Est-ce le soleil qui met dans leur voix cet accent si particulier, empreint de fierté et de sérénité ? En 2014 alors que je venais d’accompagner des amis courir en Centre Corse, j’étais loin d’imaginer que l’année suivante j’effectuerai deux déplacements successifs pour la même destination.
C’est à 10 jours de l’épreuve qu’officiellement, on me propose d’animer la Restonica. Après un moment de doutes, au vu de l’ampleur de la tâche, je profite de mon séjour en terre promise pour me convaincre que l’occasion donnée est une bénédiction. En Corse je suis, en Corse je souhaite revenir, même si le retour va être corsé, puisque seule la course je vais devoir animer.
Tout commence dans la galerie marchande du magasin Casino, où l’accueil des concurrents est chaleureux. Les commerçants jouent le jeu, et proposent des remises importantes aux coureurs de la Restonica, le tout sous la direction de Pierre-Jean BEAUX. Puis, alors que les douze coups de minuit se rapprochent, me voici qui m’avance afin de donner le départ de l’ « ultra trail di corsica ». Qui et où suis-je ? Supporter ici, ou avec un micro à la bouche au côté du recordman du GR20. Dès le premier contact, je le sens. Je le sens, ce public qui s’enflamme. Je la sens, cette passion chez les coureurs en attente. Je la sens surtout, cette émotion chez Jean-Éric le président de la Restonica family.
Et, comme je ressens bien tout cela, c’est parti et plus rien ne nous arrêtera. Ce sera « à la vie, à la mort ». La fatigue sera là, mais la scène est belle et on se dépouillera jusqu’au dernier souffle pour donner le meilleur. Et, le meilleur, il est fort possible que ce soit l’arrivée du vainqueur de l’ « ultra trail di corsica ». Une attente contenue, où le public à des doutes sur la victoire d’un Corse. Et puis, vint la délivrance. Sous le regard de Pascal PAOLI, le libérateur de la Corse juché sur son piédestal, sieur LUCCIANI jaillit. Et là… allez savoir des fois, la foule se soulève, et Corte s’embrase d’une frénésie communicative.
Il en sera de même pour la victoire de Lambert SANTELLI. Il aura écrasé la course de 68 kilomètres de toute sa classe, sous le regard admiratif de sa compagne et de son « petit bout de choux ». De même aussi pour Guillaume PERETTI sur le 33 kilomètres. Celui-ci c’est envolé dès le départ au milieu des fumées tel un ange démoniaque à l’assaut de ses montagnes. Guillaume, recordman du GR20 en 32 heures, aura tout au long du week-end donné de son temps sans compter, pour satisfaire les demandes du public.
Chez ces dames ce sera une victoire réunionnaise sur l’ultra en la personne d’Hélène HAEGLE en 25h17mn. Sur le 68 kilomètres la favorite Mélanie ROUSSET, prend une excellente cinquième place au classement scratch en 9h56mn. Enfin sur le 33 kilomètres la provençale Amandine FERRATO l’emporte en 4h13mn. Tout au long de la journée, ce sont, en comptant les randonneurs, plus de 1100 personnes qui courent sur la rue principale de Corte sous les applaudissements nourries du public. Mes amis de « Caroux-x-trail » sont présents, fiers et heureux de participer à cet évènement. On verra même des larmes couler sur certains de leur visage.
Je retrouve aussi Benoit DE PREVILLE avec bonheur. Nous avions partagé le repas d’après course lors de sa victoire sur l « Aubrac circus » autre lieu cher à mon cœur. Je ne pense pas qu’il y ait de hasard à avoir croisé sa route en deux lieux aussi magnifiques. Le personnage est entier et digne, et intègre parfaitement l’image de cette terre qu’il est venu fouler. Son amitié avec Michel TORSIELLO apparait comme une évidence. Avec Albert et les organisateurs de la Restonica il y a ce quelque chose de je ne sais quoi. Tout coule comme une source limpide. Pas besoin de se connaitre depuis longtemps pour savoir que l’on s’apprécie et qu’on est lié par cet élan de vie que nous apporte la passion du sportif.
Justement côté organisateurs, Jean-Pierre, Pierre, René et Jean-Éric sont sur tous les fronts. Sur tous les fronts, et sur toutes les lèvres car très sollicités par leur équipe de « super bénévoles ». En effet, je crois bien que c’est la première fois que j’entends et que je vois des bénévoles demander à travailler plus que ce qui est prévu. Certains concurrents ont été victimes du cocktail explosif, chaleur, dénivellation et technicité du terrain. Gageons que l’année 2016 leur permettra de relever victorieusement le défi et de parcourir la rue Paoli sous les « hourras » du public.
La nuit se terminera au son des musiques de « Riton », qui avec sa sonorisation de haute qualité aura enflammé le cœur de Corte tout au long du week-end. Quant à moi, c’est le moral gonflé à bloc et en mode « tango corse » que je finis ce week-end. Laissant ma voix au cœur de Corté et, mon cœur sur la voie de Corte. Car, étant retourné en enfance le temps d’un week-end, j’ai vraiment vécu au pays d’Ali bonbon tant les friandises affectives étaient nombreuses.
AMICIZIE
Stéphane TAILHADES
Association Restonica Trail