans sa gestion de course qui l’ont ralenti. Quentin Allard, après de multiples rebondissements, songe à l’abandon, mais, soutenu par amis et famille, puise en lui la force nécessaire pour continuer et s’empare d’une méritée troisième place à domicile, en 11h18min12s.
La première féminine, Myriam Camus, de l’ASSP Vergèze, passe, radieuse, la ligne d’arrivée après 13h02min17s de course, une joie intense gravée sur le visage, se classant 7ème au scratch. Moins d’une heure plus tard, c’est Nadia Ferreira qui monte sur la seconde marche du podium en 13h59min48s. Avec un temps de 15h54min49s, Karine Groul Darancy complète fièrement ce podium féminin et devient la première manadière à traverser la Camargue…..en courant !
Une fierté que ressentiront tous les coureurs qui passeront, émus et exténués, la ligne d’arrivée, réalisant l’exploit de devenir les premiers hommes et femmes à traverser la Camargue en courant. Tous salueront le travail de l’organisation ainsi que la gentillesse et la disponibilité des bénévoles. Une première édition épargnée par la météo puisque seuls les tout derniers finishers franchiront la ligne sous une pluie battante, aux alentours de 23h, avant que les orages ne sévissent sur la région. Si, du côté des relais 3, les 59 équipes ont toutes tordu le cou à l’épreuve, en revanche, chez les solos, la difficulté de cette distance de longue haleine a occasionné deux tiers d’abandons. Sur 110 partants, seuls 34 ont franchi l’arrivée. La revanche est à prendre ! Le 10km non chronométré et la rando de 12km, au départ du Domaine de Jarras ont eux aussi remporté un joli succès.
Le temps du bilan…
Laurent Grenier confie avec émotion : «c’est une réelle satisfaction d’avoir pu mener à son terme cette première édition. Nous sommes déçus pour les coureurs arrêtés aux barrières horaires d’Aigues-Mortes mais l’alerte orange nous a obligé à les faire strictement respecter malgré notre désir de les rendre plus flexibles si le temps s’y était prêté…La sécurité des engagés est notre priorité. Malgré tout, ils nous ont dit tout le plaisir qu’ils ont pris à participer au Grand Raid de Camargue. Nous ressentons beaucoup de fierté et d’émerveillement devant leur exploit sportif et avons le désir de remettre ça, car l’engouement pour l’événement a été au-delà de nos espérances.» «C’est aussi une grande fierté d’avoir pu fédérer tous les acteurs du milieu camarguais par cet amour commun pour la Camargue, capable de réunir sport et traditions» rajoutera t-il.
Un sentiment renforcé par la concrétisation du village des métiers liés à la Camargue samedi, ainsi que du déjeuner au pré à la Manade Nicollin réunissant une centaine de personnes le lendemain. Une immersion conviviale dans l’univers des manades qui a remporté un vif succès et permis à chacun de partir à la rencontre des manadiers et de leur vie.
L’organisation tient à remercier chaleureusement élus, partenaires, propriétaires, médias, bénévoles, prestataires, entreprises, exposants, ainsi que le Syndicat Mixte des Traversées du Delta du Rhône pour le passage du Bac de Sauvage, et bien sûr les sportifs, chacun ayant contribué à la concrétisation de cette belle première édition, faisant honneur à l’esprit sportif mais aussi aux traditions et à l’âme de la Camargue.
L’édition 2016 proposera une distance reine au départ de Salin de Giraud, ramenée à 90km, solo ou relais 2, 10km et 20km, une rando et la belle Aigues-Mortes comme hôte d’arrivée.
Crédit photos : Delphine Lespes
>> Les résultats de cette édition 2015 du Grand Raid de Camargue :
110km solo
Classement relais
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