Après l’IRONMEDOC fin mai j’avais rendez-vous, en cette fin août, avec le second objectif Ironman de l’année. A vrai dire il est même un chouille plus important cet IRONMAN de Vichy, c’est THE objectif en fait !
Désormais, avec son label, Vichy est devenu qualifiable pour les « Mondes » de Kona (Hawaii). Vichy est même le 1er Ironman de la saison permettant une qualification pour l’édition 2016. C’est là tout l’intérêt de cette course pour moi et mes ambitions sont clairement affichées : aller chercher le slot Hawaiien et être ainsi qualifié plus d’un an à l’avance ! Grosse préparation, investissement maximal tout en gardant un détachement relatif tout de même. Je me sais FORT, je me sens COSTAUD et me sens capable de sortir une belle course. Du coup quasi pas de stress, juste ce qu’il faut finalement pour rester mobiliser.
NATATION : 3800m – 1h00’04 – 88ème temps
C’est à 7h du mat’, 10 minutes après les Pros Hommes et 5’ après les Pros Femmes, que la 3ème vague de départ est lâchée dans les eaux de l’Allier. Dense mais largement nageable, pas d’angoisse cette fois-ci, pas d’asphyxie ! Je commence à mieux maitriser le start –il serait temps me direz-vous après 7 IM- et gère comme il faut tout en posant ma nage sans problème.
Sensations hyper bizarres durant cette 1ère épreuve : c’est long, c’est super chiant en fait 😉 Par moment j’ai comme l’impression de m’endormir, alors j’essaie de recadencer ma nage mais cela ne dure guère longtemps. J’ai bien chopé un groupe de 5-6 gars à un moment donné mais le rythme ne me semblait pas très élevé. Cela a eu au moins le mérite de ne pas me faire sombrer encore plus dans une sorte de léthargie aquatique 😉 En tous cas rien à voir avec l’ironmedoc où j’avais été au taquet pendant une petite heure ! Pas d’indication de chrono à la sortie (je ne porte pas de montre, il n’y a pas d’afficheur) et c’est sans doute aussi bien comme cela.
VELO : 180km – 4h43’22 – 12ème temps
Bon alors là j’ai sans doute davantage de choses à raconter. C’est aussi que 180km, semblant de rien, ça reste une distance bien, bien longue et ce même en roulant à 38 à l’heure ;). Évidemment, grâce à mon coach, j’ai un super plan de bataille : « Faut tous les défoncer, les faire douter » … évidemment, c’est tout le contraire. Moi j’y vais pour la qualif’, j’ai de la marge alors il n’y a pas de risques à prendre et surtout il ne faut pas s’occuper des autres (les « presque vieux » de 35-39ans).
Plus facile à dire qu’à faire ! Ce n’est pas, qu’en ce début de course, je matte à tout-va les dossards 35-39 ans mais c’est qu’en sortant 88ème de l’eau et en en ayant d’emblée des jambes intéressantes sur le vélo y’a du monde sur la route à doubler. En minimisant les risques au max je suis contraint et forcé, pendant une bonne partie de la 1ère boucle vélo (2 tours de 90km à effectuer), d’être au dessus de la cible de wattage. Tout simplement pour éviter d’être pénalisé par les arbitres : drafting = si à moins de 10m du vélo qui vous précède > 5’ d’arrêt dans une penalty box.
Alors évidemment je vais super bien –encore heureux– mais le doute est présent quand vers le 80ème km en compagnie d’Arnaud E. avec qui, en respectant les règles, j’ai roulé une bonne partie de cette 1ère boucle nous revenons sur des têtes connues. Y’a pas moins de trois Thomas que je connais bien et qui, outre être bien meilleur nageur que moi (‘tain Papa, Maman … ce n’était pas bien Thomas ou quoi pour moi comme prénom en ’76 ???), ne sont pas non plus des culs-de jatte à vélo.
C’est vrai aussi que le profil de cette fin de boucle correspond parfaitement à mes qualités de rouleur. Mais avec tout le respect que je leur dois à ces ‘Thomas’, à ce moment là, le delta de vitesse est conséquent. Alors ??? gamberge ou pas gamberge ??? … j’avoue que je me suis posé la question si sur ces premiers 90km je n’avais pas fait l’andouille en appuyant trop fort sur les pédales !!!??!!! Façon c’est décidé, sur la seconde boucle, quoiqu’il arrive je reviens à la cible (± 240W). En plus je sais que le vent de sud va être plus fort qu’en début de matinée et qu’il va falloir être lucide pour ne pas se cramer. Bingo, dès l’entame du 2ème tour, on se traîne à 36 km/h avec une légère brise pleine face. Je dis « on » car je suis toujours en compagnie d’Arnaud E., ça roule propre, ça aide indéniablement au niveau psychologique et permet de se relancer quand inconsciemment on lève un peu le pied.
Finalement a’men’donné nous avons constitué un p’tit train de 4 ou 5 gars . A la fois car je me sens costaud mais aussi et surtout car je ne veux pas me faire piéger par le drafting je me retrouve souvent en tête. Et c’est justement en tête de ce groupe -au km112- alors que nous sommes au ravitaillement, bidon à la main, qu’une voiture me passe devant ou fait mine de passer devant. Je suis déséquilibré et chute assez adroitement, oserais-je dire, sur le flanc gauche. En effet c’est assez adroit car le vélo n’a quasi rien (en tous cas il roule encore bien) et le gars a juste le vernis abîmé sur le bras et genou gauche. Là pour le coup j’ai été assez serein. Pas d’énervement, on checke bien que le vélo est OK et surtout que les patins de freins ne sont pas collés et on repart. A peine 30 sec d’arrêt !
Derrière je roulerai seul en reprenant au fur et à mesure les gars avec qui j’étais au moment de la chute. Je me sens super bien, j’envoie ce qu’il faut en watts pour avancer mais aussi m’économiser en vu du marathon. Toujours très concentré sur l’alimentation et l’hydratation, y’a pas de coup mou en vu, y’en aura pas d’ailleurs ! Aucune idée où je me situe dans le classement mais d’avis que ce n’est pas dégueu’.
Et en effet, même si je le saurais qu’après course, je pose le vélo à T2 en tête de mon groupe d’âge en 15ème position au général.
COURSE A PIED : 42,2 km (± 40,5 km réels) – 3h03’32 – 8ème temps
Contrôlée, la transition, même si elle reste perfectible et intéressante et permet d’entamer le marathon très, très sereinement ! « Footing » il a dit le coach –au moins sur une bonne quinzaine de bornes- et c’est ce que je fais plus ou moins bien. A vrai dire je ne contrôle pas trop mon allure, je me laisse porter et pense dans l’ordre : à bien m’alimenter (et m’arroser mais pas trop non plus), à bien cadencer et à savoir en quelle position je me trouve, bordel !! ;))
1er tour bouclé « finger in the nose » à 4’10 au kilo. Même si je ne sais toujours pas où je me situe dans le classement on me laisse entendre que c’est très bien. Et je veux que c’est très bien : au km13, ah yé .. enfin .. j’ai la certitude d’être en tête du GA (groupe d’âge). Et qui plus est je suis 2ème amateur et semble courir plus vite que le premier. Voilà je suis dans le match maintenant … enfin pas encore …. La course n’a pas commencé à vrai dire mais j’suis bien, j’suis très bien.
C’est vers le Km16 que je dépasse un autre français Jean Eudes D. pour prendre la tête des amateurs. Si avant, en mode footing++ super easy, je ne me préoccupe guère de mon état à partir de ce moment là je deviens hyper mais HYPER vigilant à tout signe anormal notamment musculaire. A priori j’ai de la marge pour la qualif’ donc je ne veux rien gâcher. 3ème tour, passage semi (enfin 20km, quoi) et c’est là que TOUT COMMENCE. J’ai bien mené ma barque jusque là en gérant mon allure (2ème tour en 4’24/km) et en théorie je devrais rentrer dans le dur. La chaleur ne m’atteint pas. Ma trifonction à manches est noire ?? Et alors … ce noir me fait du bien même. Si, si .. ;))
Trempé, à l’ombre, j’ai quelques frissons par moment et suis ravi de retrouver un peu soleil sur les berges de l’Allier. Tout le monde a priori n’a pas le même ressenti et les défaillances sont nombreuses même chez les Pros (Pannier, Jeannin). Finalement je ne serais jamais dans le dur, même pas mal aux jambes. Je gère, je contrôle …. Truc de dingue, je me sens invincible : en tête des amateurs je peux me permettre ce luxe. C’est moi qui impose la course, pour une fois je ne l’a subi pas. Y’a juste à être concentré jusqu’au bout, continuer à boire et s’alimenter et ça va le faire.
Et ça le fera bien effectivement ! Très, très, très heureux pour mes parents, pour la 1ère fois présents physiquement sur une course d’envergure, de leur offrir ce cadeau. Une belle finish-line malgré l’absence des speakers (aaah les enfoi … ;)) et un sub9 à nouveau (même si manque 2km à pied –mais bon avec les 35°C ça compense- ;))) en 8h52’42 – 8ème au scratch.
Et bien voilà, l’objectif est atteint ! Je serai à Kona le 08 octobre 2016. Dans ma quarantième année je changerai donc de catégorie d’âge et rejoindrai les « un-peu-plus-vieux » du GA 40-44. Ce ne sera sans doute pas plus facile, au contraire même, mais je me préparerai, me battrai pour figurer au mieux dans le classement. C’est loin tout ça, en attendant il faut savourer cette course et même la saison 2015 (pas terminée d’ailleurs) et se préparer à regarder l’édition 2015 d’Hawaii hypeeeer serein !
Christophe NOCLAIN
>> Les résultats de l’IRONMAN VICHY : ironman Vichy