L’euphorie de Zurich aurait-elle fait trop rêver le clan français ? Avec seulement deux médailles de bronze, l’équipe de France repart des championnats du monde avec un goût d’inachevé.
Entre l’absence de nombreux leaders et des opportunités ratées, la France aura manqué de réussite pour introduire sereinement l’horizon des jeux. Seuls les plus jeunes tricolores ont donné un souffle encourageant à Pékin.
Teddy Tamgho, Yohann Diniz, Mahiedine Mekhissi-Benabbad, Kevin Mayer, Eloyse Lesueur, Antoinette Nana-Djimou … tous ces grands noms de l’athlétisme français étaient absent à Pékin. Trop de blessés, la cause d’une déconvenue annoncée ? Malgré 13 places de finalistes que les instances de la FFA ont salué comme une victoire, les 2 médailles de bronze obtenues en Chine laissent un goût amer. La France se retrouve ainsi dans les profondeurs du classement, au 31e rang des médailles.
Coups manqués
Si des médailles pouvaient tomber pour les français, elles s’annonçaient plus qu’incertaines tant leurs épreuves étaient concurrentielles (110m haies, 100m, 200m, longueur …). Des finales, il y en a eu. Mais il reste encore une marche à franchir pour arriver au plus haut niveau mondial, à l’image des 3 hurdleurs français (Bascou/Martinot-Lagarde/Darien) en finale du 110m haies que l’on ne voyaient pas repartir sans médaille. Ils échouent au pied du podium face à des adversaires trop coriaces.
De la malchance aussi, il y en a eu pour les féminines du relais 4x400m championnes d’Europe, piégées par un fait de course. Les autres relais ont aussi fait flop malgré des performances au niveau en demi-finale (4x100m). Il y a eu les athlètes en-deçà de leurs performances estivales : Benjamin Compaoré au triple saut, Kafétien Gomis au saut en longueur. Sur les sprints, le triomphe d’Usain Bolt aura fait oublier un Christophe Lemaître qui n’a toujours pas retrouvé les chronos des grands jours, affaibli par de récentes blessures. Jimmy Vicaut, 7e en finale, était encore trop juste pour se mêler à la bagarre.
Mais on retiendra avant tout la déception de Lavillenie et du clan français avec cette 3e place à la perche, alors que le sacre mondial lui tendait insolemment les bras. Les mondiaux continuent d’échapper à la star de l’athlétisme tricolore et si son entraîneur Philippe d’Encausse se refuse à l’idée d’un chat noir, il faut avouer que Renaud Lavillenie a encore raté le coche. La meilleure chance de titre, envolée du nid d’oiseau en début de semaine, avait donné le ton d’une semaine en demi-teinte.
Une jeunesse prometteuse
La médaille de bronze d’Alexandra Tavernier, 21 ans, au lancer du marteau, résume bien le panache des jeunes athlètes français qui se sont défendus avec les honneurs. Sur 800m, les places de finalistes de Pierre-Ambroise Bosse et de Rénelle Lamote ont fait bonne impression. Au total, ils sont 7 athlètes de 23 ans ou moins à avoir atteint une finale ou une demi-finale, à l’instar d’Aurélie Chaboudez (400m Haies) ou de Kévin Menaldo (Perche). Des espoirs que l’on devrait revoir prochainement sur le haut des tableaux.
Faut-il s’inquiéter pour Rio ?
Bien que le résultat mitigé des bleus laisse planer le doute sur l’avenir de l’équipe de France, les Jeux de Rio devraient rebattre les cartes. Il reste un an pour mobiliser à nouveau les ressources nécessaires et performer à nouveau. Si le contingent français retrouve ses têtes d’affiches blessées, il y a fort à parier que les tricolores auront de meilleurs atouts pour aborder les Jeux. Jimmy Vicaut, Pierre-Ambroise Bosse, Pierre-Martinot Lagarde … sont autant de garçons de la jeune génération qui pourront aussi rêver de podium au Brésil, avec plus de maturité et d’expérience. Il y aura des disciplines à repeupler (demi-fond), des groupes à souder (relais), un second souffle à donner (Lemaître). Si Paris 2003 (8 médailles, 3e rang mondial) semble bien loin, la déconvenue de Pékin n’enlève rien aux ambitions de Rio, le grand objectif des bleus en 2016. Les comptes seront faits au Brésil.
> Tous les résultats des Mondiaux de Pékin : http://www.iaaf.org/competitions/iaaf-world-championships
Crédits photos : IAAF / KMSP